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Critique de Godefroid


Allen Choice 2: Brulé (2003)

Deuxième apparition d'Allen Choice, après "Pour rien, ou presque" (Seuil Policier). Allen Choice a 32 ans. Il a déjà une solide expérience de garde du corps, acquise pour l'essentiel auprès d'huiles de la silicon valley. Ce boulot étant globalement en perte de vitesse, Allen pense sérieusement à passer privé. Allen Choice a une fiancée journaliste qui s'appelle Linda Maldonado. Allen Choice vit à San Francisco. Allen Choice est taillé comme armoire normande, c'est pour ça que sa copine l'appelle "le Bloc". Bon, je crois que j'ai tout dit sur Allen Choice. Non, il y a aussi qu'Allen Choice est d'origine coréenne, et qu'il a une nature plutôt zen.

Linda, partie à L.A. chez ses parents depuis quelques semaines pour "faire le point" (ça colle plus très bien avec Allen), appelle quand même Allen à la rescousse car son petit frère Hector vient de périr brûlé dans un étrange accident de voiture. Commence alors une enquête passionnante qui amènera Allen dans le milieu des raves, ces nuits techno plus ou moins clandestines où l'on voit, sous l'effet conjugué de pulsations électro assourdissantes et de violents stroboscopes, des dizaines à des milliers de gamins (parfois plus âgés) s'agiter en rythme des heures d'affilée. le brouillage du cerveau se pratique à coup d'ecsta (c'est le produit phare), ou d'E, pour les intimes. Un petit malin nommé Bangs, une terreur paraît-il, a lancé sur le marché une came top transe : l'EB (l'Ecsta de Bangs). Allen découvre assez vite que Hector travaillait avec Bangs dans la période ayant précédé son accident. Il rencontre aussi une charmante ex raveuse (du même sang coréen que lui) qui lui apportera une aide précieuse dans son enquête, et un peu plus si affinités (devinez).

Narration et intrigue captivantes (bien qu'assez classiques), très belle écriture (ça mérite d'être souligné), traduction ad hoc, "brûlé" a beaucoup d'atouts. On pourrait à la rigueur lui reprocher un certain manque d'originalité si l'on éludait la riche personnalité du héros qui parvient à susciter un intérêt "humain" très particulier. Il s'agit d'un roman à la première personne et le lecteur est aux premières loges des interrogations d'Allen, des plus intimes (pourquoi Linda m'en veut, qu'est-ce que je fais mal avec elle, devrais-je être plus violent parfois, etc.) aux plus triviales concernant son enquête. La construction psychologique du bonhomme est remarquable. Si des bribes de sa culture coréenne d'origine influencent encore fortement ses pensées et son comportement, lui même n'en a pas une compréhension très claire. Cette auto-introspection en pointillés distille un très fort attachement au personnage tout au long du roman, l'effet étant accentué par l'utilisation du vocabulaire intime qu'Allen s'est créé pour parler des évènements forts de sa vie et de ses relations intimes. Un tout petit regret : le volet socio de "brûlé", qui focalise pour une bonne part sur le comportement et les motivations des raveurs, retient aussi l'intérêt et on aurait pu souhaiter qu'il fît l'objet d'un traitement un peu plus creusé. Mais l'ensemble est d'une excellente tenue. Une très bonne surprise en ce qui me concerne ; auteur à suivre !

Un mot tout de même sur le pedigree de ce remarquable jeune auteur : né aux Etats Unis, Chang est comme son héros, d'origine coréenne, et a grosso modo le même âge (34 ans en 2003) ; diplomé de Harvard, il enseigne l'écriture à université d'Antioch. Plus d'info sur son site internet "www.leonardchang.com" (interviewes, etc.).
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