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Citation de sebthoja


Nicolas fouille les poches du mort, trouve du tabac et des morceaux de biscuit et contre son cœur, plié dans de la toile cirée, un portefeuille de cuir où sont rangées les photos d'une femme et d'un petit garçon endimanchés, une lettre qu'il n'ose pas ôter de son enveloppe, une coupure de journal, un bout de chaînette en or. Il tient un moment dans sa main ouverte ces bribes de vie dont il ne sait que faire et pose les yeux sur le visage de l'homme noirci de fumée, les joues piquées de quelques poils de barbe blancs et il aimerait savoir pourquoi il est venu mourir ici, loin des siens, et il s'aperçoit qu'il ne sait rien, au fond, de ce qui pousse encore ces femmes et ces hommes à se battre et à tenir encore la ligne quand tout commence à s'effondrer, quand ils n'espèrent plus qu' avoir la vie sauve. Faut-il donc que le rêve que font ensemble les prolétaires d'Europe soit à ce point puissant qu'il transporte des cœurs vaillants par-delà fleuves et monts, abandonnant ceux qui leur sont chers ? Ce songe est-il assez fou qu'on soit prêt à mourir pour que d' autres le réalisent un jour ?

Page 117, Rivages/Noir, 2019.
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