AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sophie Chauveau (353)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La fabrique des pervers

C'est à l'émission de François Busnel consacrée à  Camille Kouchner et à son livre, La familia grande, (j'y reviendrai dans une prochaine chronique), que je dois ma "rencontre" avec Sophie Chauveau, puisque, au milieu d'une production intense de romans consacrés à des biographies d'artistes, cette auteure a aussi écrit un récit autobiographique consacré à  l'inceste dans sa lignée familiale .  Et que c'est la lecture de La Fabrique des pervers qui aurait décidé Camille Kouchner à écrire son livre sur le viol de son frère jumeau par leur beau-père.... avec le scandale médiatique que l'on sait.



Sans doute pour prendre moi aussi quelque recul, j'ai préféré commencer par le livre de Sophie Chauveau.



Je n'ai pas été déçue.



Sophie Chauveau fait la rencontre d'une lointaine cousine qui lui apprend avoir été victime d'inceste. À son tour, la romancière avoue avoir subi le même sort.



De confidence en  confidence, les deux cousines découvrent qu'il s'agirait d'une véritable tradition familiale : l' abus criminel  des enfants,  pratiqué par bon nombre de membres mâles du clan, (et même par une femme),  et toléré voire encouragé par les mères de la horde, de génération en génération.



Naît donc le projet d'un livre.  



Avec tout le talent de l' historiographe chevronnée,   l'auteure se penche d'abord sur la généalogie familiale avant de raconter les malheurs de sa cousine et les siens propres..(si j'ose employer cet adjectif dans un tel contexte).



Quel répugnant panier de crabes, en effet!



Édifiante succession d'abuseurs sans scrupule, pratiquant l'endogamie et la prédation sur les plus faibles et les plus proches,  avec l'aplomb insupportable que donnent l'argent, le pouvoir, le sentiment de supériorité et la certitude de l'impunité!



Le triomphe de l'entre-soi! La monstruosité comme rite distinctif et ciment clanique!



Après cette généalogie de l'infâme, le livre, sagement,   reprend le recul nécessaire ,  et prend de la hauteur. Analyse percutante des lois bibliques, des lois humaines, du droit en évolution récente sur le sujet,  et de la "morale" à tirer , pour les victimes, d'un droit qui les a si longtemps et si mal protégées.



On sort édifié et révolté de cette iecture passionnante et très complète.



Brillant, cinglant, évitant à la fois le piège de l'euphémisme et celui de la grossièreté, celui du voyeurisme et celui de l'épanchement personnel,   La fabrique des pervers est un livre courageux, lucide et intelligent dont on comprend qu'il puisse donner aux victimes ou à leur entourage, la force de parler.



Je m'étonne seulement qu'il n'ait pas eu, à tout le moins,  le même impact que celui de Camille Kouchner. Pas seulement pour une question de timing, celui de Camille profitant de la récente  vague #metoo. Je pense surtout qu' en éclaboussant une série de noms célèbres du Landerneau germanopratin, le livre de Camille éveille un certain voyeurisme du lecteur, alléché par  le frisson délicieux  du scandale médiatique ...



Le livre de Sophie Chauveau qui ne surfe sur aucune vague et ne bénéficie  d'aucune éclaboussure scandaleuse, est à mon sens plus abouti et plus convaincant que celui de Camille K.



 Il est  plus fouillé,  enraciné dans une recherche sociétale, moins "people" , et donc plus convaincant. L'auteure ne " subtilise" pas la parole aux autres victimes, elle les associe à la sienne dans  une étroite collaboration. Bref, je l'avoue,  même si c'est grâce à Camille K.que j'ai découvert Sophie C. , j'ai préféré nettement l'original à la copie , la maîtresse à sa disciple.



Lire La fabrique des pervers, c'est rendre justice à un livre fondamental sur l'inceste. Qui part du particulier pour aboutir au collectif et démêle avec une grande fermeté les fils intriqués d'une tradition familiale crapuleuse et ceux d'une société et d'une législation tolérantes sinon complices à l'égard de tous les bourreaux de leurs propres enfants.
Commenter  J’apprécie          10812
La fabrique des pervers

Sophie Chauveau raconte une histoire familiale faite de prédateurs et de victimes, des adultes ayant autorité qui ont abusé de leurs enfants, neveux, petits-enfants. Une histoire impensable qui est la sienne, celle d'une fille — issue de cette lignée perverse où on s'épanouit dans l'endogamie — violée par son propre père pendant de longues années.



Des faits qui a fallu du temps à Sophie Chauveau pour oser les raconter, c'est ce qu'elle explique, car écrit-elle « Sur l'instant, et même un certain nombre d'années après les faits, la honte demeure plus forte que le désir de justice. ». Or il est important que les victimes parlent, pour se reconstruire, bien sûr, mais aussi, en rompant la loi du silence, pour faire cesser l'impunité des parents criminels, la plupart du temps jamais inquiétés.



Alors bravo à Sophie Chauveau, Vanessa Springora et Camille Kouchner, leurs livres vont sans doute aider à libérer la parole de victimes de la pédophilie et de l'inceste. Et peut-être qu'enfin des violeurs payeront pour leurs déviances, même longtemps après leurs forfaits, grâce à un projet de loi qui vise l'imprescriptibilité du crime de l'inceste, dont ces livres courageux sont à l'origine.



Challenge MULTI-DÉFIS 2021

Commenter  J’apprécie          9714
La passion Lippi

Sous les pas de Cosme de Médicis, que nous savons amoureux des arts, surgit Filippo Lippi. Placé au couvent des Carmes par son bienfaiteur, l’enfant aux pieds couverts de corne est confié à son ami, le peintre moine Guido. Orphelin, Filippo puise son inspiration dans les bas-fonds de Florence puis, au bordel, dans le sein des prostituées qu’il se pressera de rejoindre en s’enfuyant du monastère à la moindre occasion. N’est-il pas vrai d’ailleurs que par un coquin paradoxe, la substance même du religieux est extraite le plus souvent du visage irradiant des filles de joie ? Faisceau lumineux du beau et de la création. Aussi, bien plus tard, lorsque Filippo, fait Fra Filippo Lippi est au sommet de son art et qu’il s’exercera à peindre une authentique vierge, celle-là unique à ses yeux et dont au surplus il est amoureux, il n’y parviendra pas. A moins que… Une fois déflorée il ne l’atteigne en plein, dans la lumière de la perfection et au summum de l’excessive passion. Il s’enfuira avec elle alors et contraindra la rigueur apostolique de trancher… On lui doit en plus de son œuvre, la reconnaissance d’un statut pour les artisans et finalement de tous producteurs de créations artistiques lesquels travaillaient à l’époque dans un complet dénuement. Une belle immersion dans l’Italie du XVe siècle, dit quattrocento.
Commenter  J’apprécie          797
L'obsession Vinci

Je comptais faire le lien entre mes lectures et un petit séjour à Florence (c'est ma critique, j'ai le droit de raconter ma vie plutôt que de tenter un résumé du bouquin, l'un n'ayant pas plus d'intérêt que l'autre cela dit).

J'ai voulu être raccord donc, et bien m'en a pris, ou plutôt m'en appris sur Leonardo. Bercé tout minot non loin de la cité florentine il y passa en effet une partie de son existence, mais pas que, loin s'en faut (du coup maintenant j'ai envie de découvrir Milan, c'est malin).



Revenons pour l'heure à Florence, au début de cette biographie romancée où Léonard nous fait déjà dans les vingt-cinq ans, comme le temps passe. Par conséquent point encore de vieux sage barbu reclus parmi ses grimoires, mais un séduisant et impétueux éphèbe à l'irrésistible vitalité.



D'une curiosité sans limites, Léonard est déjà un être hors normes, charmeur, impulsif, singulièrement intuitif. Au gré de ses appétits insatiables il deviendra peintre et sculpteur, architecte, ingénieur, philosophe humaniste, inventeur, anatomiste… et encore plein d'autres trucs en eur ou en iste. Opportuniste et procrastinateur aussi, reconnu hélas comme un maître de la dispersion et de l'inachevé. C'est que Léonard mènera ses jours en perpétuel mouvement, génial autodidacte sans cesse accaparé par des sollicitations nouvelles, hanté par des projets fous, victime aussi de ses pulsions sexuelles et de turbulences diverses qui fréquemment relativiseront ses succès, rendant son existence chaotique et trop souvent précaire.



Le récit insiste autant sur le tempérament de l'artiste que sur son oeuvre elle-même, avec bien sûr une subjectivité induite par les nombreux mystères qui à ce jour entourent encore le mythe. D'aucuns y trouveront donc sans doute à chipoter quant à l'authenticité des détails, pour autant l'ensemble est agréablement crédible et vivant, et les quelques 500 pages de L'obsession Vinci se parcourent avec intérêt et sans ennui aucun.



Et maintenant hop, c'est parti pour Milan !

(enfin... un de ces jours j'espère)




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          6827
Le rêve Botticelli

« Que peut-il bien rester de si nu dans ce corps au sexe voilé ? » C'est cela, le mystère Botticelli ! On nous a enseigné à l'école que, par rapport au Moyen Âge, la Renaissance tombe en extase devant la beauté du corps humain. Il faut lire cet ouvrage pour se rendre compte de la dimension de cette extase !

« le rêve Botticelli » m'a permis de concilier tant de contradictions, de contre-courants intimes, d'amours, par sa générosité. Il m'a parlé d'abondance de coeur. Il enhardit, attendrit, exalte. C'est l'amour dans toutes ses expressions et tous ses envols. Jamais peindre sans désir ! Et oui, il n'y a pas d'art sans amour dans les doigts, dans les veines !

Les génies, leur bonheur, leur plaisir, leurs doutes, leur désespoir, leur sentiment d'être maudit puis leur renaissance miraculeuse, tout semble plus fort que chez le commun des mortels. Quel coeur sensible, ce Botticelli ! Son humanité touche profondément, bouleverse. Son enfance démuni, son refuge après des chats, ses espoirs frêles, ses faiblesses, ses limites aussi. « Ses lignes comme un garde-fou ». Il travaille, Dante l'accompagne, il n'a pas d'autre vie que l'art, condamné à se boucher les oreilles, et pourtant il arrive à trouver son art vain… Mais il continue, il peint pour des fous !

Les personnes qui gravitent autour de lui sont l'une plus complexe que l'autre, elles sont toutes rendues sans pudibonderie. Ici, la nudité, sans être chaste, est totale, elle est transcendée. Aussi bien du point de vue du nu artistique que de la nudité d'âme qui se révèle dans toute sa vérité. C'est le sexe de l'artiste gonflé de plaisir et gonflé de larmes. « Tout ça pour quelques instants de grâce ! »

Le livre nous brosse le portrait de Léonard de Vinci, être universel pour Botticelli, « collé sur sa rétine », lui manquant cruellement, à la fois sa pierre de touche dans l'art, son rival dans sa vie amoureuse, son double en ce qui concerne leur amour absolu des animaux et leur végétarisme affecté. Léonard aime les oiseaux, ouvre les cages, Botticelli, ses félins sauvages. Il y a même quelque chose de sensuel dans l'admiration de Botticelli pour l'artiste polymathe. Il y a même du grand Léonard dans son Augustin !

Un imbroglio diabolique lie Botticelli avec la famille Lippi. Pipo, son premier amour, ce papillon insatiable que Botticelli ne cesse jamais d'aimer, et qui sera son élève le plus éminent : Filippino Lippi. Sandra, une ange de beauté, ange délurée, puis ange de chagrin. Lucrezia Lippi, la veuve de son maître, Fra Filippo Lippi, Femme que Botticelli vénère, c'est sa Madone, sa Sainte Vierge, et elle l'aime comme un fils.

Botticelli reste fidèle à toutes ses amours, il les garde toutes, serait-ce la raison de ses souffrances mystérieuses !? D'où peut-être cette beauté affectée d'une peine légère que les critiques d'art ont nommée « morbidezza ».

Il y a aussi les Grandi, les mécènes, les Médicis, protecteurs des arts, et les modèles de Botticelli, Simonetta qu'il aime comme une soeur, la chatte Lupa...

J'ajoute , comme un leitmotiv, qu'il me faut infailliblement une motivation souterraine pour aborder une oeuvre, un livre en l'occurrence. Celui-ci a capté mon attention dans le kiosque aux livres du parc des Poètes bien qu'il soit tout jaune de dégoulinades inconnues. Je me suis souvenu d'emblée qu'un être cher m'avait chuchoté que, de toutes les représentations de Vénus, indépendamment des matériaux choisis, sa préférée était celle de Botticelli ! Faut-il ajouter que ça remonte à l'aurore de ma vie pour que je ne l'oublie pas ? D'un autre côté, j'ai cette mémoire de Florence, de ses étalages de maroquinerie, de ses calèches de promenade, de la musette de foin fixée contre la poitrine des chevaux, de mes visites de la Galerie des Offices, du palais Pitti, du Palazzo Vecchio, du palais Strozzi, de mes vertiges devant les fresques dans les églises (quand elles n'étaient pas en restauration ! ) … Je me souviens des basiliques, des cathédrales, des ponts traversés, du dôme de Santa Maria del Fiore, mais aussi des jardins, des fontaines, d'une belle colline avec une vue splendide ! Même si ma chambre n'était pas avec vue sur Arno. Car le film de James Ivory "Chambre avec vue", c'est encore une autre allégorie de Florence !

Botticelli, fils de tanneur et inventeur de couleurs, il a son bleu fragile et timide, son vert d'olivier, son rouge cerise inimitable. le roman est sublime de ses descriptions de l'atelier, « la bottega », des mélanges de teintes, de ses interprétations profondes des tableaux si novateurs, de son apothéose de la nature qui est toujours l'écho des sentiments des héros. Quand Botticelli peint en plein air, il y a de quoi penser à Giverny de Monet, tellement son oeil s'y aiguillonne, et c'est un Carnaval de Printemps ! On y découvre toute une symbolique des détails des toiles célèbres. On apprend que Botticelli sait se comporter en styliste raffiné jusqu'aux coiffures, robes, bijoux et chaussures !

L'écriture de Sophie Chauveau, c'est une écriture ingénieuse où il y a de l'esprit, des jeux de mots, « fresques et frasques », mais c'est l'émotion et l'acuité de son regard qui mènent. Pour résumer l'ambiance du livre, je dirais qu'elle est érotisée de fond en comble. « C'est un ballet qu'on suspend quand la danseuse a la jambe le plus haut levée » ! Cependant on y trouve des caresses mystiques. C'est une conception de l'art où tout peut glisser vers l'orgie et la débauche sans le faire et où je me sens si bien.

Puis le climat change, comme si la peine venait toujours après la joie. La peste-la Visiteuse, la dictature religieuse de Savonarole, la milice d'enfants embrigadés, le bûcher s'abattent sur Florence. le Beau est pourchassé jusqu'à l'obligation de mettre à l'abri des toiles les plus « impies ». Les corps sont mutilés, surtout les mains créatrices, les poètes, les philosophes assassinés, Jean Pic de la Mirandole, Ange Politien… Botticelli évolue, aussi bien sa mélancolie coutumière que ses amis courtois et noceurs. Tout se transforme, devient plus grave. Des larmes de retrouvailles, des révélations, des pertes atroces de proches, que d'épreuves pour un fragile bonheur, un sentiment inconditionnel à la fin ! « Les ceps de vignes, les longs cyprès étirés, sertissent son univers de lignes épaisses ou fines, mais toutes tracées par un pinceau trempé dans l'absolu. »

Commenter  J’apprécie          6611
La fabrique des pervers

Sophie CHAUVEAU, auteure de trente-trois livres, nous confie un arbre généalogique familial au sommet duquel une fratrie déjantée a lancé comme une malédiction. Sauf que c'est du vécu.



Une rencontre avec une cousine éloignée, qui lui révèle avoir été victime d'inceste, réveille chez elle ses propres souvenirs d'attouchements et de violences sexuelles.



"Sur l'instant, et même un certain nombre d'années après les faits, la honte demeure plus fort que le désir de justice."



Mais au-delà du réveil des souvenirs noirs de ses deux petites filles devenues mères, ce livre au titre explicite raconte d'abord l'impensable : une tradition familiale inimaginable.



Les prédateurs mâles (+ une femme), adultes dépravés d'un clan criminel agressent, d'une génération à l'autre, abusent, violent leurs enfants, leurs neveux, leurs petits-enfants (à décliner au masculin comme au féminin bien sûr ) sans qu'ils ne soient jamais arrêtés.



Sophie Chauveau a le tact pour restituer avec précision et intelligence son enquête sur ces enfants violentés et torturés devenus pour nombre d'entre eux agresseurs à leur tour. En remontant jusqu'à en 1870, sur quatre générations, cet inventaire terrifiant met surtout à jour cette maudite combinaison "bourreau - victime", la complicité silencieuse de conjoints faibles, soumis ou complices et l'absence de justice. Encore moins de réparation.



Voici un catalogue des horreurs dans lequel le sacro-saint amour est mis à mal. La narration polymorphe fait aussi la part belle au développement psychologie éclairant de ces fous et comment cela a été tendu possible. C'est un point que j'ai grandement apprécié.



Une lecture coup de poing terriblement indispensable.
Lien : http://justelire.fr/la-fabri..
Commenter  J’apprécie          606
La passion Lippi

J'ai tellement apprécié "le rêve Botticelli" du même auteur que j'ai eu besoin de me plonger dans "la passion Lippi" que j'aurais sans doute dû lire avant d'un point de vue chronologique mais cela n'a en rien gâché ma lecture.

Dans cette biographie romancée, on voit naître le peintre Lippi. Avec lui, on se retrouve à Florence au début du XVème siècle et c'est avec un réel plaisir qu'on est immergé dans ce monde si éloigné du XXIème sièlce.

Non seulement on vit la naissance de l'artiste peintre reconnu en tant que tel mais aussi on découvre un homme amoureux de la vie qui croque à pleine dents les joies de la vie et donc va transgresser les règles et usages .

Ce peintre, qui deviendra le maître de Botticelli nous est présenté comme un personnage qui est parfois décrié mais qui a trouvé tout de suite ma sympathie ! Ses oeuvres sont décrites avec finesse et nous incitent à aller visiter Florence mais aussi Spolète.

A travers Lippi, on va également apprendre à mieux connaitre la famille Medicis et ses rivalités.

Si certains critiquent le style de Sophie Chauveau, je dois avouer que moi, je n'y ai pas prêté attention, j'ai lu avec émotion et passion .
Commenter  J’apprécie          594
La fabrique des pervers

On pourrait essayer de résumer l’ouvrage de Sophie Chauveau, « La fabrique des pervers », mais se serait réduire ce témoignage à quelques mots et c’est impossible car chaque mot compte et qu’il faut tout lire pour parfaitement s’imprégner des crimes dont il est question. Ce serait faire injure à ce calvaire qu’a vécu l’auteur et bien d’autres enfants au cours de cette horreur de la vie quotidienne qu’est l’inceste.

Sophie Chauveau reçoit un jour le mail d’une femme, Béatrice, qui se révèle être sa cousine et avoir un horrible point commun avec elle, avoir été violée de l’age de quatre ans à quatorze ans par son propre père. Elles décident ensemble de retracer la généalogie familiale de ces crimes.

1870, les prussiens font le siège de Paris et l’affament. Arthur C. qui a fondé l’épicerie de la Madeleine a l’idée originale d’aller tuer les animaux du zoo pour remplir les étales de son commerce et le ventre de ses clients. Fortune rapidement faite, l’argent coule à flots et a le pouvoir de tourner les têtes et d’ouvrir les portes de bien des alcôves. Le mal du libertinage et des mœurs dissolues s’enracine dans cette famille pour se transmettre au fil des générations et faire commettre jusqu’à l’indicible : l’inceste.

Une explication à cet inceste dont elle a été victime, Sophie Chauveau est allée la chercher au plus profond de ses souvenirs. Un long voyage à travers plus de trente années de déni, d’oubli, de volonté d’ignorer pour pouvoir avancer, se construire une vie, se reconstruire tout simplement. Impossible de survivre au traumatisme de la pire des trahisons, celle commise par les personnes en qui on a le plus confiance, ses parents, sans se mettre sous coma artificiel, laissant le temps au temps de réparer les blessures.

Sophie Chauveau décrit parfaitement ces pervers, êtres à la construction défaillante de la psyché, esclaves de leurs pulsions coupables, aux raisonnements immatures, prédateurs assoiffés de pouvoir qui séduisent, ensorcèlent et gouvernent leur entourage pour satisfaire leurs penchants infâmes. Ils administrent leur micro dictature à coup de chantage à l’affectif et justifient savamment leur vice au nom d’une liberté moderne de penser. Ils savent se trouver des complices dociles et sans jamais avoir un seul remord, poursuivent leurs victimes avec acharnement.

Pourtant…

On imagine que lors des agressions sexuelles sur ces enfants, il y a eu des cris horrifiés par la douleur et l’incompréhension. Et personne n’aurait entendu ces cris ? Toute l’ignominie de ces situations n’est-elle pas résumée là ? Au-delà de l’acte contre-nature qui en lui-même est inconcevable, l’autre versant de cette abjection est le déni, la complaisance, la complicité de l’entourage. Face à l’horreur, il est si facile de détourner le regard.

L’effet indésiré d’un tel témoignage serait d’être transformé en publication pornographique par certains prédateurs sexuels. L’auteur s’en défend ouvertement en le signalant dans son texte et utilise avec un immense talent le vocabulaire adapté pour ne pas satisfaire les goûts déviants d’un certain public de pervers ou de voyeurs. Car c’est le risque majeur qu’encourent les parutions récentes traitant du même sujet. Mal grès cela, il faut en parler, l’écrire et le publier afin que la société prenne conscience de la sauvagerie de certaines personnes qui la constituent. L’auteure ne consacre qu’une petite partie de son récit aux actes pour laisser le champs libre à l’analyse, à l’étude des motivations qui ont conduit au crime, à répondre tout simplement à la question : « pourquoi ? ».

« La fabrique des pervers » est une œuvre remarquablement bien écrite et mérite d’être reconnue comme l’un des témoignages sur la question des plus intelligents et difficiles. Il documente parfaitement le débat qui s’est ouvert avec les récentes affaires d’inceste et de pédophilie.

Soyons vigilants, ne détournons pas le regard.

Sophie Chauveau écrit : « Et n’oubliez pas que la Loi fondatrice de nos civilisations repose sur l’interdit de l’inceste. Il en va ni plus ni moins de la pérennité de notre humanité telle qu’on la connaît, telle qu’on l’aime, telle qu’on aimerait qu’elle se perpétue. »

Editions Gallimard, 273 pages.

Commenter  J’apprécie          588
Le rêve Botticelli

Coup de coeur. J' ai A DO RÉ !!!

Ce roman nous emporte à Florence à la fin du XV ème siècle où l'on côtoie tous les grands noms : F Lippi, la famille Medicis, Léonard de Vinci, S. Vespucci, Pic de la Mirandole, Michelangelo, Savonarole... et bien sûr Botticelli.

Nous assistons au début de la Renaissance avec nombre de détails qui nous ravissent et nous plongeons dans l'histoire mouvementée de cette époque avec Savonarole.

J'ai lu ce roman avec mon ordinateur à proximité afin de visualiser à chaque fois les oeuvres dont il est question. ( c'est vraiment un plus !)

La vie de Botticelli m'a émue et je vais, c'est sûr, regarder ses oeuvres avec un autre oeil,.

Botticellli est un peintre d'une grande sensibilité avec une belle âme mais une âme torturée. C'est un homme blessé, aimé, haï mais que , à travers ce livre, nous ne pouvons qu'aimer !

Une chose de sûre, il faut que je programme un petit séjour à Florence pour rendre hommage à ce grand peintre !!!
Commenter  J’apprécie          5610
La fabrique des pervers

Sophie Chauveau remonte dans la généalogie de sa famille jusqu'en 1870 pour y découvrir tous les cas d'inceste qui ont eu lieu au cours du temps. ● Je crois que ce que je n'ai pas aimé dans ce livre c'est que l'enquête l'emporte beaucoup trop sur le récit. Contrairement à Camille Kouchner, Sophie Chauveau ne réussit pas à donner à ces figures familiales une incarnation. En outre, il y a beaucoup trop de personnages, on s'y perd complètement ; un arbre généalogique aurait été nécessaire. ● C'est un livre de journaliste là où il aurait fallu un livre d'autobiographe. le ton froid, objectif, le style plat, les multiples éclairages scientifiques (psychanalytique, religieux, historique, philologique…) ne m'ont pas touché. ● Le titre clinquant et racoleur, que je suppose plus de l'éditeur que de l'auteure, est en décalage avec le contenu.
Commenter  J’apprécie          528
Sonia Delaunay : La vie magnifique

Emprunt début mars 2022-Chroniqué le 10 mars 2022



Une biographie captivante, narrée avec talent , et accompagnée d'une somme impressionnante d'informations et de documentation. Lecture addictive faite en deux jours !



Ayant revu tout dernièrement des oeuvres de Sonia Delaunay au Musée d'Art Moderne [MAM ], j'ai eu envie de me plonger dans une biographie de cette artiste. L'ouvrage de Sophie Chauveau déniché à ma médiathèque tombait fort bien , pour satisfaire mes curiosités du moment….



Aussitôt la lecture débutée, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre que Sonia D. était née en Ukraine, avait été adoptée très jeune par son oncle (frère de sa mère) qui ne pouvait avoir d'enfant; ainsi Sonia D. fut arrachée très jeune à son pays de naissance, à ses parents, pour vivre en Russie, à Saint-Pétersbourg, avec son oncle et sa tante, un couple très aisé et cultivé, qui lui offriront une jeunesse dorée et un avenir quasi assuré.



Elle put ensuite partir à Paris faire les Beaux-Arts, car cela ne lui aurait pas été possible en Russie ou en Ukraine, car les Juifs n'avaient pas accès aux études artistiques !!!



"Mme Bernstein flaire un talent.Alors sa tante lui fait donner des cours de dessin avec cette femme qui fondera par la suite le musée d'Art populaire. Ce professeur devait être assez épatante pour s'effacer sitôt qu'elle n'eut plus rien à lui transmettre, et insister pour qu'on envoie Sonia étudier en profondeur en Europe. (...)

Merci à Mme Bernstein! Sans elle,pas de Sonia Delaunay !

Juive elle-même, elle n'ignore pas l'impossibilité pour sa petite élève de se frayer ici une place. L'académie des Beaux-arts de Piter est interdite aux Juifs depuis 1897.Donc il faut se rendre à l'étranger pour "développer ses dons" (p.40)



On peut ainsi dire qu'il n'y aurait pas eu de Sonia Delaunay, si son oncle ne l'avait pas recueillie ni si une professeure de dessin n'était pas intervenue afin qu'elle puisse partir à Paris, pour étudier les Beaux-Arts…;une troisième rencontre sera des plus décisives: celle qui lui fit croiser le collectionneur, Wilhelm Uhde (découvreur et collectionneur du Douanier Rousseau et de séraphine de Senlis, entre autres); une forte complicité et amitié naquirent; Ce mécène lui ouvrit grandes les portes des artistes, dans la Capitale; ils finiront, pour des raisons différentes, par faire un mariage de convenance. Mariage qui leur facilitait la vie, à tous deux: lui, homosexuel, pour que sa famille le laisse en paix, et Sonia D. pour ne pas avoir à rentrer en Russie, alors que son oncle insistait afin qu'elle les rejoigne et se marie là-bas !



Difficile de retracer la vie de cette artiste, tant elle vécut plusieurs existences en une seule ! Et puis, cela serait franchement fastidieux de trop détailler ma lecture….



J'ai appris une multitude de choses sur le parcours incroyable de cette femme, qui dessinait, peignait comme elle respirait !.

Une existence remplie à ras-bord par son Amour exclusif de l'Art , ainsi que par son adoration absolue pour son mari, Robert Delaunay, qu'elle prit grand soin de mettre toujours en avant, au détriment parfois, de sa propre carrière !

Une femme complexe, habitée par l'Art… par les échanges multiples avec les autres artistes…. Une femme bourrue et généreuse, pour qui, le culte de l'Amitié n'était pas un vain mot….



Ce qui m'a immensément frappée c'est son obstination à nier, ou à effacer ses origines; même si , au plus profond d'elle, elle était très attachée à son pays…au folklore, aux couleurs, aux saveurs, aux rites de son enfance !



J'ai retenu la phrase suivante qui résume très justement les vastes dénis qu'elle a entretenus toute sa vie…

“Sitôt installée en France,elle fera profession de ne pas se rappeler avoir été ukrainienne ni juive. Femme et artiste, c'est déjà assez difficile.”(p.23)



Totalement captivée par le parcours artistique et humain de cette femme, avec de fortes émotions imprévues, car à la fin de ce récit , j'ai eu la surprise de trouver le nom d'un des mes patrons, éditeur, expert en livres anciens, grand collectionneur , Pierre Berès, qui rencontra Sonia Delaunay, dans les années 1960, lia amitié, et édita en 1971, un ouvrage sur elle… [****”Rythmes et couleurs” , édition Hermann], ainsi que de longs passages sur l'amitié de Cendrars avec Sonia, et la création de leur chef-d'oeuvre commun “La prose du Transsibérien” [ Trésor bibliophilique, toujours activement recherché, que j'ai eu le Bonheur unique d'admirer chez Pierre Berès, alors que je travaillais pour lui, comme catalographe ). Souvenirs, souvenirs... d'années captivantes dans les livres rares et précieux !!!....



Une artiste hors du commun, pleine de paradoxes, d'ombres et de lumières. Ce que Sophie Chauveau rend excellemment…Il me reste à dénicher son autobiographie épuisée, éditée en 1978, “Nous irons jusqu'au soleil”…. Car “cerise sur le gâteau”, l'ouvrage est complétée par une fort intéressante bibliographie, donnant d'autres pistes de recherches complémentaires...!



Une autre difficulté, et pas des moindres,fut qu'elle était "la Femme de..." , ce qui démultiplie l'extraordinaire parcours de l'artiste qu'elle a été et reste dans l'histoire de l'Art du XXe



"Elle a dû batailler ferme pour faire vivre ses deux identités : épouse et veuve d'un génie. ET artiste elle-même."(p.371)





**** manquent cruellement quelques reproductions; il faut se résoudre comme je l'ai fait... aller rechercher les oeuvres de Sonia...les voir ou revoir pour mieux s'imprégner et saisir le parcours de cette artiste complète (entre peintures, tissus, mobilier, objets, etc.)

Commenter  J’apprécie          502
Fragonard, l'invention du bonheur

Si on me dit « Fragonard », je réponds « L’escarpolette », et c’est à peu près tout.

Enfin ça, c’était avant ! Avant la lecture de cette biographie romancée, vive, pleine d’allant, dynamique, joyeuse, comme Fragonard, quoi.



Car oui, si vous lisez la vie de Fragonard, vous comprendrez pourquoi on l’associe au bonheur. Depuis sa naissance à Grasse jusqu’à sa mort à Paris, Fragonard a traversé le 18e siècle et l’a parfumé d’enthousiasme et de goût de la vie. Enfin, je mets quand même une sourdine à ma phrase : depuis la mort de sa fille, tout s’est éteint à l’intérieur de lui, quoiqu’il fasse montre d’un semblant de bonheur, par courtoisie.

Cultivant l’amitié, l’amour de sa famille et la passion pour son art, il a connu un succès marqué et marquant.

A ses côtés, évoluent Boucher, Chardin, Greuze, Hubert Robert, David, Gros, Diderot également…

Il a traversé la Révolution, très bien narrée, avec son cortège d’horreurs et d’excentricités grimaçantes.

Toutes les personnes sont racontées avec passion par Sophie Chauveau, qui les rend à nouveau vivantes en les croquant avec leurs tics, leurs tocs, leurs bons côtés, leurs petits travers et leurs mauvais penchants.



Vraiment, je vous conseille ce roman (dont le seul défaut est d’être loooooong car répétitif à souhait) pour vous plonger dans une époque, pour analyser des œuvres des plus grands peintres dans leur mise en contexte.

J’ai vraiment aimé me documenter de cette manière, et je peux dire que oui, maintenant, je suis devenue une intime de Frago.

Commenter  J’apprécie          4816
Manet le secret

Sophie Chauveau nous livre une biographie du peintre Manet.

Né en 1832 dans une famille parisienne aisée, Edouard Manet contrarie son père en n'étant pas doué pour les études.

Pour satisfaire plus ou moins son père, il se prépare au concours de l'école navale. Il part à Rio pour apprendre le métier sur le bateau et réalise dans cette ville un vrai parcours initiatique . Il apprend à connaître les femmes qu'il admirera toute sa vie.

Il rentre à Paris, rate le concours et annonce à son père qu'il deviendra peintre. Il rentre dans l'atelier du peintre Couture et se distinguera par une peinture tout à fait originale que le public parisien n'apprécie pas immédiatement. Il ne comprend pas bien, lui qui rêve de gloire.

Les jurys le classent dans le naturalisme mais il amorce en réalité le mouvement impressionniste.

Heureusement, il ne doit pas travailler pour vivre, il s'entoure de nombreux amis comme Baudelaire, Degas, Pissaro et d'autres. Il a un caractère enjoué et n'hésite pas à donner une petite aide à ses amis dans le besoin.

Edouard tombe amoureux, vit avec Suzanne, qui joue et enseigne le piano et a un enfant avec elle, Léon.

Toute cette vie est cachée à ses parents car Suzanne n'est pas de sa classe sociale.

Son modèle, Victorine, jouera un rôle très important pour lui.

L'histoire de Manet est bien racontée, bien située dans son contexte historique. Je l'ai entrecoupée d'autres lectures pour ne pas me lasser car c'est quand même ardu de vivre avec Manet pendant près de 500 pages.

Commenter  J’apprécie          482
La fabrique des pervers

En 1870, pendant le siège de Paris par les Prussiens, les habitants sont affamés. Deux jeunes hommes ont alors l’idée de tuer les animaux du Jardin des Plantes et de vendre leur viande. C’est le commencement d’une dynastie.



Plus d’un siècle plus tard, l’autrice reçoit un courrier d’une lointaine cousine, Béatrice. Elles se téléphonent et leur dialogue annonce la teneur du livre :

« - Par chance, ma mère est morte, je n’ai plus aucune obligation de voir mon père. Je ne l’ai jamais revu…

— Donc, il vit toujours, le mien aussi.

Là, elle marque un temps, hésitant avant d’enchaîner, très vite comme on se jette à l’eau.

— Et il m’a violé de quatre à quatorze ans. »

Le livre ne décrit pas un cas d’inceste isolé, mais de toute une famille ; il y a les trop nombreuses victimes, ceux qui ont reproduit la perversion, et plus incroyable encore, les personnes venues de l’extérieur, mariées à des membres de la famille et qui n’ont rien trouver à y redire.



Sophie Chauveau est pudique et ne dépeint pas de scènes insoutenables, elle constate, s’interroge. J’ai appris que quand la parole se libérait, c’était trente ou quarante ans ans après, une fois que les faits sont prescrits. L’amnésie de la victime est un outil de survie pour la victime, aussi un outil bien commode pour l’agresseur.



On croit savoir, en réalité, chaque livre lu sur l’inceste, ce fléau, vous en apprend un peu plus. La fabrique des pervers de Sophie Chauveau ne fait pas exception. Une œuvre indispensable.


Lien : https://dequoilire.com/la-fa..
Commenter  J’apprécie          451
L'obsession Vinci

Leonardo est admirable !



Et la biographie romancée de Sophie Chauveau lui rend bien.

Bien sûr qu’elle en dresse un portrait subjectif auquel on pourrait reprocher de ne pas être authentique mais peu importe, l’essentiel y est : Léonard de Vinci, cet homme génial, passionné d’art, de science, de mathématiques, avant-gardiste, curieux de tout, cherchant toujours la perfection à tel point qu’il n’arrivait jamais à achever ce qu’il avait entrepris, amoureux des chevaux et de la nature, amoureux de la beauté et des hommes...et doté d’une incroyable générosité à l’égard de ses amis.



A travers « L’obsession Vinci », Sophie Chauveau parvient sans peine à nous transmettre toute son admiration pour de Vinci. Sous sa plume alerte et enthousiaste, elle fait revivre cet homme exceptionnel sans pour autant faire de lui une icône intouchable. Certains pourront être gênés par ce qu’elle appelle son « obsession », son amour pour les jeunes hommes, et surtout pour son diabolique Salaï. Pour ma part, ce parti pris ne m’a pas dérangée. La biographie romancée peut se permettre des extrapolations non fondées et du moment que l’interprétation reste remarquable, j’y adhère complètement !





J’ai vraiment eu un véritable coup de foudre pour Léonard de Vinci. Pas forcément pour ses œuvres mais plus pour le personnage ! Leonardo fascinait les hommes de son temps et savait se faire apprécier des plus grands : Laurent de Médicis, Ludovic Sforza, Botticelli, Cesar Borgia, les rois de France et notamment François 1er qui lui offrit sa dernière demeure, son dernier asile.

Car même si Léonard de Vinci savait se faire apprécier, ses travers et son goût de la liberté l’obligeaient bien souvent à des errances.

Léonard de Vinci éblouissait ses contemporains par son ingéniosité et son talent ; 5 siècles plus tard, il continue à nous captiver.

En atteste cette masse de visiteurs qui religieusement vient admirer les nombreux chefs d’œuvres et études du peintre rassemblés en une belle exposition au Louvre.



Ayant eu la chance de voir cette exposition, j’ai réellement senti cette ferveur pour cet artiste dit universel. Chacun de nous semble porter en lui un peu de Leonardo, chacun de nous se retrouve dans une partie infime de son œuvre : dans le pli d’un drapé, dans un bourrelet de l’enfant Jésus, dans le chaos de l’Adoration des Mages, dans la fourrure blanche de l’hermine, dans le corps décharné de Saint Jérôme, dans le sourire espiègle de Saint Jean Baptiste, dans l’attitude perplexe des apôtres de la Cène...



Et s’il ne fallait parler que de peinture ! Mais non, il y a tout le reste.



Sophie Chauveau raconte à sa manière son Léonard. Elle accentue certains côtés plutôt que d’autres mais au final, tout est là. Ce génie dans de bien nombreux domaines n’a pas fini de nous étonner...
Commenter  J’apprécie          454
L'obsession Vinci

Que j’aime me plonger dans l’univers des grands maîtres de la peinture ! cela permet ensuite d'avoir un autre regard devant leurs tableaux d’en comprendre l’essence et même parfois la technique. Cela nous rapproche également du peintre puisque pendant plusieurs centaines de pages, on partage leur vie intime, leurs amours, leurs jalousies, leurs amitiés, leurs familles …

Avec L’obsession Vinci , j’ai toutefois été un peu déçue , j’avais beaucoup apprécié la passion Lippi ou encore le rêve Botticelli mais ici Sophie Chauveau relate principalement la vie amoureuse, voire sexuelle de Léonard de Vinci. Certes, elle a dû être importante et cela ne m'a pas gêné mais ce n’est pas ce que je recherche prioritairement lorsque j’ouvre un livre sur un peintre. Connaître la vie du peintre est un plus mais j’aime particulièrement lorsque j’ai des informations sur les tableaux, les techniques picturales , les conditions et les raisons de l’œuvre.

Par ailleurs , je m’interroge sur l’ antipathie manifeste que L’auteur éprouve pour Michel-Ange, cela pose quelques questions, était –il si détestable qu’elle le dit ? Cela mérite d’être vérifié auprès d’autres auteurs, je n’avais pas du tout ressenti cela en lisant le ciel de la chapelle sixtine de Léon Morell

J’ai toutefois passé un bon moment avec ce livre et j’ai découvert certaines facettes de Léonard de Vinci , comme ses obsessions artistiques ou encore sa personnalité, son besoin incessant de plaire. Il est dépeint ici avec beaucoup de chaleur, son humanité semble indéniable et ne fait que renforcer mon envie d'aller (re) admirer ses tableaux...

Commenter  J’apprécie          452
Noces de charbon

C’est par une écriture vive, rapide que le lecteur entre dans ce roman.

C’est un tourbillon d’événements qui fait revivre l’histoire de la fin du 19e siècle jusqu’à mai 68, et l’histoire de deux familles issues, toutes deux, du monde du charbon, des profondeurs des mines et des bureaux étincelants de surface. Des gueules noires et des cols blancs. Deux mondes qui s’affrontent, se croisent, se haïssent et s’unissent parfois. Deux mondes marqués à jamais par l’or noir.

On y rencontre des personnages féminins puissants qui refusent d’endosser le rôle de reproductrices et se battent pour vivre le moins possible sous domination masculine et indépendantes. Si elles ont cependant cet attachement viscéral au travail, il n’en est rien concernant la filiation. Peu de place pour l’amour maternel, il faut rentrer dans le moule, se taire et encaisser ou alors profiter ou même jouir des fruits du travail sans contrepartie.



Roman richement documenté, inspiré par son histoire familiale, Sophie Chauveau a réussi un magnifique tour de force dans lequel famille, jalousie, argent, cupidité, ambition, amour, adultère et lutte des classes sont autant de jalons que ceux de la grande Histoire. Une analyse terrible et glaciale d’histoires de famille où l’empathie avec les personnages est impossible, mais qui se lit avec avidité.

Un paradoxe !

Commenter  J’apprécie          443
La passion Lippi

" le 10 octobre 1469, Lucrezia, Filippino, Diamante, Sandra et Pierre de Médicis portent en terre Filippo Lippi, l'artsite rebelle, le plus gentil des insolents. le plus tendre des débauchés. Voyou des princes ! Prince des voyous."



Prince des voyous mais surtout artiste de génie.



Enfant des rues, on peut dire que Lippi eut de la chance...ou un sacré talent qui le mena sur les chemins de la gloire ! Recueilli par Cosme de Médicis qui le protégea toute sa vie durant, Lippi fut placé au couvent des Carmes, et devint l'élève de Guido di Pietro qu'on surnommera plus tard Fra Angelico, peintre talentueux et dominicain à l'âme généreuse.



Mais les bonnes âmes qui l'entourèrent ne purent rien faire contre la nature rebelle et peu " catholique" du jeune Lippi.

Moine défroqué, habitué des bordels et des tavernes, Lippi mènera une vie dissolue.

Pour autant, il sait se faire aimer et puis, il a un talent fou et une audace incroyable qui rendent ce personnage attirant et estimable.



Cette biographie romancée et très vivante de Sophie Chauveau est la première d'une trilogie s'intéressant à trois peintres d'exception de la Renaissance italienne: Lippi, Botticelli et de Vinci. Je ne connaissais pas Fillipo Lippi. C'est chose faite !
Commenter  J’apprécie          421
Noces de charbon

Nul besoin d'imagination pour créer une saga familiale.

Il suffit de regarder en arrière, de ressusciter tous ceux qui, avant nous, ont constitué une famille, aux membres multiples et destins variés.



A travers plusieurs générations, Sophie Chauveau nous offre donc l'histoire attachante de ses racines ancrées dans le Nord, terre de mines et de guerres.

En remontant à l'aube du XXème siècle, elle déroule le fil d'une généalogie féconde, de deux classes sociales opposées qui finiront par se mêler, au hasard des mariages, des adultères et des secrets de familles. Les femmes y sont fortes et les hommes n'y ont pas toujours le beau rôle. Beaucoup de difficultés, de pertes, de regrets mais aussi de l'amour et des réussites professionnelles et personnelles.



Au delà des parcours individuels, c'est l'identité du nord de la France qui se raconte. C'est l'âge d'or du charbon. Les Houillères, industrie moderne, poumon économique d'une région, grande faucheuse d'individus et créatrice de misère récurrente: mineurs éreintés et silicosés, travail harassant et dangereux, en opposition avec le décor luxueux de patrons richissimes parfois paternalistes.



C'est aussi l'histoire du siècle, les guerres, le Progrès, les avancées sociales, la conscience de classe, la condition des femmes, les années folles, les Trente Glorieuses, les crises politiques et économiques.

Et ce besoin inné et impérieux d'échapper à la fatalité de sa condition tout en restant fier de ses origines.



Sophie Chauveau excelle dans l'art de créer ses personnages sur papier, de les rendre vivants, concrets dans leur élégante ou minable destinée.

Son livre est dense, chargé de bonheurs et de malheurs, de naissances, de mariages et de décès. Sa plume est alerte, piquante, humoristique. Elle pique là où ça fait mal.



La famille, tout simplement...pour le meilleur et pour le pire.
Commenter  J’apprécie          411
Sonia Delaunay : La vie magnifique

Un monument.



Sophie Chauveau dresse plus qu'un portrait de Sonia Delaunay, une encyclopédie de plus de 400 pages, consacrée à un personnage singulier, dont les origines sont si lointaines, et si difficiles à comprendre, que d'un prénom à l'autre on se perd dans la généalogie de plusieurs familles. Odessa ne peut plus offrir avec Staline un refuge pour la communauté Juive...

Née Sophie Stern ou bien Sara Illinichtna Stern , Ukrainienne, elle devient par son oncle Sonia Terk, puis en épousant Robert Delaunay simplement Sonia Delaunay.





Elle conservera toute sa vie l’obsession d’être une européenne, française jusqu'au bout des ongles.

Pour gagner son indépendance elle se marie avec un collectionneur d'art et de peinture du nom de Wilhelm Uhde. Elle apprendra beaucoup de ce jeune Dandy , beau et très cultivé. Mariage Blanc, comme une peinture de Geneviève Asse.





Tout le passage sur Blaise Cendrars est une réussite. Sonia avait accompagné l'auteur du Trans Sibérien. En publiant un texte novateur et des illustrations de Sonia Delaunay, dans le style de Picassso, ou de Picabia, Blaise cendrars est entré dans le cercle fermé des poètes surréalistes et celui des novateurs au même titre qu’Apollinaire... Si le succès ne fut pas au rendez vous, les exemplaires restants ont atteint des cotes impressionnantes.





En passant sous silence Marcel Duchamp et Francis Picabia, Sophie Chauveau se permet une impasse malheureuse, le mouvement Dada, ne s'est pas fait sans eux, ni sans Gabriële Buffet, théoricienne de l'art visionnaire, femme de Francis Picabia, maîtresse de Marcel Duchamp, amie intime d'Apollinaire.



Et aussi arrière-grand-mère des sœurs écrivaines du livre Gabriële, d'Anne et Claire Berest. Gabriële une très belle biographie d'autant plus intéressante, que Gabriële est reconnue pour avoir été l'une des grande inspiratrice du mouvement Dada.





Un manque cruel.





Je le ressens d'autant plus que Sophie Chauveau cite plus de 400 personnalités dans ce livre que le lecteur a du mal à piloter comme si l'accumulation de faits et de rencontres embellissait son ouvrage mais estompait les couleurs.



On sort rincé de 412 pages où tout l’œuvre artistique n'est jamais dévoilée, à peine esquissée, sans une photo pour guider le lecteur.

Ainsi défrichée il restera à trouver le fil conducteur d'une bibliographie digne de sa vie et de son destin d'artiste, mais aussi liée à sa vie de mère et de femme.



Commenter  J’apprécie          381




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sophie Chauveau Voir plus

Quiz Voir plus

Dragon ball et Dragon ball Z

(Super facile) Combien d'enfant a Son Goku ?

1
2
3
4

10 questions
772 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}