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Critique de michfred


Quel bol d'air, quel vent de poésie, quel souffle d'insolence, quelle bourrasque de fantaisie, quel tourbillon d'imagination passent par cette fenêtre-là!

Je sortais d'un polar glauque et nul que j'avais traîné comme un boulet pendant de trop longs jours: le livre de Cédric Blondelot m'a délivrée : il m’a tendu la clé des menottes, m’a donné la lime pour scier la chaîne: plus de boulet!

J'ai eu des ailes, pendant…deux jours!

Dévoré, engouffré, consommé sans aucune modération mais avec quel plaisir!

Rien que la dédicace et le prologue m'avaient déjà mise en appétit ! La dédicace, pleine de tendresse, pour un père que l’on devine aimé et trop tôt disparu - et le prologue qui évoque les derniers pas, dans l’arène de ce triste mond,e de la vache Mirabelle, dont le cuir souple la destine à devenir un superbe Perfecto de motard …ou d’idole grunge.

Car le beau cuir de Mirabelle va devenir le blouson sacré de Kurt Cobain, dont la première partie du livre traque les avatars d’un continent à l’autre…jusqu’à atterrir sur les épaules d’un jeune garçon appelé Tobliac Juillet, comme la rue et comme le mois. Le héros du livre.

Nous sommes depuis longtemps embarqués, ballottés, amusés, entraînés dans le sillage du Perf’ de Kurt : on signe pour Tolbiac !

Tout le livre tient les promesses des premières pages: une aventure haletante, des personnages foutraques et attachants, une intrigue savante, mais toujours légère, enlevée, rapide et pleine de surprises, et un style très personnel, bourré d'images, de trouvailles, drôle et touchant à la fois!

Je ne vous raconte pas l'histoire, ce serait vous jouer un tour en vache!

Car, s’il n’y a qu’une vache, il y en a des tours, et des détours, et des retours, dans l'histoire de Tolbiac Juillet, fils adopté et magicien, qui, pour avoir tout à coup la curiosité de ses origines, est pris d'un vertige existentiel qui l'entraîne...au fond de la cuvette des toilettes où il grille un mégot méditatif, pour se retrouver dans un univers où il se sent bien étranger...

Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j’erre ? Pauvre Tolbiac peut-être pas Tolbiac, quant à Juillet, voire…

Le récit flirte avec la SF mais non, vous n’y êtes pas, faites donc un petit tour du côté de l’astrophysique, n’y aurait-il pas plutôt une explication scientifique à tout cela ? Un peu de physique quantique, ça vous dirait ? …Et si la physiologie du cerveau avait, elle aussi, son mot à dire ? Ou la psychanalyse ?

Un jeu de Scrabble déclenche un séisme, une piscine engloutit toutes certitudes, un rayon de soleil sur une inscription funéraire, un faisceau de phare sur les remparts de St Malo déclenchent des tempêtes inattendues..

On croise une rousse sauveuse et tueuse, la vache Mirabelle et son avatar , le Perf’ de Kurt, une jolie musicienne, deux colombes répondant au doux nom de Cocaïne et Prozac, un employeur masqué dénommé Cultor Souriceau, un météorologiste blagueur, une kiosquière qui fait de la résistance.. Tous attachants et mystérieux à souhait..

On lit avec passion, comme quand on était enfant et qu’on voulait savoir la fin, comprendre le mystère, surprendre le secret.

On lit avec délectation comme le grand – ou la grande – que l’on est devenu, parce que c’est un livre qui nous rend plus intelligents, plus légers, plus forts, face à tous les vertiges et les pièges que nous propose obligeamment l’existence.

On lit avec le sourire, avec le rire qui tout à coup éclate et fait du bien.

On lit avec le petit pincement au cœur parce que ça c’est tellement vrai, c’est tellement fichtrement bien dit, on aurait eu envie de l’écrire !

La Fenêtre de Dieu est-elle un cabaret d’illusionnistes, la trappe de sauvetage des enfants abandonnés, ou le grand appel d’air qui ouvre soudain à tous vents -Zéphyr compris- les chemins balisés et étroits de nos destinées ? qui ouvre grand les fenêtres des possibles généreusement offerts par la littérature à tous ceux qui rêvent que la vie sont une aventure pleine de frissons et de rencontres ? …


On lit et on se dit qu’il doit être bigrement sympathique, l’auteur, on sent ça derrière ses mots : une vraie empathie pour les gens, qui se débrouillent comme ils peuvent dans cette chienne de vie et à qui il ouvre sa fenêtre de Dieu, sans que Dieu y soit vraiment pour quelque chose, rien que pour qu’ils respirent un bon coup !

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