Souffrant d'insomnies fréquentes, je dois avouer que pendant toute une période ce sont des comprimés de
Rohypnol qui m'ont aidé à trouver un minimum de sommeil indispensable.
Maintenant, que ce médicament se trouve hors commerce dans la plupart des pays civilisés, je présume qu'une brève explication s'impose.
Le
Rohypnol est un psychotrope 10 fois plus puissant que le Valium, selon Wikipédia.
Un somnifère ou plutôt une benzodiazépine commercialisée sous ce nom par le groupe pharmaceutique suisse Hoffmann-La Roche.
Essentiellement à cause d'un usage détourné, les pilules de
Rohypnol 1 mg ont été retirées du circuit classique dès 2013.
Rohypnol, outre un trafic frauduleux, avait acquis la triste réputation d'être "la drogue du violeur". Un qualificatif qui ne nécessite lui, guère d'explication.
Grande a été ma surprise de découvrir que ce somnifère fut choisi, à l'autre bout du monde, comme titre d'un premier roman par l'auteur australien
Andrew Hutchinson en 2007.
Ce roman se présente comme un roman d'apprentissage ou un roman initiatique que l'auteur a sorti lorsqu'il avait 28 ans.
Le narrateur, un jeune de 17 ans que l'auteur ne nomme pas, est envoyé par ses parents à une école privée, après avoir été renvoyé du lycée du quartier pour mauvaise conduite manifeste.
Les parents, appartenant à la classe moyenne aisée, inquiets pour son avenir obligent leur garnement également à des consultations régulières d'une psychologue qualifiée.
Dans son nouveau collège, il fait la connaissance d'un groupe de jeunes qui mènent une vie en marge, défiant les règles les plus élémentaires de conduite en société.
C'est ainsi que le narrateur apprend comment s'y prendre pour abuser sexuellement d'une fille après l'avoir droguée au
Rohypnol.
Cette fine équipe de violeurs ("rape squad") a développé tout un système de règles de comportement avant, pendant et après le viol pour éviter d'être arrêté par la police, d'être inculpé et de passer un bon bout de temps en taule.
Entretemps, la nuit, ils terrorisent les discothèques et les rues de Melbourne et Adélaïde
Je dois dire que je n'ai pas très bien compris le but d'
Andrew Hutchinson avec ce roman. En choisissant comme protagoniste principal un adolescent anonyme et foncièrement déplaisant, a-t-il voulu exposer la difficulté pour les jeunes de se frayer un chemin dans la société australienne moderne et d'y faire une carrière digne de celle de leurs géniteurs ?
Si tel s'avère être le cas, était-il vraiment indispensable de conter un récit aussi sombre avec des passages tellement violents d'un groupuscule de jeunes à la dérive ?
Quoiqu'il en soit, je ne partage nullement l'enthousiasme pour ce livre de son compatriote d'origine grecque, l'écrivain
Christos Tsiolkas, auteur du best-seller "
La gifle" de 2008 et qui a dans son roman "
Barracuda" de 2014 a abordé des problèmes similaires relatifs aux jeunes à Melbourne et Glasgow. Peut-être que l'un explique l'autre.