Voyez-vous, dans le monde connecté, tout passe par des plateformes. C’est le gérant de plateforme qui a le plus de pouvoir et fait un maximum de bénéfices. Je n’ai pas besoin de vous le dire. Quoi de plus évident que de taxer davantage ces plateformes ?
On ne devrait pas gérer un pays comme un grand groupe, dans le seul but de faire des profits. On a essayé suffisamment longtemps, non ? Ça sape la cohésion sociale ! Après quoi la moindre crise devient catastrophique.
La quête de soi est sans doute un vieux truc propre à l’humanité. À moins que toutes ces salades soient arrivées avec les temps modernes ? Ou est-ce un hobby de luxe qui existe seulement depuis que la vie n’implique plus seulement la survie ?
— Le chômage, dit-il. La lutte contre le chômage, voilà notre topic numéro un.
— Et si on luttait contre le travail plutôt que contre le chômage ? demande Peter. Je ne sais pas ce qui est pire : le fait que tant de gens soient au chômage ou que la plupart des actifs aient un boulot de merde qui n’a aucun sens.
On a interdit par exemple toute critique du gouvernement, jugée stupide parce qu’elle ne change rien.
On a interdit le tri des déchets, jugé stupide parce qu’il ne permettra plus de sauver la planète.
— Tu es complètement cinglée.
— Évidemment, dit Kiki. C’est la seule façon d’être libre.
— J’avoue que c’est plus difficile que ce que j’avais prévu, dit John.
— Quoi exactement ? demande Aïcha.
— De trouver une réponse à la question de Bertrand Russell.
— Qui ? demande Tony.
— Un philosophe anglais décédé, dit Aïcha. Il a dit : « La question aujourd’hui, c’est de savoir comment persuader l’humanité de consentir à sa propre survie. »
— C’est étonnamment difficile”, dit John.
Kurt Vonnegut a écrit : « Les machines sont des esclaves. Celui qui entre en concurrence avec un esclave en devient un lui-même. »”
Il y a une question que tu devrais te poser, dit le vieux. Vivons-nous dans une dictature aux méthodes si subtiles que personne ne remarque que nous vivons dans une dictature ? Il en découle la question suivante : est-ce une dictature si personne ne remarque que c'en est une ?
— On a demandé un jour à Jan Hein Donner comment il se préparerait à une partie d’échecs contre un ordinateur, et il a dit : “J’apporterais un marteau.”