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Critique de spleen


spleen
31 décembre 2023
Un court roman qui fait entrer le lecteur de plein fouet dans l'univers des féminicides : celui de Sophie morte en 2001 tuée par son mari Henri .

L'histoire est narrée par Pierre , 21 ans , le fils de Sophie .
Vingt années ont passé depuis le drame mais plusieurs événements se bousculent au début du récit.

La maison où a vécu Sophie puis Pierre, élevé par ses grands parents et son oncle Vincent doit être vendue.
Henri , le meurtrier, sort de prison et traine dans la région.
Et Pierre est follement amoureux de Victoria .

L'auteur prend le parti pris de raconter l'histoire du point de vue du fils qui arrive à l'âge adulte et envisage une vie de couple .
Pour lui qui n'a pas de souvenir de sa mère mais dont la présence est constante , les questions se bousculent .

"Mais c'est vrai que ,dans la famille, Sophie et sa mémoire ont toujours été sacralisées : lui offrir la trace d'un ange, d'une écrasante sainteté . J'ai grandi dans la fabrication d'un souvenir. C'est comme si nous avions volé l'humanité de ma mère. elle ne peut être que morte , puisque sans aspérités."

Il se frotte au sentiment de culpabilité des parents et du frère de Sophie .
il s'interroge sur aussi sur la reproductibilité de la violence de son père dans son comportement à lui , toujours à la limite de déborder .

Tant de questions existentielles qui lui font perdre l'apaisement qu'il avait acquis difficilement pendant son enfance et que seule Victoria calme par son amour .

"Victoria m'extirpe enfin du fantôme de Sophie. Outre l'amour que je lui porte, pour la première fois , même si c'est dantesque de lui faire endosser ce rôle, elle est une alternative à l'ombre de ma mère. et cette idée me soulage un peu ."

Entre les chapitres de Pierre, des retours sur la rencontre entre Sophie et Henri et leurs quelques années de vie commune apportent peu à peu un éclairage sur les éléments du drame au lecteur

C'est un récit puissant qui m'a beaucoup perturbé car on s'intéresse peu au devenir des enfants victimes de ces féminicides et le malaise, le mal-être de Pierre est très bien exprimé , j'ai souffert avec lui, n'osant imaginer une pareille situation.

Tim Dup fait preuve d'une grande sensibilité , elle est à fleur de peau et s'insinue dans le coeur du lecteur.

J'avoue que je ne connaissais pas ce jeune musicien, auteur-compositeur , engagé dans plusieurs associations contre les violences faites aux femmes . Je vais écouter avec curiosité ses albums après avoir vibré d'émotion en lisant ce premier roman .

Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stock pour cette découverte .
#Jesuisfaitdeleurabsence #NetGalleyFrance
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