"Il ne faut jamais mentir aux enfants, paraît-il. Mais que fallait-il que je lui réponde ?
Papa, il avait une maîtresse..."
Et puis au bout de 2 mois, il est revenu. Et comme une imbécile, je n'ai pas voulu de Lui. Et maintenant, on est dans la merde, toutes les 2."
Elle et moi!
Un drame tout court, avec un d'majuscule...
L'auteure ne citera pas le prénom de son enfant, la nommant "Elle" et ne parlera plus de Lui, de l'Autre...
Elle?
"C'était un bonbon, tout rose et souriant. Je suis partie, perdue... Elle a vite compris. Mais Elle a été très courageuse, Elle n'a rien dit."
Avant le drame, il la mitraillait de photos, bouleversé par sa beauté, que je collais sur des albums. Plus jamais, il n'y a eu d'album...
"A la maison, Elle continuait à courir à 4 pattes, à sourire et à babiller. A la crèche, Elle arrêtait tout, Elle restait assise, tellement fatiguée qu'Elle préférait rester silencieuse et en retrait..."
Ce qu'Elle préfère, c'est le récit de sa naissance.
Car "La chèvre de Mr Seguin et E.T" la font sangloter, "La petite marchande d'allumettes" la désespère et "Les Misérables" l'endorment...
- "Quand tu la racontes, tu as les yeux en forme de coeur." Dit-Elle.
Qu'on ne vienne pas me dire que je lui donne une version idéalisée de l'Amour !
Si tu savais, confie l'auteure, combien j'ai la trouille. J'ai l'impression permanente de faire une erreur, un faux pas, et de risquer d'en faire tomber d'autres, sur sa tête à Elle...
C'est un tête à tête entre une Maman et sa petite fille, un témoignage émouvant...
"Le baiser d'un enfant, c'est l'âme de sa mère." Soren Kierkegaard.
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Tareq Oubrou, imam et soufi né au Maroc, qui dans les années 80 a failli s'engager auprès des moudjahidin, et encouragé le port du foulard pour les Françaises musulmanes, s'est marié à l'une d'entre elles. Cette femme lui a complètement fait changer de mentalité. Imam de la mosquée de Bordeaux, il est devenu Français, a étudié Averroès, Avicenne, Montesquieu, Rousseau, Hegel, Kant, etc... et fait maintenant passer les lois républicaines avant les préceptes islamiques. Cela a révolté ses collègues dont certains l'ont insulté, traités de traître.
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Très bien écrit sous forme de questions-réponses, ce livre de l'éditorialiste du magazine "Elle" Marie-Françoise Colombani, permet d'entrer un peu dans la tête d'un imam français éclairé. Tous les sujets sociaux français sont évoqués, et surtout la place de la femme musulmane dans la société française, le voile, les piscines non mixtes, la nourriture et les mariages halal, l'échec scolaire, les ghettos, des agitateurs comme Tariq Ramadan, les fanatiques, le faible soutien à leurs victimes par les musulmans modérés ...
Le "revirement" de l'imam vers un islam modéré au tournant du siècle a mis en colère tous les "islamistes politiques".
Mais, d'accord avec la journaliste, l'imam pense que les personnes qui encadrent l'islam de France sont mal formées, sinon pas formées : beaucoup d'imams, payés par l'Arabie Saoudite, l'Algérie ou le Maroc, ne parlent qu'arabe ; et surtout, les vidéos sur le net, produites par des gens qui ne connaissent pas le coran, ne font qu'aviver les oppositions entre les musulmans et les "Français de souche". La montée en pic du foulard porté par des femmes qui ne connaissent pas l'islam religieux est selon lui une mode qui passera. Ces jeunes garçons violents et filles identitaires sont des ados en échec, qui s'ennuient, et ont besoin de racines et d'adrénaline.
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Il faut aller vers une réforme du coran. C'est un projet que l'imam veut mettre en place, même s'il ne se sent pas les épaules pour le diriger.
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Bien qu'une question de la journaliste parle de possible taqyia, j'ai aimé ce livre qui rassure. Je pense que si les musulmans ont des directeurs de conscience ouverts comme lui, qui engagent la religion vers moins de "visibilité", on pourrait engager le pays dans une voie de l'apaisement.
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Les auteurs (l'une par écrit, l'autre par ses dessins) mettent l'accent sur le mauvais accueil fait aux réfugiés dans ce pays et ailleurs.
A Calais, tout le monde est en colère, les associations, les commerçants, les migrants.
L'autrice nous donne les explications et cite les lois.
Les dessins (si parlants) accompagnant les récits des victimes (pour la plupart des femmes et des enfants) font revivre ce camp démantelé depuis (le livre date de janvier 2016) mais leur misère est toujours là.
Un livre indispensable pour comprendre cette situation.
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J'ai apprécié cette lecture, rapide mais pas facile. La préface de Boris Cyrulnik illustre bien le sujet sensible : "ces voyages ne sont pas des explorations difficiles et épanouissantes, ce sont des pertes irrémédiables". J'ai eu connaissance par des traductions que j'ai faites de la revue Nature du vécu traumatique des migrants, notamment les jeunes ; j'ai conscience aussi, comme le dit Marie-Françoise Colombani que, quoi qu'on en pense, on pourra de moins en moins empêcher ces mouvements migratoires à l'avenir.
Si une chose doit être sûre, au travers des témoignages de ces jeunes, c'est qu'on ne se lance pas dans ce périple pour des raisons fantaisistes, ni pour l'appel d'un Eldorado où l'on s'enrichirait facilement. Certes, ces enfants à 13 ou 15 ans ne savaient pas grand-chose de l'Europe, souvent même ils s'engageaient dans le départ sans savoir où ils iraient, par concours de circonstances, et toujours pour fuir une situation bien plus dure, où ils n'auraient sans doute pas fait long feu.
Ils sont 13 jeunes, 3 filles et 10 garçons, provenant essentiellement de pays d'Afrique, ou d'Egypte et d'Afghanistan pour deux d'entre eux. Ce sont des pays où ils connaissaient la guerre, l'extrême pauvreté ; ils ont souvent perdu leur père et leur situation a dégénéré ensuite - manque de ressources, arrêt de l'école pour travailler, exploitation par leur famille. Les filles ont fui le mariage forcé, l'excision à l'âge adulte pour l'une. On voit bien en filigrane la condition des femmes, les mères, et c'est poignant. Parfois elles ont aidé et encouragé leur enfant à partir, souvent ils ont dû fuir sans la prévenir, et elle n'a eu des nouvelles que longtemps après. J'ai eu le coeur serré en me disant que si la proportion de filles était aussi faible, c'est qu'elles sont davantage prisonnières dans leur pays, sans même cette option de se sauver.
Ces enfants ont tout traversé, dans des conditions dantesques : le désert, les flots où nombre de gens se noyaient autour d'eux, les camps de réfugiés, quand ce n'est pas les mauvais traitements, le viol... Ils ont affronté la violence, le vol de leurs maigres ressources, le travail "gratuit" pour pouvoir s'embarquer. Certains, handicapés, ont dû dépasser leurs forces ; ils ont tous fait preuve d'un courage et d'une résilience hors du commun. C'est moi qui le dis, parce qu'eux n'évoquent que leur chance, leur espoir de s'insérer, d'avoir leurs papiers, et de pouvoir aider un peu leur famille en envoyant de l'argent. Je pense qu'on imagine, on s'informe, on se représente les conditions de vie des migrants, mais il reste difficile pour beaucoup de vraiment ressentir ce qu'ils traversent, se projeter à leur place. Peut-être un livre comme celui-ci pourra-t-il aider, mais peut-être aussi fera-t-il simplement plus souffrir d'impuissance et d'angoisse un jeune public déjà affecté par les conditions qui nous entourent.
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J'ai beaucoup souri en dévorant ce court roman et pourtant le sujet n'est pas très drôle puisque l'auteure nous conte le quotidien d'une maman qui se retrouve soudainement seule pour élever son enfant, sujet finalement très moderne bien que le livre date des années 90. Mais il y a tellement d'amour, d'humour, de désarroi et de grand bonheur dans ces quelques 200 pages que je les ai trouvées formidables.
Et tout cela grâce à Elle, cette petite fille, dont on ignore le prénom et qui se retrouve à 14 mois seule avec sa maman, avec un papa en alternance. Habituée très tôt aux dialogues de sa mère qui lui parle pour se déculpabiliser et pour se rassurer, elle va savoir s'exprimer avant de marcher et son regard d'enfant sur le monde des adultes va se traduire par des questions souvent embarrassantes mais toujours très drôles. Depuis les problèmes de garagiste à gérer, le défilé des filles au pair, celui des amants de passage, l'adoption du chat, les vacances, tout est prétexte à passer du rire aux larmes. Un excellent moment de lecture : 17/20.
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Eva Gabrielsson a été la compagne de Stieg Larsson, l"auteur de la mondialement célèbre trilogie Millenium, oeuvre publiée en 2004, plus de 40 millionsd'exemplaires vendus à ce jour.
Cette oeuvre a été un phénomène pour plusieurs raisons: la qualité du sujet, le suspense, des héros qui se battent pour défendre des idéaux et qui veulent lutter contre le développement de l'extrême droite.
Pourtant ces trois livres ont contribué à érafler sérieusement l'image de la Suède, réputée jusqu'alors comme pays socialement très avancé.
Oui mais voilà, Stieg Larsson nous a montré que le mythe était loin de la réalité et qu'existaient aussi dans ce "paradis social" la corruption, les abus de pouvoir, les discriminations, les violences faites aux femmes...
Eva Gabrielsson depuis la mort prématurée de son compagnon, gère l'héritage littéraire de Stieg Larsson. Cela n'a pas été sans mal, car, curieusement, les lois suédoises protégeaient très peu les concubins dans le cadre des héritages.
Dans ce livre touchant "Stieg et moi", elle évoque sa vie passée avec l'auteur
suédois, leurs trente années de vie commune, leur installation dans des conditions difficiles au début, étant tous deux issus de milieux très modestes.
Elle est architecte et se consacre au développement durable. Elle a aussi aidé son compagnon pour finaliser les livres et la diffusion, les rapports avec les éditeurs..
Elle souligne le perfectionnisme de Stieg Larsson qui allait jusqu'à vouloir trouver, pour ses personnages, des adresses en harmonie avec leur personnalité.
Le livre est émouvant. Eva apparaît comme une compagne passionnée et fière de son conjoint; Elle l'a beaucoup épaulé et est sortie très éprouvée après le décès de son compagnon, en raison surtout de l'attitude de la famille de son conjoint et des réactions de son équipe au journal Expo.
Un très beau livre qui nous donne un portrait sans concession d'un pays longtemps encensé...
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À la lecture de ce livre, deux questions viennent à l'esprit : sommes-nous vraiment en 2016 ? Sommes-nous vraiment en France ?
Le traitement que notre pays inflige aux réfugiés est inadmissible. Heureusement que des bénévoles et des associations s'engagent et prennent en charge comme ils peuvent des éléments de la vie quotidienne de toutes ces personnes.
Ce livre nous fait rencontrer quelques-uns de ces citoyens ordinaires. Il nous donne aussi des renseignements sur des aspects plus administratifs. Il se termine par une trentaine d'"éclats de vie" qui sont des témoignages poignants sur le parcours de vie de quelques migrants.
Chacun peut aussi se poser la question : "Et moi, qu'est-ce que je fais ?" Avant même un engagement concret, il y a déjà un petit geste : les droits d'auteur de ce livre sont versés à l'association "L'auberge des migrants".
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" A toutes les femmes migrantes qui sourient pour ne pas pleurer.
A leurs enfants, pour que le mot " demain prenne enfin du sens " -
Tous les droits d'auteur et bénéfices iront à l'Auberge des Migrants qui en reversera une partie à l'école laïque du Chemin des Dunes.
Vous pouvez signer la pétition l'appel des 800 , l'appel de sur le site change.org.
Marie Françoise Colombani , Damien Roudeau.
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Tous les bénéfices et droit d’auteur de ce livre sont reversés à l’Association L’Auberge des Migrants.
Dans un magnifique écrin d’or et bouleversant, ces témoignages sont des notes migratoires, des paroles de migrants qui sont nos frères en humanité. Ce livre écrit par Marie-Françoise Colombani et superbement illustré en traits réalistes noirs et purs par Damien Roudeau. C’est une œuvre fraternelle, altruiste bienfaisante. « Bienvenue à Calais » est un film vivant où chaque récit fait ployer le corps du lecteur de peine, de rage. Ce livre est un cri. Une espérance folle qui n’arrive pas à se déjouer des diktats de ce monde à la dérive. Les illustrations sont époustouflantes. Les pans de l’injustice sont dans l’expression vive des migrants dessinés en mode réel. Leurs voix en écho sur nos douleurs communes à tous devant tant d’inégalités. Ce livre plus que de papier, est une larme infinie, dans la beauté d’une vérité implacable. La sincérité des textes bouleverse le lecteur qui voudrait se trouver lui aussi dans ce camp de Calais parmi ses frères et sœurs. Les mots sonnent l’urgence des regards et des peines en diapason contre la folie guerrière. Ce livre est LE témoignage indispensable pour étreindre enfin la Fraternité.
A lire d’urgence. A distribuer dans chaque mairie, écoles, et bibliothèques.
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Que peut on dire de ce petit recueil ?
Sa lecture est une épreuve car la situation explosive de la ville de Calais ne laisse pas vraiment de place à l'espoir !
Calais se retrouve être le bout de la route pour des milliers de personnes qui ne rêvent que d'une seule chose, arriver de l'autre côté de la Manche !
Imaginer les calvaires subies par ces hommes, ces femmes, ces enfants durant le long périple qui les a amenés là, et où ils ont vu disparaître leurs compagnes, leurs compagnons ou leurs enfants.... C'est insoutenable !
Imaginer les conditions de vie, pardon de survie, qu'ils subissent aujourd'hui avec toujours chevillé au corps l'espoir d'être accueilli de l'autre côté de la Manche !
Alors que faire ?
Essayer de leur proposer d'autres alternatives, un autre lieu d'accueil,
Obliger l'Angleterre à respecter une simple règle de regroupement familial,
Refuser d'être le garde chiourme des anglos saxons,
Refuser que les Calaisiens se retrouvent seuls à subir cette marée humaine !
Un des moyens est peut être déjà, dans un premier temps d'acheter ce petit livre dont "les bénéfices et droits d'auteur sont reversés à l'association l'auberge des migrants"
Ce n'est pas grand chose mais c'est peut être indispensable pour que :
"Ne laissons pas s'inscrire aux frontières de la France la devise qui orne l'entrée de l'enfer de Dante : Toi qui entres ici abandonne toute espérance."
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La concubine pendant 30 ans de Stieg Larsson livre ici un témoignage intéressant sur sa vie commune avec l'auteur maintenant célèbre, leur implication politique et la pagaille entourant les droits sur Millenium suite à la mort de son concepteur. On y apprend beaucoup sur le journalisme militant en Suède et son combat contre une extrême droite assez violente. Larsson y apparaît aussi beaucoup plus comme un journaliste engagé que comme un auteur à succès qu'il serait devenu par la suite. La publication de la trilogie était d'ailleurs vue comme la lumière au bout du tunnel de leurs problèmes financiers et des horaires de fous de ce couple. La mort, aussi prématurée que subite, de Larsson mit fin au rêve. On sent bien jusqu'à quel point sa conjointe en a été dévastée. Et par la suite la mesquinerie de la famille Larsson conduit à une saga juridique désolante, d'ailleurs pas complètement terminée lors de la rédaction du livre. Le couple a été négligent dans la gestion de ses affaires et Gabrielsson en paie le prix; la méchanceté humaine dans toute sa splendeur...
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Je n'ai pas lu la triologie de Stieg Larsson. Je ne lis plus de romans policiers, c'est l'overdose d'un genre surexploité. Par contre, la biographie d'un écrivain, c'est toujours quelque chose de nouveau. Une vie qui se démarque sur 6 milliards d'autres... enfin deux puisqu'en évoquant la vie de son compagnon, Eva Gabrielsson ne peut y soustraire la sienne.
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13 ados, dont 3 filles. 13 destins ... 'Être né quelque part ': majoritairement en Afrique. Des enfants chahutés par la vie, parents séparés ou décédés, attentats, extrême précarité, descolarisation, parce que l'école est payante en Afrique, mariage forcé, excision, violence ... Autant d'histoires dont le point commun est la fuite pour l'illusion d'un monde meilleur en Europe, en France en particulier. Des mômes perdus, laissés à la rue ici tant que leur minorité n'est pas reconnue. Les associations prennent le relais des pouvoirs publics défaillants, comme Les Midis du MIE (Mineurs Isolés Étrangers).
Un petit ouvrage sous forme de témoignages qui crèvent le cœur !! À lire dès 13-14 ans...
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Je n'ai pas vraiment apprécier cette lecture. Certes c'est un hommage aux femmes afghanes, mais la vision occidentale que l'on a sur elle m'a parfois déranger. Il y a cependant de beaux textes. Et le livre ce lit très vite. Je suis contente d'avoir pu soutenir une association si importante pour les femmes afghanes par ce livre. Alors merci. Et aux femmes que l'on veut réduire aux silences, à celles qui ne renonceront jamais et à celles qui renonceront aussi.
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Il n'est pas nécessaire d'avoir lu Millénium pour compatir au combat de cette suédoise désirant conserver l'esprit et les idées de son amour disparu brutalement à l'âge de 50 ans.
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Eva nous livre ici le récit de la vie personnelle et professionnelle de son compagnon et de la sienne. Si je n'ai pas trop aimé connaitre les secrets de fabrication de la trilogie (je ne saurais l'expliquer !!!) à l'inverse j'ai beaucoup aimé la description faite de son côté a elle, ses émotions, ses sentiments, son deuil ... quand à sa belle famille ... c'est proprement scandaleux de ne pas respecter à ce point la mémoire de Stieg. Quel dommage ! et le 4ème tome alors... c'est pour quand ?
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