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Critique de mosaique92


Cedric Herrou est un écorché vif qui a trouvé refuge à flanc de montagne dans la vallée de la Roya en achetant une petite oliveraie abandonnée devenue jungle et une ruine de 30 m² : « Afin de ne pas sombrer dans la colère, j'ai choisi l'exil des montagnes. M'éloigner du monde des "autres", celui des insensibles et des blasés, qui peuvent vivre sans états d'âme près de la misère, qui s'en protègent en la stigmatisant ou en la méprisant. »

A force de travail, il a récupéré les oliviers, installé un élevage de poules pondeuses et retapé la ruine. Il vit à sa convenance, seul dans sa montagne, ne fréquentant les autres que pour les courses dans le village ou la vente de ses produits. Il a peu d'amis, tous engagés.

Mais voilà qu'un soir, il voit des silhouettes marchant le long de la route ; «Mais que font ces gens-là sur la route ? J'ai cru voir des gosses »… des migrants africains. Refont alors surface les leçons et exemples inculqués par ses parents : « agir, oser la fraternité, combattre l'inacceptable pour ne pas en être acteur ». Il propose au couple et leurs deux enfants de les héberger pour la nuit et de les conduire en voiture, le lendemain, à la gare vers laquelle ils marchaient. Il vient de mettre le doigt dans un engrenage qui le dépassera rapidement !
Aidé d'amis, de bénévoles et de donateurs, soutenu par ses parents et son frère, il va essayer d'organiser au mieux l'accueil, puis la démarche de demande d'asile de ces migrants venant d'Italie (particulièrement les jeunes isolés et les enfants et leurs mères) dont les droits sont bafoués par une classe politique, une administration et des forces de l'ordre (policiers et gendarmes) dont le seul but est de refouler ces migrants vers l'Italie dès leur arrivée… un bras de fer qui vaudra à Cédric Herrou, de multiples gardes à vue et procès intentés par le préfet et un député dont le fonds de commerce est la lutte contre les migrants ; le maire de Nice se joindra à eux à l'occasion…
« Si j'avais laissé ces enfants au bord de la route, ma mère m'aurait engueulé. J'ai préféré affronter la violence des procureurs. »

La vallée de la Roya est à cheval sur la frontière franco-italienne ; deux routes la desservent, l'une en direction de Vintimille, l'autre en direction de Nice et Menton. Pour contrecarrer l'aide que Cedric et ses amis apportent aux migrants, les forces de l'ordre installent des barrages permanents sur ces routes… Mais ils restent les chemins de montagne qui serpentent tantôt en France, tantôt en Italie et qui permettent de rejoindre à pied Nice et la plateforme d'accueil des demandeurs d'asile (4 jours de marche)… Qu'à cela ne tienne : la gendarmerie établit des postes de surveillance permanents autour de la ferme de Cedric permettant de voir jour et nuit ce qui se passe dans la ferme… Une débauche de moyens sans commune mesure avec l'ampleur de l'activité de Cedric (quelques centaines de migrants aidés) ; il fallait ‘'faire un exemple'' !!
Conséquence : « plus le préfet nous persécute, plus nous récoltons de dons.»


« La migration constitue un drame pour la quasi-totalité des exilés que j'ai accueillis. Tous sont déracinés, cassés et détruits de l'intérieur, sans trace de leur famille. Comment voient-ils leur avenir ? Ils ne savent pas. Leur passé ? Ils ne savent plus. »
Liberté, égalité, fraternité : « Une devise implique des devoirs » nous rappelle Cedric Herrou.


PS : Michel Toesca a adapté cette histoire au cinéma sous le titre ''Libre'', film qui figurait dans la sélection officielle du Festival de Cannes 2018. Des pressions ont été exercées par le préfet pour le faire retirer de la sélection ; Thierry Frémaux refusa et maintint son invitation.
https://www.youtube.com/watch?v=fKhYUbd2vog


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