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Critique de Wyoming


Ce très bon roman noir de R.J. Ellory tient son lecteur en haleine au fil des pages et pas spécifiquement sur l'enquête menée par le héros principal, Jack, dont le dénouement est d'ailleurs liquidé en quelques pages, mais aussi et sans doute surtout sur l'analyse psychologique des différents protagonistes, et ils sont nomnbreux.

Des victimes d'abord, plusieurs jeunes filles dont l'une, Thérèse, voit sa personnalité profondément analysée par l'auteur. Thérèse conduit le lecteur vers sa mère, Carine, premier amour de Jack et ainsi vers la famille complexe de celui-ci, père tyrannique, mère faible, frère à protéger, Calvis, soeur victime indirecte de l'assassinat de Thérèse qu'elle aimait.

Jack est revenu après plus d'un quart de siècle dans cette ville minière fictive du nord-est du Canada pour aider son jeune frère Calvis, accusé de tentative de meurtre. Et ainsi, R.J. Ellory a choisi une forme mêlant passé et présent dans une longue première partie où les démons du présent de Jack se voient confrontés à ceux de son passé à travers lequel l'auteur déroule tous les faits entourant les assassinats supposés des jeunes filles que d'autres croient victimes d'improbables animaux.

Ce choix dans le rythme de l'écriture peut avoir ses amateurs et ses détracteurs. Pour ma part, j'ai plutôt apprécié son originalité et précisément que l'auteur sait s'en détacher au moment opportun, réservant toute la deuxième partie à la progression de l'enquête réalisée par Jack.

Au cours de celle-ci, il approche des personnages pouvant paraître secondaires qui, en fait, ont tous un rôle important à jouer dans les différents aspects psychologiques du roman, tels le flic manquant de moyen d'enquêter tant d'années après sur des meurtres que ses prédecesseurs ont ignoré, les membres du personnel de la mine, l'homme que Calvis a tenté d'éliminer convaincu qu'il était de sa culpabilité. Tout cela participe à la qualité de ce roman étoffé par de nombreuses expressions du quotidien de la vie, de l'amour, de la famille, de la mort.

C'est aussi un roman sur la folie qui gagne peu à peu les esprits les plus faibles, abandonnés à leur sort comme Calvis, torturés comme son père, perdus comme son grand-père et d'autres encore emportés par le tumulte d'une existence qu'ils n'ont pas choisi, tumulte devenant trop souvent létargie, les plus faibles ou les plus souffrants n'ayant guère de choix pour échapper à leurs malheurs que de se donner la mort ou, pire peut-être, laisser celle-ci envahir leur esprit.

C'est bien une saison pour les ombres, la plus sombre ainsi que l'exprime son titre original, un beau roman très sombre et très réussi.



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