Un petit bijou de désespoir caché au coeur d'un écrin d'humour et d'amour !
Ça commence sur un ton léger, celui d'un enfant qui découvre naïvement le fonctionnement de ce monde, sans chercher à le décrypter. Papa et maman dansent et rient dans le salon, reçoivent des amis, accumulent le courrier sans jamais l'ouvrir, boivent et reçoivent encore.
L'enfant apprécie cette extravagance tout en étant conscient qu'un autre ordre existe, celui qui fait froncer les sourcils, car, non, l'école, ça ne fonctionne pas à la carte. A l'école, on a toujours le même prénom, et on ne promène pas en laisse un oiseau nommé Mademoiselle Superfétatoire, et on écrit à l'endroit…
Je me souviens avec une vive émotion du film de Benigni, qui raconte la tentative désespérée d'un père, qui veut faire croire à son fils que le camp de concertation dans lequel ils sont enermés est un parc d'attraction. Ici, le décor est celui d'une famille minée par la folie, mais le thème est le même. L'aventure est aussi folle, et vouée à l'échec.
C'est aussi l'histoire d'un amour qui confine à la folie et qui mène la danse au son de Mr Bojangles, une magnifique chanson de
Nina Simone.
Le récit est très bien mené, les couleurs vives et chatoyantes qu'évoquent les premiers chapitres se teintent d'un voile qui ternit peu à peu le propos, jusqu'au plus sombre.
Le lecteur bénéficie d'un double discours, qui amène peu à peu vers la triste réalité : le roman se construit sur deux socles, celui des souvenirs d'enfance de l'auteur, relus à l'aune des carnets intimes de son père.
Un de mes coups de coeur de cette année 2021 !