Chronique consacrée aux grands noms de la littérature policière, et animée, depuis octobre 2018, par Patrick Vast, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin).
Pour la 26ème chronique, le 12 décembre 2018, Patrick présente Georges J. Arnaud.
Patrick Vast est aussi auteur, notamment de polars. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://patricksvast.hautetfort.com/
Il a également une activité d'éditeur. À voir ici : https://lechatmoireeditions.wordpress.com/
La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62/
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"Que voulez-vous que je vous dise, avait répondu en mars 2001 G. J. Arnaud dans les colonnes du Figaro, écrire est mon plaisir en même temps que mon travail. Cela fait cinquante ans que cela dure. J'ai plusieurs centaines de romans à mon actif. L'an dernier, douze ont été publiés ou republiés et cela m'amuse toujours. Je ne réfléchis pas au pourquoi : je suis heureux d'écrire dans l'instant. » Le Figaro, 30/04/2020
Georges-Jean Arnaud (1928-2020)
Et si je peux coincer l'ex-I.G. Farben à travers ses filiales, je ne manquerai pas de le faire... Ces gens-là ont sauvé leur peau à Nuremberg grâce à la situation internationale d'alors, et je ne l'ai pas oublié. Ils avaient créé Auschwitz, mais on a jugé que c'étaient des hommes d'affaires normaux puisqu'ils avaient combattu le communisme... Voilà ce qu'on a fait... Tout un camp de concentration à la disposition de l'I.G. Farben... Deux cent cinquante millions de dollars investis pour la plus grande entreprise d'esclavage du monde moderne. Ils fabriquèrent le Zyklon B qui servit à liquider les malheureux déportés, et pour commencer cinq cent prisonniers soviétiques en août 1941...
Ce jour-là, avant de sortir, elle alla s'examiner longuement dans une glace de la salle de bains. Lucide, elle détailla son visage lourd et sans grâce; son nez gros, son menton épais. A vingt ans, elle passait pour jolie, à trente-cinq, elle était laide. Louis, son mari, ne manquait jamais de le lui rappeler, lorsque, mais plus jamais maintenant, elle lui reprochait de la tromper. Seul son corps gardait un charme certain, mais ce n'était plus suffisant.
Cette même nuit il y eut d'autres prodiges. D'abord une bonne dizaine de personnes entendirent passer une charrette traînée par un cheval, et d'aucuns prétendirent l'avoir vue. Elle était conduite par un homme vêtu de noir, avec une cagoule, et escortée de deux autres personnages habillés de même. Evidemment, on ne voulut pas les croire et on pensa qu'ils voulaient s'amuser un peu aux dépens des autres. Ensuite, plusieurs personnes entendirent heurter à leur porte, mais se gardèrent bien d'ouvrir.
Ce fut avant la nuit qu'on découvrit les trois cadavres de rats en pleine rue.
Le jour ne durait même pas le tiers d'une journée complète , et n'était qu'une sorte de nuage blanc délayant l'obscurité qui n'attendait qu'une chose , éteindre ce monde perdu .
Depuis qu'il était à Mergui, il avait vu arriver une bonne douzaine de ces illuminés. Des pasteurs de toutes les religions, des fanatiques de la vie sauvage, des aventuriers idéalistes. Aucun n'avait tenu plus d'un mois, et tous avaient trouvé très longue l'attente d'un bateau pour Rangoon. Le dernier qui voulait évangéliser les Dacoïts avait été retrouvé dans la jungle, à moitié nu et hébété.
A Naples, en pleine Italie fasciste avec des armes destinées aux républicains espagnols! Mais vous cherchez délibérément la provocation. Nous allons finir en prison. J'ai dépassé l'âge d'être purgé avec de l'huile de ricin. Il paraît que c'est le traitement que les policiers italiens infligent aux opposants plusieurs fois par jour.
Il avait choisi la porte. Moins de quatre secondes pour l'atteindre. Deux pour ouvrir et deux pour refermer. Combien de piqûres ? Dans cet endroit clos et à peine éclairé les abeilles s'énervaient de plus en plus. Très peu s'échappaient par le haut du rayon de lumière. Il ne pouvait attendre plus longtemps. Même au prix de cent piqûres il en réchapperait. Il pouvait choisir entre se lever très lentement et marcher de même. Mais il ne pourrait pas tenir jusqu'au bout, il le sentait.
Jusqu'à la porte il eut l'impression de voler et ne sentit pas les piqûres. Mais la porte refusa de s'ouvrir et il comprit son erreur. Il n'avait pas cru tout à fait au crime prémédité, pas pensé que la porte serait fermée à clé. Il se retourna comme un fou vers la fenêtre mais s'il put manœuvrer l'espagnolette, il ne put repousser les volets.
il ne pouvait ni avancer ni s'enfuir, subjugué par cette chaleur venue des entrailles de la terre.
Il leva les yeux machinalement et pour la première fois aperçut les hommes du froid , les hommes roux à moins de cent mètres . Ils habitaient en permanence sur le dôme, passaient leur vie à le nettoyer en échange de nourriture et de pacotilles . Ils vivaient nus ou presque et supportaient des températures effrayantes , en dessous du zéro . Lien en distinguait quatre , tous des hommes.