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Critique de Soleney


Ah, Faust, pourquoi t'es-tu hasardé à faire un pacte avec le Diable ? Ton âme n'avait-t-elle donc aucune valeur pour toi ? Ne devinais-tu pas quelle serait la morale de cette histoire ? Tu n'étais pas naïf, pourtant, et tu savais que tu jouais à un jeu dangereux.

Mais voilà : la vie n'a plus d'intérêt pour ce personnage dramatique. À vrai dire, c'est un grand romantique : il a déraisonnablement soif des mystères du monde. Mais ces derniers lui sont à jamais inaccessibles et c'est la cause de sa terrible souffrance. le grand malheur de ce personnage est qu'il n'a plus rien à apprendre en théologie, philosophie et médecine. Toute la connaissance humaine est à sa portée, et c'est lui qui enseigne sa science aux autres. Cependant, il réalise que certaines choses échappent à sa compréhension, et seront même toujours hors de sa portée. Parce que le désespoir qui l'habite est sans fond, il cherche à mettre fin à ses jours. le Diable, voyant là une bonne occasion de corrompre une âme, se rapproche de lui et lui propose un Pacte qu'il sera incapable de refuser…

J'ai été assez surprise quand j'ai constaté que cette pièce de théâtre ne suivait pas la règle des trois unités – on y est tellement habitués, aussi… Faust et le démon voyagent à travers le monde, rencontrent des personnes dont beaucoup sont vouées au mal (évidemment, Méphisto sait cibler son public…). Mais au cours de leurs pérégrinations, Faust fait aussi la connaissance d'une jeune fille, Marguerite, qui, en un clin d'oeil, devient son Amour Éternel et remet en cause sa relation avec Satan.
Je n'ai pas aimé cette romance. Les choses vont tellement vite qu'on n'a même pas le temps de réaliser ce qu'il se passe. La première fois qu'ils se voient, il tente une approche et elle le repousse rudement. La deuxième fois, ils s'avouent leurs sentiments, et confessent le fait qu'ils n'ont pas pu s'empêcher de penser l'un à l'autre pendant tout ce temps – il y a même une promesse de mariage ! La troisième fois, visiblement, ils se sont donnés l'un à l'autre – puisque le frère de la jeune fille la traite comme une prostituée et que d'autres personnes font des allusions très explicites.
Je sais bien – oui, JE SAIS – que c'est une autre époque et que les choses ne sont pas comme maintenant, mais tout ceci me paraît quand même un peu précipité. On n'a même pas le temps de ressentir quoique ce soit !

Mais le principal reproche que je peux faire à ce livre, c'est la lourdeur de ses dialogues. Les monologues de Faust sont sans queue ni tête, et je m'y perdais souvent. Certaines de ses répliques avec Méphistophélès passaient du coq à l'âne (essentiellement au début). Dès que je coupais ma lecture, je ne savais plus où j'en étais et je devais relire la dernière page pour me rappeler comment ils en sont arrivés à parler de ce sujet.
Mais il faut dire aussi que je suis une très mauvaise lectrice de théâtre et que ce genre est loin d'être mon domaine de prédilection.

Malgré ce défaut, c'est une oeuvre qui se lit rapidement. Passé le début, l'action se met en place : Lucifer se met au service de Faust pour le corrompre et lui montre mille et une choses pour assouvir sa soif de connaissance.
Mais la fin est tellement précipitée que j'ai dû la relire pour réaliser que c'était vraiment comme cela que ça se terminait. Vous comprendrez que ça m'a beaucoup déçue...
Juste un détail : le destin de Faust est, comme tout le monde le sait, d'être emporté par le Diable dans les Enfers. Mais le Pacte n'était-il pas que Lucifer le prenne À SA MORT ? Que l'un serve l'autre pendant qu'il est vivant et que les rôles s'inversent à son décès ? Parce que, excusez-moi de le souligner, mais le héros est encore bel et bien en vie quand il se fait emporter. C'est une contradiction, Monsieur Goethe !

En revanche, j'ai apprécié la réflexion théologique qui imprègne l'histoire. Dieu existe, mais il y a des esprits qui parcourent le monde. D'ailleurs, la conviction de Faust est que chaque homme est un dieu en soi, puisque chacun a un pouvoir créateur. Au début du livre, il considère donc que l'homme est l'égal de Dieu – mais cette pensée va bien évidemment évoluer au fil de ses expériences.
Ce personnage m'a bien plu. C'est l'incarnation du romantique : rêveur, pensif, admiratif de la nature, mais aussi mélodramatique (se suicider parce qu'il arrive au bout de son savoir est un peu extrême, selon moi). Il est désabusé et pour lui, la vie n'a plus aucun intérêt. C'est également quelqu'un de passionné, comme en témoigne son amour pour Marguerite.
Étonnamment, le Diable n'est pas décrit comme quelqu'un d'affreux – au contraire, c'est même un personnage charmeur. J'ai trouvé que c'était une vision plutôt moderne, surtout si on prend en compte l'époque de publication. Finalement, c'est même le personnage que j'ai le plus apprécié. Il joue un double jeu et est très manipulateur : impossible de savoir ce qu'il pense !

Malgré cela, cette lecture ne m'a pas vraiment emballée. Beaucoup trop de choses m'ont rebutée : la lourdeur des dialogues, l'histoire d'amour, le manque de fil conducteur dans l'histoire (on ne sait pas pourquoi le démon amène Faust dans la montagne, par exemple)… D'après moi, il y a autant de points positifs que négatifs.
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