Tiffany McDaniel

J'ai gratté la nuque de Granny et elle a agité la queue comme elle le pouvait. Il n'y a qu'un chien pour manifester un tel amour dans une telle souffrance.
Si seulement elle avait pu me dire que c'était d'accord, que je pouvais prendre le revolver pour mettre un terme à ses souffrances. Le problème, c'est de devoir prendre la décision seul, sans que l'animal puisse vous dire que c'est la bonne. Je ne voyais que la peur dans ses yeux. La peur de ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Je pouvais presque la voir en train de se dire - Il faut que je me lève et parte d'ici. Il faut rentrer à la maison. Que je regarde Maman préparer le dîner. Que je mendie quelques restes du repas. Que je regarde Papa s'asseoir pour réfléchir. Que je reflechisse avec lui. Que je regarde mon petit garçon bâiller et que j'aille au lit avec lui pour qu'on puisse se lever ensemble demain matin.
Les choses qu'elle faisait toujours. Dans ses yeux, je lisais que c'étaient là toutes les choses qu'elle avait désespérément envie de retrouver.
La façon dont elle me regardait m'était insupportable tandis qu'elle était allongée là. De toutes les choses au monde, c'était moi qu'elle regardait et j'avais envie de lui dire, - Regarde les arbres. C'est la dernière fois. Regarde, là, cette fourmi qui grimpe sur le brin d'herbe. C'est la dernière fois que tu verras ça. Que tu verras tout ça.
[...]
- Je ne veux plus avoir de chien.
Je me suis essuyé le nez énergiquement avec le bras.
- Je n'ai rien dit, a répondu Sal.
- C'est ce que disent toujours les gens. "On t'en achètera un autre." Je n'en veux pas d'autre.
- Très bien.

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