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Critique de Tu_vas_voir_ce_que_tu_vas_lire


A ces figures anonymes que l'on croise, errantes, sur les rives de nos ports européens, et que l'on désigne par l'euphémisme de « migrants », Ximo Abadía redonne une voix et une identité, à travers Natan, un jeune réfugié érythréen qui nous raconte son histoire. A quatre ans, il fuit la dictature de son pays avec son père pour se rendre en Ethiopie, laissant derrière lui sa mère, qui aide d'autres personnes à partir, et qu'il ne reverra pas. Natan, par des mots simples, décrit son quotidien, la faim qui tord le ventre, l'exclusion, la violence de la rue et l'oppression des régimes autoritaires, la débrouille pour survivre, mais aussi la solidarité, les copains, la radio trouvée dans une décharge, qui apporte la joie dans le foyer de tôles et de cartons. Un jour, il faut de nouveau fuir, c'est une question de vie ou de mort : quitter son père, gagner la Libye, et traverser l'océan jusqu'en Europe.
Le trait est enfantin, de grands aplats de couleurs vives tracés au pastel, qui épousent la simplicité d'un discours dénué de pathos. Les sensations et les états intérieurs dominent: le orange, à la fois soleil brûlant du désert et feu vital, le noir qui obscurcit les pages suggérant la torture physique, et la désespérance morale du personnage. Sans ce choix d'un dessin naïf et presque abstrait, l'histoire serait insoutenable. A travers la couleur, c'est l'humanité qui l'emporte encore.
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