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Critiques de Ketty Rouf (102)
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On ne touche pas

Osez osez Joséphine.

Osez dire qu’être professeure de nos jours est le plus beau métier du monde. Dans les bruits, les crachats sur la clenche, les boulettes de papier en projectiles, le je m’en foutisme général.

Osez osez Joséphine.



Descartes, Seneque et Socrate vous regardent. Dansez Joséphine. Déshabillez-vous. Qu’on vous désire, qu’on ne voie que vous, qu’on ait besoin de vous.



Joséphine elle ose. Le samedi est son plus beau jour. Celui où elle embrase la nuit et oublie tout ce qu’elle est dans la peau de Rose Lee. Là face aux hommes, sur ses talons aiguilles, entièrement nue, elle ose faire glisser un peu de poésie sur son corps imparfait.



Osez Joséphine. Ne pas être vous, ne pas être triste, ne pas avoir honte. Dansez Joséphine.



Entre le jour et la nuit, Joséphine pratique le On ne touche pas. En classe, on ne touche pas les élèves. Ni un mot de travers encore moins une gifle bien méritée. La nuit, nue et haut perchée, Rose Lee nourrit le fantasme, elle devient l’unique reine de la nuit, intouchable mais elle a tous les droits. Elle dirige, elle a le contrôle.



Ce roman offre un contraste saisissant entre le jour et la nuit, entre l’asservissement dans l’enseignement et l’affranchissement dans le monde de la nuit. Plus le quotidien de Joséphine la vampirise jusqu’au dégoût plus Rose Lee se libère, se contorsionne dans le plaisir et le lâcher prise.



Dans chaque femme se cache une sensualité enfouie et qui ne demande qu’à s’affranchir. On ne touche pas est un ode à la liberté du corps, un laisser parler des sens dans sa plus douce nudité. Qui ne rêverait pas d’être la femme idéale qui mène la danse de tous les fantasmes, tous les possibles ?



Ce roman sue de féminité dorée. Les perles sur le corps nu de ces danseuses de la nuit suintent l’extase d’être soi, libérée de la misère sociale, les perles brillent car elles ne naissent que quand une femme se sent femme, belle et désirable.
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On ne touche pas

Le jour, Joséphine, la narratrice, est prof de philo dans un lycée à Drancy, et la nuit, elle est strip-teaseuse dans un club des Champs-Elysées, le Dreams. ● Avec ce livre, Ketty Rouf dénonce l'impasse dans lequel se trouve le système scolaire français. On en demande toujours moins aux élèves, toujours plus aux profs qui sont sous-payés, méprisés, dépressifs et se prennent tous les coups. L'effort n'est plus valorisé, il faut se mettre à la portée de la paresse des élèves. L'encadrement, inspecteurs comme chefs d'établissement, est d'une lâcheté insondable : il ne faut surtout pas faire de vagues ; le moindre problème est étouffé. le métier n'attire plus, les concours se vident de candidats et le niveau des profs baisse comme celui des élèves. Un désastre, préparé par des décennies de pédagogisme, de sociologie de l'éducation post-soixante-huitarde et d'incurie des gouvernants. ● Tout cela est bien évoqué par l'autrice, malgré quelques situations peu vraisemblables, et le contraste entre le monde du jour et celui de la nuit est saisissant. Mais ce qui pêche dans ce roman c'est la quasi absence d'intrigue. La situation du début n'évolue presque pas, le lecteur a l'impression de tourner en rond. S'ajoutent à cela des pages peu digestes de réflexion conceptuelle qui sont représentatives d'un roman de philosophe. C'est assez ennuyeux.
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On ne touche pas

Voici un livre très original.

Joséphine, professeure de philosophie dans un lycée de Drancy s’interroge sur son métier, l’enseignement la déçoit, : Madame : «  La philosophie ne sert à rien, «  La philo ça prend la tête » «  Les philosophes c’est des oufs » ...



.Seul Hadrien, un de ses élèves s’insurge et le seul ami du lycée , prof : Martin, lui offre «  Rimbaud le fils » , de Pierre Michon. Elle traîne les pieds à chaque rentrée....

Joséphine mène sa vie branlante entre Xanax et ’ Tupperware , en salle des profs et différentes consignes de l’Education Nationale qui lui prennent la tête .

Le manque d’intérêt , de curiosité des élèves leur absence de «  goût de la pensée » la déconcertent, la déstabilisent , l’espèce de nivellement par le bas, lui offre une vision désabusée qui l’étreint et la paralyse .



Elle a le sentiment que , forte de son savoir livresque elle a vécu inculte ...

Inculte d’expérience , d’émotions vives, de connaissances de l’humain et d’elle - même .

Sauf que, minée par ce sentiment intime de dépression, non nommée—— , bien sûr —— elle fuit ces conditions de vie et de travail chaque nuit en réalisant un fantasme , elle s’effeuille dans une boîte branchée des Champs - Élysées où elle devient Rose Lee.

Cette double vie l’épanouit rapidement .....Elle se réapproprie sa vie, se réconcilie avec son corps ....adore le désir des hommes et le pouvoir qu’elle en retire ....

Entre légèreté , ironie, et profondeur à l’aide d’une belle langue à la fois, drôle et cynique, ce roman entre contraste, ambivalence , dualité permanente nous oblige à l’introspection afin de répondre à la question existentielle , du sens de la vie que l’on mène «  Ce qui dépend de toi , c’est d’accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi » .



Un roman à propos du corps de la femme, de l’image de la femme oubliée, faible, de la reconquête du corps , d’une féminité assumée , douce , tout en sensualité ...

Un premier roman qui surprend ,ose, interroge—- nous interroge ——-sur nos préjugés et nos choix, notre estime de soi.

La plume sensible, franche, sensuelle entre corps désiré et misère du corps enseignant fait voler en éclat les préjugés sur la société .

Elle fait réfléchir d’une façon bouleversante à l’image de soi, nos rapports à l’autre , nos schémas de fonctionnement et une certaine forme de sagesse , peut - être .

Un récit d’affranchissement ? De double vie ? De questionnements à propos des tabous éternels de la sexualité ? Je n’ai pas les réponses .

Un ouvrage surprenant !

«  On n’est pas fait pour mourir —— Il a répété d’innombrables fois cette phrase —— Vivre c’est faire comme si on n’était pas fait pour mourir » .
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On ne touche pas

Joséphine est professeur de philosophie dans un lycée à Drancy. Entre les cours, les élèves difficiles et les mesures s'imposant aux enseignants du jour au lendemain, Joséphine est absorbée par un quotidien qui ne lui correspond plus. Elle attend une mutation qu'elle n'obtient pas. Alors, pour sortir un peu de cette morosité, elle prend des cours d'effeuillage une fois par semaine et attend le vendredi soir avec impatience.



Puis un jour, le moment de mettre en pratique arrive naturellement. Joséphine devient alors Rose Lee et se produit dans un club de strip-tease des champs-Elysées tous les soirs, menant ainsi une double vie entre le jour et la nuit.



"On ne touche pas" est le premier roman de Ketty Rouf. Comme son héroïne, l'auteure est diplômée en philosophie et a enseigné à Paris tout en suivant des cours de danse classique. J'ai aimé le thème abordé, la narration et le fil de l'histoire à l'écriture fluide et directe prônant la liberté et le désir d'une femme de se réconcilier avec son corps.



Joséphine ou Jo aime la philosophie mais son métier l'use, elle n'y trouve plus le plaisir et la motivation qui l'avaient guidés dans ses études. Aujourd'hui, elle survit dans une Education Nationale qui faiblit, laissant les enseignants subir des élèves de plus en plus irrespectueux.

Jo ne se sent plus exister, ses semaines sont toutes les mêmes, les trajets sont son "chemin de croix". Ses seuls moments d'évasion sont la littérature et la prise d’anxiolytiques, et surtout les cours de danse.



Un soir, elle se lance et devient Rose Lee dans un club parisien.

"Rose Lee, comme Gypsy Rose Lee ! C'est pour elle qu'on a inventé le mot striptease dans les années quarante. Une figure mythique de l'effeuillage burlesque...

C'est peut-être elle que je regarde dans la glace des loges. Je porte la robe noire, celle de la stripteaseuse. Sur moi, une nouvelle peau, incomparablement douce que l'ancienne. Et si je le faisais, juste une nuit pour voir ? Une nuit, être l'autre femme..."

Dans le monde de la nuit, des amitiés se créent. Et pendant qu'elle se dénude, il y a ces hommes, pour la plupart mariés, qui s'ennuient dans une routine, qui s'essoufflent dans un couple ou dans une relation ne leur correspondant plus. Alors, ils viennent regarder, prendre du plaisir, fantasmer avant de retrouver leur quotidien.



Un récit que j'ai aimé. Le texte se lit vite. Les chapitres s’enchaînent et alternent entre une routine dans laquelle l'héroïne s’essouffle et le monde de la nuit dans lequel elle revit. L'auteure parle de l'image de la femme, de l'estime de soi, du besoin de se sentir libre, de (re)devenir vivante et de s'affranchir des contraintes sociales.



Une lecture que je recommande vivement.

Un très bon premier roman et une belle découverte.

Je remercie les éditions Albin Michel pour cette lecture.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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On ne touche pas

J’ai littéralement dévoré ce roman, en seulement quelques heures. Il n’y a pas à dire, on est happé par cette histoire, on est entraîné dans le tourbillon de cette incroyable aventure. D’entrée, on ressent le côté morne de la vie que mène Joséphine, on accompagne sa descente aux enfers, on flirte avec sa dépression…



Et puis Ketty Rouf décrit remarquablement la relation complexe que cette femme entretient avec son corps… mais n’est-ce pas, en réalité, le cas de chacun d’entre nous ? Qui peut dire qu’il est parfaitement en accord avec son corps, même si, naturellement, toutes les gradations sont dans la nature ? Cette question profondément intime ne peut pas laisser le lecteur, quel qu’il soit, indifférent. Cette réflexion sur notre dimension physique, et sur la réappropriation de son corps par Joséphine est tout simplement captivante.



Mais le véritable coup de génie de l’auteure, c’est peut être d’avoir eu l’idée d’opposer ces deux mondes tellement différents qu’ils semblent imperméables l’un à l’autre, celui de l’enseignement et celui de la nuit. Pourtant, ces deux mondes sont ceux qu’habite une même personne, notre héroïne, Joséphine – et, en plus, elle s’appelle Joséphine ! -. Avec Joséphine, on piétine dans les couloirs d’un lycée en attendant que la cloche annonce le début des cours, et on se traîne tout au long de journées grises et ennuyeuses. Mais avec Rose Lee, le soir venu, on retrouve le Dreams, l’alcool, l’excitation et l’argent facile, entre talons aiguilles et lingerie fine ! Cette dichotomie est remarquablement mise en scène !



Entre bienséance et fantasme, il n’y a qu’un pas. Mais ne croyez pas que ce livre est sale, pervers, nauséabond. Libre et sensuel, il est, au contraire, lumineux et clairvoyant. Ce personnage de femme, créé par l’épatante Ketty Rouf, est envoûtant et enivrant !



Alors ? Alors, ne faites pas comme moi ! Prenez le temps, pour bien profiter de cette lecture : effeuillez doucement ce livre. Et comme disait Juliette Greco, « oui, mais pas tout de suite, pas trop vite »…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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On ne touche pas



Joséphine s'accommode tant bien que mal de sa vie de professeur grâce à l'amitié d'un collègue et l'éveil de l'un de ses élèves à sa matière: la philosophie.

Mais comme elle sent que cela ne lui suffit plus, elle s'évade à travers une activité aux antipodes : le striptease. Finalement, il s'avère que cette tocade, qui lui permet de découvrir son corps et le désir qu'il peut susciter, lui permet de supporter les vicissitudes de sa fonction... tout en la mettant en danger : que se passerait-il si quelqu'un du lycée surprenait sa double vie ?



Mêler philosophie à la découverte du corps... Une idée géniale qui pourrait viser une forme de plénitude ? Tout en nous divertissant, l'auteure pose des questions incongrues et troublantes, dans tous les sens du terme.
Lien : https://partagerlecture.blog..
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On ne touche pas

Joséphine, jeune professeur de philo qui officie dans un lycée de banlieue, mène une vie plutôt morne, lassée par des directives nationales qui rendent son enseignement assez ennuyeux.



Un jour, elle se décide de pousser la porte d'un cabaret/club de strip tease par hasard et va peu à peu se produire sur scène dans la peau d'un personnage, Rose Lee.



Elle va alors vite se rendre compte que l’effeuillage burlesque va devenir pour elle plus qu'une bouée de sauvetage, carrément la possiblité d'une double vie particulièrement stimulante et qui lui donnera la confiance en soi suffisante pour tenir dans la langueur des cours.



L'enseignement de la philosophie vs le monde de la nuit : comment ses deux mondes a priori totalement antinomiques peuvent ils cohabiter?



S'inspirant de son propre vécu, Ketty Rouf construit une fiction autour de ces deux mondes que tout semble opposer et qui vont se nourrir mutuellement, entre ombre et lumière .



Le contraste entre la rigueur des cours et la moiteur des nuits est particulièrement pertinent.



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On ne touche pas, c'est avant tout un beau récit de vie qui montre que la danse et le monde de la vie tout comme la philosophie- avec de beaux échanges épistolaires entre Joséphine et un de ses élèves peuvent devenir des moteur essentiel,



Avec sa plume sensible et percuante, , Ketty Rouf tisse une réflexion profonde sur nos préjugés, l’acceptation de soi et le désir de liberté , en mettant en exergue la difficulté que peuvent rencontrer actuellement le corps enseignant .



Un roman malin et bien mené!
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On ne touche pas

Avec ce premier roman d’une grande sensibilité, Ketty Rouf nous offre une histoire haletante qui se lit d’une traite, celle d’une femme qui cherche à échapper à son quotidien humiliant de prof de lycée en passant ses nuits à s’effeuiller sous le regard d’inconnus. De victime, elle cherche à devenir prédatrice, à retrouver confiance en elle en faisant bander les hommes dans ce club de striptease où elle a été embauchée. Poussée à bout, Joséphine décide enfin d’utiliser ce corps qu’elle néglige pour faire quelque chose qu’elle aime, pour devenir quelqu’un d’autre, pour ajouter un peu de magie à son quotidien morne.



Dans un style voluptueux et étourdissant, Ketty Rouf nous propose une réflexion sur la place du corps dans notre société où l’intellect a pris le dessus, sur les tabous qui entourent la nudité et plus encore le fait de vouloir la monétiser. Elle renverse beaucoup de fausses croyances sur les stripteaseuses en dressant le portrait de cette femme en retrait, dans ses pulls informes, férue de philosophie, esprit pur détaché de ce corps qu’elle a besoin de se réapproprier pour être plus heureuse. En opposant effeuillage et Education Nationale, elle pose la question de la hiérarchisation des métiers dans notre société : est-ce vraiment plus noble d’être professeure de lycée, vu les conditions et les maigres résultats ? Ne vaut-il pas mieux faire un métier que l’on aime, quel qu’il soit, plutôt que de se conformer à une injonction sociale ?



J’ai été, pour ma part, très choquée par les conditions de travail en établissement scolaire décrites dans ce roman, et probablement tirées de l’expérience personnelle de l’auteure dans ces établissements. Chaque anecdote nous montre à quel point le système est fait pour rendre les professeurs misérables et les élèves incompétents, en baissant les attentes, en simplifiant les exercices, en tolérant par faiblesse des comportements inadéquats. Pour autant, tout n’est pas perdu puisque certains trouvent des moyens détournés pour apprendre quand même, comme Hadrien et ses lettres pour comprendre la philosophie.



Par la richesse des thèmes abordés, la qualité du style romanesque et la curiosité qu’il suscite, On ne touche pas est un excellent premier roman d’une auteure à suivre !
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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On ne touche pas

Loin des conventions, des bienpensants et de la rigueur attendue d'un prof de philo, Joséphine qui suit des cours d'effeuillage chaque vendredi décide un jour de sauter le pas et de se lancer dans une boite de striptease. L'enseignement la déçoit, le manque d'intérêt et de curiosité des élèves l'éteignent et elle traine les pieds à chaque rentrée minée par une dépression qu'elle ne veut pas nommer. Elle fuit donc ces conditions de vie et de travail en réalisant un fantasme, dans une boite branchée des Champs-Elysées où elle devient Rose Lee. Cette double vie l'épanouit rapidement. Elle se découvre séduisante, sûre d'elle et semble enfin avoir le contrôle sur sa vie. Pour la première fois, elle jette sur elle-même un regard bienveillant et positif et commence même à s'aimer.



On comprend entre les lignes que Joséphine a une revanche à prendre sur la vie, sur son éducation, ses blessures. le monde de la nuit que d'aucun méprise lui fait découvrir une vraie solidarité féminine, une famille ainsi que les faiblesses et les failles des hommes. Sans jamais juger ces derniers, elle écoute, rassure, donne, vend du rêve et s'épanouit psychologiquement en même temps qu'elle s'éreinte physiquement dans cette double vie.





« On ne touche pas » est un livre généreux et touchant que je ne m'attendais pas à aimer autant. le début est un peu lent et Joséphine n'est guère avenante, trainant sa misère dès le saut du lit. Son regard sur l'école me paraissait aussi d'une extrême caricature. Mais au fil des pages, le ton change, les clichés se gomment un peu et le portrait déprimant du milieu éducatif prend les allures d'un plaidoyer pour un vrai changement dans l'Education Nationale. Et on ne peut que lui donner raison dans les critiques qu'elle formule sur le système, son extrême bureaucratisation, les programmes incohérents et vidés de leur substance qui poussent au désenchantement de profs désormais désabusés. Sans parler des efforts importants qu'il faut déployer pour continuer à éveiller les jeunes, les pousser à réfléchir, à apprendre pour eux-mêmes et allumer dans leurs yeux l'étincelle d'un avenir positif.







Entre légèreté et profondeur, dans une langue impeccable et cyniquement drôle, ce roman nous incite à l'introspection pour répondre à la question existentielle du sens de la vie. Et comme Marc Aurèle réfléchir à cette sentence pour ne pas avoir de regret : « Ce qui dépend de toi, c'est d'accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi. ».
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On ne touche pas

Ce roman trouve sa force dans l’antagonisme des vies du personnage. En effet, la narratrice est professeur le jour et stripteaseuse la nuit.



Le matin, elle se lève et va enseigner la philosophie à des élèves guère réceptifs. Elle prêche dans le désert. Quand il arrive un incident avec l’un d’entre eux, elle n’est pas soutenue par sa hiérarchie. La consigne est toujours à l’apaisement pour ne pas brusquer et ainsi éviter les conflits. On assiste donc avec elle à des scènes saisissantes dans lesquelles l’adolescent est roi. De plus, elle communique très peu avec ses collègues et est un peu isolée.



Lorsque le soleil se couche, elle devient une autre. Elle exhibe son corps et fait valoir ses atouts. Les hommes sont envoûtés et lui obéissent au doigt et à l’œil. Elle entre dans une communauté d’amies qui se soutiennent les unes les autres dans les moments difficiles.



Dans les passages à l’école, on sent toute l’impuissance des enseignants à faire leur métier face au nouveau système éducatif. Sur un podium, on constate toute la puissance des femmes face au comportement des hommes. Malgré les préjugés des bien-pensants, Joséphine est donc étriquée dans son rôle public et libérée dans son rôle caché. Son histoire permet de mettre le doigt sur les dysfonctionnement de notre société, sur la place des femmes d’aujourd’hui et sur leur rapport à leurs corps.



En douceur, Ketty Rouf bouscule le politiquement correct pour glorifier une certaine liberté de la gente féminine. Son premier roman est une claque littéraire qui remet un peu les choses en place. Sans prendre de gants, elle redonne une vérité au rôle de la femme, loin des préjugés ancestraux et du jugement patriarcal. C’est à la fois rafraichissant et grave quand on laisse au « deuxième » sexe le pouvoir de s’exprimer !
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On ne touche pas

Une prof de philo qui, par un coup de tête, se retrouve effeuilleuse dans un club.



Une femme face à son désir, celui de plaire, d’oser être libre, d’aimer son corps, de transgresser, de voir jusqu’ou elle osera, de vivre, de s’enivrer, de jouer et jouir du désir des hommes.



L’occasion aussi de parler de l’éducation nationale, de l’enseignement, du découragement, du regard qu’on préfère poser ailleurs et de toutes les petites – et grandes – hypocrisies
Lien : https://www.noid.ch/on-ne-to..
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On ne touche pas

Un premier roman réussi sur la double vie d'une jeune professeure de philosophie qui apprend des danses d'effeuillages pour ré apprivoiser son corps. Elle trouvera un emploi la nuit comme stripteaseuse. La journée, elle essaye de trouver un sens à son job de professeur face à des élèves dissipés.

J'ai aimé la personnalité du personnage, les relations avec ses collègues du club de striptease, avec un élève qui s'intéresse à la philo par le biais de sa vie...

Un joli roman.

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On ne touche pas

J’ai trouvé la couverture de ce livre très belle alors je l’ai acheté.

Et oui, parfois, je me laisse porter, emporter.

Joséphine est professeur de philosophie dans un lycée à Drancy (93). L’heure de la rentrée a sonné et Joséphine est déjà usée. Elle revêt son uniforme habituel : vêtements amples, chaussures confortables, sac pratique, visage impassible. Elle est transparente. Pour faire bonne figure et assurer des heures de cours, les anxiolytiques sont ses meilleurs amis.

Pour se vider la tête, Joséphine aime se balader tard le soir dans le dédale des rues de sa ville. Un soir de déprime, elle pousse la porte d’un cabaret et admire les jeunes femmes qui se dénudent en musique. Elle trouve ça beau, féminin, sensuel. Elle aime les paillettes, les talons aiguilles, le rose aux joues et le rouge aux lèvres.

Joséphine finit par sauter le pas elle aussi et devient Rose Lee. Elle apprend à s’aimer, à désirer et à se faire désirer.

Ce roman est un hymne au corps de la femme. Une réflexion sur l’acceptation de soi et une invitation à l’émancipation.

La plume de Ketty ROUF est tour à tour poétique, grivoise, émouvante. On oscille entre ombre et lumière. Les confidences de Joséphine résonnent forcément en chaque femme que nous sommes.

Une jolie surprise que ce premier roman de Ketty ROUF.

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On ne touche pas

Prénom : Joséphine

Age : 35 ans

Profession : professeur de philosophie

Signes particuliers : Ne trouve refuge que dans le Xanax pour supporter le sentiment de non existence entre une Education Nationale à la dérive, une hiérarchie enfermée dans une bulle et la vacuité d’une société

Hobby : la danse



Joséphine aime son métier mais elle désespère de le voir partir à vau-l’eau dans son lycée de Drancy. A quoi sert-elle ? Embarquée dans un navire qui coule par les non-dits, les carcans administratifs et les hallucinations d’une bureaucratie bien installée dans ses fauteuils à l’abri des débordements d’une salle de classe.



Lasse, son seul plaisir est d’aller à son cours de danse le vendredi soir où elle peut par son corps déverser toutes les mauvaises énergies qui l’ont pénétrée. Enfin elle se sent revivre !



Admise dans un autre cours, elle va danser sur des escarpins de douze centimètres. Au moment où elle note l’adresse d’un magasin de chaussures inscrite sur le mur de l’école de danse, une jeune femme pulpeuse s’approche d’elle en lui remettant un carton où sont indiqués un prénom, Andrea, un numéro de téléphone – je vous le donne au cas où : 06 12 18 76 95 – et avec la mention de bien vouloir se présenter au casting avec des escarpins, une robe et de la lingerie. Pas de pilou car les dessous sexy sont préférables, il s’agit d’un club de strip-tease au doux nom de « Dreams ».



Sans pratiquement aucune hésitation, la jeune femme va se lancer dans l’expérience de l’effeuillage devant des hommes qui ne pourront la toucher. Juste la regarder, se retenir quand elle les frôlera avec ses seins et fera augmenter leur désir sexuel. Rose Lee est née.



Un seul conseil, déshabillez ce roman, pas trop vite. Effeuillez chaque page, tourner les avec sensualité pour caresser les mots. Lisez avec délicatesse ce qui a été écrit avec souplesse. Voilà un roman où le féminisme met en valeur la femme sans dénigrer l’autre sexe, un roman où la femme accepte son corps, tel qu’il est, avec ses défauts et ses qualités, avec les marques du temps qui sont celles simplement de la vie. Considérer son corps comme un ami et non comme une charge que l’on n’ose plus regarder dans une glace ou par crainte de manquer de pudeur. Le corps fait partie de son âme, l’un ne va pas sans l’autre. User de quelques artifices pour le mettre en valeur mais la protagoniste se limite à quelques touches de maquillage.



De l’autre côté de la barrière, les hommes regardent mais ne peuvent toucher, le strip-tease au sein de l’établissement restant un spectacle pour la vue mais non pour satisfaire une érection.



Sur ce grand théâtre du désir, la primo-romancière fait défiler des portraits attachants de femmes et d’hommes avec philosophie en ne jugeant personne, par le mouvement des corps surgissent les faiblesses et les forces humaines.



L’autre intérêt de cette fiction, est le regard posé sur l’enseignement, l’un des plus beaux métiers du monde parce qu’il est non seulement indispensable mais parce qu’il transmet les connaissances et permet d’ouvrir les portes de toutes les destinées. Seulement, les moyens manquent et la pédagogie de la hiérarchie est quasi inexistante.



Un professeur devant ses élèves, c’est peut-être aussi une sorte de strip-tease, dévoiler les connaissances, donner l’envie du savoir mais en gardant de chaque côté ses distances, maintenir le respect pour continuer à profiter de ce qu’il y a de mieux dans les valeurs humaines.
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Mère absolument

Tout commence quand l'horloge biologique d'une femme fait des siennes et lui ordonne d'enfanter. Ce désir est irrépressible et toute sa vie va en être bouleversée. Avant de continuer ma chronique, je me dois une nouvelle fois de vous conseiller de ne pas lire la quatrième de couverture. Faites-moi confiance ! Ainsi, vous vous rendrez compte que « Mère absolument » n'est pas un énième roman sur la maternité. Il est bien plus que ça ! L'autrice vous emmènera sur des pistes beaucoup plus complexes que vous l'imaginiez.



L'histoire est découpée en trois parties, qui mélangent le temps et qui sont racontées par les trois principaux protagonistes. Mise bout à bout, elles représentent les pièces d'un même puzzle. Grâce à ses points de vue divergents, l'autrice nous offre les différentes versions de ces destins liés.



Le premier roman de Ketty Rouf avait été une énorme claque pour moi. Elle abordait la féminité de manière directe, sans concession et nous donnait une autre vision de la femme. Je suis content d'avoir retrouvé cette liberté d'écriture dans ce nouvel ouvrage. En s'attaquant à des thèmes assez tabous, cette écrivaine ne cherche pas à faire du politiquement correct. Sans concession, elle s'intéresse à la réalité cachée et nous ouvre les yeux sur des faits que l'on ne veut pas voir.



Ce livre fait appel à l'empathie du lecteur en nous installant à la place des personnages. Dans cette position d'impuissance, j'ai souvent grincé des dents devant la tournure des évènements. Je suis passé par toutes les émotions face aux injustices subies par les acteurs de ce drame.



Ketty Rouf prouve que la littérature est aussi là pour nous bousculer. Avec ce roman intimiste, elle nous offre une histoire moderne qui questionne autant qu'elle dérange. Je valide donc la première impression qu'elle m'avait laissée ! Vous savez ce qu'il vous reste à faire !
Lien : https://youtu.be/XD1ozWF2SUQ..
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On ne touche pas

Joséphine est prof de Philo dans un lycée de banlieue, la vie classique d’un prof qu’aucun élève ne veut écouter, qu’aucune direction ne soutient, et où quasiment aucune règle n’est respectée. Alors forcément, pour tenir c’est Xanax et somnifères, un peu d’alcool de temps en temps, et beaucoup trop de dégout de soi. Comment s’aimer quand on ne vous écoute pas, ne vous respecte pas, que ce pourquoi vous aviez choisi ce métier est tenu pour quantité négligeable par ceux à qui vous vous adressez chaque jour. …

Parce qu’un soir de déprime elle avait poussé la porte d’un cabaret, et enivrée par le champagne avait apprécié avec envie le déhanché et l’assurance de la jeune femme qui s’effeuillait et dansait face à elle, Joséphine décide d’aller suivre des cours de danse. Mais des cours d’un genre particulier, pour y apprendre à danser puis s’effeuiller devant de grands miroirs, s’obliger à se regarder en quasi tenue d’Eve et commencer à s’accepter, à s’aimer peut-être. …

Et ça marche, Joséphine prend tellement de plaisir à enfin être sûre d’elle, qu’elle tente même le métier de la nuit, la danse dans une boite où pour quelques billets bien placés sur une jarretière, les filles dansent nues pour des hommes qui n’ont jamais le droit de toucher.

La nuit, l’alcool, la compagnie des filles, belles ou pas, droguées ou pas, seules ou pas, deviennent une seconde vie, puis une passion pour cette prof désabusée qui peu à peu se transforme. Mais la vie de la nuit a aussi des inconvénients et des risques qu’il faut pouvoir assumer. En sera-t-elle capable et en a-t-elle vraiment envie, voilà sans doute la question importante à laquelle elle devra répondre seule.

J’ai aimé suivre la progression des pensées de cette jeune femme. Désespérée par ce métier de prof qu’elle avait pourtant choisi, elle va se construite autour de cette expérience de vie, d’émotion, de solidarité, de connaissance des autres et surtout d’elle-même qu’elle n’avait pourtant pas imaginée. Devenant cette Rose Lee assumée et assurée par l’acceptation de ce corps qu’elle rejetait peu de temps avant.



Lire ma chronique complète sur le blog #DomiCLire https://domiclire.wordpress.com/2020/09/08/on-ne-touche-pas-ketty-rouf/


Lien : https://domiclire.wordpress...
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On ne touche pas

Joséphine n'a plus l'envie, le système la ronge et elle n'a même plus l'espoir de quitter ce lycée qui la déprime où les élèves ne l'écoutent plus, son refuge est dans le Xanax et son amitié avec Antoine. Jusqu'au jour où elle pousse la porte d'un cours de danse pour apprendre l'effeuillage. Elle qui avait un corps androgyne sans poitrine quand elle était jeune va apprendre à apprivoiser ce corps, cette poitrine qui est finalement arrivée sur le tard, ces rondeurs... Elle va se sentir vivre, jusqu'à aller plus loin et tenter une audition dans un club de striptease, pour pouvoir se dire je l'ai fais! Contre toute attente elle va être embauchée. Ce monde de la nuit la solidarité, presque une famille, le jugement des autres les lie!



Pour elle c'est la révélation. Une vie schizophrène commence la nuit Rose Lee, le jour Joséphine, l'une ne doit pas empiéter sur l'autre et la première révèlera la seconde, lui donnera le courage d'affronter son quotidien et de dire tout haut ce qu'elle pense. En effet le quotidien de Joséphine est plutôt morose, la vision offerte de l'enseignement, "le plus beau métier du monde" est un constat amère et démoralisant et une des dernières tirades de Joséphine pour ses élèves est très belle.  



Le rapport au corps, à la sensualité, à la sexualité est au cœur de ce roman, c'est intéressant, ça interroge, ça déroute. Finalement la femme qui assume son corps voire l'utilise pour vivre est surtout jugée par les autres femmes mais dans l'imaginaire collectif il ne peut y avoir que des femmes de petite vie pour aimer le sexe et prendre du plaisir, que d'artifices existent pour mettre en valeur nos formes et que de jugements si nous les utilisons. La femme comme l'homme a le droit à la jouissance, a le droit d'aimer ses formes, de se mettre à son avantage sans être insultée! La vision de l'homme sous l'œil de Rose Lee est aussi très intéressante. 



Ce roman tout en sensualité, langoureux nous offre les femmes, toutes les femmes déroutant peut-être dérangeant, il bouscule sans tomber dans le vulgaire.  Ketty Rouf nous rappelle l'importance du plaisir à travers Joséphine. Son regard sur le rapport au corps ne peut qu'interpeler. L'alternance des deux vies de Joséphine est parfaite cela rythme la lecture. Chaque facette de sa vie est intéressante, de jour comme de nuit les deux côtés sont exploités avec justesse et se complète, la vie de professeur de philosophie n'est pas à la marge, et j'ai beaucoup aimé le rapport avec ses élèves, surtout sa correspondance avec Hadrien. 



Une très belle découverte que ce roman, pas de coup de cœur mais je vous le conseille. La plume vous happera et avec Rose Lee et Joséphine le roman exploite deux sujets de sociétés très intéressants. Petit-à-petit l'urgence se fait sentir, celle de devoir arrêter ce double jeux, celle que tout ne peut pas bien finir... 
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On ne touche pas

Dans "On ne touche pas", Joséphine enseigne la philosophie à des classes de terminales dans un lycée de Drancy, le jour. La nuit, elle est stripteaseuse pour échapper à un quotidien "métro-boulot-dodo", un quotidien d'une platitude totale.



Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee, elle découvre les paillettes, le glamour, les marques de luxe, le pouvoir de son corps exercé sur les hommes. Mais, tout bascule une nuit, une nuit qu'elle pensait originaire ; l'un de ses élèves entre dans le club de striptease et la reconnaît.



Un premier roman hautement mené entre deux univers complètement différents : celui de l'enseignement avec les difficultés actuelles et celui de la nuit. Une prof dégoutée d'un système qui ne lui permet pas d'enseigner correctement car ne peut exercer son autorité et sa façon pédagogique. A bout de ce quotidien, elle décide de devenir stripteaseuse. Et là, née deux âmes dans un seul même corps.



Ketty Rouf livre l'envers d'une société normée, aussi bien du monde de la nuit, de son image vulgaire aux préjugés grandissants, qu'au niveau du système éducatif.



Une plume qui allie à merveille des antipodes, car Ketty Rouf alterne un style humoristique et philosophique à al fois, avec ce petit quelque chose de léger mais toute en profondeur. Car l'auteure interroge son lecteur sur nos choix, nos préjugés et l'image de la femme.



Un portait touchant d'une femme quelconque qui va prendre sa vie en main et se réconcilier avec son corps.



Un premier roman réussit, éblouissant, flamboyant, sensuel mais sans aucune vulgarité. Ketty Rouf bouscule, libère, captive !
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On ne touche pas

Pour Joséphine, c’est la rentrée de trop.

Les mêmes bâtiments gris tristement percés de fenêtres en interminables rangées, les mêmes bancs sales, les mêmes collègues qu’elle évite autant qu’elle peut.

Elle a flanché avant sa première heure de cours : un bruyant évanouissement pendant l’assemblée générale, qui lui a valu six jours d’arrêt maladie.



Enseigner la philosophie ne lui apporte aucune satisfaction. Le lycée n’est pas un merveilleux nid de talents, les élèves se moquent bien de leur avenir et l’Éducation nationale pense statistiques avant de considérer le facteur humain.



Un soir, lasse de ne pas se sentir vivante, elle pousse la porte d’un cabaret chic de la capitale et commande une bouteille de champagne très au-dessus de ses moyens. Son désir de liberté l’enivre tout autant que les bulles. Elle envie la jeune femme décomplexée qui se déhanche sur scène en lingerie fine, l’œil assuré. Malgré ses griefs contre sa silhouette, Joséphine s’inscrit à un cours d’effeuillage qui s’impose vite comme son rendez-vous favori de la semaine. Son boa et ses bas résille sont désormais son échappatoire, le jardin secret dans lequel elle se réfugie quand ses heures au lycée la vident de toute substance. Sur ses talons aiguilles, elle existe. C’est le moment pour elle de devenir Rose Lee.



Rose Lee. L’héroïne d’un premier roman éblouissant. Une ode au corps, à l’acceptation de soi, une invitation à s’émanciper des diktats physiques et moraux. Ketty Rouf écrit comme on respire, avec naturel, une franchise politiquement incorrecte. Joséphine ne pense pas « seulement » comme une femme, dont j’aurais eu du mal à comprendre le raisonnement, elle pense comme un être humain qui s’en donne le droit et qui décide de s’en foutre, de rire des regards vitreux qui peuplent ses journées. Elle s’autorise à lever le nez sur le gris : elle veut du rouge, du flamboyant. Elle apprend à susciter le désir parfait, celui que seule la scène aux lumières psychédéliques peut offrir. Elle se joue des hommes qui abandonnent toute dignité devant un sein dévoilé, prêts à vider leurs poches pour lécher un talon. Chaque nuit n’est que sourires et audace. Loin des jérémiades philosophiques existentielles dont elle se nourrissait, Joséphine découvre son ascendant sur la gent masculine. Mais chaque matin, elle doit revêtir sa propre peau et laisser Rose Lee au placard, à côté du sac griffé que son salaire de fonctionnaire ne lui permet pas – et qui ferait jaser les curieux –, gommer toute étincelle dans son regard et s’affadir. Quand le jour se lève sur sa carrière d’enseignante, la déception, le désespoir l’étreignent. Face à l’échec de l’Éducation nationale, aux programmes qu’on allège à chaque rentrée pour présenter une réussite de façade, elle perd ses illusions de jeune professeur qui pensait pouvoir accomplir sa mission, celle de transmettre son amour de la réflexion, ses armes pour comprendre la vie et la vivre, plutôt que de s’en accommoder. Grâce à Rose Lee, Joséphine a appris à rejeter les concessions. C’est juste une question de timing.



Entre morne routine et nuits décadentes, avec un langage parfois cru, mais dépourvu de vulgarité, l’auteur brosse un superbe portrait de femme. Je me suis réellement attachée à ce personnage (et aux personnalités explosives et touchantes qui l’entourent), qui assume sa féminité et revendique avec fierté le pouvoir de son corps. Elle m’a bluffée par son impertinence, sa spontanéité. Dans une société où les femmes se transforment en furies pour peu qu’un homme leur tienne une porte, hurlant au féminisme bafoué, Joséphine, dont les choix de vie n’appellent pas au jugement, s’approprie son image et joue de ses charmes avec une grande élégance d’esprit.
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Mère absolument

Ketty Rouf nous livre un roman dérangeant et captivant qui ne vous laissera pas indifférent.



L’histoire commence par un prologue d’une femme qui explique qu’elle a grandi sans désir d’enfant et qu’elle a vécu heureuse pendant quarante ans.



« Je me suis toujours méfié des hommes, de leurs mots qui faisaient de moi "une de ces femmes à qui on veut faire un enfant". Je suis partie de plus en plus loin d'eux, vers des aventures où mon corps ne risquait pas de s'engager dans une course à la fécondation, et je n'ai pas attrapé la maladie. Celle de croire qu'une femme désire forcément enfanter et que, si ça ne lui arrive pas, elle est malheureuse toute sa vie. Pendant plus de quarante ans, j'ai vécu heureuse. »



L’autrice nous parle de Marie-Louise, dit Louise, quarante ans, cadre dans un hôpital, elle collectionne les hommes de manière assumée et qui a soudain un désir d’enfant qui se transforme en une véritable obsession.

Cette révélation se fait au décès de sa mère et cette obsession est de plus en plus dévorante.

Ce roman nous parle de maternité, de paternité et de filiation. Les thématiques sont fortes et bouleversantes.

Trois protagonistes.

Trois temporalités.

Une histoire.

Ce récit est découpé en trois parties relatées par trois personnages différents où l’on découvrira l’amour maternel inconditionnel. Ketty Rouf explore dans ce roman la toute-puissance maternelle et la dépossession des hommes.

D’une plume incisive, saisissante et d’une telle fluidité, Ketty Rouf pousse le lecteur à réfléchir et à se questionner.

La partie relatée par Ambroise m’a profondément émue.

C’est intéressant, passionnant et audacieux.



Ce roman est à lire absolument.








Lien : https://juliechronique.fr/20..
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