L'ancienne petite fille catholique, traînée de force à l'église chaque dimanche de son enfance, a toujours récité la prière avec dédain. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, tout ce qui touchait de près ou de loin à ce lieu lui faisait horreur - les rudes bancs en bois, le Christ mourant sur sa croix, l'hostie qu'on forçait sur sa langue, les têtes baissées des fidèles en prière, les phrases moralisatrices qu'on distillait dans les esprits comme une poudre bienfaisante ; on écoutait cet homme qui, parce qu'il arborait une toque et se tenait à l'autel, avait toute autorité sur les gens de la ville ; on pleurait un crucifié et on priait son père, identité abstraite qui jugeait les hommes sur terre. Le concept était grotesque. L'absurdité de ces parades la faisait gronder en silence.