Paris, 1939. Après que Gabriel eut quitté la maison avec nos enfants, une grosse boule a commencé à pourrir dans mon ventre. J’ai donné un nom à cette douleur qui vous mange les chairs et que chacun d’entre nous subit deux ou trois fois dans sa vie : le cancer du chagrin.
Il avait semé des métastases partout et d’abord dans mon cerveau qui, refusant de s’arrêter ou de se concentrer, tournait à vide et en rond. Sans oublier les poumons qui respiraient mal, ni le gosier où plus rien ne passait, ni les tripes que tordaient souvent des crampes atroces.