AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Kirzy
26 février 2021
Ce premier roman est le récit poignant d'une émancipation, celle de Sixtine, jeune femme pieuse qui se libère de l'emprise d'une secte catholique intégriste tendance extrême-droite. Une lecture forte qui a fait écho à la formidable mini série diffusé sur Netflix, Unorthodox , qui racontait la fuite d'Esther de son milieu juif orthodoxe.

La première partie est remarquablement édifiante. Avec minutie, Maylis Adhémar décrit les rites de cette frange catholique fondamentaliste. L'immersion est totale, presque ethnographique. Même si j'avais déjà vu des reportages sur ce sujet, j'ai été interloquée par la violence de ce milieu. A l'égard des femmes d'abord. On colle au pas de Sixtine, à son ressenti, à son chemin de croix qui débute avec sa grossesse qu'il faut endurer les dents serrés, une tisane aux feuilles de framboisier étant vu comme le mal car soulageant des douleurs voulus par Dieu. Violence tout court lorsqu'il s'agir de mêler religion à la xénophobie et au nationalisme le plus extrême, jusqu'à organiser des opérations coups de poing contre les ennemis de la « bonne France ».

Cela aurait pu donner lieu à un récit manichéen et caricatural mais l'auteure parvient à trouver le ton juste, la bonne distance pour se concentrer sur l'évolution de Sixtine. Au départ, elle ne veut pas forcément s'émanciper, on lui a bien trop appris que l'extérieur, l'autre c'est le Diable. Son désir de liberté est bine plus organique, plus instinctif : elle va devenir mère et veut sauver son enfant.

Le scénario mis en place est très bon, avec un point de bascule tragique qui sert de catalyseur à la fuite de Sixtine. C'est à partir de là que je suis moins convaincue par la deuxième partie, celle de l'ouverture au monde qui va lui donner envie, cette fois, de s'émanciper totalement sans perdre sa foi. Son combat intérieur est bien rendu, entre petites avancées et reculs, mais le chemin d'émancipation est très convenu avec beaucoup de clichés. Il n'était pas nécessaire, à mon avis, d'aller aussi loin dans les antipodes, entre les squatteurs, la ferme autogérée et une solidarité, certes réelle et bienveillante, mais qui ressort un peu trop gentillette. J'ai un peu décroché à ce moment-là ...

... pour me raccrocher aux interstices du récit : ces très belles lettres écrites par la grand-mère de Sixtine à sa fille, la mère de Sixtine. Une autre temporalité, une autre fuite du milieu familial, dans l'autre sens. En fait, les personnages des mères, celle de Sixtine et sa belle-mère auraient pu être passionnants à condition d'être plus mis sur le devant de la scène.

Lu dans le cadre du collectif 68 Premières fois #4


Commenter  J’apprécie          1342



Ont apprécié cette critique (121)voir plus




{* *}