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Critique de Fandol


Ces Carnets de voyage à travers l'Amérique latine signés Ernesto Che Guevara m'attendait depuis longtemps. Je me suis enfin lancé dans la lecture de Voyage à motocyclette Latinoamericana et je ne le regrette pas.
Si l'ouvrage est intitulé Voyage à motocyclette, ce n'est pas tout à fait juste puisque la Norton 500 de son compagnon de route, Alberto Granado, rend l'âme en cours de route. Qu'importe ! Nos deux compères, tous les deux médecins, même s'il manque une année d'études à Ernesto, ont pour but l'Amérique du Nord, sur cette moto qu'Alberto nomme Poderoso II (la Vigoureuse), Poderoso I était son vélo…
La moto est très chargée. Alberto conduit. Ernesto est sur le siège arrière. Pannes et crevaisons émaillent leur parcours mais ce sont surtout leurs découvertes, ces instantanés de la vie des Argentins, des Chiliens, des Péruviens, des Colombiens et des Vénézuéliens qui ont rendu ma lecture passionnante et fort instructive.
Ernesto Guevara qui deviendra le Che, popularisant cette interjection provenant du guarani. Ernesto l'employait tellement souvent que ses amis en ont fait un surnom pour celui qui deviendra célèbre aux côtés de Fidel Castro.
La Révolution cubaine est encore loin pour ces deux compères qui adorent boire du maté et faire des grillades. Hélas, vite désargentés, ils souffrent de la faim mais aussi du froid.
Tant qu'ils se déplaçaient à moto, l'admiration qu'ils suscitaient leur servait de sésame pour être accueillis et nourris par les habitants lors de chaque étape.
C'est ensuite que ça s'est gâté. Obligés de compter sur l'amabilité des camionneurs et des gardes civils pour manger et dormir mais c'est très aléatoire et cela réserve bien des surprises bonnes ou mauvaises.
Alberto et Ernesto se sont spécialisés en léprologie et n'hésitent pas à visiter des léproseries, comme à San Pablo, pour dialoguer avec les médecins et réconforter les malades.
C'est au Chili que la conscience d'Ernesto s'éveille peu à peu au sort des ouvriers, des mineurs travaillant dur et laissant souvent leur vie dans l'exploitation du salpêtre après la mine de cuivre de Chuquicamata.
Santiago du Chili leur rappelle Códoba alors qu'ils tentent d'obtenir un visa pour entrer au Pérou. À Valparaiso, ils rêvent d'aller sur l'île de Pâques (Rapa Nui) mais impossible de trouver un bateau, même s'ils tentent d'embarquer clandestinement.
Avant d'entrer au Pérou, Ernesto fait un point très intéressant sur la réalité chilienne, en 1952 : manque d'hygiène dans les hôpitaux, travail rare et travailleurs mal protégés. Enfin, il note les noms des quatre candidats aux élections présidentielles dont un certain Salvador Allende qui obtient le plus petit total de voix…
C'est au Pérou qu'Ernesto et Alberto découvrent la réalité indienne au contact des Aymaras avant de passer à 5 000 mètres d'altitude pour arriver à Cuzco puis de découvrir le Machu Picchu (vieille colline).
Je suis surpris d'apprendre que le Che adore jouer au football, au poste de gardien de but. Plusieurs fois, au cours de leur odyssée, ils jouent tous les deux dans une équipe locale.
À Lima, ils assistent même à une corrida et visitent consciencieusement la capitale du Pérou.
En Colombie, Ernesto commence à beaucoup souffrir de son asthme. Ils visitent Bogotá et les voilà à Caracas au Venezuela et utilisent toujours leur stratagème pour glaner un peu de nourriture. C'est là qu'Alberto abandonne son compagnon de route.
Le récit passionnant du Che est complété par une longue lettre d'Ernesto à sa « chère petite mère » depuis la Colombie. Puis un texte d'Ernesto Guevara Lynch, le père du Che, m'apprend que son fils est arrivé jusqu'à Miami avant de rentrer à Buenos Aires.
Ensuite, Ramón Chao apporte un autre éclairage intitulé « le Voyage du Condottiere » avant qu'une notice biographique rappelle toutes les étapes d'une vie consacrée aux voyages, à la Révolution cubaine puis à cette triste fin avec la guérilla bolivienne, à Nancahuazu, sorte de retour sur les traces de son voyage avec Alberto Granado. le Che, à 39 ans, est exécuté le 9 octobre 1967, sur ordre du président bolivien Barrientos, appuyé par les États-Unis.
Cette Latinoamericana m'a apporté quantité d'éléments sur ce personnage resté célèbre et auréolé d'une célébrité planétaire. J'avais visité avec beaucoup d'émotion le mémorial de Santa Clara, à Cuba où ses restes ainsi que ceux de ses principaux compagnons d'armes ont été rassemblés.
Enfin, comment ne pas parler de cette fameuse photo d'un Che Guevara barbu et coiffé d'un béret orné d'une étoile ? Il était jeune et bourré d'illusions tout en risquant sa vie. Malgré beaucoup de reproches qu'on peut lui faire, il a eu le courage d'abandonner Cuba et Fidel Castro afin de poursuivre sa quête d'aventures et d'explorations comme il avait su le faire à 23 ans dans ce livre excellemment traduit par Martine Thomas qui a su ne pas abuser des notes de bas de page, réservant l'essentiel au lecteur.

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