Sophie Adriansen

La partie arborée qu'elle traverse bruisse de toute la vie qu'elle contient. Cléa écoute. Elle est préoccupée. Au sortir du bois, elle n'a pas le coeur à mimer du patinage artistique dans la piscine. Après avoir posé ses affaires près de celle de ses parents, elle se rend au centre de voile, s'équipe et grimpe sur un catamaran. Depuis la mer, elle admire la vue magique offerte par la végétation tropicale bordant la plage.
Ce soir-là, Guido ne fait pas d'apparition. Ni avant la douche, ni après le dîner. En sortant du restaurant, Cléa, torche de son portable allumée, a poussé jusqu'à l'entrée de la forêt du club dans l'espoir de l'apercevoir ou de l'entendre. Lui ou d'autres singes. Juste pour se rassurer. Etre certaine qu'ils sont encore là. Elle n'a rien vu d'autre que l'obscurité feuillue. Bien entendu si ce n'est le bruit de la nature qui s'endort.
- Il faut un palmier à huile pour couvrir la consommation annuelle d'une famille française.
C'est une image, bien sûr. Cependant Cléa ne peut s'empêcher de mettre en parallèle sa famille d'humains et celles d'animaux. Une qui mange, les autres qui s'affament. Une qui détruit, les autres qui souffrent.
Et cela fait naître en elle un sentiment très pénible, auquel elle n'est guère habituée. Pas de la tristesse, non, autre chose : de la culpabilité.
p. 106-107

Citation choisie par Monkey D Luffy