AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Léonard de Vinci (25)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Traité de peinture

Une recomposition raisonnée des textes originaux traduits, commentés et mis en relations avec les œuvres d'un des trois principaux génies de la seconde renaissance italienne par un des plus grands spécialistes français de cette période. Incontournable. De plus, d'autres vies de Léonard écrites par trois contemporains ou immédiats suiveurs, Paul Jove, l'anonyme Gaddiano et Giorgio Vasari, accompagnent le texte. Les reproductions, un peu sombres pour les peintures, ont l'avantage de faire ressortir la matérialité des œuvres. Par comparaison, l'imposante monographie parue plus récemment chez Tachen a choisi un éclairage plus fort qui "débouche" certains coins d'ombre. Opération assez compréhensible puisque Léonard est à l'origine d'un style d'éclairage que l'on nomme le clair-obscur qui devient après lui, poussé à certaines extrémités, le ténèbrisme. Cependant ce léger excès de lumière lisse la surface pigmentaire. Pour revenir sur l'ouvrage d'André Chastel, il s'agit d'un joyau que l'on se doit de lire (et de posséder) si on s’intéresse à l'artiste.
Commenter  J’apprécie          270
Léonard de Vinci

******



500 ans déjà…



Le Louvre se devait de frapper fort à l’occasion de ce cinq centième anniversaire de la mort de Léonard de Vinci en 1519 au château du Clos-Lucé près d’Amboise.

La vision du catalogue m’avait déjà impressionné. Magnifique ! : lourde couverture cartonnée dans des tons bruns chauds, et le regard enjôleur de « La Belle Ferronnière » qui me fixe intensément. Troublant…



Que dire de cette exposition que je viens de visiter juste avant sa fermeture ? Les adjectifs sont trop faibles pour la décrire : remarquable, superbe, éblouissant…

Rien moins que 150 œuvres sont rassemblées : dessins, peintures, objets d’art, manuscrits, venant des plus grands musées dans le monde. Une occasion unique de voir onze tableaux (avec « La Joconde ») du maître sur la vingtaine qui lui est attribuée.

La collection du Louvre, la plus importante au monde, représente l’essentiel des oeuvres : 5 tableaux et 22 dessins.

Le Louvre a réussi l’exploit ! Les commissaires de l’exposition, Vincent Delieuvin et Louis Franck, en se livrant à une étude fondée sur les documents et textes conservés, ont permis aux visiteurs de s’approprier le parcours de vie de ce génie universel, depuis ses débuts à 13 ans lorsque son père le fit, à Florence, entrer dans l’atelier du peintre et sculpteur Andrea Del Verrocchio, jusqu’à ses derniers jours en France.

La « Joconde », trop fragile, est restée douillettement installée dans sa salle habituelle où les visiteurs la dérangent constamment en ne cessant de la mitrailler pour l’immortaliser. Elle devrait porter plainte… Elle en a vu d’autres…



Je parcoure les salles au petit trot. L’intimité du maître m’est offerte. La présence de l’artiste est constante. On se sent humble devant un tel génie universel.



Je passe rapidement sur la partie consacrée à la science. Léonard de Vinci était curieux de tout : peinture, poésie, musique, mathématiques, anatomie, hydraulique, astronomie, botanique, architecture ou géologie. Jusqu’à la fin de sa vie, il rédigera des notes regroupées dans des codex. À Amboise, avant de mourir, il les confiera à son disciple Francesco Melzi qui les ramènera en Italie. L’exposition montre de nombreuses feuilles originales issues de ces Codex qui nous restituent la science léonardienne. Le célèbre « Homme de Vitruve » est également présent. Immense travail ! Il est aisé de comprendre pourquoi Léonard nous laissa si peu de tableaux, pour la plupart inachevés ou non terminés.



Je me concentre sur les peintures.

« (…)bre 1478, j’ai commencé les deux Vierge Marie ». Il semblerait que Léonard, alors qu’il est encore chez Verrocchio, ait ébauché la conception de deux peintures de Vierge à l’enfant. De superbes études pour une « Madone au chat » font regretter qu’il n’existe pas de peinture autographe.

L’exceptionnelle « Madone Benois », peinte sur bois en 1480, envoyée par le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, est présente dans l’exposition. À mes yeux, il s’agit du premier chef-d’œuvre du peintre : le sourire joyeux de la femme à son enfant ensorcèle les visiteurs attroupés devant l’œuvre.



Les quatre toiles du maître appartenant au Louvre sont évidemment les plus admirées par les visiteurs.



LA VIERGE AUX ROCHERS

Ce grand tableau, sombre, mériterait la restauration que les trois autres ont subie récemment.

À 30 ans, en 1483, Léonard est très demandé. Il a obtenu la commande pour une chapelle de Milan de ce grand tableau qui est l’élément central d’un retable. Il en existe une deuxième version à la National Gallery à Londres.

Le tableau forme une pyramide harmonieuse. Dans une grotte, la vierge Marie est entourée d’un ange souriant soutenant l’enfant Jésus assis sur un rocher. Celui-ci fait face au très jeune saint Jean le Baptiste agenouillé en prière. Dans une atmosphère crépusculaire en clair-obscur l’artiste joue sur les ombres et non les contours. Il s’agit déjà du fameux « sfumato » qui va le rendre célèbre. Ce style rompt avec la production florentine à la mode.



LA BELLE FERRONNIÈRE

Restaurée en 2015, après la Sainte Anne, les belles couleurs chaudes ont été conservées.

Le regard en oblique de la femme qui est devant moi présente, en pleine période de la Renaissance, une nouvelle approche dans l’histoire du portrait. Vêtue d’une robe rouge à l’emmanchure ornée de rubans, elle est tournée de trois-quarts, mais, curieusement, sa tête s’oriente de l’autre côté, comme si quelque chose avait soudainement retenu son attention. Son regard m’observe étrangement. Cette femme si séduisante me met mal à l’aise…



SAINTE ANNE

Avec le « Saint Jean Baptiste », elle termine l’exposition. À mes yeux, il s’agit de la plus belle des cinq toiles que possède le Louvre.

Commencée en 1501, à Florence, l’artiste méditera sur le thème de la « Sainte Anne » jusqu’à la fin de ses jours. Avec le « Saint Jean Baptiste » et la « Joconde », il traversera les Alpes avec elle lors de sa venue en France en 1516. La tendance de l’artiste, novatrice, à laisser ses peintures inachevées, apparaît, surtout dans le somptueux paysage rocheux en fond.

Grâce à sa récente restauration, nous pouvons contempler à nouveau, comme la voyait Léonard avant de mourir, cette scène familiale : assise sur les genoux de sa mère Sainte Anne, la Vierge abaisse son regard avec un sourire bienheureux sur l’enfant Jésus qui joue avec l’agneau symbolisant son futur sacrifice.

La toile a retrouvé ses transparences dans les robes et les voilages, ses teintes vives et froides. Les bleus de lapis-lazuli et les rouges violacés s’expriment à nouveau. L’exquis modelé des figures apparaît dans son état de fraicheur initial.



SAINT JEAN BAPTISTE

Sur un fond sombre, le prophète apparaît, jeune éphèbe avec ce sourire radieux à la Léonard, lumineux, tourné légèrement de trois quarts, le bras droit levé vers le ciel.

Restauré en 2016, des vernis anciens non enlevés totalement ont laissé la teinte des chairs très chaude. Les dames et damoiselles devaient s’arracher ce beau jeune homme…



Je suis resté un long moment devant un dessin qui serait le premier dessin (connu) de l’artiste : « Paysage de la vallée de l’Arno ». Il a inscrit la date de 1473, à 21 ans.

D’autres dessins et études du maître m’ont réjoui par leur virtuosité dont le magnifique dessin d’une étude de figure pour l’ange de la Vierge aux rochers.



Ouf ! Léonard m’a épuisé ! L’émotion est toujours présente…



***



Cet article apparaît également dans mon blog, mais, cette fois, avec les images des œuvres, ce qui change tout.



***


Lien : http://www.httpsilartetaitco..
Commenter  J’apprécie          169
Les Carnets de Léonard de Vinci, tome 1

Les cinq milles pages de notes manuscrites de Léonard compilées en deux tomes pour un total approximatif de mille deux cents pages imprimées et, Ô surprise ! seulement deux minuscules illustrations sur les couvertures ! Imaginez ma déception de lecteur. Les arts visuels sont sacrifiés au bénéfice des arts du langage, et le travail de ce génie polymorphe dénaturé.
Commenter  J’apprécie          163
Les pensées de Léonard de Vinci

Un beau souvenir à ramener d'une visite dans la demeure de Léonard de Vinci le Clos Lucé. Ce petit livre est remplit de citations du célèbre inventeur.
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
Commenter  J’apprécie          150
Dix auteurs classiques italiens

Comme son nom l'indique, dans Dix auteurs classiques italiens, Isabelle Lavergne a sélectionné de petits textes de dix grands auteurs. On y retrouve, entre autre, Pétrarque et Manzoni.

Le livre se présente en version bilangue, avec l'italien à gauche et le français à droite. Des notes explicatives de vocabulaire se trouvent en bas de chaque page.

J'avais acheté ce petit livre au moment de mes premiers cours d'italien et ne l'avait jamais entamé, jugeant que le niveau était trop difficile pour moi. Six ans plus tard, j'ai trouvé l'italien du XIVème siècle encore peu accessible ; heureusement qu'il y avait la traduction ! La compréhension des textes datant d'avant le XIXème siècle est ardue, l'italien moderne étant né récemment.



Challenge ABC 2019/2020
Commenter  J’apprécie          110
Traité de peinture

On sait que dès 1490, Léonard envisageait la publication d'un traité de la peinture. Il entreprit d'ordonner ses notes et ses dessins, mais il mourut sans avoir achevé ce travail. Par testament, il léguait ses papiers et tous ses livres à Francesco Melzi, gentilhomme milanais qui fut son disciple et l'accompagna en France. De retour en Italie, celui-ci décida de réaliser le vœu de son maître et se mit à préparer l'édition du Traité, mais mourut à son tour sans avoir abouti.

Ses héritiers dispersèrent les papiers de Léonard. Une grande partie fut acquise par le sculpteur Pompeo Leoni qui sélectionna et fit relier ce qu'il jugea le plus intéressant, formant ainsi ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Codex Atlanticus.

Mais l'histoire des papiers de Léonard a parcouru bien des chemins pour arriver jusqu'à nous, ce que nous raconte ce livre de façon fort intéressante.

On a beaucoup écrit sur l'homme de génie que fut Léonard de Vinci mais nul ne l'a fait avec plus d'autorité que Giorgio Vasari, témoin de son temps et chroniqueur aussi objectif que possible des artistes italiens et de leurs œuvres. C'est justement la traduction de la vie de Léonard de Vinci par Vasari qui est présentée ici, accompagnée également d'une biographie de Giorgio Vasari lui-même.

Le traité de la peinture, lui-même, est en édition bilingue : le texte original en italien, suivi d'une traduction française.

Bien évidemment, cet ouvrage en se lit pas comme un roman, on y vient au gré de nos curiosités car il est bien difficile pour le non érudit de prétendre suivre clairement le fil de la pensée de Léonard, fil qui semble présent pourtant, à chaque page, en chaque note ou précepte.

Chacun sait que Léonard était doté d'un savoir encyclopédique, mais quelque chose m'a frappée dans ses notes, c'est l’extrême précision de sa pensée, et je ne doute pas que l'enseignement qu'il dispensait à ses élèves devait être riche et de très grande qualité.

Un livre en tout cas du plus grand intérêt pour les artistes qui peuvent y trouver des réponses originales à toutes leurs préoccupations. Par exemple, il y a quelques jours, je me suis encore ressaisie de ce livre, car un ami hésitait à modifier un paysage qu'il venait de terminer, après qu'un autre ami lui ait fait une remarque sur un détail d'une cascade qui ne venait pas bien... Réponse de Léonard : note 62 : “Peintre, je te le rappelle, lorsque tu découvres de toi-même, ou grâce aux critiques d'autrui, certaines erreurs dans tes œuvres, il faut effectuer les corrections nécessaires, afin que, publiant ton œuvre, tu ne divulgues pas en même temps ta faiblesse. Ne te trouve pas d'excuse, en te persuadant que tu rachèteras ton infamie dans ton œuvre suivante. La peinture en effet en meurt pas dès sa création comme la musique, mais restera longtemps témoin de ton ignorance.”

Un ouvrage passionnant pour les amoureux de peinture mais aussi pour tout curieux d'en savoir plus sur cette figure de l'art.
Commenter  J’apprécie          100
Les Carnets de Léonard de Vinci

Léonard de Vinci est reconnu avant tout comme l'un des plus grands peintres de la Renaissance... alors qu'il était tellement plus, préférant se décrire lui-même comme un " peintre-ingénieur " aux multiples savoir-faire et doté d'une extraordinaire inventivité. Richement illustré , ce livre nous plonge dans les milliers de pages noircies de ses observations sur des sujets très variés.

Réparti en trois sections — art, science et dessin — cet ouvrage permet de découvrir les différentes facettes de cet artiste prolifique, qui traite de sujets aussi divers que la peinture, l'anatomie, la nature de la lumière, la méthode scientifique, mais aussi des problèmes pratiques de l'ingénierie. Grâce à sa fameuse " écriture en miroir ", ses esquisses et dessins les plus détaillés, ainsi que des extraits des textes de ses carnets, vous entrerez dans l'univers incroyable de ce génie universel, homme d'esprit aux innombrables talents.
Commenter  J’apprécie          90
Prophéties (précédé de) Philosophie et Aphorismes

Un tout petit livre et des heures de plaisir car on y revient souvent. Une curiosité. Pour tous ceux qui aiment bien se prendre la tête.
Commenter  J’apprécie          80
Maximes, fables et devinettes

Aperçu de l'esprit aussi incisif que concis d'un des plus grands esprits de tous les temps.



A découvrir et faire découvrir au plus grand nombre pour son authenticité et réalité.
Commenter  J’apprécie          60
Prophéties (précédé de) Philosophie et Aphorismes

Avec un grand mépris des superstitions, Léonard de Vinci, au gré des pages, livre ses pensées: une sagesse pratique et une vision très personnelle du monde.
Commenter  J’apprécie          51
Prophéties (précédé de) Philosophie et Aphorismes

Quelques idées semblent anciennes et dépassées. Difficile avec 5 siècles de rester jeune. Mais certaines pensées restent néanmoins intéressantes. L'écriture est un dépaysement, une rencontre avec une époque perdue.
Commenter  J’apprécie          50
Traité de peinture

Il s’agit ici d’une réimpression intégrale de l'édition de Bologne (1786) d'après celle de 1651 publiée à Paris par Raphaël Trichet du Fresne.

Le texte est illustré de planches gravées d’après les dessins de Nicolas Poussin.

La vie de Léonard ici décrite est de Giorgio Vasari.

Le livre comporte 8 parties composées au total de 935 articles.



La première est composée de considérations générales sur la peinture, la sculpture, la musique, la poésie, la science, leurs spécificités et leurs rapports réciproques.



La seconde débute par des préceptes généraux sur la peinture et sur le peintre, son atelier, son éthique, sa méthode, les points à observer ou à éviter, pour petit à petit aborder des questions de plus en plus techniques …



Puis viennent : les différents gestes et mouvements de l’homme et les questions de ses proportions, ensuite tout ce qui concerne les étoffes et les vêtements, puis l’ombre et la lumière, la perspective, puis les arbres et les verdures, les nuages et enfin l’horizon.



L’ouvrage se poursuit par un appendice d’une centaine de points qui concernent toutes les mesures du corps humains, les produits utiles à l’artiste et des recettes diverses, parfois étonnantes.

Puis par une quarantaine de planches de détails en monochromie de certaines œuvres du Maître.

Enfin, un autre appendice sur les principaux évènements connus et datés du Maître et de ses travaux.



Bien évidemment il existe d’autres éditions que celle-ci, plus pratique à consulter et à exploiter surtout.

Commenter  J’apprécie          40
Léonard de Vinci

Un ouvrage hyper complet pour les passionnés d'art et encore plus ceux de Léonard de Vinci.

Dans ce livre, on retrouve littéralement de tout cela va de la biographie aux œuvres (peintures et dessins) en faisant un petit détour rapide par les recherche plus scientifiques, le tout agrémenté d'un contexte historique hyper complet (basé sur de la documentation aussi bien historique que des recherches plus récente d’historiens et d’historiens de l’art).

Les textes sont malheureusement assez complexes pour une personne novice à cause de tous les termes techniques qu’ils peuvent contenir. Pour les plus initiés, j’ai personnellement trouvé que l’ensemble était assez fluide malgré la masse d’informations données.

Pour les illustrations, rien à redire bien au contraire, elles sont de très belles qualités même dans certains agrandissements. J’ai beaucoup aimé le nombre assez important mine de rien de réflectographies (infrarouge) et de cartographies de plusieurs composants.

Je vais garder un très long moment cet ouvrage de très belle qualité, précieusement avec moi avec certitude.

Commenter  J’apprécie          30
Les Carnets de Léonard de Vinci

Léonard le Génie. Léornardo le peintre. Le dessinateur. L'inventeur. Le proche de son mécène absolu, François 1er, qui l.'installe dans le célèbre "Clos Lucé" "

Donc ce recueil résume en dessins et reproductions picturales l'œuvre immense du père de La Joconde (ou, ses Joconde). L'homme aux mille facettes.

Bel ouvrage, cadeau de mes enfants rentrés d'un périple tourangeau.
Commenter  J’apprécie          20
Maximes, fables et devinettes



Il est toujours difficile d'extraire une pensée de textes fragmentaires, d'aphorismes, maximes et autres citations surtout lorsque l'auteur, génial et éclectique s'il en fut, n'est pas un homme de lettres et même, apparemment, était un vrai cancre en latin et un peu désinvolte dans l'orthographe du toscan (ça, par contre, c'est normal) : les matheux, ça a souvent été ainsi !



L'impression générale qui se dégage de ces trois types de bons mots est qu'ils furent prononcés dans des contextes mondains et facétieux.

Les maximes, cependant, sont parfois très austères, comme celle qui ouvre le recueil :



"Tu fais mal si tu fais l'éloge de quelque chose que tu ne comprends pas bien ; et si tu blâmes, tu fais plus mal encore."



ou bien des réponses plus ou moins bilieuses à des critiques qui devaient blesser sa susceptibilité, surtout lorsque son érudition ou sa méthode résolument empiriste étaient contestées :



"Celui qui dans une discussion se réclame de l'autorité ne met pas en œuvre l'intelligence mais plutôt la mémoire." (p. 17).



Colère et facétie font parfois bon ménage et je retiens cette bordée d'injures qui pourra sans doute être utile un jour où l'un d'entre nous aurait maille à partir avec certains collègues ou supérieurs hiérarchiques, sait-on jamais :



"En voilà quelques-uns qui méritent qu'on les appelle ainsi et pas autrement : tuyaux à nourriture, entasseurs de fiente, remplisseurs de chiottes. Par eux, rien d'autre n'apparaît au monde, aucune vertu jamais ne s'accomplit, et à la fin il ne reste d'eux que des chiottes pleines." (p. 36).



Parmi les fables, on trouve certains motifs classiques comme les thèmes animaliers ou l'anthropomorphisme des objets et éléments naturels afin d'en tirer parfois une moralité, d'autres fois de l'humour. Mais là aussi il est quelquefois difficile de rire, sauf des grivoiseries explicites ou des paillardises ouvertement anticléricales - ou des deux conjointement. Le sexe et la désacralisation sont à l'évidence parmi les rares intemporels...



Même considération pour les devinettes, avec de surcroît la difficulté due à la différence des objets quotidiens qui nous entourent. Cependant il y en a une, aussi philosophique que prophétique, qui semble contredire tout ce que j'ai dit jusqu'ici. Elle nous frappe par sa modernité et son esprit "altermondialiste" :



"On verra des animaux peupler la terre et combattre entre eux, et s'infliger de grands dommages, et souvent se donner réciproquement la mort. Leur méchanceté ne connaîtra pas de limite. De leurs membres cruels, ils jetteront à terre une multitude d'arbres des grandes forêts du monde ; et, lorsqu'ils seront repus, ils assouviront leurs désirs en semant la mort, et l'angoisse, et la souffrance, et la peur, et la déroute parmi toutes les créatures vivantes. Leur orgueil sera si démesuré qu'ils voudront s'élever dans les cieux [...] Rien sur la terre, ni sous la terre, ni sous l'eau ne sera à l'abri ; ils pourchasseront, saisiront, abîmeront toutes les choses, les enlevant parfois d'un pays à un autre. [...]" (p. 110-111)



Pas besoin de révéler qui ils sont, n'est-ce pas ?
Commenter  J’apprécie          20
Les prophéties facétieuses

Outre son génie pictural et technique, Léonard de Vinci aimait tâter de la plume et il nous a laissé de nombreux carnets regroupant des pensées, des aphorismes et ici, des prophéties facétieuses.



Le temps était déjà aux prédictions apocalyptiques et De Vinci s'en amuse en présentant des actions quotidiennes comme des désastres à venir ou des catastrophes dépassant l'entendement en terme de cruauté. Tout est donc question de point de vue et d'interprétation, semble nous dire le génie florentin.



A lire à petite dose, en tentant de découvrir soi-même à quoi Léonard fait allusion dans chacune de ces énigmes prophétiques.
Commenter  J’apprécie          10
Léonard de Vinci

Plus qu'un catalogue des oeuvres présentées, ce bel et volumineux ouvrage rassemble les recherches et nouvelles analyses des commissaires de la grande exposition Léonard de Vinci au Louvre (2019).

Les deux auteurs, commissaires de l'exposition, ont estimé que le public avait déjà une connaissance minimale de la vie et de l'oeuvre de l'artiste et savant et commentent l'oeuvre de Vinci avec leurs regards d'experts. le texte est documenté, dense, pointilleux et exigeant.

Reflet de l'exposition, le livre aborde d'emblée l'oeuvre de Vinci par une série de dessins remarquables de drapés. La vie de Vinci, ou plutôt la chronologie des oeuvres et l'évolution du style est déchiffrée, au fil d'indices trouvés dans les actes d'état civil, les factures et des textes anciens. Un nouvelle traduction de la première biographie de Vinci par Vasari corrige quelques erreurs d'interprétation. Sont disséquées les peintures, après analyse des radiographies, pour distinguer la main, la singularité et l'innovation de l'artiste.

La réunion de plusieurs collections de manuscrits est exceptionnelle, mais elle ne s'offre pas au premier venu, malgré les explications.

Finalement, je retiendrai deux idées répétées à l'envie par les commissaires du Louvre : d'une part, la prééminence de l'artiste sur le savant (qui cherchait à comprendre la nature pour la représenter plus exactement). D'autre part, la liberté conquise par l'artiste, dans sa créativité graphique et picturale bien sûr, mais aussi dans son droit de ne pas achever les commandes qui lui sont passées, en quête d'une perfection forcément insatisfaite.
Commenter  J’apprécie          10
Les Carnets de Léonard de Vinci, tome 1

Tout amateur de peinture doit avoir médité ces carnets, cet art étant pour Leonard l'aboutissement de tout un ensemble d'observations de la nature, dont ces carnets regorgent, et c'est une merveille que d'apprendre à regarder avec l’œil de Leonard . Ne jamais oublier que cet homme qui se définissait lui-même comme "senza lettere" "sans lettres, i.e. il n'avait pas étudié le latin) se présentait comme "ingegnere" - ingénieur - ce qu'il fut d'abord pour le duc Sforza à Milan puis pour François 1er.
Commenter  J’apprécie          10
Maximes, fables et devinettes

Ecriture assez inégale.Intérêt aussi.Autant on peut s'y retrouver dans les maximes,inaliénables et universelles, autant les fables et devinettes laissent pantoises. Mais, dans le cas de ces deux dernières, ne faudrait-il pas se mettre en situation et lire et recevoir les fables et devinettes comme uun lecteur du 16ième siècle et non du 21ième? Notre compréhension en serait tout autre.
Commenter  J’apprécie          10
Prophéties (précédé de) Philosophie et Aphorismes

De Vinci sous LSD, mais pas tout à fait



Ou comment De Vinci combat les crédulités populaires de son temps.



Beaucoup semblent évidentes, mais il ne faut surtout pas perdre de vue le contexte historique de l'oeuvre. C'est plutôt à lire comme un recueil de citations ou de thèmes à méditer.



Par contre la lecture est laborieuse: phrases tortueuses, langage particulier ... Souvent il faut s'y prendre à plusieurs fois afin de saisir le sens d'un paragraphe, pour ensuite s'exclamer, en étirant de façon dubitative un sourcil en forme d'accent circonflexe gauche (chez moi le seul sourcil - accent circonflexe est le gauche, je travaille le droit mais c'est assez difficile et j'ai l'air absolument ridicule - scéances de grimaces devant le miroir, tout ça quoi) "oui, et?" ou bien "tout ça pour ça?", mais c'est parceque je n'ai pas appliqué systématiquement le précepte ci dessus, à savoir garder en tête le contexte.



Quant aux prophéties, on vire très vite au kitch, comme un mélange de Paco Rabanne et de Nostradamus. Disons plus exactement que l'absence de notes et bas de pages explicitant les références interdit toute compréhension rationnelle du texte qui évoque ici , je résume de façon excessivement grossière , un monde à l'envers, un peu comme dans le poème d'Aragon, la nuit en plein jour.



Bref, autant les aphorismes et la philosophie sont intelligibles, autant le reste --> ô_O



Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Léonard de Vinci (195)Voir plus


{* *}