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Critiques de Marie Chabin (331)
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Mille petits riens

Contrairement à la tristesse des éléphants qui rentrait plus dans le registre du fantastique, Mille petits riens est un roman beaucoup plus terre à terre, que j'ai préféré et adoré...



Ruth, elle a 44 ans, elle est infirmière obstétrique, elle est mère d'un grand ado de 17 ans, elle est américaine. Elle est noire...

Turk est un jeune homme marié à Brit, prêt à devenir père d'un instant à l'autre d'un petit garçon prénommé Davis, il est américain. Des tatouages longent son corps. Amour et haine. Sur son crâne, la croix gammée... Il est blanc. Il est raciste.

Kennedy est avocate. Habituée aux petits délits, elle s'occupe de la Défense publique. Elle ne voit pas la couleur de peau.



Lorsque Davis, le nouveau-né de Turk et Brit est pris en charge par Ruth, les parents s'offusquent et demandent à l'infirmière chef que leur bébé ne soit plus confié aux soins d'un personnel de couleur. Ruth est offusquée, elle pour qui la couleur de peau ne veut rien dire quant à la qualité des soins à prodiguer.

Lorsque le petit Davis décède brutalement, la haine et la colère des parents s'abattent sur l'infirmière noire.

La machine judiciaire est lancée. Ruth est écartée de son travail puis inculpée pour homicide volontaire. L'avocate Kennedy prend le dossier en main à la volée. Au-delà de la défense, Kennedy et Ruth vont tisser une relation d'amitié, permettant à Kennedy de s'apercevoir qui se cache derrière la couleur noire, ce que cela entraîne dans la vie de tous les jours d'être noire.



Sur fond de racisme et de relations inter-humaines, on est ici devant un roman à trois voix expliquant tour à tour l'opinion de Ruth, Turk et Kennedy. C'est un roman tout à fait passionnant et très bien construit. Mille petits riens peuvent conduire à détruire une vie tout comme l'amener à son apogée. Chaque petits riens a autant son importance que les rencontres, le regard qu'on pose sur les autres, sa capacité à voir au-delà, l'importance de s'exprimer et du droit de chacun à être libre. Beaucoup d'humanité parsème le roman avec des personnages dignes, exemplaires et attachants.

Mille petits riens, une histoire intemporelle du marasme de la haine et de l'amour où chaque sentiment proche de l'autre débordera, semant ses conséquences et ses milles petits riens...

A découvrir car c'est un très beau roman.
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Mille petits riens

Ruth Jefferson, Africaine-Américaine, comme elle se qualifie, travaille en tant qu'infirmière très expérimentée dans une maternité.

Elle a un grand fils Edison, très bon élève, inscrit dans un collège d'Américains blancs.

Étonnantes ces remarques d'ordre raciales à l'heure actuelle et on va voir que la différence entre personnes d'origine africaine et personnes blanches va encore prendre plus d'ampleur.

Ruth soigne un bébé nouveau-né d'un couple de suprémacistes blancs. Ils la prennent en grippe et interdisent qu'elle s'approche de leur enfant.

Malheureusement, cet enfant n'a pas besoin de querelles autour de lui car il présente une maladie génétique qui demande des attentions de toutes parts.

Un procès pour brutalités sur le nouveau-né est intenté contre Ruth qui pourra compter sur l'intelligence de son avocate commis d'office.

C'est un roman plein de surprises, où Jodi Picoult nous livre toutes les remarques que les personnes de couleur doivent encore subir aujourd'hui. Nous, Européens, ne soupçonnons pas que les haines raciales existent encore à ce point surtout après la venue du président Obama.

Un roman choral avec les points de vues de

- Ruth, l'infirmière accusée.

- de Turk, le père suprémaciste blanc, ancien délinquant, idiot et borné qui m'a bien agacée je l'avoue.

- de Kennedy McKenzie, avocate commise d'office, qui ne fait aucune différence entre les humains, à qui Ruth fait comprendre le quotidien des personnes de couleur.

Le livre est divisé en 5 parties dont chacune porte le nom d'une phase de l'accouchement.

Un roman très bien écrit par Jodi Picoult avec une traduction de grande qualité assurée par Marie Chabin.



Challenge pavés

Challenge plumes féminines
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Mille petits riens

Un nourrisson de quelques jours, jusqu'ici en bonne santé apparente, décède brutalement à la maternité de l'hôpital de New York où Ruth est infirmière obstétrique depuis vingt ans. Les parents sont de violents suprémacistes blancs, Ruth a la peau noire. Cela suffit pour que la malheureuse se retrouve aussitôt accusée de meurtre par le couple aveuglé par la douleur et la haine, licenciée avec interdiction d'exercer sa profession, et bientôt au centre d'un procès retentissant, où la défense est assurée par Kennedy, avocate commise d'office, ravie de tenir enfin la grande affaire de sa carrière. Pour l'avocate et pour la justice américaine, le tribunal doit statuer sur les raisons médicales du décès et une éventuelle responsabilité humaine, pas sur l'injustice, due au racisme le plus flagrant, qui a désigné d'office Ruth comme bouc émissaire.





Le thème central du roman est le racisme aux Etats-Unis et l'hypocrisie qui l'entoure : le racisme extrême et sans fard, aisément reconnaissable et condamnable, des suprémacistes blancs, skinheads néo-nazis et autres mouvances descendant en ligne droite du KKK, mais aussi celui, plus subtil et plus pernicieux, qui se cache au plus profond des perceptions et des préjugés, biaise les comportements parfois les mieux intentionnés, nourrissant un racisme institutionnel qui continue à structurer l'ordre social malgré les lois qui proclament l'égalité.





En alternant les points de vue, quitte à revivre les mêmes scènes sous plusieurs angles, blanc ou noir, Jodi Picoult réussit à faire entrer les lecteurs blancs, le temps du livre, dans la peau d'une femme noire, leur faisant vivre de l'intérieur les grandes injustices, mais aussi les mille détails du quotidien qui, insidieusement, stigmatisent en permanence l'existence des noirs américains.





Souvent dure et choquante, destinée à sensibiliser et à faire réfléchir, cette lecture s'avère addictive, portée par un vrai suspense, des personnages crédibles soigneusement campés à partir d'une documentation solide, et l'écriture fluide de Jodi Picoult. Si le dénouement est sans doute bien trop théâtral pour être totalement réaliste, il porte l'espoir que la prise de conscience et la mobilisation de chacun, par l'addition de mille petits riens, puissent finir par faire bouger les lignes. Coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Mille petits riens

Aujourd'hui c'est un anniversaire ! Avec beaucoup de bougies !



1000e critique, donc 1000 livres lus en près de 6 ans d'addiction «babéliote», faite de coups de coeur, de coups de gueule, de rencontres d'auteurs ou de lecteurs, de conseils et de découvertes grâce à la Communauté, que je salue et remercie. (Parenthèse refermée)



Il convenait donc de choisir un livre adapté et accepter pour une fois de sortir de mon confort littéraire en prenant sans apriori un titre symbolique.

(Je n'ai quand même pas pris trop de risques avec Actes Sud )



Ce fut une excellente pioche par une immersion oppressante dans la culture américaine contemporaine et ses vieux démons de racisme ordinaire. Une navrante fiction qui fait froid dans le dos pour une afro-américaine, infirmière piégée en bouc émissaire dans la responsabilité collective du décès d'un nourrisson, subissant les méthodes de cow-boy des institutions policière et judiciaire.



Jodi Picoult nous immerge dans une société où mille petits riens sont autant de petites agressions racistes, où il convient encore de savoir survivre dans un monde de blancs, faisant face aux bons sentiments bien intentionnés jusqu'à la cohabitation avec des idéologies suprématistes.

Une histoire sur le fil du rasoir, faite par plusieurs narrateurs, où chaque personnage, profondément humain pour le pire et le meilleur, fait face à des sentiments multiples de haine, de douleur, de révolte. Où le lecteur se projette avec effroi dans la peau d'une victime expiatoire et serre les dents pour tenter de voir le bout du tunnel. On peut chipoter sur quelques longueurs et une chute narrative un peu expéditive, mais l'ensemble est convainquant.



Et puis cette excellente jaquette de petite fille appuyée au mur en état de sidération, telle une fiche d'identification policière…

Un gros coup de coeur.

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Mille petits riens

« La tristesse des éléphants » avait été un énorme coup de cœur et il en sera de même pour « Mille petits riens », roman intense qui traite du racisme aux États-Unis.



Sous forme de roman choral, Jodi Picoult prête sa voix à trois protagonistes que l'on suivra tour à tour au fil des chapitres. L'action se déroule courant 2014, à New Haven dans le Connecticut, et tourne autour du décès d'un nouveau-né. C'est avec Ruth, infirmière et sage-femme depuis vingt ans, que l'histoire démarre, au moment où sa supérieure lui interdit de s'occuper d'un bébé né la nuit précédente, parce qu'elle est... noire. Les parents sont en effet des suprémacistes blancs et ne tolèrent pas qu'une "négresse" puisse toucher leur fils. C'est là qu'entre en jeu Turk, le père du nouveau-né et deuxième voix du roman, jeune homme qui "casse du négro et du pédé" sans scrupule aucun. Kennedy, quant à elle, avocate de la défense publique, sera la troisième voix, elle fera son apparition au moment où elle sera commise d'office dans l'affaire qui concerne Ruth, accusée du meurtre d'un bébé...



Narration à la première personne, nous sommes propulsés dans la tête de trois personnalités différentes et vivont leur quotidien tel qu'elles le vivent elles-mêmes. Ainsi, l'on peut se rendre compte de comment un seul et même évènement peut être vécu et/ou perçu de manière différente selon notre niveau social, nos modes de vie, notre éducation, ... notre couleur de peau. J'ai aimé la manière dont l'autrice aborde les sujets de différents points de vue, on sent là un véritable travail de documentation. D'un chapitre à un autre, on suit le déroulé de l'histoire d'un regard à chaque fois différent, selon celui d'une personne de couleur, d'un skinhead, d'une personne "lambda", ou encore de la justice.



Quels que soient les thèmes évoqués, ils sont toujours minutieusement traités. Ils peuvent paraître nombreux mais se rejoignent tous autour d'un seul : le racisme, abordé selon différentes perspectives. Ainsi, il est question de discrimination et préjugés raciaux, de suprémacisme blanc et de haine raciale, de relations interraciales, mais aussi du système judiciaire et de justice sociale, de maternité, de deuil et de famille. Jodi Picoult a fait un travail de recherche remarquable, tout y est subtilement décortiqué : le contexte, les points de vue de chacun, leurs ressentis, le déroulement des événements. Les personnages, qu'on ne peut évidemment pas tous aimer, sont tous parfaitement fouillés.



Deux nuits, c'est le temps qu'il m'a fallu pour engloutir ces presque 700 pages intenses, prenantes, saisissantes, captivantes. Tantôt horrifiée ou mal à l'aise, tantôt pleine de compassion, tout m'a touché d'une manière ou d'une autre.

La plume est superbe, toute en sensibilité et délicatesse.

C'est un roman puissant, profond, marquant, sombre et lumineux tout à la fois.



C'est le genre de lecture qui ouvre les yeux et fait réfléchir. Le racisme existera sans aucun doute toujours (et pas uniquement aux États-Unis), qu'il soit actif ou passif, d'où l'importance de ce genre d'ouvrages, aussi fictifs soient-ils (et pourtant bien ancrés dans notre réalité).



Même si j'aurais préféré un happy end un peu moins happy, pour le rendre un peu plus crédible, ce fut une lecture fabuleuse.

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Mille petits riens

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un livre embarrassant intitulé Mille petits riens et signé par une autrice nord-américaine, Jodi Picoult.



-Quelle jolie petite fille ! Ca va parler de son enfance ?



-Non. Ou très peu de temps.



Or donc Ruth Jefferson, infirmière en néonatalogie expérimentée et compétente, reçoit l'ordre de ne plus s'occuper du nouveau-né d'un couple de suprémacistes. Hélas, le bébé fait un malaise en présence de Ruth et meurt. Les jeunes parents déposent plainte pour se venger de Ruth tandis que l'hôpital abandonne son employée modèle. Ruth va-t-elle gagner son procès ?



-Oh, une histoire pleine d'injustice et de combat contre les forces du mal comme dans Erin Brockovich !



-Oui, on peut dire ça…



-Mais pourquoi tu dis que le livre est embarrassant ?



-Parce que je suis allée lire les critiques sur Goodreads pour savoir ce que nos amis anglo-saxons en pensaient. J'y reviendrai.



Trois voix narrent l'intrigue, chacune avec son ton, ses mots : celle de Ruth, l'infirmière dévouée qui a passé sa vie à ne pas faire de vagues, celle de Kennedy, qui a passé la sienne à ne pas bien savoir ce qu'est le racisme, celle de Turk, enfant blessé devenu un adulte violent et haineux. L'exercice m'a captivée : la plongée dans l'esprit d'un skin n'est pas de tout repos, ce n'en fut pas moins une expérience intéressante. C'était troublant de lire comment il pouvait se montrer éperdu d'amour, capable de tendresse, tout en commettant des actes de violence affreuse.



Entre les pages consacrées à Turk, répugnant de bête cruauté, et celles de Ruth, touchante de volonté, se trouvent celles de Kennedy, l'avocate : elle représente une Blanche qui ne se croit pas raciste et qui va prendre conscience de ses failles et se remettre en question.



-Mouais. Moi, j'aimerais quand même dire que les répétitions m'ont bien grave ennuyée. Quel intérêt de répéter deux ou trois fois le même bout d'histoire ?



-Ah, ça t'a ennuyée, toi ? Moi, j'ai trouvé que c'était l'une des trouvailles les plus brillantes du roman.



-Ah bon ?



-Mais oui ! J'ai trouvé admirable le travail du point de vue ; il démontre que les faits et la réalité ne se rejoignent pas forcément, loin de là, et que ce qu'on a dans la tête pervertit la perception.



-Et la partie embarrassante ?



-J'ai adoré ce bouquin.



-Ben pourquoi ça t'embarrasse ?



-Parce que je crains d'être victime du phénomène Mille femmes blanches, encensé alors que je l'ai détesté. J'ai cherché une critique négative : je n'en ai pas trouvé. Alors, je suis allée visiter Goodreads, où les avis sont plus nuancés. Certains lecteurs étaient trop choqués par ce qu'ils lisaient et abandonnaient, d'autres pestaient contre ce texte rempli de clichés et de stéréotypes.



Et cela m'a inquiétée : je ne suis pas capable de détecter lesdits stéréotypes, si vraiment il y en a. Tout au plus puis-je reconnaître une patine hollywoodienne dans le déroulement de la narration, une sensation vague de déjà-vu.



Je suis tombée sur une critique qui parlait d'un livre écrit « par une Blanche pour les Blancs ». Je suis assez d'accord : ce roman est rédigé avec un soin tout particulier accordé à la pédagogie, il dit « voilà comment les choses marchent, voilà pourquoi ce n'est pas normal ni sain ». Mais ce livre peut-il être considéré comme un élément de lutte contre le racisme par les Noirs ? Je ne sais pas.



J'ai également éprouvé des difficultés avec le personnage d'Adisa. Son franc-parler m'a plu, mais j'ai eu du mal à comprendre ses choix de vie. Ruth souhaite s'élever dans la société et offrir une vie meilleure à son fils. Adisa ne semble pas encourager le travail chez ses enfants et vivote comme elle peut. Est-ce « blanc » que de vouloir étudier, se sortir de la pauvreté et exercer un métier valorisant ? Ou refuse-t-elle de le faire pour ne pas intégrer une société trop blanche, justement ? Lui accorder plus de parole à ce propos aurait livré un autre point de vue intéressant et instructif sur la question du racisme et des façons d'y résister.



-Moi, ce qui m'a gênée, c'est le coup de théâtre.



-Oui, nous sommes d'accord, il n'était ni subtil, ni crédible, il est vrai. Juste cathartique.



Quoi qu'il en soit, Mille petits riens représente un splendide jeu d'écriture engendrant des émotions variées et complexes. Cette fiction pousse à s'interroger sur soi et sur la réalité. Il est bien parti pour devenir mon roman préféré de l'année. »
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Mille petits riens

Ruth Jefferson est une sage-femme afro-américaine de 44 ans. Elle exerce depuis plus de vingt ans et pourtant, les parents d'un bébé l'accusent de la mort de celui-ci. Autour de cet évenement, c'est le racisme qui est mis en avant. Ruth raconte comment sa vie a changé, comment elle vit les remarques au quotidien. Kennedy, l'avocate qui prendra l'affaire en charge, a un autre point de vue en tant que Blanche. Enfin, il y a la voix de Turk et suprémaciste blanc et le père du bébé qui déverse tout sa haine pour les Noirs et autres minorités.

Dès que j'ai vu la couverture de ce roman et le titre, j'ai eu envie de le lire. Mais prudence, quand j'ai trop d'attentes, je suis parfois déçue. Heureusement pour moi, ce livre a été une fabuleuse découverte. Cette histoire à trois voix autour du racisme aux Etats-Unis est magnifiquement racontée par Jodi Picoult.

C'est une lecture très agréable, j'ai aimé suivre les vies de Ruth et Kennedy, connaitre leurs pensées sans filtre sur un sujet qui peut être tabou au Etats-Unis. J'ai eu plus de mal avec le personnage de Turk, sentir tout ce venin sortir d'une personne, c'est assez dur. Jodi Picoult a fait un excellent travail de recherche pour en faire ce roman très abouti et déceler les différences nuances entre racisme et considérations sur la couleur. Quand je tente de faire une comparaison avec la situation en France, je me dis qu'il y a des différences... La fin est bien amenée, comme un espoir sur notre futur même s'il est un peu utopique.

C'est un gros roman mais il se lit tout seul (presque 600 pages) ! Un vrai coup de coeur !

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Mille petits riens

Voici un livre de 660 pages que j’ai dévoré .

Je tiens à remercier sincèrement Sabine pour me l’avoir fait acheter.



Une lecture bouleversante, addictive, entraînante , une fois commencée , vous ne la lâchez plus:

Une histoire sociale, vibrante d’une humanité profonde, récit subtil basé sur certains faits réels, traduisant malgré sa bienveillance et sa lucidité nos lâchetés à propos d’un sujet essentiel , épineux , difficile, le racisme en général , la ségrégation raciale , au sein d’une Amérique rongée par son histoire ainsi que celle du vivre ensemble.



Trois personnes prennent à tour de rôle la parole en exprimant leur ressenti , l’histoire de leur vie, leurs sentiments : colère , indignation, peur , retour sur soi, stupéfaction, crise , deuil, combat ......



D’abord Ruth sage femme noire de 44 ans dans un service- maternité depuis plus de vingt ans , modèle de professionnalisme, veuve, mère attentive d’Edison, dix sept ans.....dont la vie va basculer, un jour ordinaire d’octobre, Turk, jeune père skinhead et Brittany son épouse , tous deux suprémacistes blancs , le jour de la naissance de leur premier enfant , Kennedy, avocate remarquable de La Défense publique , une femme blanche.



Ce que j’ai apprécié ce sont les positions de l’auteure , elle expose tous les problèmes sans jamais accuser, elle a fait des recherches approfondies sur ces sujets délicats .

Elle nous pousse à réfléchir avec justesse , clarté, lucidité , à propos de nos non - dits, derrière «  ces petites choses » , ces injustices invisibles, qui en disent long sur nos attitudes.

On en ressort profondément ému par ces parcours poignants qui prouvent aussi que , quelque part, l’évolution , les changements, l’apaisement peuvent se produire.

Magnifique ! Merci Sabine.

La première de couverture est très belle , elle nous parle !

«  Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, faites de petites choses de manière grandiose » ,

Martin Luther King.

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Mille petits riens

Une lecture prenante, addictive, et pourtant 650 pages! Je n'ai pas vu le temps passer... Merci, Fanny, pour le prêt !



J'ai trouvé ce roman subtil, intelligent, car il ne prend pas parti , au contraire, il suscite les interrogations, la réflexion, et au regard du postface de l'auteure, il encourage à se poser des questions sur son ressenti personnel à propos du sujet essentiel du livre: le racisme. Beaucoup se disent non-racistes mais nous avons tous des préjugés, des idées fausses, inconsciemment ou pas.



le fait-divers à partir duquel elle a évidemment brodé sa propre histoire est le suivant : dans un hôpital américain, un suprémaciste blanc a refusé que son bébé soit ne serait-ce que touché par une infirmière noire. Un groupe de soignants a porté plainte pour discrimination raciale et a gagné le procès.



Dans ce roman à trois voix, l'infirmière noire est Ruth, le père Turk, et l'avocate de la défense Kennedy. Autour d'un drame terrible: la mort d'un nouveau-né. Tour à tour, ils vont exprimer leurs ressentis, leurs peurs, leur colère. Et surtout ils changeront leur regard sur les autres et sur eux-mêmes. La fin est un peu trop idéalement amenée, peut-être...



Je n'ai pas envie d'en dire plus, mais vraiment, c'est un livre enrichissant, qui aborde un thème ressassé de façon originale et toute personnelle. L'auteure s'est énormément investie, se documentant, rencontrant des femmes noires et deux suprémacistes blancs repentis. L'émotion nous prend souvent, l'indignation , mais aussi le questionnement intime: comment aurais-je réagi si j'avais été un juré, l'avocate ?



A découvrir, absolument!



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Mille petits riens

Ce roman m’a happée dès les premières pages : j’ai fait la connaissance de Ruth à l’âge de cinq ans, petite fille noire américaine qui se découvre déjà une vocation de sage-femme. Et je la retrouve très vite quarante ans plus tard, en tant qu’infirmière-accoucheuse dans un hôpital new-yorkais où ses compétences sont reconnues depuis vingt ans. Elle est veuve d’un militaire qui a perdu la vie lors d’une opération en Afghanistan et maman d’Edison, un adolescent qui cartonne dans ses études et les sports qu’il pratique.



L’autrice va dérouler son histoire sous trois angles différents, donnant la parole d’abord à Ruth, ensuite à Turk, jeune homme de vingt-cinq ans fraîchement papa, sa femme Brittany ayant accouché de leur bébé dans l’hôpital où exerce Ruth, c’est un suprémaciste blanc, raciste jusqu’au bout des poings et des tatouages; enfin va intervenir Kennedy, jeune avocate de couleur blanche, assurant la défense des citoyens américains qui n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat privé, elle est une épouse et une mère comblée.



Tout part d’un post-it collé dans le dossier de David, le bébé de Turk interdisant à toute personne africaine-américaine de toucher le nourrisson, et la vie de Ruth va basculer dans un enfer pavé de mauvaises intentions, de racisme et d’injustice.



Au travers de ce roman poignant l’autrice tente d’amener le lecteur à discerner le racisme actif, agressif, du racisme passif, ordinaire, voire inconscient. Elle tente également de faire prendre conscience au lecteur de race blanche du privilège dont il jouit du simple fait de sa couleur de peau.

Ce roman a donc une grande valeur pédagogique, Jodi Picoult y a mis tout son coeur et son courage pour tenter d’expliquer les innombrables difficultés que peut rencontrer une personne de couleur aux États-Unis, malgré les progrès, les efforts, les mille petits riens destinés à abolir les différences depuis quelques décennies. Elle nous parle avec conviction d’équité, une valeur à laquelle les Noirs américains sont trop peu habitués.



Alors, oui, on pourrait reprocher à ce roman de s’adresser aux Blancs, à Jodi Picoult de ne pas être noire et donc de ne pas être capable d’imaginer le vécu des Africains-américains, mais cette tentative d’éveil des consciences est méritant.



Quant au style narratif, il est très plaisant, l’alternance des points de vue à la première personne du singulier impulse une belle dynamique à l’histoire, les come-back qui racontent une même scène vue de perspectives différentes sont judicieux, ils n’alourdissent aucunement le récit.



Ce roman de 650 pages se dévore, mon seul bémol est un coup de théâtre qui est très américain, mais cette histoire reste une fiction où tout peut arriver. C’est un mini bémol en regard des émotions qui m’ont traversées.



Je recommande cette lecture avec vigueur.

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Mille petits riens

Vous l'avez sûrement entendu dire… le bonheur est fait de Mille petits riens. Si cela est vrai, Mille petits riens peuvent tout aussi bien être le contraire et devenir douloureux pour certaines personnes.

Ici, c'est aux noirs des USA que mille petits riens font du mal. Ce n'est pas seulement le racisme violent de suprémacistes blancs, c'est aussi de nombreux petits désagréments quotidiens que ne connaissent pas les blancs ; c'est aussi un racisme insidieux et non-conscient de blancs bien intentionnés qui fait juste ressentir la différence.



Nous découvrons cela avec Ruth une infirmière expérimentée et dévouée, qui du jour au lendemain est accusée d'avoir tué un nouveau-né et qui va être défendue par une avocate blanche.



"Bien sûr, il est aussi plus commode de voir la partie émergée du racisme, c'est-à-dire tous les actes discriminatoires dont sont victimes les personnes de couleur. On les repère aisément quand un homme noir est accidentellement abattu par la police ou quand une jeune fille mate de peau est harcelée par ses camarades de classe parce qu'elle porte le hijab. La partie immergée du racisme est en revanche plus compliquée à discerner… Et à accepter. Ce sont toutes ces petites choses du quotidien dont nous bénéficions, nous, les Blancs, précisément en raison de notre couleur de peau." p 538



Un livre encensé à juste titre. L'écriture de Jodi Picoult nous entraîne dans une histoire prenante, agréablement déroulée pour mettre en évidence tous les niveaux du racisme.



La postface de l'auteur est aussi très intéressante, ainsi tout le roman est basé sur des histoires réelles, des témoignages… c'est un livre qui s'adresse aux blancs avant tout :



"...mon objectif n'était pas de raconter le quotidien des personnes de couleur pour que celles-ci s'y retrouvent, non. Je voulais écrire cette histoire à l'attention de ma propre communauté - les Blancs - qui, si elle sait très bien montrer du doigt un skinhead néonazi en le traitant de raciste, éprouve davantage de difficultés à discerner les pensées racistes qu'elle porte en elle." p.576



"Pendant cette phase de recherches, j'ai demandé à plusieurs mères blanche s'il leur arrivait d'évoquer la question du racisme avec leurs enfants. De temps en temps, m'ont répondu quelques unes ; d'autres on reconnu ne jamais en parler. Lorsque j'ai posé la même question à plusieurs mères noires, elle m'ont répondu à l'unanimité : "Oui, tous les jours." J' en ai conclu que l'ignorance était également un privilège." p 580
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Mille petits riens

Ruth afro-américaine de 44 ans, s'applique depuis toujours à être une citoyenne parfaite. Infirmière dans une maternité, dévouée et compétente, elle est une professionnelle appréciée de tous.

Jusqu'au jour où son chemin croise celui d'un jeune couple de suprémacistes blancs qui refusent qu'elle s'occupe de leur bébé. Sa hiérarchie accède à la requête du couple et lui interdit de s'approcher du nourrisson. Quand le drame survient et que l'enfant fait un arrêt respiratoire, Ruth est seule avec lui…

Partant de ce drame, Jodi Picoult tresse un récit à trois voix.

La voix de Ruth, forte et digne, qui affronte sa descente aux enfers et se voit obligée de remettre en question tout ce sur quoi elle a basé son existence.

La voix de Kennedy, jeune avocate de la partie civile pour qui ce procès va tout changer.

La voix de Turk, jeune père aimant, homme haïssant.



580 pages qui se lisent toutes seules même si le propos est dense car les rebondissements sont nombreux et les réflexions percutantes…



Challenge Muli-défis 2018

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Mille petits riens

****



Ruth Jefferson est infirmière en néonatalogie. C'est une vocation. Elle travaille depuis 20 ans dans le pavillon des naissances de l'hôpital Mercy-West Haven. Elle élève seule son fils de 17 ans, Edison, depuis que son époux est décédé en mission dix ans plus tôt. Jusque là, la vie suit son cours, partagée entre joies, difficultés, fiertés et doutes... Mais un beau matin, alors qu'elle est de service et qu'elle doit prendre en charge une famille née de la veille, elle est confrontée à un problème de taille : sa responsable hiérarchique lui demande de ne plus toucher Davis, le bébé de Brittany et Turk, couple suprémaciste blanc. Son monde bascule...



J'avais ce roman depuis quelques temps dans ma PAL. Je savais que je le lirais et qu'il me plairait. La plume de Jodi Picoult n'est plus à vanter. Elle écrit très bien, elle est centrée sur des personnages étudiés et fins, elle a des histoires qui sonnent juste et des mots toujours choisis.



Dans Mille petits riens, elle s'attaque au racisme, sujet difficile et dangereux. Mais elle réussit avec brio ! Sans cliché, sans jugement, elle peint un portrait de la société qui n'épargne personne. Ruth, le personnage noir du roman, s'est battue pour faire partie du monde des Blancs et l'injustice qu'elle vit la fauche de plein fouet. Elle se croyait à l’abri... Kennedy, l'avocate blanche, se croit au-dessus de ses questions de racisme et de discrimination, mais elle est forcée de voir que les préjugés et les différences existent et perdurent...



C'est un très beau et bon roman non sur l'égalité, mais sur l'équité... A lire, à réfléchir, à partager...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Mille petits riens

Une infirmière noire est accusée à tort d'avoir tué un bébé par des parents suprématistes blancs. Cette phrase résume ce roman percutant qui a fait l'objet de nombreux billets sur Babelio.

Là encore, j'ai eu les larmes aux yeux lors de certains passages.

Il s'agit d'abord d'une prise de conscience (comme l'explique l'autrice en postface) de ce que signifie la vie d'une personne "de couleur" (colored people) aux États-Unis, où le racisme est latent (quand il n'est pas décomplexé) et l'hypocrisie de mise.

L'autrice, fort bien documentée, dresse un tableau implacable et minutieux du monde du travail, que ce soit à l'hôpital, dans un tribunal judiciaire ou même dans un McDo. Elle retrace aussi l'histoire des mouvements néonazis, skinheads, KK, etc...

C'est un roman choral à trois voix qui nous fait ressentir les émotions d'une femme ayant mis au monde une multitude de petits êtres et soutenu autant de mères, d'une jeune avocate comprenant peu à peu le sens de son métier et décidant de surmonter tous les préjugés, les siens et ceux des autres, et d'un père de famille effondré à la recherche facile d'un bouc émissaire.

Plusieurs retours en arrière nous font découvrir par séquences la vie des protagonistes.

Cette fiction (sauf au début où l'histoire s'appuie sur un fait réel) est une ode à l'amour, maternel surtout mais aussi entre sœurs, amies d'enfance et époux.

Certains éléments sont typiques des États-Unis mais l'interrogation que cette histoire suscite pourrait aussi bien s'appliquer à notre pays où égalité ne veut pas dire équité (cf. une réflexion de Ruth, l'héroïne) qui pourtant est essentielle.

Les retournements de situation ne sont pas absents de ce livre indispensable qui m'a permis de me poser des questions sur ma propre attitude de "privilégiée".

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Mille petits riens

Une fois n'est pas coutume, je vais d'abord dire quelques mots sur la postface écrite par l'auteure. J'ai été touché par le questionnement ( qui est en résonance avec le roman ) de Jodi Picoult sur sa légitimité de "blanche" à écrire un livre sur le racisme qui touche la communauté noire aux États-Unis, sur son humilité et sa remise en question, qui l'ont conduite à emprunter un véritable chemin initiatique, lequel, dit-elle, l'a profondément changée.

Il m'a paru que cette démarche méritait d'être soulignée, parce qu'elle témoigne à la fois d'un énorme respect pour "le rôle et la place de l'écrivain " dans la société, et parce que cette démarche renvoie ( c'est mon point de vue ) l'image "d'une belle personne".

Ce n'est donc pas Toni Morrison ou Maya Angelou ou bien encore Colson Whitehead ni même Ta-Nehisi Coates qui ont écrit ce "pavé" sur l'état de l'Amérique d'Obama et de Trump, sur ces maux et en particulier sur ces deux cancers, qui n'en sont en fait qu'un qui a métastasé : le racisme et son corollaire le suprématisme blanc, mais une écrivaine blanche... obsédée par le sujet, et qui a attendu longtemps avant de se mettre à la tâche ( j'ai évoqué précédemment les raisons de ses hésitations, de ses scrupules).

Puis un jour, Jodi Picoult a entendu parler d'un évènement survenu dans une maternité : un suprématiste blanc avait refusé qu'une infirmière, parce qu'elle était noire, prodigue les soins qu'elle était habilitée à prodiguer...

Le déclic !

Le roman pouvait prendre naissance.

C'est une histoire articulée autour de trois voix, trois personnages centraux et emblématiques : Ruth , infirmière-sage-femme ( les formations et les diplômes ne sont pas équivalents entre les USA et l'Europe... pour faire large)... noire, Kurt, jeune blanc suprématiste et Kennedy, avocate blanche... a priori dépourvue de toute forme de préjugés raciaux...

Ces trois personnages vont se rencontrer, se confronter à travers la mort d'un nourrisson, qui de "naturelle", va devenir, de par le contexte déjà mentionné, une mort "criminelle".

L'histoire est palpitante, haletante, émouvante, angoissante, irritante, passionnante... et pleine de rebondissements.

Le sujet est bien tenu, les personnages ont du relief, l'écriture est alerte, de qualité, efficace.

Bref, c'est un de ces bouquins qu'on se félicite d'avoir ouvert et dont a du mal à se "défaire".

Pour celles et ceux qui aiment les "procès"... vous savez... la sélection des jurés, le juge revêche, la procureure intraitable, l'avocate dont c'est la première grosse affaire... les interrogatoires, les contre-interrogatoires... les passe d'armes... bref, tout ce qui fait le charme du genre... vous allez vous régaler !

Mon seul regret : le réalisme des 600 et quelques premières pages est un peu mis à mal par l'ultime rebondissement... que je vous laisse découvrir et apprécier.

Un roman, si possible, à ne pas manquer !

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Mille petits riens

Sujet délicat : le racisme aux États-Unis de nos jours.

Jodi Picoult s'en sort honorablement. Elle relate l'histoire d'une infirmière noire accusée du meurtre du bébé de parents suprémacistes, en mettant en évidence le racisme ordinaire quotidien.

L'écriture limpide et simple permet une lecture aisée des 649 pages (et la taille des caractères est plutôt petite).

Cependant, certains personnages sont un peu trop appuyés et voire caricaturaux (le père du bébé et son entourage). Cela ne veut pas dire que ce genre de personnes n'existe pas.

Par ailleurs, de nombreux évènements, surtout à la fin de l'ouvrage, sont guère crédibles.

La fin du livre aurait mérité d'être appréhendée avec plus de profondeur.



Ouvrage à découvrir. Une belle lecture qui traite d'un sujet dont il faut parler.
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Mille petits riens

Mille et une pattes dans un monde où deux éléphantesques bottes de sept lieux nous permettraient de gravir des montagnes. Les monts de l'injustice et de l'intolérance.

Mille petits pas pour se diriger lentement mais sûrement vers le bout du bout du purgatoire.

Mille grandes étapes pour servir la vérité trop longtemps étouffée.

Mille iniquités qui nous empêchent de respirer. Une terre où l'oxygène est remplacée par l'aveuglement et le déni.

Et autant de pages pour mettre en oeuvre l'incontestable réalité.



Jodi Picoult a choisi un thème dans lequel peu de blancs s'aventurent, au risque d'être disgraciés par l'ensemble d'un public réactif. Les uns lui reprochant de toucher un sujet qui ne la concerne pas, les autres sur la défensive l'incriminant de les faire passer pour des racistes.

La critique sans analyse et uniquement portée sur la conception d'une idée est facile.

Écrire un livre avec le poids d'une matière lourde l'est moins.

Une décision qui devrait être monochrome.



L'autrice maîtrise son récit car elle s'est documentée. Elle s'est armée de courage, elle a plébiscité et écrémé des rencontres pour amener son roman de la façon la plus rigoureuse et constructive possible. Bref, elle s'est bougée du fond de son canapé et ça me plaît.



Dans sa postface, elle se demande dans quelle mesure sa paraphrase à Martin Luther King, ayant inspiré le titre de son livre Mille petits riens / Small great things, est légitime : " Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, faites de petites choses de manière grandiose." Elle s'explique et justifie adroitement son idée par la crédibilité de ses personnages et leur évolution à travers leur histoire.



"Ils m'ont menottée sous les yeux de mon fils, mon fils à qui je dis et je répète depuis le jour de sa naissance qu'il est bien plus qu'une couleur de peau."



Pour alimenter ce récit, des visages hauts en couleurs parmi lesquels la protagoniste Ruth qui affiche délibérément sa volonté de penser différemment. Elle entraîne en rythme les acteurs d'un procès vers un regard nouveau.



J'ai aimé les anectodes liées au corps médical. Avec adresse, Jodi Picoult nous emmène dans les couloirs d'un hôpital où nous entendons les pleurs des nouveau-nés et où nous suivons les mouvements délicats des infirmières.



"L'expression qui traverse son visage m'oblige à suspendre mon geste. L'histoire est chuchotée au coeur de la nuit. Parce que c'est ça, un accouchement : un lien tissé dans la douleur, un accélérateur de relations intenses.

Lorsqu'elle se tait, nous nous asseyons toutes les deux, comme pour laisser aux mots le temps de faire leur chemin."



Des galeries où nous accompagnons d'un pas trainant les silences d'un petit ange jusqu'à la suite Kangourou. Une poche qui nous rappelle que la perte d'un enfant sera portée toute une vie...



De jolis passages soignés et éloquents où l'amour et la haine éclatent tour à tour dans les yeux de celui qui regarde.

"Ses yeux sont comme des éclats de silex."



L'amour et la haine comme deux rubans indissociablement noués.



"Les fils de l'histoire s'entrelacent autour de nous, comme la soie d'un cocon."

"La réalité me percute aussi violemment qu'un coup de poing : ce n'est pas ce que j'ai fait qui les dérange.

C'est ce que je suis."



Au regard d'autres oeuvres qui m'ont davantage touchée par leur qualité littéraire, je ne peux décemment pas offrir plus de 3 étoiles à cet ouvrage.

J'essaie d'être juste avec mon propre ressenti en ayant des appréciations qui me font sens.



J'ai lu Mille petits riens en version française. Peut-être aurais-je été plus séduite par la version originale. Il est toujours délicat de noter une traduction.

Néanmoins, je reste convaincue par plusieurs passages superflus méritant de passer sous la caresse d'une gomme afin d'alléger le lecteur et d'apporter encore plus de densité à l'émotion.

649 pages aux éditions Babel ! Fichtre ! Ça fait tout de même beaucoup de pages et je ne parle pas du nombre de lignes...

Un pavé ! Je ne suis pas mécontente de l'avoir achevé.



Par ailleurs, la fin saupoudrée de saccharose à l'américaine ne m'a pas emportée. Une fin qui m'a fait lever les yeux au ciel en observant une demi-étoile s'envoler avec les mille petits pas un rien magique. Je n'aime pas le sucre dans mon café.

C'est dommage car le travail consciencieux et pragmatique de l'écrivaine me laissait imaginer une issue plus réaliste.



Et maintenant, mille grandes envies m'attendent...



Lu en décembre 2019 - janvier 2020
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Mille petits riens

L'histoire...

Ruth, afro-américaine et veuve de soldat mort en Afghanistan, élève seule son fils de 17 ans, tout en travaillant en tant que sage-femme. Cela fait plus de vingt ans qu'elle travaille dans le même hôpital, elle s'y sent bien et est respectée de tous. Consciencieuse et bienveillante, ses compétences ne sont plus à prouver. On peut compter sur elle.

Turk et Brittany, une jeune couple de suprématistes blancs, sont sur le point de devenir parents. Leur premier enfant, un petit garçon prénommé Davies, voit le jour dans la maternité de hôpital. C'est Ruth qui lui donne les premiers soins. Le bébé est en bonne santé, mis à part un petit souffle au cœur détecté par la sage-femme. Mais, avoir affaire à une femme noire contrarie fortement les jeunes parents. Turk en vient à formuler une requête un peu spéciale auprès de l'équipe soignante. Ruth est alors écartée, elle ne doit plus s'occuper du bébé.



Jusqu'au jour du drame...

Tout bascule le lendemain. Davies décède à la nursery. Les parents sont anéantis. Toute l'équipe intervient pour tenter de le ranimer, en vain. Les dernières choses que voient le père de l'enfant sont les mains de Ruth sur le thorax de son fils en train de lui prodiguer un massage cardiaque. Alors, ça y est, la coupable est trouvée. Ruth a touché Davies alors qu'elle ne devait pas. Ruth est responsable de sa mort. Elle va payer. Une plainte est déposée. La justice est saisie.

C'est alors qu'intervient Kennedy, une avocate spécialisée en défense publique. C'est sa première grosse affaire. Elle est chargée de s'occuper de la défense de la sage femme. Les deux femmes se rapprochent, sympathisent. L'avocate se prend d'affection pour Ruth, injustement accusée d'avoir tué le nourrisson d'un couple suprématiste. L'affaire est médiatisée. Ruth est mise à pied le temps que la justice tranche. Commence alors le combat d'une femme accusée de meurtre, non en raison de son incompétence, mais de sa couleur de peau.



[...]

Jodi Picoult aborde dans ce magnifique ouvrage, le problème toujours d'actualité du racisme en Amérique. Le récit se déroule en 2015, mais lors de la lecture, on a l'impression de faire un bond en arrière et de se retrouver dans les années 1950, époque de discrimination raciale.

L'histoire démarre très vite sur la mise en accusation de Ruth Jefferson et alterne les points de vue de chaque protagoniste. L'ironie de la situation est celle où Ruth est défendue par une avocate blanche plaidant une de ses premières affaires pénales, alors que Turk et Brittany sont défendus par une avocate noire sans scrupules. A l'ère où il est encore tabou de parler de racisme dans un procès public aux Etats-Unis, Kennedy saura-t-elle sauver sa cliente de l'engrenage du système judiciaire américain?



Un livre terriblement bien écrit, un roman percutant, happant le lecteur jusqu'à la dernière page. Magnifique ! Un véritable coup de cœur.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Mille petits riens

J'ai dévoré ce livre. Impossible de le lâcher. Passionnant.

Comme quoi il n'est pas indispensable d'être un thriller ou un polar pour coller son lecteur et le rendre incapable de lâcher son bouquin.

Un roman sur le racisme, sur les préjugés. Sur la violence de la Justice aussi. Ou comment une infirmière noire est accusée par un couple de suprémacistes blancs d'être responsable de la mort de leur bébé.



L'histoire se déroulant, la question qui est sous-jacente est qu'est-ce que le racisme, à partir de quand accoler cet adjectif. Ca nous renvoie à nos propres réactions sur la question.

Un très bon roman. Une auteure à suivre !



Challenge pavés 2020
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Mille petits riens

Il n’y a pas à dire les éditions « Actes Sud » ont le don d’éditer de petites pépites. « Mille petits riens « de Jodi Picoult en fait partie, c’est incontestable. Il est tout de même rare qu’un pavé de 600 pages soit aussi passionnant de la première à la dernière ligne.

Aucun temps mort de bout en bout, on ne peut que dire « bravo ».



En prenant son service par une belle journée d'octobre Ruth Jefferson, afro-américaine, est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Elle est sage-femme depuis plus de vingt ans. Employée modèle, appréciée et respectée de tous, c’est une mère dévouée à son fils adolescent qu’elle élève seule depuis que son époux est décédé en mission dix ans plus tôt.

Rien d’extraordinaire en somme.



Pour Turk et Brittany Bauer, jeune couple de suprématistes blancs, ce devait être le plus beau jour de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Mais dans quelques jours, il deviendra le plus horrible.



Parce que Ruth est noire, le couple refuse catégoriquement qu’elle s’occupe de leur bébé et surtout qu’elle le touche. Sans le moindre questionnement, sa hiérarchie accède à la requête du couple et lui interdit de s'approcher du nourrisson. Mais quand le drame survient et que l'enfant fait un arrêt respiratoire, Ruth par un mauvais concours de circonstance se retrouve seule avec lui…la coupable est toute trouvée. Vengeance ? Négligence ?



Kennedy, avocate de la défense publique, a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis. Alors rien d’anormal lorsqu’elle décide de défendre une sage-femme noire accusée d’avoir tué le bébé d’un couple de blancs.



Partant de ce drame, Jodi Picoult nous offre un roman à trois voix captivant et émouvant. Nous nous trouvons en immersion totale dans cette Amérique contemporaine confrontée à l’un de ses pires démons : le racisme accentué aujourd’hui par la résurgence de groupes néonazis déferlant leur haine envers tout ce qu’ils ne considèrent pas faire partie de « la race supérieure blanche » : noirs, juifs, homos……

Sans jamais tomber dans les nombreux clichés trop souvent véhiculés, la romancière s’attaque à un sujet extrêmement difficile et dangereux à aborder, en particulier aux Etats-Unis.

Elle n’épargne personne d’un côté comme de l’autre et c’est un vrai tour de force qu’il faut indubitablement souligner. Son récit nous submerge, nous révolte souvent mais surtout nous pousse à réfléchir sur nos propres convictions et sur ces « mille petits riens » du quotidien qui peuvent devenir en y réfléchissant, autant de pas vers l’autre.



C’est pour moi un gros coup de cœur et une magnifique découverte ne connaissant pas auparavant Jodi Picoult. On sent derrière l’écriture de l’auteur un vrai travail de documentation et de recherche. Je le conseille vivement à tous ceux qui s’interrogent sur le racisme encore si présent de nos jours aux Etats-Unis.



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