AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ODP31


Météo du jour : Apocalypse, avec pluies acides et rafale fatale sur la majeure partie du globe. du calme Evelyne, ce n'est qu'un roman. Vous allez pouvoir continuer à faire rugir le golfe du Lion qui est en nous et câliner la Côoote Basque en forçant l'accent.
Intro à la Zola ou Dickens. Corentin est un enfant non désiré que sa mère abandonne à droite, à gauche puis à une petite vieille, Augustine, qui vit dans un hameau si reculé qu'il a fini dans un trou perdu. le territoire forestier est hostile, ce n'est pas le monde de Mickey. Plutôt celui du petit Poucet, des tiques et des taons. La mémé n'est pas très causante, elle compte ses mots comme ses sous et gestes d'affection mais un coeur bat sous sa blouse. En arrière-plan de cette première partie, beaucoup d'herbe verte et de vieilles branches qui raviront les accrocs de la chlorophylle et les scouts, mais aussi la petite musique de l'auteure qui accélère le dérèglement des saisons pour nous préparer au grand effondrement qui fait palpiter les survivalistes.
Pour ses études, Corentin succombe aux charmes de la grande ville, cède à l'insouciance de son âge et s'éloigne de l'austérité champêtre. La nature, c'est sympa cinq minutes, tant qu'on n'est pas obligé d'y vivre, mais l'eau du torrent n'a pas goût au Spritz et dans une forêt, la gueule de bois, c'est toute l'année.
Heureuse idée, sinon le récit s'arrêtait à la soixantième page, le jeune étudiant passe une soirée dans des catacombes avec des amis quand un souffle dévastateur signe la fin du monde. Pas étonnant que Sandrine Colette cite un verset de l'Apocalypse de Jean en exergue de son roman. Les cavaliers de l'Apocalypse, casaques noires, ont bouclé le quartet dans le désordre. Pas le temps de rédiger un nouveau testament. La quasi-totalité des êtres humains et inhumains, animaux domestiques et sauvages, plantes en plastique et végétation, sont réduits à l'état de braise. Pratique pour les barbecues ou les hammams mais pas idéal pour tenter de survivre.
Corentin se retrouve seul à la surface et il décide de retrouver Augustine dans sa forêt. Il se lance dans un périple à pied dont Cormac McCarthy avait déjà publié le guide du routard survivant dans le somptueux « La Route », paysages où transite aussi souvent Antoine Volodine dans ses romans. Par temps de crise, la fin des temps ne connait pas la crise. Je recommande aussi dans le même registre de l'extinction au Baygon vert, l'excellent « Station Eleven », d'Emily St John Mandel.
Sans donc réinventer le genre, Sandrine Collette excelle dans ce récit qui s'étale sur une vingtaine d'années et lui permet de sublimer les thèmes qui traversent la plupart de ses romans : l'instinct animal de survie et la violence de la nature qui répond à la violence des hommes.
Avant un final éblouissant, j'ai trouvé la partie où Corentin va s'attacher à perpétuer l'espèce, façon famille Ingualls qui va couper du bois en se tenant la main avec des nattes sur la tête et des paniers en osier moins passionnante, métaphore un peu chargée de la renaissance du monde.
Par les temps qui courent dans le mur, il ne faut pas compter sur ce roman pour prendre la poudre d'escampette de la réalité. Tentative d'évasion ratée à la Dalton, mais un vrai plaisir de lecture et un coup d'oeil dans le judas d'un monde d'après qui donne envie d'arrêter sa montre.


Commenter  J’apprécie          1045



Ont apprécié cette critique (94)voir plus




{* *}