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Citation de Jean-Daniel


Nous avions tous vu des présidents prendre de mauvaises décisions en matière de défense. Cette fois, c’était d’un autre ordre. Aucun de nous n’avait souvenir d’une telle désinvolture. Dans une Maison-Blanche normale, les décisions de cette ampleur se prennent au terme de froides délibérations. Elles sont l’objet de réunions (parfois trop) où s’échangent des informations sensibles, pour veiller aux moindres détails. On pare à toutes les éventualités, on répond à toutes les questions. Comment nos ennemis vont-ils interpréter la chose ? Que pouvons-nous faire pour peser sur leurs calculs ? Comment nos partenaires vont-ils réagir ? Surtout, comment procéder pour protéger au mieux le peuple américain, et notamment les hommes et les femmes qui portent l’uniforme ? Aucune de ces questions n’avait reçu de réponse préalable.
Non seulement cette décision était irresponsable, mais plusieurs membres de l’administration avaient témoigné sous serment de ce que l’État islamique n’avait pas encore été éliminé. Ils avaient aussi fait la promesse publique que les États-Unis n’abandonneraient pas la lutte en Syrie. À présent, le président affirmait à tort que Daech avait cessé d’exister, parce qu’il venait de décréter que c’était la vérité du jour. Il envoyait à l’ennemi le message que l’Amérique se dirigeait vers la sortie. « On va nous traîner devant le Capitole, on va se faire clouer au pilori », se lamenta un membre éminent du gouvernement.
Au Congrès, la réaction fut prompte, y compris au sein du parti de Trump. « Depuis douze ans que je suis ici, je n’ai jamais vu une décision pareille, déclara aux journalistes, atterré, le sénateur Bob Corker, alors président de la Commission des affaires étrangères du Sénat. On a du mal à imaginer un autre président prenant une initiative de ce genre au saut du lit, en communiquant aussi peu, avec si peu de préparation. » Même le sénateur Lindsey Graham, qui pourtant à cette période s’efforçait de se gagner les faveurs de Trump, fustigea cette annonce. Il déclara aux journalistes que cette nouvelle avait « déstabilisé le monde ».
Ce fut aussi un tournant pour d’autres raisons. Cet incident précipita la chute de protagonistes essentiels qui croyaient pouvoir introduire un peu d’ordre dans le chaos de cette administration. L’un d’eux en particulier jugea que c’en était trop.
Le jour de ces tweets syriens, le secrétaire à la Défense James Mattis annonça sa démission. Dans une lettre au président, il écrivit : « Ma ferme conviction quant à la nécessité de traiter nos alliés avec respect tout en restant lucide sur les acteurs malfaisants et sur nos rivaux stratégiques repose sur les quarante années au cours desquelles je me suis plongé dans ces questions. […]
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