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Critique de Pommenoisette


« 2 € de l'heure, la face cachée de ‘l'intégration' à la française », ouvrage qu'il est important de lire car il démontre point par point l'hypocrisie criante du système français qui profite des sans-papiers dans la plus grande impunité. Nejma Brahim, journaliste à Mediapart, relate l'expérience de ceux qui ont subi de plein fouet la violence et le mépris total de l'administration française.

Comme l'a dit Aboubacar Dembele, porte-parole des grévistes de Chronopost d'Alfortville : « Si ils peuvent pas accueillir toute la misère du monde, est-ce qu'ils peuvent arrêter de créer la misère partout où ils vont ? ». Et oui, car les immigrés ne quittent pas leur pays dans le but de frauder la sécurité sociale comme beaucoup semblent l'affirmer dans le débat public.
La réalité, c'est qu'ils fuient des conditions de vie mauvaises voire dangereuses -auxquelles la France a contribué même si elle préfère le cacher sous le tapis- dans l'espoir de pouvoir travailler et vivre dignement. Or, pour la très grande majorité d'entre eux, c'est la grande désillusion lorsqu'ils arrivent en France.

A la lecture des récits, il est frappant de constater que le système actuel conduit à l'esclavagisme moderne. Les travailleurs sans-papier son poussés vers l'illégalité et l'usurpation d'identité pour obtenir les fameuses fiches de paie qui leur permettront de déposer une demande de régularisation, à condition pour cela d'obtenir l'accord de l'employeur. C'est là que le cercle vicieux se matérialise : « pour demander un titre de séjour, on nous demande de ramener les fiches de paie. Mais pour avoir des fiches de paie, il faut travailler et pour travailler, il faut un titre de séjour ».
Ce schéma laisse alors place à l'exploitation : l'employeur profite de la main d'oeuvre à qui il verse un salaire selon son bon vouloir voire pas du tout ; le propriétaire loue des surfaces ridicules à des prix exorbitants dans lesquelles plusieurs personnes sans-papiers sont entassées ; des individus se font passer pour des intermédiaires en prêtant leur identité moyennant rémunération.
Bref, c'est inhumain à tous les niveaux. D'autant plus que dans chacune de ces situations, les personnes sans-papiers ne peuvent rien dire, elles sont obligées de subir l'humiliation permanente qu'on leur impose en raison de la peur constante de la dénonciation, des contrôles de police et de l'expulsion qui plane au-dessus d'elles.
Lorsque les sans-papiers arrivent à trouver un emploi, ils se retrouvent dans les « métiers en tension » dans lesquels les conditions de travail sont terribles et les salaires absolument indignes. Mais ce n'est pas toujours le cas, car même des médecins peuvent tomber sous le coup d'une OQTF, après avoir servi les hôpitaux français en étant sous-payé.
Puis, quand vient l'heure de se rendre à la préfecture, laquelle fonctionne sur la base de la politique du chiffre, les agents eux-mêmes conseillent de « taper un scandale » afin qu'on les laisse entrer. C'est l'humiliation permanente.
Alors même qu'ils travaillent, les sans-papiers n'ont aucun droit, l'administration nie leur existence. Pourtant ils sont bien là, le meilleur exemple étant celui des travailleurs de plateforme qui font fonctionner le capitalisme de plateforme sans aucune protection sociale.

La France est un pays profiteur et hypocrite vis-à-vis des personnes sans papiers, bien qu'elle tente de se dédouaner en pointant du doigt la soi-disant menace que représenterait les sans-papiers. C'est désolant et dramatique, et cela pousse à la déshumanisation ainsi qu'à la division des travailleurs.
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