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Critique de Cannetille


Mary Rowlandson est un personnage réel : en 1675, cette épouse de pasteur puritain d'origine anglaise fut enlevée avec ses enfants lors de l'attaque par les Indiens de sa petite ville du Massachusetts, près de Boston. Sa captivité dura onze semaines, pendant lesquelles elle partagea l'errance de ses ravisseurs poursuivis par l'armée américaine. Elle fut finalement libérée moyennant rançon, et relata son aventure dans un ouvrage à orientation très religieuse, qui, à quelques nuances près, évoque la brutalité et la bestialité qu'elle voyait chez les Indiens, et qui fit sensation à l'époque : The Sovereignty and Goodness of God: Being a Narrative of the Captivity and Restoration of Mrs.Mary Rowlandson.


Amy Belding Brown s'est inspirée de ces faits historiques pour broder sa propre interprétation du personnage de Mary : elle a imaginé cette femme découvrant avec stupéfaction l'humanité d'un peuple réputé sauvage et cruel dans l'esprit des blancs de l'époque, ainsi qu'une liberté alors inconnue chez les femmes de sa propre communauté. Ce choc culturel marque cette Mary fictive au point de lui faire regretter sur certains plans son retour à la "civilisation".


Si ce roman a le mérite de rectifier le cliché du gentil cow boy et du méchant indien qui a longtemps prévalu jusqu'à la grande époque des westerns, j'ai malheureusement eu une nette et constante impression d'anachronisme : ne parvenant pas à croire à un si rapide changement d'état d'esprit chez une femme imprégnée de sa culture puritaine et de ses certitudes religieuses, je n'ai pu me départir de la gênante impression de raisonnements et de sentiments empruntés à notre époque récente, et globalement incongrus chez un personnage tel que Mary.


Ce décalage s'assortit par ailleurs d'une large place accordée à la romance sentimentale : notre héroïne, issue d'une communauté si prude et si sûre de sa supériorité, sous le choc de la mort violente des siens, de la perte de sa fille, de la séparation d'avec ses autres enfants également capturés, blessée et soumise aux affres de la faim, réussit, le temps de sa courte captivité, à vivre une idylle en tout bien tout honneur avec un Indien gentleman.


Je ressors donc globalement déçue de cette lecture, certes rédigée dans un style agréable et riche de bonnes intentions à l'égard d'un peuple indien qui fut décimé par les blancs, mais qui m'a semblé un tantinet naïve et complaisante, en un mot assez peu réaliste.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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