Cette nuit-là, il ne faisait pas assez froid pour espérer mourir frigorifié dans la rue, mais il pleuvait. Pas une de nos pluies à Douala. Il faut avoir connu d'autres pluies pour aimer la violence sans nuance des orages sous nos tropiques. Ceux où les enfants s'ébrouent dans la boue collante et ouvrent grand la bouche pour gober les trombes d'eau tièdes, celles qui crépitent sur les toits de tôle. Et la terre desséchée qui se met à embaumer.
Ici, il s'agissait d'un crachin glacial qui vous pénétrait jusqu'à la moelle, obscurcissait jusqu'au souvenir du soleil et amplifiait à l'infini l'écho de vos fragilités. Comme s'il pleuvait à l'intérieur de vous.
(p.245)