AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Calidia


Avec ce joli roman illustré, je crois avoir fait le tour des oeuvres de Bottero se déroulant dans l'univers de Gwendalavir. Je compte bien relire ses trilogies un jour ou l'autre, mais c'est toujours avec une pointe de nostalgie que j'ouvre un livre de l'auteur.

Dans le chant du troll, on découvre la petite fille accompagnée du troll Doudou que l'on avait pu croisés dans les autres livres de Bottero, sans plus d'explications. C'est aussi l'occasion de mettre un visuel sur toutes les créatures fantastiques inventées par Pierre Bottero (les chiens rouges, par exemple). Bref, tout bon fan se doit de lire le chant du troll, même si c'est effectivement encore plus jeunesse que d'habitude.

Léna est une petite fille ordinaire qui, comme tous les enfants, se lève tous les jours pour aller à l'école. de nature très timide, elle apparaît comme presque transparente pour ses camarades de classe, ses professeurs et même ses parents. Elle a beau essayer de communiquer, personne ne l'entend, elle qui est si insignifiante.
Un jour, ses parents se disputent et sa maman part, sans un mot. Des événements étranges se poursuivent cette journée : le ciel se colore de couleurs chatoyantes, la végétation devient luxuriante et envahit la ville. le lendemain, sa petite ville tranquille s'est transformée en une jungle impénétrable.
C'est à ce moment que Lena fait la rencontre de Burph, une créature inconnue – un Sprite, en réalité – qui lui rapporte ces paroles incompréhensibles : « le basculement a commencé… ». Qu'est-ce qu'un basculement ? D'où viennent toutes ces créatures terrifiantes qui peuplent la ville dès la tombée de la nuit ?
Il semblerait bien que Lena soit au coeur de ce basculement où elle devra affronter sa pire ennemie pour que le Bien gagne sur le Mal, le Jour sur la Nuit.

Léna n'est pas sans armes contre ces monstres de la nuit. D'abord, elle dispose de toute une armée d'êtres féériques, prêts à combattre à ses côtés. Elle rencontre entre autres des Elfes – parmi lesquels Sil, qui lui sera d'un grand secours –, des Faëls, des Gnomes, des Centaures, des Nains, des Pixies, des Korrigans, et bien d'autres encore, tout juste assez nombreux pour combattre les terribles Groen – les chiens rouges. Ces derniers sont à la solde d'une personne singulière qui, comme Léna, paraît ne pas appartenir aux Imaginaires. Il devient de plus en plus évident que Léna est la clef de cet affrontement et qu'elle n'a d'autres choix que d'y participer.
Mais comme je l'ai déjà dit, Léna n'est pas démunie. Elle a à ses côtés Doudou le troll, prêt à tout pour la défendre et l'aimer. Mais surtout, Léna peut lutter par la force des mots, par la magie de cette comptine qu'elle ne cesse de chantonner :
– Un, deux, trois,
Trois à trois,
Toi et moi.
Un, deux, trois,
Toi et moi,
Ça fait deux,
Qui est trois ?
C'est toi !

Bien que le personnage de Léna ne soit pas extrêmement développé du fait du public visé, c'est un personnage attachant, par sa réserve et son courage. le contraste qu'elle offre aux côtés du troll est saisissant et pourtant, ces deux-là offrent l'image d'une amitié indéfectible.
J'ai aussi aimé Burph le Sprite et Sil l'Elfe qui présentent une petite dose d'humour et leurs chamailleries sont irrésistibles.

En ce qui concerne l'intrigue en elle-même, je ne peux rien dire sans trop en dévoiler mais tout le livre est en fait une gigantesque métaphore qui prend tout son sens à la mention du nom de l'ennemie de Léna. A partir de là, on tremble pour la fillette même si on ne peut empêcher la fin d'arriver…
Une histoire très émouvante, même pour un public adulte. Je doute qu'un public très jeune saisisse toutes les subtilités du roman de Bottero, d'autant plus que le côté « imaginaire » est très présent et peu sembler complexe, mais je le conseillerai vraiment aux enfants de 8 à 12 ans.

Comme d'habitude, l'écriture de Pierre est magnifique, empreinte de poésie. le style de l'auteur m'est maintenant reconnaissable au premier coup d'oeil tant il use des phrases courtes et poignantes, parfois composées d'un seul mot. Il sait choisir les mots justes, sans ostentation. La lecture est fluide et les 187 pages se dévorent en à peine une heure – et j'ai pris le temps d'admirer chacune des illustrations.

En parlant d'illustrations, c'est un merveilleux travail qu'a accompli Gilles Francescano ! Pierre Bottero et lui n'en étaient pas à leur première collaboration puisque c'est aussi le dessinateur qui a conçu la couverture des Âmes croisées, mais il s'est surpassé dans ce court roman.
Dans un premier temps, j'ai adoré pouvoir mettre un visuel sur le bestiaire fantastique inventé par Bottero, même s'il ne correspondait pas toujours à ce que j'imaginais.
Je dois dire que le coup de crayon est maîtrisé puisque les illustrations de Gilles Francescano m'ont autant séduite que les mots de Pierre Bottero – et ce n'est pas peu dire ! Quelques fois, ce sont juste des griffonnages dans des coins de pages, mais d'autres fois ce sont de véritables tableaux avec des dépliants formant des triples pages. Les couleurs utilisées sont particulièrement harmonieuses (les couleurs du ciel, par exemple) et douces : elles imagent parfaitement le côté rêveur de l'oeuvre.
Pour démontrer à quel point j'ai apprécié le travail de Gilles Francescano, l'une de ses illustrations me sert de fond d'écran depuis ma lecture :


D'ailleurs, c'est l'objet livre en lui-même qui est sublime. Non seulement les illustrations sont très belles mais elles vont de paire avec du texte coloré, soulignant les passages importants. le vocabulaire de l'imaginaire ou les actions importantes sont souvent présentés en petites majuscules, attirant le regard. le papier utilisé est solide et très agréable à parcourir. Finalement, le prix de 17,50€ me paraît tout à fait acceptable pour le travail fourni.

Le chant du troll est un excellent roman illustré pour les enfants encore jeune lecteurs qui y découvriront la littérature de l'imaginaire mais aussi une histoire chargé d'émotion dans une formidable métaphore. Pour les plus âgés, c'est l'occasion de retrouver son âme d'enfant en parcourant les jolies illustrations de Gilles Francescano et le style très poétique de Pierre Bottero. Alors, pourquoi hésiter ?
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}