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Critique de c.brijs


Lunerr vit à Keraël, une ile perdue au milieu d'une mer de sel, de sable et de roche. Né lors de la plus grosse des pleines lunes, il est destiné à accomplir de grandes choses.
D'un naturel rêveur, le jeune garçon laisse très souvent son esprit vagabonder au-delà du porche de la cité. Un jour, en classe, il laisse échapper le mot "ailleurs". Ce blasphème lui vaut une correction sévère, un renvoi de l'école et une mise au ban de la communauté... Dans sa chute, il entraine bien malgré lui sa mère qui perd du jour au lendemain ses emplois. Devenus des parias, plus personne ne veut les engager, à part Ken Wertz, le plus vieux notable de Keraël, un vieux fou excentrique voire hérétique qui semble cacher bien des secrets.

Ce titre, sorti en novembre 2012 surfe sur la vague "fin du monde" qu'on a connue ces dernières semaines.

L'auteur, Frédéric Faragorn, nous offre la vision d'une société totalement repliée sur elle-même, à tel point qu'elle finit par s'étioler complètement. Une société du futur qui vit cependant dans un certain archaïsme, proche des premières communautés humaines sédentarisées ou de certaines peuplades d'Afrique préservées de la technologie du monde dit moderne. Pour maintenir les citoyens sous contrôle, une vie de labeur, une instruction directive, des lois contraignantes et une religion ritualisée à outrance. A Keraël, certaines pensées, certains mots sont interdits.

Mais cette société érigée au départ pour de bonnes raisons, la préserver du reste du monde qui partait à la dérive, atteint ses limites. L'être humain ne peut vivre éternellement en vase clos. Cette évidence, l'homme à l'origine de ce monde l'a bien comprise et espère pouvoir encore faire machine arrière avec l'aide de Lunerr...

Ce récit prend alors la tournure d'une initiation. En lui transmettant son savoir, le vieil homme amène le héros à découvrir l'envers de son monde, à se libérer peu à peu de tout ce qui l'aliénait, les préceptes culturels et religieux rabâchés depuis des générations, et lui donner la force d'aller à la rencontre de cet "ailleurs"... Entre parenthèses, le vieil érudit a une bibliothèque qui ferait saliver plus d'un lecteur...

Au coeur de ces réflexions philosophico-politiques s'invite une dimension fantastique qui confère un peu de légèreté à l'ensemble. Lunerr est accompagné d'une créature qui parle, pense et fait montre d'un caractère des plus déterminés, un pitwak qui s'est nommé lui-même Mourf. Finalement, ces deux-là se sont bien trouvés. Présenté comme raté, Mourf a des aptitudes que ne partagent pas ses congénères, habitués à obéir sans se poser de questions. Ses pitreries et ses réparties sont truculentes et on se doute très vite qu'entre eux, c'est à la vie à la mort ! Un petit côté Dobby, l'elfe de maison dans Harry Potter (du moins c'est ainsi que je me l'imagine ;-))...

"- Les pitwaks difformes, ça porte malheur, et on regrette toujours de les avoir gardés, dit-elle en conclusion.
- Moi pas difforme, moi différent !"

Si j'ai suivi l'auteur jusque là, y compris dans cette idée du vieillard asexué, aveugle mais clairvoyant, qui a force d'ascèse n'a plus grand chose d'humain, j'ai eu, comme Lunerr, un peu plus de mal à admettre son secret ultime que je vous laisse découvrir... Celui-ci ne colle pas vraiment avec l'idéal de liberté que j'ai senti poindre tout au long de ma lecture. Mais il s'agit bien ici d'un avis personnel !

Quoi qu'il en soit, ce livre s'achève sur une fin ouverte et je lirai avec beaucoup de plaisir la suite des aventures de Lunerr et son pitwak... Suite que l'auteur est en train de rédiger...

Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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