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Critiques de Peter Farris (208)
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Les Mangeurs d'argile

°°° Rentrée littéraire 2019 #11 °°°



Tous les codes du roman noir rural sont présents:

une terre riche en kaolin ( l'argile du titre ) qui attise les convoitises

la mort d'un « gentil » père de famille, amoureux de la nature, de son domaine forestier de Georgie, dont l'assassinat est maquillé en accident

un shérif ripoux absolument odieux

une mafia locale qui tire les ficelles

un prédicateur évangéliste cynique et tordu

une femme vénale

un terroriste traquée par le FBI.



Beaucoup de salopards, peu de lueurs d'humanité mais un duo très attachant : celui formé par Jesse, 14ans, fils de l'assassiné et Billy, vétéran de l'Irak, vagabond au passé meurtrier qui fuit la justice. J'aurais aimé que la naissance de leur amitié soit bien plus étoffée mais il y a tellement de pistes dans ce roman très sombre de seulement 300 pages que cette relation est juste effleurée, alors que c'est elle qui donnait lieu aux plus belles scènes et qui permettait de s'échapper du roman noir classique pour quelque chose de plus profond.



L'intrigue avance avec fluidité mais voilà, j'ai eu tout au long de la lecture une impression de déjà lu et vu. Surtout, tout est archi prévisible et trop tôt. Ce n'est pas forcément gênant de comprendre les ressorts d'un meurtre et découvrir l'identité des coupables précocement. Mais alors, il faut que les archétypes soient explosés et que l'atmosphère se fasse surprenante, non linéaire. Je me suis un peu ennuyée du coup.
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Le diable en personne

Très beau roman noir, bien construit, sur un scénario probablement déjà vu en partie dans d'autres livres, mais que l'écriture de Peter Farris magnifie dans des dialogues réussis, porteurs aussi bien de joie et peine, violence et tendresse, humour et dérision.



Deux héros dominent cette histoire, l'un proche du terme d'une vie parsemée d'erreurs et de douleurs, le vieux Leonard, l'autre, une jeune fille, Maya, déjà abîmée par les hommes, mais possédant une volonté de survivre et de vivre, ouvrant peu à peu ses sentiments au vieil homme et partageant avec lui une amitié sincère dans une intimité pleine de dangers mortels.



La vie de Leonard a été complexe, il en est encore torturé à mesure qu'il avance vers sa fin, celle de Maya en a fait une victime, en sursis car elle sait trop de choses sur les puissants de la cité qui doivent la détruire à tout prix.



Le roman s'articule donc autour de ces deux destinées qui se sont rencontrées fortuitement, viennent s'insérer de nombreux intervenants, malfaisants, plus rarement aidants, avec un suspense allant crescendo vers un dénouement peut-être attendu mais qui colle bien avec les destins des deux principaux héros.



Leurs personnalités sont très attachantes, ils ont leurs souffrances, bien différentes, ils en partagent certains pans, juste ce qu'il faut pour mieux se comprendre, s'attacher l'un à l'autre, chacun donnant et recevant le merveilleux de toute amitié désintéressée.



La nature est bien sûr présente tout au long de l'histoire mais le climat est si dense et tendu que les rares descriptions peuvent à peine se laisser effleurer par les yeux en quête du développement des événements.



Qui est donc le diable en personne? Certainement pas celui qui est cité comme tel, plutôt ange gardien protecteur. Plutôt tous ceux qui méprisent la vie humaine, écrasant sous leurs puissance et l'assouvissement de leurs perversions les plus faibles.



Belle lecture pour tous les amateurs du genre.

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Les Mangeurs d'argile

Malgré quelques critiques à peine positives d'amateurs du roman noir et particulièrement de l'écriture de Peter Harris, je n'hésite pas à donner cinq étoiles à cette histoire, pleine de ces non dits et des questions sans réponse que peut se poser le lecteur, lui laissant le privilège de laisser son imaginaire et ses perceptions achever les constructions de l'auteur qui pourraient paraître incomplètes .



Le roman est bref et il est certain qu'à travers tous les thèmes qu'il aborde et les destinées des différents personnages, le texte aurait pu remplir le double de pages, mais aussi bien la moitié en le condensant encore davantage. Je trouve que Peter Harris a choisi la bonne formule, il fait réfléchir un peu ses lecteurs afin qu'ils se situent au fil des chapitres dans la bonne période temporelle de l'histoire car les retours en arrière sont nombreux et ils m'ont semblé son roman qui reste prenant du début à la fin.



Alors, c'est sûr, il y a les méchants et les gentils, on peut assez facilement imaginer que les gentils vont créer une happy end, pourtant celle-ci laisse chacun avec ses traumatismes, ses doutes, ses espérances. Je la trouve très belle cette fin avec une ultime possibilité d'imaginer laissée au lecteur.



Jesse, c'est le héros discret qui souffre de la mort de son père assassiné, il est celui qui suit les traces de son père, distinguant mieux que lui le mal qui l'entoure. Il porte ses douleurs en restant attentif à la nature, aux autres et sa rencontre avec Billy est bien la charnière de cette oeuvre où les douleurs s'expriment entre rêve et réalités du passé, mais aussi inquiétudes de l'avenir.



L'autre héroïne, c'est Jodi Klements, blessée physique de la vie, elle ne joue pas un rôle majeur, mais sa présence apporte une intensité au texte, sa réflexion mesurée, son humour donnent des notes appropriées à l'ensemble de l'action. Une action qui s'emballe vers la fin pour laisser savourer un suspense appréciable même si effectivement le dénouement peut être pressenti.



Tout l'ensemble de ce roman noir m'a séduit, sans doute moins que "Le diable en personne" du même auteur, mais j'y ai retrouvé la même plume alerte et la construction méthodique et réussie d'un drame humain au coeur des beautés naturelles.



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Le diable en personne

Géorgie du Sud, au milieu de nulle part. Enfermée dans le coffre d'une voiture, ligotée, une chaussette dans la bouche, étourdie, Maya se réveille péniblement. Elle a beau taper des pieds et crier, le chauffeur continue de rouler, sur des routes de plus en plus chaotiques. Prostituée pour le compte de Mexico, favorite du Maire et donc susceptible de savoir certaines choses, elle se doute du sort qui lui est réservé. Lorsque la voiture s'arrête enfin, tout près de la réserve naturelle, et que les deux hommes ouvrent le coffre, elle reconnaît aussitôt Willie Watkins, un des coursiers de Mexico, et Javon. Ce dernier, bien décidé à profiter d'elle avant de la refroidir, manque de vigilance et Maya réussit à s'enfuir, évitant les balles. Courant vers une clairière, elle aperçoit un pâturage, des épouvantails et une maison tout au bout. La voix d'un homme qu'elle ne connait pas, une mâchoire qui craque, du sang qui gicle... Visiblement, il ne faut pas se croire tout permis sur le terrain de Leonard Moye !



Un vieil homme, esseulé (mis à part le mannequin Marjean), rude, violent parfois et qui sait imposer ses propres lois. Une prostituée en fuite, "princesse" de Mr le Maire, maltraitée, paumée et en pleine dérive. Un duo improbable, certes, mais qui pourtant devra faire front contre mafieux en colère, politiques véreux et accros, hommes de main vengeurs et autres flics ripoux. Si Peter Farris sait nous plonger dans une ambiance noire et violente, entre perversions sexuelles, corruption, banditisme et mafia, il sait aussi dépeindre, avec finesse, les paysages alentours et, avec sensibilité, la relation unique et émouvante qui se crée entre Maya et Leonard. Un roman tendu, nerveux et à la fois touchant. Une peinture gangrenée de la société américaine.

Diablement efficace !
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Le diable en personne

Y a Maya, la p'tite abeille copine de Willy, puis y a Maya, l'héroïne de ce livre.

Point commun, le fait d'avoir connu pas mal de dards. Trop. Pas étonnant lorsqu'on se retrouve sous la coupe d'un proxo bien plus avide d'abattage charnel que de poésie déclamée sur la plage, un coucher de soleil rougeoyant en toile de fond.

Dix-huit ans et déjà un avenir radieux aux abonnés absents. D'autant plus improbable qu'un coffre de bagnole en guise de carrosse conduit par deux branques surarmés prête rarement à la positive attitude.

C'est qu'elle connait trop de secrets, la petite. De quoi faire vaciller les puissants.

Mais le très haut, dans son infinie bonté, se fendra tout de même d'un ange protecteur.

Vous verriez la gueule du chérubin.

Leonard Moye, qu'il s'appelle.

Saint Patron du défouraillage en règle.



Comme une petite réminiscence d'Heidi , sur ce coup-là.

Mais à la sauce Peter Farris, fortement assaisonnée en plomb et autre joyeuseté létale.



À la fois touchant et effrayant, Leonard possède tous les ingrédients du type à qui on ne se frotte pas...à moins d'avoir des penchants suicidaires à l'insu de son plein gré.

La loi, pas son problème dès lors qu'il s'estime en droit de s'arroger certaines mesures de rétorsion sur ses terres.



Ces mêmes terres appelées à devenir le récif salvateur sur lequel allaient venir se fracasser moult vagues de vils salopiots n'ayant pour seul objectif que de rétamer Maya.



Peter Farris, dans un souci de juste équilibre, viendra contrebalancer toute cette violence animale par de très beaux et tendres moments d'absolue tendresse.

De celle qui naît dans les coeurs de ceux que tout oppose mais que tout réunit, finalement.

Un vieil homme solitaire et mutique devenu l'ultime rempart d'une jeune fille à la dérive.

Une raison viscérale de réintégrer le monde des vivants après avoir si longtemps côtoyer celui des presque morts.



Porté par une écriture sèche et enlevée, ce Diable ne s'habille pas en Prada mais possède, cependant, suffisamment d'atours pour vous faire éprouver de la Sympathy for the Devil.



Grand moment.
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Le diable en personne

Belle surprise que ce deuxième roman de Peter Farris !



Géorgie du Sud. Ses marécages, sa chaleur saturée de mouches, ses tatous abimant les voitures, ses coyotes. Et attention aux crocodiles qui vous attrapent la jambe, aux serpents qui glissent à vos pieds! Dans un terrain isolé au coeur de la forêt vit Léonard, ancien trafiquant d'alcool, vu comme un fou, lui qui emmène partout un mannequin, figurant sa femme, Marjean. Partie? Morte?



Et voilà que débarque soudain une toute jeune prostituée, Maya, et à ses trousses, deux tueurs! Léonard va se prendre d'affection pour cette fille meurtrie et jouer les justiciers...



Mais on se doute que les choses n'en resteront pas là. Maya sait trop de choses, notamment sur le Maire, son client attitré... Vivante, elle est très gênante...



Dans un style brut et efficace, mais coloré de poésie quand il s'agit de décrire la nature sauvage, l'auteur nous offre une chasse à la femme faite de violence et de cruauté inouïe. Il met l'accent sur toutes les manigances politiques, les agissements des gangs, les réseaux de prostitution, la brutalité et la corruption au quotidien. Un portrait acéré et juste de l'Amérique actuelle. Et une magnifique et improbable amitié, qui m'a touché le coeur.
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Dernier appel pour les vivants

J'aime beaucoup la phrase de Duane Swierczynski (mot compte triple, on plie les gaules) en exergue pour qualifier le roman de Peter Farris. Le fait de s'annoncer comme un talent majeur sans le faire poliment.



C'est exactement ça, Dernier appel pour les vivants.

Un condensé de violence mal contrôlée qui ferait écho...cho...cho sur près de 320 feuillets.



Un braquo, ça peut tourner mal.

Avec Farris, la banque gentiment visitée se transforme en boucherie Sanzot.

La directrice au tapis, sanguinolent, le tapis, c'est donc au jeune Charlie qu'il échoit le privilège de devenir otage à plein temps.

Et le temps s'avère relativement long lorsque l'on se retrouve en compagnie d'Hicklin, braqueur brutal aux manières aussi rudes que son passé de taulard aryen. Tu seras un bon aryen, mon fils. Et il le fut.



Une galerie de portraits de losers savoureuse.

Un récit rondement mené, ponctué ça et là de méchants coups de lattes histoire de ne pas oublier que l'univers de Grocopain et Groveinard serait plutôt parallèle à celui de l'auteur, Farris déroule un scénario aussi brillant que violent au pays de l'Oncle Sam tout en parvenant à glisser quelques rares moments d'émotion brute dans ce monde semblant voué aux pires tourments.



Gallmeister déçoit peu.

Il ne sera pas dit que ce Dernier appel soit l'exception qui confirme la règle !
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Le diable en personne

La petite pute et le vieux bootlegger ...ou comment trouver de la tendresse dans un monde de brutes.



Pas de doute, Peter Farris sait y faire pour planter le décor et il est désespérant, ce décor : un véritable diaporama de scènes de film noir.

Je suis toujours très sensible au contexte visuel dans un roman, me projetant aisément des images en Technicolor. Ici le ton, sec et brut, est très efficace pour imaginer des comtés de Géorgie (USA) entre campagnes isolées et quartiers citadins en faillite. Mais la plume sait aussi se faire lyrique pour décrire les forêts denses, les marais putrides et les grottes des territoires immenses de la région d'Atlanta.



Le pitch est assez prévisible mais, avec ses personnages attachants, cette histoire tient la route: La chasse à la fille peut commencer dans une atmosphère digne du film Délivrance*.



Des hommes de mains décervelés mais surarmés, des mafieux implacables, des édiles municipaux pourris et "accros" au sexe, drogues et pouvoir, des flics ripoux, des bouseux marginaux et excentriques, des petites prostituées consommables-jetables.

Tout un petit monde ne connaissant que sa propre loi.



Vous secouez le tout en ajoutant une dose de nature sauvage et souvent inhospitalière avec moustiques, mouches et alligators dans la chaleur d'étuve du Sud.



Je referme conquise ce thriller nerveux dans la ruralité américaine contemporaine. Encore une excellente production des éditions Gallmeister, spécialistes incontestées de la littérature des grands espaces naturels.



*John Boorman 1972



Sélection Policier du Grand Prix des Lectrices de ELLE 2018

Rentrée Littéraire 2017
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Les Mangeurs d'argile

Les mangeurs d'argile est un roman écrit par Peter Farris, aux éditions Gallmeister, plutôt spécialisées dans les récits de type nature writing, éditions que j'affectionne tout particulièrement depuis mes toutes dernières lectures.

Nous sommes dans le nord de la Géorgie, ici nous découvrons un territoire sauvage, sur près d'un millier d'hectares, qui appartient à Richard Pelham, territoire peuplé de forêts, de clairières, de pâturages, de collines et de vallons, bref, un vaste domaine qui appartient à sa famille depuis des générations.

Richard, dit Richie adore son fils, la chasse et la pêche. Il a construit une sorte de mirador, un affut de chasse, pour son fils et lui prépare la surprise pour son anniversaire.

Mais voilà, Richie voulant tester et gravir cette réalisation, s'agrippe à un barreau qui cède sous son poids. Ce sera une chute mortelle. Un simple accident ? Tout dépend si l'on considère que ce barreau qui était scié par avance relève du simple accident. Forcément, dit comme cela, vous me voyez venir et vous inviter vers un thriller que j'ai trouvé plutôt haletant, même si le suspens est vite dévoilé dès les premières pages.

En vérité, je me suis bien vite aperçu que Peter Farris ne cherchait pas à attirer le lecteur vers une intrigue à dévoiler, mais plutôt à le promener dans le bons sens du terme vers la rencontre de personnages parfois très attachants et d'autres totalement repoussants, tenter de démêler les fils qui se nouent entre ses personnages.

Le premier personnage attachant est le fils de Richard Pelham, Jesse. Il a quatorze ans. Accablé par la douleur d'avoir perdu son père, il se réfugie dans les bois et fait la rencontre avec un être étrange, Billy, second personnage attachant du roman. Mais voilà, Billy a un passé très pesant, il est poursuivi par le FBI.

Mais revenons aux personnages les moins sympathiques : ici Caroll Crine, beau-frère de Richie, est particulièrement détestable. C'est un chrétien, tout va à peu près bien jusqu'ici. Sauf qu'il veut y mettre les moyens, non pas à la hauteur de sa croyance mais plutôt à la hauteur de ses ambitions personnelles. C'est un évangéliste, un prédicateur ambitieux, charismatique, cynique. Sa soeur s'appelle Grace. Elle le soutient dans son projet, elle est très proche, très très proche, vous voyez ce que je veux dire ? Pas très catholique tout ceci ... Richie, veuf, tombe amoureux d'elle et elle aussi tombe amoureuse de lui, ou plutôt de ses 800 hectares de terrains sous lesquels couvent des richesses de kaolin... Ils vont se marier...

J'ai tout d'abord adoré cette immersion dans cette terre rurale, bucolique où les seuls loisirs des habitants qui vivent ici semblent être la chasse et la pêche. Je n'aime pas du tout la pêche, encore moins la chasse, mais je dois reconnaître qu'ici ces deux passions vécues par les personnages ne m'ont pas dérangé. On n'en parle très peu au final.

Cela donne aussi prétexte à de beaux passages sur cette nature. Parfois un cerf s'abreuve à cinquante mètres du père et du fils. Jesse s'en souvient encore. Quelques feuilles de bouleau ont déjà jauni. Ici une sente de gibier se dessine. Comme il est bon de se poser au bord des berges de la rivière. Jesse se remémore alors l'automne, les feuilles qui tombent, la saison favorite de son père.

C'est comme une terre sacrée que son père lui aurait remis en héritage, une forêt qui s'étend à l'infini. Plus qu'une forêt, un monde à part entière.

J'ai aimé cette troublante amitié entre Jesse l'enfant qui revient sur les lieux du drame et Billy, ce vagabond fuyant, fugitif, affamé, au passé trouble, un homme qui semble rechercher désormais une forme de rédemption dans sa cavale. C'est une très belle amitié. C'est aussi une manière pour l'enfant de revenir sur les pas de son père qu'il aimait, avec lequel il aimait chasser et pêcher, cet homme qui fut un solitaire magnifique sur cette terre.

J'ai tout d'abord vécu cette histoire avec un sentiment d'inachevé, comme si j'étais passé à côté de quelque chose, à côté des personnages dont certains sont cependant très attachants.

Mais c'est peut-être parce que les personnages échouent aussi à devenir des êtres humains, oublient comment il faut faire, sont en pleine errance.

Et puis je les ai vu grandir au contact de l'un et de l'autre, Jesse grandit autant que Billy dans cette très belle rencontre improbable et c'est sans doute la force du roman. Tout se passe ici, l'intrigue n'est que secondaire même si elle a permis à tous les deux de se rencontrer.

Plus tard, ayant refermé le livre, je m'aperçois que ces deux personnages principaux continuent de trotter dans mon esprit comme un souffle merveilleux. C'est alors que je me dis que c'était une très belle histoire qui continuait de cheminer et se construire dans mon esprit.

Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister dans le cadre de cette masse critique qui m'a permis de découvrir ce livre et cet auteur.
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Les Mangeurs d'argile

De même que l’on dit à un gamin : « Va ranger ta chambre ! », j’ai envie de dire à Peter Farris : « Va ranger ton roman ! ». J’avais lu « Le diable en personne » de cet auteur et je m’étais dit à l’époque qu’un nouveau talent du roman noir était né. Les retrouvailles ne sont pas aussi enthousiastes avec cette histoire. Certes Peter Farris ne nous déçoit pas avec cette facétieuse brochette de personnages sortis d’on ne sait où. Je cite : « Après avoir assassiné Sasser, Kirbo rentra chez lui, étrangla sa femme et fit sa valise ». Il faut savoir que Kirbo est le sheriff du bled où se passe l’histoire et il n’a, à aucun moment, la moindre raison de la tuer. Drôle, non ? C’est pour ce genre de situation que c’est un régal que de lire Peter Farris. Comme son personnage, il est capable du pire comme du meilleur. (Le pire étant de faire sa valise, le meilleur d’étrangler sa femme… N’est-ce pas ? Non, je déconne… Je vais encore avoir des problèmes).

Mais les passages du passé au présent, sans prévenir, n’avantagent pas du tout la lecture. L’auteur donne l’impression d’avoir bâclé sa rédaction ou de nous avoir rendu juste une ébauche. C’est comme dans la recette de la blanquette, si tu ne fais pas la liaison de la sauce, le résultat est très moyen. Ici il manque ce lien. Dommage.

J’attends le prochain roman de Peter Farris avec impatience pour savoir si on a eu droit à un écart de conduite ou si le talent s’est évaporé.

A lire si tu as déjà lu « Le diable en personne », au moins tu auras déjà eu un aperçu de quoi est capable Peter Farris quand il s’en donne la peine.

Traduction d’Anatole Pons.

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Le diable en personne

C'est par le billet de @Wyoming que j'ai eu envie de lire ce livre. Indiqué sur la couverture comme un roman noir, on n'est pas déçu du voyage…



Maya, jeune prostituée, se retrouve dans un coffre bâillonnée et entravée par des liens. Sa fin semble évidente et pourtant, elle parvient à se libérer.



Au moment où l'un des tueurs tente d'abuser d'elle, une dernière fois avant de l'exécuter, celle-ci parvient à s'échapper. Dans sa course, elle arrive dans un terrain dont le propriétaire, Léonard Moye, un marginal excentrique, n'admet aucune intrusion. Celui-ci prend la défense de Maya et tue un des deux malfrats.



A partir de là, Léonard, d'abord sur la défensive, se laisse amadouer par Maya qui peu à peu lui raconte sa vie, son calvaire en tant que jouet d'un certain Mexico et du Maire de la ville.



Ceux-ci n'ont qu'un objectif : tuer Maya, témoin de trop gênant.



On est dans une histoire assez classique où la corruption, le prostitution, le trafic de drogues sont les thèmes principaux. C'est donc la définition propre du roman noir.



Tous les défauts de l'âme humaine sont mis en exergue :

- Léonard, taiseux, ancien trafiquant d'alcool, menteur et tueur sans remords ;

- le Maire et Mexico, rois de la magouille, proxénètes et pédophiles ;

- Les tueurs à gages qui, oserai-je le dire: tentaient de faire leur boulot ;



Quand à l'histoire en elle-même, elle s'apparenterait à un bon western spaghetti dans lequel je verrai bien :

- Clint Eastwood dans le rôle de Léonard Moye ;

- Lee Van Cleef dans le rôle de Lambert ;

- Yul Brynner dans le rôle de Chalmers ;

- Éli Wallach dans le rôle de Mexico.



Livre plaisant à lire, que je vous encourage à découvrir
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Le diable en personne

Etat de Géorgie, comté de Trickum. Le décor pourrait être celui d’un film d’horreur : une ferme isolée dans la cambrousse posée sur la rive d’un étang peuplé d’alligators. Face à la bâtisse, une douzaine d’épouvantails ont été crucifiés dans un pâturage. Derrière une fenêtre du rez-de-chaussée, un mannequin installé dans un fauteuil à bascule semble scruter l’horizon de ses yeux ternes. Cette ferme, c’est le domaine de Leonard Moye, qui y vit en ermite. Seuls les chats y sont les bienvenus ; personne ne se risque à lui rendre visite. Mais une nuit, une fugitive pourchassée par deux tueurs échoue sur ses terres. Maya a échappé à la surveillance des proxénètes qui devaient l’exécuter et a trouvé refuge chez Leonard. Tout oppose le vieil homme coriace et la prostituée ingénue. Ce rapprochement improbable va ouvrir la voie à une possible rédemption. Mais avant, il faut lutter pour survivre.

Peter Farris a assemblé tous les ingrédients connus d’un excellent roman noir : un bootlegger acariâtre, un comté rural et bondieusard, des «white trash» du Sud profond, des politiciens véreux et des policiers corrompus. Ajoutez à tout cela les épices de la violence et de la criminalité (drogue, blanchiment, prostitution).Et pour corser le tout, le roman est placé dans un cadre naturel hors-norme, que l’auteur compose à merveille : paysage, faune et flore de la Géorgie. Tout est parfaitement dosé et passe allègrement grâce à une écriture fluide et à un rythme endiablé. Un roman noir comme je les aime.
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Le présage

« Là où vont les cerfs, les hommes iront aussi ».



Il y a quelque chose de pourri dans le comté de Mercy Oaks en Géorgie. Sur ces anciennes terres des Creeks et des Lokutta, massacrés et spoliés de leurs terres, les cerfs se meurent peu à peu. Sur les bords de la Lakutta, les espaces naturels s’aménagent et le cadavre d’une jeune femme noire est retrouvé un beau matin.



Issu d’une famille nombreuse qui survit comme elle peut, le jeune Toxey travaille dans l’épicerie locale mais s’échappe dès qu’il peut pour assouvir sa passion de la photo. Même qu’il est plutôt doué. Ce que ne manque pas de remarquer Fiona, naturaliste, qui le prend sous son aile.



Mais leurs excursions vont devenir explorations et entraîner des découvertes bien sombres que le magnat local, sénateur putatif qui a mis la main sur le comté à coups de dollars, préfèrerait conserver bien cachées…



Autant le dire clairement, Le Présage de Peter Farris – traduit par Anatole Pons-Reumaux – est un des romans US les plus réussis qu’il m’ait été donné de lire ces derniers temps. Et comme l’a dit avant moi la plus grande chroniqueuse littéraire du Gers (et peut-être même au-delà…), assurément le meilleur Farris.



Parce qu’à côté de la trame romancée, certes classique mais solide, addictive, noire et naturelle, l’auteur ajoute une deuxième couche de réflexion sociétale moderne et touchant juste sur l’état actuel de l’Amérique et de ses élites, qu’on pourrait d’ailleurs sans mal extrapoler à d’autres pays occidentaux, le nôtre compris.



Derrière ses personnages, se cache ces néo-politiciens, préalablement enrichis dans d’autres activités ce qui leur donne l’impression d’une légitimité supérieure ; ces citoyens serviles parce qu’apeurés, devenus lobotomisés et handicapés de toute pensée propre ; et ces lanceurs d’alertes, qui n’ont de cesse que de troubler le silence complice…



Son politicien est abject et populiste… mais si réaliste : « Écoutez, je n’ai pas besoin d’argent. J’en ai déjà gagné plein. (…) J’ai l’intérêt du peuple, de cette nation et notre formidable héritage chevillé au corps somme personne, alors que plein de politiciens cherchent juste à s’en mettre plein les poches. Ces gens-là sont déplorables. Ce sont eux, les escrocs. Ce qui leur faut, c’est une figure paternelle pour leur remonter les bretelles de temps en temps. Ce dont ce pays a besoin, c’est d’une main ferme ».



À travers lui, Farris décrypte le destin qui semble s’offrir à son pays : « Nous sommes au bord d’un précipice, au point de bascule pour une nation tellement scindée et tribalisée qu’elle est irrécupérable. Quand les gens n’ont plus envie de partager le même pays, ni de trouver un consensus autour de faits incontestables, comment continuer à avancer ensemble, sans parler de résoudre plusieurs crises internationales à la fois ? »



Ainsi, après celui des cerfs de la Lakutta, le chaos des hommes semble inéluctable : « L’expérience américaine touche à sa fin, elle mute en quelque chose d’imprévisible. Le résultat sera une boucherie comme on n’en a pas vu depuis 1863 ».



À moins… À moins que le futur et ses nouvelles générations fassent mentir le présage et que, peu à peu, comme dans les forêts de la Lakutta, on finisse par revoir un à un des cervidés revenir reprendre la main sur leurs territoires : « La biche lui donnait l’espoir que le troupeau puisse se rétablir ».



Car souvenons-nous que « là où vont les cerfs, les hommes iront aussi » !
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Dernier appel pour les vivants

C’est pas vraiment la joie à Jubilation County. Des labos de meth qui poussent comme des champignons, des braquages organisés depuis les prisons par des gangs aryens, des ex-taulards en goguette, des illuminés mystiques qui testent leur foi en faisant joujou avec des serpents, un bon paquet d’habitants qui abusent de la bibine… Bref, l’ambiance n’est pas vraiment celle du paradis sur terre.

Hicklin, un dur de dur tout juste sorti de prison, braque une banque. Il tue une des employés et prend Charlie, un jeune homme pas comme les autres, solitaire et en marge, en otage. Les flics sont sur le coup bien sûr mais il n’y a pas qu’eux. Hicklin a doublé ses copains de la confrérie aryenne et eux aussi se lancent à sa poursuite et ce ne sont pas des tendres.



Je ne connaissais pas Peter Farris avant de me lancer dans ce « dernier appel pour les vivants ». Et pour cause, il s’agissait là de son premier roman et depuis, il n’en a publié que peu. C’est le titre, la couverture et le fait qu’il soit publié chez Gallmeister qui m’ont incitée à m’y intéresser. Bonne surprise pour cette lecture.



Avec « Dernier appel pour les vivants », Farris propose un roman globalement très réussi. L’intrigue est très bien menée, savamment construite et le récit est vraiment addictif. Le bouquin se lit tout seul tant on a envie de savoir ce qui va se passer. Les passages entre les différentes temporalités sont très bien gérés et témoignent d’une véritable maîtrise narrative. L’écriture est vraiment chouette également. Alternant phrases courtes, incisives et brutales comme des pains dans la gueule, et phrases plus longues lors de passages descriptifs vraiment bien écrits avec un sens de la comparaison remarquable, Farris fait preuve d’un réel talent d’auteur avec un style personnel. L’ambiance instaurée par l’auteur est tout aussi remarquable. Par moment, ça m’a rappelé la noirceur du « diable tout le temps » de Pollock, la comparaison est flatteuse. Pour autant, Farris n’est pas un imitateur, dans le registre du néo-noir, il développe un univers bien à lui.

Il m’a tout de même manqué un petit truc pour être totalement enthousiaste : un personnage auquel me rattacher. Les personnages imaginés par Farris sont tous remarquablement caractérisés, ils ont de l’épaisseur, ils existent. Mais, il est difficile de s’attacher profondément à l’un d’eux pour s’y accrocher. Même le flic Lang, le protagoniste le plus positif du roman, n’a pas réussi à instaurer cette connexion affective avec moi. Même si l’histoire de Hicklin et Charlie est pleine d’émotion, je n’ai pas réussi non plus à me sentir une connivence affective avec eux, peut-être qu’Hicklin était trop dur et Charlie trop étrange… Je ne sais pas, habituellement ce n’est pas le genre de choses qui m’empêchent de m’attacher émotionnellement à un personnage mais là je n’ai pas ressenti ce lien entre eux et moi, je n’ai pas pu me raccrocher à eux, même si je suivais leurs aventures avec passion. Parfois, les choses tiennent à des petits riens qu’on ne s’explique même pas.



Je ne suis pas passée loin du coup de cœur avec « dernier appel pour les vivants », un excellent bouquin prenant, bien écrit et qui ravira les amateurs de néo-noir. En tout cas, je vais m’intéresser aux autres romans de Farris.

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Le diable en personne

Titre : Le diable en personne

Année : 2017

Editeur : Gallmeister

Auteur : Peter Farris

Résumé : Georgie du sud, au milieu de nulle part. Maya est enfermée dans un coffre et roule vers une mort certaine. Prostitué par un caïd local depuis son plus jeune âge, elle a le malheur d'être devenu la favorite d'un homme influent ce qui fait d'elle un témoin à abattre. Léonard Moye vit seul reclus dans sa maison au beau milieu d'une nature hostile. Lorsqu'il perçoit l'arrivée d'une voiture inconnue, l'homme que l'on prend pour un fou, n'hésite pas une seconde et se saisit d'une arme afin d'aller à la rencontre des intrus qui se sont engagés sur ses terres sans autorisation.

Mon humble avis : En règle générale je suis assez friand des bouquins édités par Gallmeister. Spécialiste du nature writing, des polars américains et des grands espaces j'ai rarement été déçu par cet éditeur qui m'a permis de découvrir des auteurs tels que Graig Johnson, David Van ou James Crumley. C'est donc avec un plaisir certain que je m'attaquais à la lecture de ce court polar qu'on disait nerveux et addictif. Les premières pages me confortaient dans cette opinion : j'étais en territoire connu, Gallmeister nous aura encore gratifié d'un roman puissant et tout à fait dans le style que j'affectionne particulièrement. Farris est un auteur talentueux, à n'en point douter, l'ambiance qui règne dans ce diable en personne est pesante, lourde. Nous sommes ici dans une région rurale où l'on touche du doigt l'envers du rêve américain, la nature est hostile et les personnages de ce roman sont aussi frustres et sauvages que le décor qui les entoure. Le style de l'auteur est parfois lyrique lorsqu'il dépeint la nature mais toujours direct et brut lorsque la narration se rapproche de l'humain. Sur un sujet balisé et somme toute plutôt banal, Farris parvient à passionner son lecteur grâce à un talent certain pour installer une ambiance et dépeindre une galerie de personnages pervers, jusqu'au-boutistes et d'autres plus nuancés. Sans surprise le récit se déroule à un rythme soutenu, marqué par des scènes d'action plutôt réussies ( pas mes scènes préférées néanmoins ) et d'autres scènes plus intimistes où l'on apprend à connaître et à entrer en empathie avec les deux personnages principaux de ce polar sec et sans fioritures. Oui Farris va à l'essentiel : les cadavres s'accumulent et le sang coule à flot dans ces marécages de Georgie du sud et ce pour le plus grand plaisir du lecteur que je suis. Par certains aspects ce polar m'a rappelé un film formidable : White Lightin du génial Dominic Murphy sorti en 2008 et passé complètement inaperçu. Farris dépeint à merveille cette Amérique laissée pour compte, gangrénée par la violence, la pauvreté et la corruption. C'est à mon humble avis fort, rude et passionnant de bout en bout. Encore une belle réussite chez Gallmeister. 

J'achète ? : Oui sans aucune hésitation. Si comme moi tu es passionné par les polars authentiques, témoins d'une réalité sans concession tu ne pourras que dévorer ce court roman de Peter Farris.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Le présage

Toxey Bivins est un jeune garçon qui a terminé le lycée, tout en os, pas bagarreur et passionné par la photographie. Jusque-là, tout va bien…



Là où ça se corse, c'est que nous sommes dans le Sud des États-Unis, dans les années 60, que Toxey est Afro-américain et qu'il vit, avec toute sa famille, dans le quartier le plus pauvre de la ville.



Non, l'écriture de l'auteur n'est pas de celle qui cherche à faire pleurer dans les chaumières.



Pas de pathos dans ce récit noir comme le café, juste des faits, des parcours de vie comme il en existe tant dans l'Amérique fracturée par tout ce qui peut diviser des Hommes (couleurs de peau, position sociale, argent,…).



J'avais le présage que ce Présage allait être une bonne lecture et si je ne suis pas capable de vous tirer les cartes, je peux vous présager un excellent moment de lecture avec ce roman noir sombre, profond, qui alterne les récits au passé et au présent, avec un vieil homme souffrant de la maladie à corps de Lewy, qui perd la mémoire et qui tente de raconter un épisode important de sa jeunesse, à sa fille, Cynthia.



Le titre en anglais parlait de "Bone omen" et comme dans ce roman noir, un personnage porte le nom De Bone, on peut dire qu'il y avait un jeu de mot avec son présage à lui et il avait bien raison, ce Bone, personnage étrange, taxidermiste et associé à un politicien aux dents longues, imbu de sa personne, pété de thunes et qui m'a fait penser à un autre politicien, celui avec une touffe orange sur le crâne (et rien dedans).



Oui, dans ce roman noir, les personnages sont réalistes, mais aussi travaillés, sans pour autant que l'auteur doive en ajouter des tonnes.



Ses personnages sont naturels, pas forcés, comme on pourrait en croiser, que ce soit dans les Quarters, le quartier pauvre ou dans l'entourage d'Elder Reese, qui se présente aux élections, sans programme, disant tout et son contraire et ne pensant qu'à attraper les filles par la techa… Son personnage est réussi et fout la trouille.



Dans ce roman noir, il y a du contexte social, des interrogations sur les anciens peuples qui vivaient là avant et qui furent spoliés, sur la nature qui trinque, sur les cerfs malades, sur la corruption dans la politique (et ailleurs), sur le fait que les gens soient fiers d'être incultes, non-lecteurs, sur la lobotomisation des masses, sur le racisme, sur la difficulté de trouver du travail.



Il y a aussi une grosse réflexion sur le fait que lorsque que certains fous accèdent au pouvoir, ils peuvent transformer le pays en zone de non-droit, laisser les gens faire la loi avec leurs armes, tirer à vue, instaurer des couvre-feux et jouer avec les médias, jouer avec les faits et transformer tout en attaque de sa petite personne, sous les regards énamourés et enfiévrés de ses supporters… Certains passages dans le présent font peur, très peur.



Le Présage est un roman noir qui claque comme un coup de fusil, qui pète à la gueule, qui fait peur, réfléchir, tout en nous entraînant dans une nature sauvage, avec des personnages qu'on n'oubliera pas de sitôt… Un portrait d'une Amérique réaliste, même si on n'a pas envie de voir se réaliser le présage, funeste, d'une Amérique aux portes d'une guerre fratricide…



Bref, c'était une lecture marquante, une lecture qu'il faut ensuite digérer, en se demandant ce que l'on va bien pouvoir lire ensuite… Un autre roman de Peter Ferris, sans aucun doute !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le diable en personne

Dans la famille des amitiés improbables qui se révèlent toujours les plus solides, je voudrais Leonard le vieux bouilleur de cru qui vit avec une armée de chats et un mannequin de couture, et Maya, jeune fille dressée à assouvir les pulsions les plus cradingues des nantis de la région, du riche homme d'affaire jusqu'au maire de la ville.

Ces deux-là, qui n'ont en commun que leur marginalité, n'auraient jamais dû se croiser, Leonard n'ayant aucune disposition particulière pour les relations avec ce qui pourrait être sa petite fille et Maya, n'allant que là où elle est louée, n'aurait certainement jamais mis les pieds sur la propriété de cet ancien bootlegger qui ne permet de toute façon à personne de fouler son terrain sans sa permission expresse. Mais Maya a entendu les confidences sur l'oreiller du taulier de l'hôtel de ville et serait capable, si elle décidait de l'ouvrir, de mettre à mal tout le système de criminalité en col blanc du district et ça pourrait bien remonter très loin alors inutile de prendre le moindre risque, Maya doit débarrasser le plancher et quel meilleur endroit qu'un coin isolé de cambrousse pour régler définitivement cette sale habitude qu'elle a de respirer ?

Et si le plan Faire-taire-la-poule-du-maire n'aurait dû être qu'une simple formalité, c'était sans compter sur Leonard Moye qui, tout misanthrope qu'il est, apprécie moyennement que des malabars armés jusqu'aux dents s'en prennent à une petite nana sans défense, chez lui et sans son consentement en plus, non mais on croit rêver !



Peter Farris a des influences, on peut pas nier. Il ne les pompe pas, non, mais on les perçoit bien en filigrane, d'ailleurs il le dit lui-même, parmi ses écrivains fétiches on trouve comme ça dans le désordre : Harry Crews (Farris a un goût indiscutable, et je le dis en toute objectivité, si !), Dorothy Allison, Larry Brown, Flannery O'Connor, Rick Bass, pour ne citer qu'eux. Et c'est vrai, tout est là : du trash, de l'Amérique profonde, un soupçon de ferveur religieuse, du sudiste mal dégrossi et hop, on plante le tout à Plouc-City qu'ici Peter Farris à choisi de renommer Trickum County, pour la discrétion.

And the rest is history, la recette classique du polar noir bien serré mais qui rate rarement sa cible, un livre qui ne s'impose pas trop de limites et malgré des personnages parfois un poil caricaturaux (maire pourri jusqu'à la moelle, mercenaires et dealers en guise de gardes du corps, vieil ermite détestant la terre entière mais qui, à la première occasion, se révèle être un pied tendre...) ça n'en reste pas moins un bon Gallmeister qu'on lit avec un petit sourire gras et jubilatoire. Pourquoi s'en priver ?

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Les Mangeurs d'argile

L’argile, « terre blanche de Géorgie », celle qui nourrit les enfants sous-alimentés et leur permet de survivre, mais aussi celle qui enrichit grâce au kaolin les affairistes mafieux de ce coin sauvage où la nature règle le quotidien. De cette convoitise, Peter Farris fait dans Les mangeurs d’argile -traduit par Anatole Pons- le pivot de sa trame, bien noire comme à son habitude.



Après la mort accidentelle de Richie Pelham, la voie est dégagée pour sa veuve et son frère pasteur évangéliste. Ils vont enfin pouvoir céder ses terres à des exploitants miniers attirés par l’argile et ainsi financer leur projet de temple pharaonique où les prêches se transforment en or. Mais quand Jesse, le fils de Richie, découvre que le décès paternel a été prémédité, il prend les armes et se réfugie dans les bois pour préparer sa vengeance, avec l’aide de Billy, vagabond et terroriste en fuite…



Sur fond de dénonciation des travers de l’Amérique moderne (tartufferies moralisatrices et cupidité de la religion, séquelles psychologiques des combattants d’opérations extérieures, petits arrangements convenus entre notables locaux, banalisation des armes dès le plus jeune âge…), Peter Farris double son intrigue de base, classique mais solide, d’une deuxième un peu plus nébuleuse qui voit un duo de fédéraux lancés dans une chasse à l’homme sur fond de flash-back de la guerre en Irak.



On pourra regretter que le livre ne soit pas plus dense, ce qui aurait sans doute permis de densifier chacun de ces angles et de tous ces personnages, mais étant « Farris addict » depuis Dernier appel pour les vivants et Le diable en personne, j’ai aimé retrouver cette maîtrise de l’opposition entre la noirceur de ses personnages et la douceur d’une nature qui se veut accueillante et salvatrice pour qui sait s’y mouvoir. Et dans le genre, il est balèze le Farris !
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Le diable en personne

« Le diable en personne » est un bon polar comme je les aime. Tous les ingrédients étaient réunis pour réussir à me faire entrer dans le roman et tourner les pages avec avidité jusqu’à la fin : une histoire assez noire, saupoudrée de quelques notes d’humour peut-être toutes aussi noires, des personnages assez complexes et intéressants, à la description plutôt bien fouillée, une intrigue qui tient en haleine mixée à quelques grammes d’émotion.

Géorgie du Sud… Maya, dix-huit ans, réussit à s’échapper alors que deux hommes tentent de la tuer. Elle est sauvée et recueillie par un vieil homme solitaire Léonard Moye, qui va la prendre sous son aile et la protéger. Dès la première page, on apprend que la jeune femme est une prostituée dont le proxénète a cherché à la supprimer parce qu’elle connait un secret.

Résumé comme ça, on pourrait se dire « ouais, bof, merci bien, mais non. », c’est du déjà vu, pas de quoi s’emballer et se précipiter dans la 1ère librairie venue, toute affaire cessante, surtout en ce moment*. J’avoue que moi-même j’avais hésité à l’emprunter avec cette 4ème de couverture. Sans parler de la 1ère de couv’ qui n’a guère aidé à me rassurer sur la qualité du roman. Finalement, je me suis laissé tenter par le fait que ce soit une édition Gallmeister et je n’ai pas été déçue.

Alors je recommence, plouf, plouf… Oubliez mon résumé mal dégrossi de l’histoire et pensez simplement que l’auteur Peter Farris, par son écriture acérée et psychologique, arrive à créer une atmosphère sombre, angoissante parfois, qui s’accorde bien à l’ambiance des bourgades rurales des Etats-Unis du Sud. Alcool de contrebande, sexe, politique, violence, amitié et haine. Le programme est sympa pour quelques jours… de lecture tout du moins… et encore, je n’ai pas parlé des terres du vieux Moye, au milieu de nulle part, dans la forêt, avec les petites bébêtes qui vont avec, agrémentées de quelques épouvantails pour éloigner les curieux ni de son mannequin dans sa cuisine assis dans un fauteuil habillé à la mode de son cru et qu’il prend pour sa femme.

En plus des rebondissements et les moments plus musclés, c’est l’apprivoisement entre Maya et Léonard, deux êtres un peu perdus, solitaires, qui fait le petit plus de ce roman noir. Et si on nous a déjà raconté l’histoire du vieil homme revêche et grincheux, misanthrope, qui finit par s’adoucir et montrer la douceur qui est en lui (un peu du genre Gabin ou Galabru mais au physique plutôt grand et maigre), et même si les méchants sont de foutus méchants, et bien, ça coule quand même comme une bonne rasade de whisky un soir d’hiver.

Le style de Farris est assez plaisant. Il sonde l’âme humaine, les travers, les perversions, les difficultés relationnelles. Et il laisse aussi entrevoir quelques moments de beauté et de bonté. Quelques percées du soleil parmi les nuages, ça fait du bien. Les épouvantails auraient beau ricaner, ça donne quand même un peu de sourires dans ce monde de brutes…

Un bon polar qui vaut le détour, pas forcément jusqu’en Géorgie du Sud, mais au moins, plus sûrement, dès que possible, jusqu’à une librairie ou bibliothèque pour découvrir cet écrivain*.



*Les habitudes -même langagières- ont la vie dure : en ce moment, inutile de se précipiter dans la première librairie venue. Le plaisir s'en trouvera forcément décuplé, une fois la bise revenue.

Et si je puis me le permettre, si vraiment l’envie vous démange d'acquérir un livre, passez commande par internet via une librairie indépendante plutôt que le mastodonte sans foi ni loi, le godzilla bouffeur des indépendants et petits artisans.

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Les Mangeurs d'argile

Cherchant de quoi nourrir sa maigre silhouette dans les bennes d’un fast-food, un homme traqué fuit depuis des années.



Jesse, adolescent avide de sensations et d’espace, rêve de chasser du gros gibier avec son père Richie. Richie possède une vaste propriété en Georgie, des étendues sauvages, boisées, faites de collines, de plaines alluviales et de pâturages. Une vaste propriété qui engendre bien des convoitises avec sa terre riche en argile.

Pour les quinze ans de Jesse, il construit en catimini un mirador de chasse dans un peuplier cerné de chênes où les cerfs, à l’automne, viennent se repaître de glands. Mais lors de sa dernière ascension du mirador, une chute mortelle emporte Richie et laisse un grand vide dans le cœur de l’adolescent. Il doit vivre désormais avec sa belle-mère Grace et sa jeune demi-sœur. Malade de chagrin et bouillonnant de colère, Jesse s’évade dans les bois et y rencontre l’homme en fuite, Billy. C’est la naissance d’un lien et d’une entraide à double voie qui embellira cette histoire tragique.



Par de judicieux retours en arrière, l’auteur nous ramène sur la rencontre de Richie et de Grace, une jolie brune bien proche de son frère, un évangéliste qui se met en scène en proférant des prédications absurdes pour profiter des dons laissés par de pauvres âmes désespérées. Peter Farris introduit un à un différents acteurs ambitieux, sans aucun scrupule, cupides et manipulés par plus corrompus et encore plus crapules et criminels qu’eux.

En parallèle, des agents fédéraux suivent la piste de Billy, l’écorché à la conscience meurtrie par un acte impardonnable.

Et vu que c’est un roman noir, inutile de préciser que plus on avance, et plus le tableau s’assombrit !





Cette lecture est cernée par le bruit des quads et des pick-up, les sons de la faune, le vert des pâturages, l’approche furtive des écureuils, qui contrebalancent la noirceur des personnes qui se sont odieusement invitées dans la quiétude du père de Jesse.



Je me tourne rarement vers les romans noirs mais comme j’apprécie les ouvrages publiés chez Gallmeister pour m’évader dans les immensités sauvages américaines, je me suis risquée dans cette nouvelle publication et l’enchaînement des événements m’a happée. Pourtant, le scénario est sans surprise mais la fluidité du texte, avec un bel équilibre entre narration et dialogues, les scènes qui s’entrechoquent et choquent parfois, le décor qui adoucit l’ensemble et ce panel d’hommes et de femmes, bons ou odieux, qui s’en détachent en font une lecture attractive. Empathie et antipathie se succèdent au fil des pages. Cette route d’argile blanche ouverte par Peter Farris garde ses deux sens de circulation où le bien et le mal se côtoient, se croisent et poursuivent ou non leurs propres chemins.

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