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Citation de Partemps


Eugénie.

Oh, naturelle !

Dolmancé.

Oui, naturelle, je le soutiens, la nature n’a pas deux voix, dont l’une fasse journellement le métier de condamner ce que l’autre inspire, et il est bien certain que ce n’est que par son organe, que les hommes entichés de cette manie reçoivent les impressions qui les y portent. Ceux qui veulent proscrire ou condamner ce goût, prétendent qu’il nuit à la population ; qu’ils sont plats ces imbéciles qui n’ont jamais que cette idée de population dans la tête, et qui ne voient jamais que du crime à tout ce qui s’éloigne de là ; est-il donc démontré que la nature aie de cette population un aussi grand besoin qu’ils voudroient nous le faire croire ? est-il bien certain qu’on l’outrage chaque fois qu’on s’écarte de cette stupide propagation ? Scrutons un instant, pour nous en convaincre, et sa marche et ses loix. Si la nature ne faisoit que créer, et qu’elle ne détruisît jamais, je pourrois croire avec ces fastidieux sophistes que le plus sublime de tous les actes seroit de travailler sans cesse à celui qui produit, et je leur accorderois à la suite de cela que le refus de produire, devroit nécessairement être un crime, mais le plus léger coup-d’œil sur les opérations de la nature ne prouve-t-il pas que les destructions sont aussi nécessaires à ses plans que les créations ; que l’une et l’autre de ces opérations se lient et s’enchaînent même si intimement qu’il devient impossible que l’une puisse agir sans l’autre ; que rien ne naîtroit, rien ne se régénéreroit sans des destructions ; la destruction est donc une des loix de la nature comme la création ; ce principe admis, comment puis-je offenser cette nature, en refusant de créer ; ce qui, à supposer un mal à cette action, en deviendroit un infiniment moins grand, sans doute, que celui de détruire qui, pourtant se trouve dans ses loix, ainsi que je viens de le prouver ; si d’un côté j’admets donc le penchant que la nature me donne à cette perte, que j’examine de l’autre qu’il lui est nécessaire, et que je ne fais qu’entrer dans ses vues, en m’y livrant ; où sera le crime alors, je vous le demande. Mais vous objectent encore les sots et les populateurs, ce qui est synonime, ce sperme productif ne peut être placé dans vos reins à aucun autre usage que pour celui de la propagation, l’en détourner est une offense, je viens d’abord de prouver que non, puisque cette perte n’équivaudroit même pas à une destruction et que la destruction bien plus importante que la perte, ne seroit pas elle-même un crime ; secondement il est faux que la nature veuille que cette liqueur spermatique soit absolument et entiérement destinée à produire, si cela étoit, non-seulement, elle ne permettroit pas que cet écoulement eût lieu dans toute autre cas, comme nous le prouve l’expérience, puisque nous la perdons, et quand nous voulons et où nous voulons, et ensuite elle s’opposeroit à ce que ces pertes eussent lieu sans coït, comme il arrive et dans nos rêves et dans nos souvenirs ; avare d’une liqueur aussi précieuse, ce ne seroit jamais que dans le vase de la propagation qu’elle en permetroit l’écoulement ; elle ne voudroit assurément pas que cette volupté dont elle nous couronne alors, put être ressentie, quand nous détournerions l’hommage : car il ne seroit pas raisonnable de supposer qu’elle consentît à nous donner du plaisir même au moment où nous l’accablerions d’outrages ; allons plus loin ; si les femmes n’étoient nées que pour produire, ce qui seroit assurément, si cette production étoit si chere à la nature, arriveroit-il que, sur la plus longue vie d’une femme, il ne se trouve cependant que sept ans, toute déduction faite où elle soit en état de donner la vie à son semblable ; quoi la nature est avide de propagations, tout ce qui ne tend pas à ce but, l’offense ; et sur cent ans de vie, le sexe destiné à produire, ne le pourra que pendant sept ans la nature ne veut que des propagations et la semence qu’elle prête à l’homme pour servir ces propagations, se perd tant qu’il plaît à l’homme ; il trouve le même plaisir à cette perte qu’à l’emploi utile, et jamais le moindre inconvénient ?… Cessons, mes amis, cessons de croire à de telles absurdités, elles font frémir le bon sens ; ah ! loin d’outrager la nature, persuadons-nous bien au contraire que le sodomite et la tribade, la servent, en se refusant opiniâtrément à une conjonction, dont il ne résulte qu’une progéniture fastidieuse pour elle. Cette propagation, ne nous trompons point, ne fut jamais une de ses loix, mais une tolérance tout au plus, je vous l’ai dit ; et que lui porte que la race des hommes s’éteigne ou s’anéantisse sur la terre ; elle rit de notre orgueil à nous persuader que tout finiroit si ce malheur avoit lieu ; mais elle ne s’en appercevroit seulement pas. S’imagine-t-on qu’il n’y ait pas déjà des races éteintes ; Buffon en compte plusieurs, et la nature muette à une perte aussi précieuse, ne s’en apperçoit seulement pas, l’espèce entière s’anéantiroit, que l’air n’en seroit ni moins pur, l’astre ni moins brillant, la marche de l’univers moins exacte. Qu’il falloit d’imbécillité cependant pour croire que notre espèce fut tellement utile au monde, que celui qui ne travailleroit pas à la propager ou qui troubleroit cette propagation, devint nécessairement un criminel. Cessons de nous aveugler à ce point, et que l’exemple des peuples plus raisonnables que nous, serve à nous persuader de nos erreurs ; il n’y a pas un seul coin sur la terre où ce prétendu crime de sodomie, n’ait eu des temples et des sectateurs, les grecs, qui en faisoient pour ainsi dire une vertu, lui érigerent une statue, sous le nom de Vénus, Callipige ; Rome envoya chercher des loix à Athènes, et elle en rapporta ce goût divin. Quel progrès ne lui voyons-nous pas faire sous les empereurs, à l’abri des aigles romaines, il s’étend d’un bout de la terre à l’autre, à la destruction de l’empire, il se réfugie près de la thiarre, il suit les arts en Italie, il nous parvient quand nous nous poliçons. Découvrons-nous un hémisphère, nous y trouvons la sodomie. Kook mouille dans un nouveau monde, elle y regne ; si nos ballons eussent été dans la lune, elle s’y seroit trouvé tout de même. Goût délicieux, enfant de la nature et du plaisir, vous devez être par-tout où se trouveront des hommes, et par-tout où l’on vous aura connu, l’on vous érigera des autels ; ô mes amis, peut-il être une extravagance pareille à celle d’imaginer qu’un homme doit être un monstre digne de perdre la vie, parce qu’il a préféré dans sa jouissance le trou d’un cul à celui d’un con, parce, qu’un jeune homme avec lequel il trouve deux plaisirs, celui d’être à-la-fois amant et maîtresse, lui a paru préférable à une fille qui ne lui promets qu’une jouissance ; il sera un scélérat, un monstre ; pour avoir voulu jouer le rôle d’un sexe qui n’est pas le sien, et pourquoi La nature l’a-t-elle créé sensible à ce plaisir ? Examinez sa conformation, vous y observerez des différences totales avec celle des hommes qui n’ont pas reçu ce goût en partage ; ses fesses seront plus blanches, plus potelées ; pas un poil n’ombragera l’autel du plaisir dont l’intérieur tapissé d’une membrane plus délicate, plus sensuelle, plus chatouilleuse, se trouvera positivement du même genre que l’intérieur du vagin d’une femme ; le caractère de cet homme encore différent de celui des autres, aura plus de mollesse, plus de flexibilité ; vous lui trouverez presque tous les vices et toutes les vertus d’une femme. Vous y reconnoîtrez jusqu’à leur foiblesse ; tous auront leur manie et quelques-uns de leurs traits. Seroit-il donc possible que la nature, en les assimilant de cette maniere à des femmes, put s’irriter de ce qu’ils ont leurs goûts ? n’est-il pas clair que c’est une classe d’hommes différente de l’autre, et que la nature créa ainsi pour diminuer cette propagation dont la trop grande étendue lui nuiroit infailliblement… ah ! ma chere Eugénie, si vous saviez comme on jouit délicieusement, quand un gros vit nous remplit le derrière, lorsqu’enfoncé jusqu’aux couillons, il s’y trémousse avec ardeur ; que ramené jusqu’au prépuce, il s’y renfonce jusqu’au poil ; non, non, il n’est point dans le monde entier une jouissance qui vaille celle-là, c’est celle des philosophes, c’est celle des héros, ce seroit celle des dieux, si les parties de cette divine jouissance n’étoient pas elle-même les seuls dieux que nous devions adorer sur la terre[1].
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