Ce que dit Lucie

Oh que j'aime ces courts romans qui sont efficaces et denses comme un corps sportif trapu et musclé. Rien n'est laissé au hasard. Chaque mot a son importance et son quart d'heure de gloire pour que le texte brille.
Là il s'agit d'un triangle amoureux original : 2 jeunes femmes et l'eau. le triangle est tragique puisque l'une des femme va mourir. Mais qui est coupable ? La femme qui reste ? L'eau ? C'est ce que va tenter de découvrir l'inspecteur qui enquête sur cet accident. Tout le roman tourne autour de ce dialogue savoureux, vif, entre l'enquêteur et celle qui reste. Se déploie sous nos yeux les passions qui animent l'héroïne : la natation, la compétition, l'élément liquide et cette amitié fusionnelle qu'elle avait avec son amie disparue. C'est fluide et efficace comme une longueur de brasse dans un couloir de nage. C'est un portrait comme je les aime, tout en finesse, en subtilité. Lucie se met presque à nu, comme en maillot au bord d'un bassin. Elle se remémore et raconte sa vie, sa passion, son amitié, ses envies, ses jalousies. L'amie disparue n'est pas sans défaut non plus. Alors qui est coupable ? À vous de voir. Il reste l'eau, envoûtante, dans laquelle on se transcende, on s'espère, on se perd.
Faut-il le lire ? Oui. Très réussi. Ça donne envie d'aller enchaîner quelques longueurs.