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Critique de PetiteBichette


V13 comme Vendredi 13, ce Vendredi 13 Novembre 2015, ce doux soir d'automne, la nuit, la vie promettait d'être belle pour ces jeunes gens attablés en terrasse à La Belle Équipe, au Carillon, au Petit Cambodge, qui se pressaient d'aller à un concert de rock au Bataclan, un match de foot au Stade de France, …
Cette soirée qui s'annonçait comme une belle soirée festive pour la jeunesse parisienne a soudain basculé dans l'horreur d'une série d'attentats simultanés qui ont meurtri à tout jamais, les corps, les âmes, notre croyance d'être en paix, en sécurité en France.
Emmanuel Carrère se lance dans une entreprise un peu folle, il décide de chroniquer dans l'Obs le procès. Un procès qui va durer neuf mois, et il va y assister chaque jour, à ce procès hors-norme, 1800 parties civiles, 350 avocats, 131 victimes, une salle construire exprès pour accueillir la foule au cout de 3 millions d'euros pour le contribuable …
Emmanuel Carrère sait nous plonger dans l'ambiance de ce tribunal si particulier, et grâce à ce livre j'ai eu l'impression d'y assister à ses côtés.
Le livre est partagé en trois parties, la première est incontestablement la plus poignante, elle est dédiée aux victimes, la deuxième aux accusés (dont bien sûr Salah Abdeslam) et la troisième à la Cour.
Le récit des victimes est terrible, des frissons m'ont parcourue, j'ai été au bord de la nausée face à certains détails ; il est absolument impossible de refermer le livre pendant cette partie (sauf pour reprendre son souffle et se rassurer en se disant qu'un dingue ne va pas surgir, là devant vous tout de suite, armé d'une kalachnikov pour tirer sur tout ce qui bouge). Les émotions submergent face à ces témoignages de victimes et de familles de victimes, leurs angoisses, leurs séquelles, ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas.
Est-ce du fait de la puissance des témoignages des victimes, j'ai trouvé les chapitres consacrés aux accusés moins intéressants, avec des longueurs, je me suis un peu perdue entre tous leurs noms. J'ai regagné en attention pour les derniers chapitres consacrés aux avocats qui permettent à l'auteur de faire part d'avis juridiques très intéressants sur ce procès.
Au-delà des faits bruts relatés avec beaucoup de force et simplicité, Emmanuel Carrère se détache parfois du sujet pour pousser un peu plus loin la réflexion sur les motivations des terroristes, les peines qu'ils méritent, la notion de justice.
Cette lecture édifiante, épouvante mais fort enrichissante permet d'en découvrir plus sur ce procès historique. Je me suis posé la question du voyeurisme avant d'ouvrir le livre. Je le referme rassérénée, ce livre est avant tout une leçon d'humanité, un message d'espoir, une façon de ne pas oublier ceux qui sont morts, et aussi une volonté de voir dans les hommes, tous les hommes, même les accusés, une humanité, et une volonté, si ce n'est de leur pardonner ou de les excuser mais au moins de les comprendre, de ne pas laisser la haine prendre le pouvoir. Un pari relevé haut la main par Emmanuel Carrère (avec en plus le tour de force d'arriver à subtilement apporter de petites touches d'humour au fil de ce récit si sombre).
Plusieurs jours après cette chronique, j'ai commencé à noter les citations que j'avais relevées pendant ma lecture. Je me suis alors rendu compte que de nombreux passages marquants m'étaient restés en mémoire et que je ne les avais pas notés. Alors, chose que je ne fais jamais d'habitude, j'ai repris le livre, retrouvé les passages. Les relire m'a provoqué la même émotion que lors de la première lecture ; compassion, révolte, dégout, découragement, espoir. Ce livre, c'est sûr, je ne pourrais pas l'oublier. Merci, M. Carrère …
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