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Critique de 5Arabella


La pièce a été créée en 1907 au théâtre des Variété, comme beaucoup de pièces de Feydeau. Nous sommes en terrain connu avec son intrigue, relativement reconnaissable et basique. Raymonde Chandebise, sur la foi d'indices ténus, soupçonne son mari d'infidélité. Elle se propose de le démasquer, et pour cela fait écrire à son amie Lucienne une lettre supposée venir d'une admiratrice énamourée, donnant rendez-vous à Victor-Emmanuel à l'hôtel du Minet-Galant (tout un programme). Ce qu'elle ignore, c'est que cet établissement est fréquenté par un certain nombre de ses proches : Camille, le neveu de son mari, le docteur Finache, un habitué de la maison. de plus, le nouveau valet à tout faire de l'hôtel, ivrogne et idiot, est un sosie de Victor-Emmanuel Chandebise. Pour une raison ou une autre, tout le monde va se retrouver à l'hôtel de rendez-vous galants, en partie parce que le mari de Lucienne, un jaloux hidalgo, a reconnu l'écriture de sa femme et veut l'occire avec son supposé amant. Si on y ajoute, le personnel de l'hôtel et les hôtes de passage, cela fait beaucoup de mouvement et de matière à quiproquos.

Nous sommes en terrain connu, Feydeau reprend ses thèmes et mécaniques habituelles pour faire rire : les couples bourgeois flirtant avec les infidélités et séductions, l'hôtel de rendez-vous haut en couleur propice à toutes les méprises, toutes les tromperies, et à la mise en mouvement des personnages dans un ballet soigneusement organisé. Ici, le comique repose beaucoup sur le double personnage Victor-Emmanuel / Poche. le respectable directeur d'une compagnie d'assurance est pris pour un valet ivrogne, se fait rosser et traiter comme un moins que rien, pendant que Poche a droit aux attentions, excuses et petits soins de l'entourage de son double, et ne comprend rien à l'étrange comportement de toutes ses personnes. Les familiers de Chandebise sont quant à eux à deux doigts de le croire pris de folie. A tout cela s'ajoute un jeu particulier sur le langage : entre Camille, le neveu, capable de prononcer uniquement les voyelles, le client américain de l'hôtel qui ne parle que l'anglais, et Carlos, avec son accent appuyé et des dialogues en espagnol, une cacophonie ambiante s'installe.

On peut bien entendu voir dans la pièce une illustration d'une difficulté à communiquer, d'une inutilité du langage, d'un vide existentiel aboutissant à un monde absurde, à la limite de la folie, malgré une logique interne aussi imparable que délirante. Mais le mieux est sans doute de se laisser aller à rire de tout ce petit monde, lors d'une représentation théâtrale de qualité : le résultat peut-être tout simplement irrésistible et faire passer des moments de fous rires inoubliables.
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