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Critique de Alfr


« En 1970, un lotissement sortit de terre, à mi-distance entre la chapelle et l'église dans le creux des seins du Village. Ses six longères étaient des modèles réduits préfabriqués posés en bordure du chemin des Brigands, la nouvelle adresse des ouvriers. »

Ces ouvriers, ce sont ceux de l'usine de textile Brocard frères, en majorité immigrés. Logés dans le Lotissement, également appelé « La Cité » en opposition aux maisons Phénix construites bien plus tard en haut du Village, ils partagent une promiscuité certaine, chaque longère abritant deux maisons mitoyennes de plain-pied. Ce lotissement entouré par une allée non bitumée résonne d'accents chantants, de musique sur laquelle on danse, d'enfants traînant dans le Village et dans les prés voisins, là où l'on aperçoit souvent Pedro le lama. La Cité c'est aussi les plats épicés qu'on partage, les travaux d'embellissement qu'on juge et qu'on lorgne, les disputes d'enfants ou d'adultes. C'est une atmosphère digne du Chaâba d'Azouz Begag. Mais la Cité, c'est surtout un lieu clos, isolé du reste du Village, non pas par les kilomètres mais par cette étrange mise à distance « le Lotissement, à leurs yeux, était un quartier teinté Maghreb concentrant des familles qu'il était plus ou moins facile de différencier ».
Parmi les habitants, il y a ceux qui tentent le mélange au Village, ceux qui le fuient. Il y a surtout des familles qui évoluent, portées par des enfants attirés par la grande ville de Lyon toute proche.

Ce récit, c'est l'histoire de plusieurs vies au coeur d'une enclave rurale, celles de Bassou, Lalla, Olfa, Jihane, Toufik… Ce récit c'est surtout de courts chapitres composés à la manière d'extraits de vie fugace. On y croise des situations cocasses, des images figées, des retours en arrière, des frustrations et des angoisses. L'humanité au coeur d'un style très travaillé, d'un vocabulaire qui fait voyager dans les contrées les plus chaudes et dans les pages du Larousse. C'est un premier roman puissant dans lequel l'image traduite par des mots choisis est bien plus puissante que n'importe quelle leçon de morale et dans lequel il suffit de fermer les yeux pour retrouver ses habitants.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Le Nouvel Attila qui m'ont fait découvrir ce premier roman d'une autrice talentueuse dans le cadre d'une masse critique.
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