Michel Bussi déménage ses lecteurs à Rouen en 1983, 1989, 1995, 1999, époque du minitel, du franc, du plan Juppé, et des célèbres Armadas, en quatre épisodes Poucette, Vilain petit canard, La petite fille aux allumettes, le briquet, empruntant les titres de contes d'Andersen.
Ophélie Crochet et Antoine Vidame apprécient ces contes publiés par la Bibliothèque Rouge et Or et illustrés par
André Jourcin, mais ce qui les rapproche et les confronte c'est la mort de Maja, la maman d'Ophélie, qui a commis une erreur fatale en épousant Josselin, alcoolique et drogué, plaçant ainsi la famille sous la tutelle des services sociaux dirigés par Richard Vidame, père d'Antoine.
Ce mariage funeste rappelle le scénario de «
La petite soeur », roman publié en 1893 par
Hector Malot, normand comme
Michel Bussi, et né à La Bouille à l'aval de Rouen. Un siècle d'écart ne change rien à la voracité des prédateurs ciblant les jolies adolescentes ou les riches héritières et Poucette succède à Geneviève de Mussidan.
Si l'intrigue policière souffre de quelques hasards trop providentiels pour être vraisemblables, la trame romanesque dévoile la géographie sociale d'une agglomération divisée entre sa « ville haute », Bois Guillaume avec ses villas cossus et le Fortin, et sa « ville basse », Saint Étienne du Rouvray, ses HLM et la barre Sorano, et rend hommage au dévouement des travailleurs sociaux incarnés par une inoubliable Bénédicte.
Le secours populaire français bénéficie de 10% des droits d'auteur de
Michel Bussi qui concrétise ainsi son engagement contre la pauvreté, l'exclusion et les violences subies par les femmes et les enfants. Une raison de plus de lire « mon coeur a déménagé ».
PS : ma critique de
Mourir sur Seine, autre roman de
Michel Bussi sur Rouen et l'Armada
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