AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frank Miller (405)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


300

J’ai lu cette BD deux fois avant d’en faire une critique. Tant mes sentiments sont partagés.

Reçu dans le cadre d’une mass critique (merci à Babelio et aux éditions Huginn & Muninn), je l’ai d’abord lu d’une traite et c’est un choc visuel et émotionnel.

Souvent, on résume d’abord l’histoire de l’œuvre pour ensuite rendre compte de son aspect visuel, mais dans le 300 de Frank Miller, c’est l’inverse. Ce qui frappe en premier, ce qui en fait un incontournable de la BD américaine, c’est le graphisme, époustouflant !

L’auteur est un surdoué du dessin, ses cadrages, ses personnages, sa maîtrise du clair obscur est incroyable. Si l’on ajoute à cela une colorisation particulièrement réussie et en phase avec le côté épique, de Lynn Varley (dont le nom injustement disparu de la couverture), c’est un vrai plaisir graphique.

Toutefois, le format choisi par l’éditeur n’est pas celui d’origine et c’est dommage car l’impact est un peu édulcoré. 300 est sorti dans un format à l’italienne qui rendait bien plus justice aux nombreuses planches, proposées ici en doubles pages. Un choix éditorial, dommageable pour la qualité visuelle.

Chacun des dessins ressemble à une œuvre d’art qui raconterait avec peu de mots, l’épopée des 300 spartiates, un peu comme des miniatures sur des vases grecques aux figures rouges, ou des illustrations de livres médiévaux. On est vraiment fasciné par cette succession de petits tableaux et on rentre pleinement dans l’histoire racontée.

Cette histoire est le récit porté par Dilos, à la manière des aèdes de l’ancienne Grèce. Elle ne cherche pas à raconter une histoire vraie mais à renforcer le courage et la fierté des Grecs qui doivent se battent contre les Perses à la bataille de Platées.

Dilos raconte donc, à sa manière, comment, un an plus tôt, le roi Léonidas avec 300 de ses hommes a affronté l’armée Perse aux défilés des Thermopyles.

L’histoire est prenante. Le style épique utilisé avec parcimonie, pour laisser la plus grande place aux dessins est parfaitement à sa place. Les guerriers spartiates sont des soldats de professions, de vocation, de naissance. Ils sont programmés pour se battre et ils se battent bien. Ce sont les meilleurs soldats du monde et même les immortels, les soldats d’élites du roi perse Xerxès ne peuvent rien contre eux. Ils glorifient la guerre, ils n’ont pas peur, ils n’ont pas mal, ils obéissent aveuglément à leur chef et avec cet esprit de corps, particulier, y compris pour des Grecs de cette époque, et avec l’aide de contingents grecs d’autres cités (on l’oublie souvent et c’est à peine évoqué ici aussi), ils stoppent l’armée la plus nombreuse que le monde a connu jusqu’alors dans l’étroit défilé des Thermopyles, propice à ce genre d’exploit.

Mais c’est sans compter sur l’ignominie d’Ephialtès, le traître qui connaît un chemin de chèvres permettant de prendre les spartiates à revers. Le destin de ces soldats se transforme alors en épopée tragique et magnifique.

Il y a toutefois un bémol à ce qui peut être considéré comme un chef d’œuvre du neuvième art. C’est que le message de Dilos, son interprétation n’est jamais remis en cause par l’auteur de quelque façon que ce soit et qu’il est pourtant souvent gênant aux entournures.

Outre la présentation graphique de Xerxès, androgyne (très loin des images connues de ce roi), perclus de piercing et figure du mal, il y aussi Ephialtès, humilié par les Spartiates et qui veut se venger, peint comme un monstre difforme, à l’opposé des corps parfaits des hoplites spartiates. La noirceur de l’âme serait-elle visible physiquement. La laideur et l’androgynie serait-elle un châtiment divin ?

Les Spartiates, des hommes libres ? Les Spartiates défenseurs de la civilisation ?

Alors que Frank Miller, lui-même, dans son œuvre, raconte comment les enfants sont exposés dès leur naissance à des épreuves et que les plus faibles sont envoyés à la mort ! Alors qu’ils n’ont pas la liberté de devenir autre chose que des soldats à qui on ne laisse aucune initiative !

Les autres Grecs, et notamment les Athéniens sont traités d’efféminés, de faibles, parce que justement, ils ont des institutions démocratiques et que les soldats sont aussi des citoyens et pas des soldats de naissance.

Tout ce sous-texte, a fini par devenir un peu perturbant. Et je me suis rappelé que dans les années 1930, la société spartiate était un modèle pour les régimes totalitaires. Et je me suis rappelé des prises de position de Frank Miller en faveur de la violence privée, des armes à feu, d’une certaine paranoïa sécuritaire et très homophobe et j’en passe !

Voilà pourquoi, cette œuvre si fascinante soit-elle prône un message un peu trop ambigu à mon goût.
Commenter  J’apprécie          1545
Sin City, tome 1 : The Hard Goodbye

Nouvelle édition, nouvelle acquisition pour ce premier tome de Sin City, la série de comics culte signée Frank Miller !



À l’occasion de la rentrée de septembre 2013, les éditions Rackham relance leur série-phare, Sin City, avec une nouvelle édition accompagnée surtout de couvertures inédites en noir-blanc-rouge de l’auteur lui-même. Frank Miller avait élaboré sa « ville du péché » dès le début des années 1990, avant de construire sept romans graphiques et quelques adaptations diverses et variées.

Ce premier volume nous lance à la poursuite de Marv, l’antihéros par excellence, bouc-émissaire tout trouvé de meurtres en série à l’égard de prostituées. Entre les détectives corrompus et les femmes fatales aux abois, ce colosse au physique ingrat a fort à faire pour retrouver l’assassin de sa Goldie, prostituée tuée alors qu’il dormait à côté. Descente aux enfers dans la ville du diable, l’auteur nous raconte surtout une chevauchée mortelle à souhait. Le plus important à retenir, finalement, c’est sûrement qu’il est dur de dire au revoir (The Hard Goodbye), alors autant essayer de partir dignement.

Frank Miller n’est pas le plus grand dessinateur du monde, loin de là, mais il réussit à transcrire un univers torturé et pollué de tous côtés. Des bastons peu techniques et franchement bourrines aux monologues sous la pluie alors que la ville grouille de criminels, l’ambiance est le point fort de ce comics à nul autre pareil. Polar noir par excellence, l’aspect nihiliste pourra gêner dans son discours comme dans son graphisme mais, incontestablement, ce premier tome est à lire car l’histoire est vraiment très bien menée.



Une référence dans le monde des comics, qui peut rebuter par son aspect « brute de décoffrage » et son absence totale de nuance dans l’obscurité du décor et de l’âme de ses personnages. Ça se dévore d’une traite, mais ça ne se digère pas de même.



Commenter  J’apprécie          520
Sin City, tome 2 : J'ai tué pour elle

Et voici J’ai tué pour elle, deuxième tome de la série à succès d’un Frank Miller sombre à souhait qui poursuit son exploration dantesque de l’univers terriblement glauque de Sin City.



Disons-le tout de suite, cet opus est largement moins survolté que son prédécesseur. À les comparer (c’est inévitable), cette histoire fait un peu copiée-collée de la précédente, surtout quand on enchaîne la lecture des deux premiers tomes. On retrouve Marv, mais en tant que simple guest, sorte de side-kick d’un Dwight tenant le haut du pavé dans le rôle du brutal amoureux transi. Le recoupement de certaines scènes selon des angles de vue différents est intéressant, dans une idée de cohérence d’univers, mais cela renforce parfois l’aspect répétitif.

Pour illustrer ce déchaînement de passions vengeresses et vénales, les dessins de l’auteur se veulent tous aussi énigmatiques et violents dans le geste comme dans le contenu. Quelques effets par-ci par-là, une très bonne utilisation du noir et blanc : Frank Miller connaît son sujet et se passe admirablement de toute coloration en jouant sur les contrastes et la lumière. S’il y avait un bémol à formuler dans le graphisme, il serait à l’encontre de certaines chorégraphies de combat, trop spectaculaires pour être réalistes, mais c’est minime. De plus, notons que nous avons là une bien meilleure place des femmes, tantôt salvatrices, tantôt manipulatrices, et cela transparaît jusque dans la nouvelle couverture signée Frank Miller.

Il faut signaler également, puisque c’est une réédition, que nous avons entre les mains un bel objet : d’un blanc légèrement maculé de sang et entaché uniquement de l’essentiel. Quand ce volume vient rejoindre son grand frère, le premier opus, cela fait son petit effet dans la bibliothèque… vivement les autres !



Un deuxième tome moins captivant donc, de mon point de vue, et qui surtout colle trop au précédent sans s’en affranchir, ce qui déprécie l’ensemble pourtant bien agréable en tant que tel. Au point de susciter à lui tout seul une deuxième adaptation de la série Sin City au cinéma avec, notamment, Eva Green en Ava… ça promet !



Commenter  J’apprécie          480
Xerxès - La chute de l'empire de Darius et l'..

L’Histoire ne se répète pas mais elle bégaye volontiers : après avoir dessinée "Robocop 2" après avoir scénarisé le film du même nom Frank Miller a réalisé Xerxès après avoir scénarisé le film "300 : La Naissance d’un Empire". Donc ici plus qu’un « graphic novel », Xerxès est un fix-up graphique dans lequel s’enchaîne les époques, les événements et les ellipses en sachant qu’on se s’embarrasse guère de véracité historique sur tous les plans :

- dans le chapitre 1, nous assistons à la victoire des Athéniens et des Platéens à la Bataille de Marathon (qui les impérialistes athéniens ont laissé à leur triste sort avant d’essayer de les faire disparaître de leurs annales : l’ingratitude des puissantes est sans limite, et peut se résumer dans la maxime « fait du bien à un vilain et il tu chieras dans la main)

- dans le chapitre 2, les Athéniens garant des valeurs de la civilisation occidentale assassine le Shahanshah Darius durant les pourparlers de paix pour mettre fin à la guerre en obligeant les ¨Perses à rentrer enterrer leur souverain

- dans le chapitre 3, nous assistons comme dans le film "300 : La Naissance d’un Empire" à la transfiguration de Xerxès, car le fils devient un homme et le roi devient un dieu (l’acteur Rodrigo Santoro qui incarnait le personnage disait qu’il s’agissait d’une voyage au pus profond de son ego)… et pour épouser un dieu il ne faut rien de moins qu’une déesse… (l’auteur réécrit l’histoire de la fête juive « purim » : j’ai envie de dire que de la même manière qu’il ne faut pas laisser la guerre aux seuls guerriers et la politique aux seuls politiciens, il ne faut pas laisser l’histoire juive et la lutte contre l’antisémitisme aux seuls sionistes)

- dans le chapitre 4, c’est Darius III qui marche dans les pas de Xerxès pour devenir lui aussi un dieu et entrer dans la légende… sauf qu’il a en face de lui Alexandre le Grand qui lui aussi veut devenir un dieu et entrer dans la légende non en gouvernant le monde mais en le conquérant ! Des deux prétendants, il ne peut en rester qu’un !!!

- dans le chapitre 5, c’est le choc des titans : Gaugamèles, Baylone, Suze, Persépolis… En 330 avant Jésus-Christ le satrape Bessos assassine son souverain légitime : Alexandre le fera cruellement exécuter pour régicide et rendra tous les hommages funéraires à son adversaire, car désormais il est seul face à l’éternité et porte tout le poids du monde sur ces épaules…



Après son brûlot islamophobe intitulé "Terreur Sainte" accompagné d’un flopée d’interviews suintant l’intolérance, le fascisme et le suprématisme on pouvait s’attendre au pire mais au final Frank Miller fait du Frank Miller. L’auteur américain réactionnaire a toujours été persuadé que la civilisation ne peut survivre à la barbarie qu’en confiant sa protection et donc son destin aux éléments les plus brutaux et les violents qu’elle contient dans son sein (ainsi Marv sorte de guerrier viking égaré au XXe siècle qui rendait la justice en lieu et place des autorités corrompues dans "Sin City"), c’est donc tout naturellement qu’ici il nous dépeint le dramaturge Eschyle en ninja et le stratège Thémistocle en gros bras. C’est ainsi que nous voyons défier au fil des pages des guerriers grecs en pagnes, lances et boucliers tous plus patibulaires les uns que les autres pour massacrer des hommes, des femmes et des enfants au nom des valeurs occidentales jusqu’au moment où comme dans tout bon régime totalitaire qui se respecte on leur retire leur visage et leur apparence. Pour le reste il ne va ni plus loin ni moins que les élites autoproclamés occidentales : « le monde nous appartient, et il est inadmissible que des métèques dirigent un empire plus grand, plus riche, plus avancée et plus prospère donc plus heureux que le notre donc c’est la Destinée Manifeste qui nous ordonne de leur prendre par le force car on vaut mieux que les basanés qui sentent les épices » (sic)…

Frank Miller fait partie des quelques auteurs a avoir révolutionné le monde des comics dans les années 1980 (est-il une sorte de Philippe Druillet américain ?), de nombreux auteurs lui doivent d’ailleurs beaucoup de choses sur le fond ou sur la forme, voire parfois leurs carrières toutes entières, mais il faut quand même avouer que son style a vieilli car très ancré justement dans les années 1980. Mais s’il a vieillit, il a quand même de beaux restes (même si je ne suis pas fan du tout ces personnages plus minéraux et métalliques que de chair et de sang qui ressemble à des super-héros / super-via lins cosmique) : si Alex Sinclair a remplacé Lynn Varley aux couleurs il se passe quelque chose, il a un souffle volontiers épique, et des planches pètent une classe ouf où on tutoie l’éternité… Et tout cela est bien mis en valeur par le format à l’italienne choisi par les éditions Futuropolis qui a ont réalisé un travail soigné et il faut le signaler !
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          431
Batman : Année Un

Alors si j'évoque l'homme chauve-souris , les plus cinéphiles visualiseront un Telly Savalas ou un Yul Brynner le visage extatique , certains pervers pourraient même plébisciter Lagaf' . Que nenni , il s'agit bien sûr ici de la genèse de Batman , l'un des plus célèbres super-héros quasi super normal , n'était une certaine aisance financière , que les Comics continuent grassement et diversement de nourrir en leur sein .



Frank Miller au scénario , David Mazzucchelli au dessin , des parrains prometteurs .Créé en 1939 par Bob Kane et Bill Finger , l'équipe éditoriale de DC Comics décide alors d'actualiser une de ses plus fameuses franchises en le confrontant au monde d'aujourd'hui . 1986 : naissance de Batman Année Un .



Une année pleine et entière pour évoquer Bruce Wayne , le riche héritier orphelin en mal de justice , et le lieutenant James Gordon fraîchement débarqué dans les rues poisseuses de Gotham City .

Une année civile pour se trouver , se construire , se fixer des objectifs et se donner les moyens de les atteindre .

Un récit en parallèle totalement maîtrisé qui , on le sent déjà venir , ne saurait finalement déboucher que sur une association future visant à pourfendre tout vil coquinou osant s'en prendre à la veuve et à l'orphelin . Tremble brigand , la justice porte désormais un nom , Batman ! Pour ce qui est de Robin , l'on patientera un chouïa , histoire qu'il retrouve son chemin dans les bois . La chasse aux champipi pouvant s'avérer piégeuse .



Le coup de crayon est épuré . Les amoureux du détail en seront pour leur frais , Mazzucchelli travaille à l'économie ce qui me convient tout à fait .

Niveau narration , la patte Miller est immédiatement reconnaissable . Pas follement épris de dialogues à rallonge , le scénariste privilégie les pensées souvent désabusées de ses deux héros , immergeant un peu plus le lecteur dans l'esprit névrosé du justicier et celui beaucoup plus idéaliste de son futur compère moustachu qui peine cependant à imaginer pouvoir élever son rejeton dans un monde gangréné par la violence et la corruption à tous les étages .



Le récit est totalement abouti . Un roman graphique intimiste de très haute volée auquel l'on adhère dès la première planche .

Batman : Année Un s'avère comme fondateur et se pose en véritable hommage du genre .

Incontournable !
Commenter  J’apprécie          435
Batman - The Dark Knight Returns

Mon bouquiniste m’adore, mais mon portefeuille me maudit !

En effet, j’ai une nouvelle fois cédé devant une occasion immanquable : le mythique The Dark Knight Returns, dans sa toute dernière édition, accompagné de son DVD/Blu-Ray, l’ensemble pas trop cher, et surtout dans un état neuf !



Le mythique Frank Miller (auteur de 300 et de Batman : Année Un, entre autres) nous livre ici une de ses premières idées sur Batman : la narration de sa dernière chevauchée fantastique, ni plus ni moins ! Plus qu’un roman graphique, c’est carrément un vrai roman que nous avons là, tant au niveau de la trame qu’au niveau du style et de l’importance de l’écrit par rapport à la partie graphique. C’est d’abord très joliment écrit, d’un niveau bien au-dessus que les phrases banales et fades de la plupart des comics de super-héros ; on ressent bien l’atmosphère de cette fin des années 1980 aux États-Unis avec un président texan et des icônes accaparées par le pouvoir. Et puis, chose à la fois forte et rare, Frank Miller nous parle de la vieillesse, avant tout, et ce qu’on peut assumer de nos jeunes années, une fois que le temps a fait son œuvre. Malgré cet aspect immanquable, Batman / Bruce Wayne a toujours la même préoccupation : combler ses manques d’enfant. C’est bien là le fond du problème avec Batman.

Cette dernière mention doit servir de panneau avertisseur, car nous avons là une aventure particulièrement référencée, vraiment ancrée dans l’univers de Batman, dans l’univers de DC Comics en général d’ailleurs. C’est, d’ailleurs, un bien pour les fans, qui doivent se sentir dans leur monde et qui doivent apprécier de retrouver des caractéristiques importantes de comics précédents (la blessure d’Oliver Queen, le destin de Jason Todd et l’origine du pouvoir de Superman sont quelques-uns de ces nombreux exemples possibles), mais également une incroyable difficulté pour les non-initiés qui doivent ingurgiter ce récit sans trop savoir où ils mettent les pieds. Bref, il vaut sûrement mieux être au milieu j’imagine pour avoir assez de recul et apprécier l’ensemble à sa juste valeur ; j’ose espérer qu’avec ma connaissance de l’univers DC, mais ma faible lecture de comics anciens, je suis à peu près dans la moyenne.

Bien sûr, en contrepartie, comme nous sommes dans une œuvre de Frank Miller, il faut accepter de votre surgir ça et là son idéologie personnelle, teintée de peur irrationnelle (illusions fascisantes de temps en temps et, surtout, pourquoi des mutants alors qu’on aborde une Gotham plutôt réaliste jusque là ?) et de nationalisme difficile à caractériser. Cela peut franchement déstabiliser si on lit ce long comic book sans recul ou mise à distance. De plus, les dessins sont toujours difficiles à appréhender, années 1980 oblige, mais le jeu sur les ombres (que j’aurai aimé plus prononcé, comme dans Un Long Halloween, dix ans plus tard) et quelques scènes bien tournées donnent du plaisir à lire malgré tout, je trouve.



De la matière donc pour cette réédition particulièrement réussie, c’est le moins que l’on puisse dire ! Et pour couronner le tout, des bonus (majoritairement tirés de la version Absolute originale de chez DC Comics) à n’en plus finir !

Frank Miller a au moins le mérite de prendre des risques avec cette œuvre compliquée en elle-même et qui complique d’autant plus l’esprit déjà bien torturé de ce cher Bruce Wayne. Un chef-d’œuvre pour certains, un roman graphique « has been » pour d’autres ; un immanquable dans tous les cas.



Commenter  J’apprécie          390
Batman - Anthologie

Les anthologies de chez Urban Comics sont de l’or ! Après celles sur les principaux super-héros de l’univers DC Comics en général, puis sur Jack Kirby, et ensuite sur Superman, il en fallait bien une sur le fameux Chevalier Noir de Gotham, Batman.



Avec cette Batman Anthologie, ce n’est pas moins de vingt récits qui nous sont proposés, détaillant la chronologie du super-héros de Gotham, de 1939 à 2013 ! 75 ans d’aventures masquées en vingt histoires, il a été évidemment compliqué pour Urban Comics de trancher. Le choix s’est arrêté sur les épisodes suivants (c’est toujours important, que nous soyions complétistes ou non, de savoir ce que ces anthologies renferment) :



- « L’affaire du syndicat de la chimie » (Detective Comics #27, 1939)

- « La légende de Batman » (Detective Comics #33, 1939)

- « Robin, le garçon prodige » (Detective Comics #38, 1940)

- « Accidents intentionnels » (Detective Comics #83, 1944)

- « Le scoop du siècle » (Batman #49, 1948)

- « Le Batman de demain » (Detective Comics #216, 1955)

- « L’origine de l’équipe Superman – Batman » (World’s Finest Comics #94, 1958)

- « La menace du masque mystérieux » (Detective Comics #327, 1964)

- « Les débuts fracassants de Batgirl » (Detective Comics #359, 1967)

- « Le secret des sépultures vacantes » (Detective Comics #395, 1970)

- « La mort rôde dans les cieux » (Detective Comcs #442, 1974)

- « Ricochet de Deadshot » (Detective Comics #474, 1977)

- « On recherche : le Père Noël… mort ou vif » (DC Special Series #21, 1980)

- « Mon commencement, et ma probable fin » (Detective Comics #574, 1987)

- « Crise d’identité » (Detective Comics #633, 1991)

- « Permission de minuit » (Detective Comics #711, 1997)

- « Prendre l’air » (Detective Comics #757, 2001)

- « Les belles gens » (Detective Comics #821, 2006)

- « Batman Impossible » (Batman and Robin Annual #1, 2013)

- « L’An Zéro : Cité secrète, 1ère partie » (Batman #21, 2013)



Ces vingt histoires, plat de résistance à forte consistance, ne sont pas rééditées sans accompagnement. Chacune d’entre elles est replacée dans son contexte historique et éditorial ; l’éditeur fournit des mini-biographies de chaque auteur concerné, une présentation de l’écriture de l’arc concerné et une explication sur la progression de l’histoire des comics DC. Car en effet, cet ouvrage est divisé en cinq grands chapitres de la vie éditoriale de Batman : « Dynamique Duo » (1939 – 1950), « Croisé en cape » (1950 – 1970), « Créature de la nuit » (1970 – 1980), « Chevalier noir » (1980 – 2011), « Renaissance » (2011 – 2013) ; je donne les dates approximatives de manière purement informative. Cette plongée dans le Bat-verse est l’occasion de contempler tous les styles, de lire tous les grands auteurs sur ce personnage fétiche. Ici, on trouvera du Bill FInger, du Bob Kane, de l’Ed Hamilton, du Carmine Infantino, du Dennis O’Neil, du Neal Adams, du Frank Miller, du Peter Milligan, du Graham Nolan, du Greg Rucka, du Paul Dini, du J. H. Williams III, du Peter J. Tomasi, du Scott Snyder, du Greg Capullo et plusieurs autres encore. Du très beau monde et de la narration très différente pour plaire à tout le monde. L’intérêt n’est pas tant de voir toute la vie de Batman, mais bien d’aborder toutes les possibilités du personnage. Les styles sont très différents, les narrations varient considérablement, tout comme les graphismes. C’est une façon de balayer l’ensemble des histoires écrites pendant 75 ans, ce qui n’est déjà pas mal. Et ce processus a un énorme avantage : il permet autant aux novices qu’aux plus chevronnés des fans de la première heure d’avoir plaisir à lire cette anthologie. Le tout premier épisode ne trompe pas : tout s'y trouve déjà ! Autant le costume que l'origine de Bruce, son amitié avec le commissaire Gordon, l'importance de la ville où il agit ou même les produits chimiques qui "créeront" le Joker, tout est déjà à portée de mains en 1939, à nous de découvrir ce que tous ces auteurs en ont fait par la suite !



Quand un tel volume recèle une telle quantité d’informatives de qualité tout en parlant à tous les lecteurs possibles de comics, je ne me vois pas attribuer autre chose que cinq étoiles. Il reste, bien sûr, bien d’autres histoires à découvrir sur le Caped Crusader, mais Urban Comics a bien raison d’en garder pour plus tard.
Commenter  J’apprécie          383
Sin City, tome 1 : The Hard Goodbye

Je suis fan du film Sin City depuis ma première visualisation. Et pourtant, avec tous les comics et autres roman graphique que je lis, je n’avais jamais tenté l’aventure. Voilà une erreur corrigée et je peux vous dire que j’aurais du m’y mettre bien plus tôt !



La saga de Sin City se compose de sept volumes, celui-ci étant le tout premier et nous plaçant dans une enquête sombre et glauque, dans une affaire de meurtres de prostitués.



Mais au lieu d’avoir un flic bourru qui mène l’enquête comme dans tout bon vieux polar, ici nous suivons, non, nous sommes dans la tête de Marv, le coupable idéal.



L’écriture nous plonge en quelques pages dans l’intrigue, chaque mot, chaque phrase est pensé pour nous permettre de mieux appréhender ce personnage qui devient très charismatique. On découvre le monde à travers ses yeux dégoutés de tout ce qui l’entoure.



Mais l’écriture n’est que la moitié du travail de Frank Miller. La seconde force réside dans les dessins d’une qualité incroyable. Je sais que certains de mes proches n’apprécient pas ce genre de dessins, assez simplistes, allant à l’essentiel, mais sur moi ça fonctionne à merveille. Tout est basé sur des silhouettes, des jeux d’ombres, de lumières. Il y a une page ou Marv se trouve sous la pluie qui est juste magnifique. Honnêtement, je suis resté quelques minutes à l’observer.



Sin City est une oeuvre majeure des romans graphiques et ce premier tome nous plonge dans cette ville de tous les péchés et on en redemande.



Sin City rejoint Watchmen dans ma bibliothèque en tant qu’oeuvre incontournable et indémodable.
Commenter  J’apprécie          360
Batman, tome 2 : Année un

Il faut savoir que Batman est de loin le personnage le plus populaire de DC. Urban Comics ne s'y est pas trompé en proposant une collection constituée du meilleur de Batman.



Batman – année un est sans doute le récit de Batman le plus marquant par Frank Miller qui propose une réécriture des origines de notre héros masqué. Il revient après un long voyage initiatique dans sa ville natale bien décidé à la nettoyer au karcher.



Il faut dire que la pègre est partout et que les autorités de la ville ont été gangrené dans la corruption. Fort heureusement, il existe encore des flics intègre comme le lieutenant James Gordon avec qui l’homme chauve-souris va faire une alliance.



Bref, ce titre se concentre sur la première année d'activité du Chevalier Noir et cela ne sera pas triste. C'est parfait pour commencer l’univers Batman pour les néophytes !



A noter une mise en scène ainsi qu'un découpage qui font merveille. L'univers devient réaliste dans son austérité. Mazzuchelli rend les personnages humains et expressifs. Le dessin est véritablement soigné. On observera également une mise en page superbe.



C’est un récit mythique sur le Chevalier Noir, qui inspire encore aujourd’hui des œuvres cinématographique, comme encore récemment avec « The Batman » de Matt Reeves dans le genre thriller psychologique noir et haletant.



Ce titre est à la fois un classique et un incontournable de la saga des Batman. C'est en tous les cas le récit fondateur de l’ère moderne de Batman qui servira de base à tous les supports qui suivront. Un consensus de lecteurs semble dire que ce serait un des meilleurs albums de Batman. C'est l'album à découvrir !

Commenter  J’apprécie          350
Sin City, tome 4 : Cet enfant de salaud

John Hartigan est le troisième personnage principal de l’univers de Sin City. Dans Cet enfant de salaud, lui, le flic pré-retraité qui lutte contre la corruption et les abus sexuels, affronte en deux temps le fils du puissant Roark.



Frank Miller poursuit son heptalogie de légende avec Cet enfant de salaud, construit comme un diptyque de pure violence physique, morale et psychologique. Un flic bourru en quasi retraite, une jeune fille en danger mais rempli d’une force intérieure, un psychopathe pédophile et fils à papa notamment passionné de meurtre comme de viol : le casting est très simple, mais l’histoire déjà légèrement plus complexe. Frank Miller nous propose de but en blanc la plongée dans l’esprit de plus en plus torturé de John Hartigan. Et c’est sa psychologie, en même temps que l’intérêt du lecteur pour sa position, qui s’approfondit du même coup. Hartigan parle encore et encore, radote même, sans jamais pour autant lasser ou endormir notre intérêt.

Les allergiques au noir et blanc et essais graphiques plutôt particuliers ne seront toujours pas attirés par la palette de Frank Miller. Ombres portées en pagaille, rares décors en lumière, construction de scènes uniquement sur l’utilisation de quelques aplats blancs : le graphisme est à la fois épuré et couillu. L’auteur poursuit son petit bonhomme de chemin dans ce style sale et percutant. Dans ce tome-ci, il renforce d’autant plus cette sensation à la lecture par l’utilisation traumatisante d’un jaune sale (et poilu !) au milieu du « noir et blanc glauque » habituel : l’auteur veut choquer et rendre ce « Yellow Bastard » vraiment écoeurant. Honnêtement, ça marche, car les dessins des boursouflures et fêlures physiques du personnage valent le détour, en complète opposition à la beauté froide et discrète de Nancy Callahan.

Frank Miller approfondit tout de même le monde de Sin City en plaçant Roark à la tête de tous les corrompus de la ville et en réutilisant à bon escient la taverne Kadie’s Bar où se croisent toujours autant de personnages pittoresques. C’est également l’occasion pour l’auteur d’approfondir sa vision de la classe politique américaine : si dans les tomes précédents, il parlait plus largement des flics véreux, des hommes politiques corrompus et des assassins faisant leur métier en toute quiétude, il se concentre ici sur la définition de la politique en elle-même. Le pouvoir en quête ultime, le mensonge en boîte à outils et la magouille comme credo quotidien : rien n’est joyeux de toute façon à Basin City.



Ce quatrième tome de Sin City est une des histoires les plus connues, popularisée évidemment par l’interprétation du moins imposant mais plus renfrogné Bruce Willis en John Hartigan (et peut-être aussi celle de Jessica Alba en Nancy Callahan, plus souriante mais plus candide aussi). Puissant et crade à la fois, Cet enfant de salaud porte bien son nom.



Commenter  J’apprécie          350
300

Je commencerais par remercier Masse critique graphique « de la couleur sous le sapin ». ainsi que les éditions Rackham.



C'est un cadeau de noël avant l'heure. J'aurais pu attendre Noël pour ouvrir le colis, mais je n'ai pas pu… je suis pire que les enfants, je ne peux pas attendre !



Évidemment à peine ouvert, il a fallut que je le lise… je n'ai pas finis ma lecture en cours… non, non, non, je me suis précipité dessus.

Il faut dire qu'il se lit vite, et connaissant déjà l'histoire je ne fus donc pas étonné. Mais que de plaisir à admirer les dessins. Je me suis replongé avec délectation dans ce récit d'un combat violent mais remplis de héros.



Je vous le conseil donc pour les yeux, pour l'immersion d'un récit rempli de courage qui au sacrifice de leurs vies sont devenus des héros…



bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          340
Xerxès - La chute de l'empire de Darius et l'..

Xerxès, un nom au doux relent d'apéro.

Non, doux n'est certainement pas l'adjectif idoine à lui accoler.



La vie, l'oeuvre de ce Dieu de la guerre, crayonnée par Frank Miller, p'tain ça claque ! J'en salive d'avance.

Puis très rapidement ma bouche s'assèche en découvrant un récit foutraque, bourré d'ellipses, de crayonnages à la limite du digeste alors que de pleines pages éblouissantes sauront néanmoins me rappeler au bon souvenir du mémorable, de l'incontournable, du délectable, bref, tout plein d'adjectifs dithyrambiques en -able, Sin City.



Non, ce Xerxès ne m'a pas convaincu, loin s'en faut.

Miller est donc faillible, c'est bel et bien ce que je viens de découvrir en sollicitant l'apéro de trop...
Commenter  J’apprécie          340
Terreur sainte

J'ai pas tout lu Freud mais j'ai beaucoup lu Miller.

D'habitude, je valide frénétiquement des trois pouces mais là, comment dire, y aurait comme un p'tit coup de mou dans la corde à noeuds...



Miller, c'est avant tout un graphisme de folie, une claque visuelle comme rarement. 300, Elektra, Sin City, autant d'incontournables pouvant même prétendre au titre de chef d'oeuvre.

Terreur sainte loupe le coche et c'est rien de le dire.



Empire City est attaqué par de vilains terroristes.

Heureusement, Natalie Stack et Fixer (piètres incarnations transgéniques de Catwoman et Batman ?), deux héros pratiquant l'amour vache à un niveau kouasi pro, veillent au grain.

Ça devrait latter sévère. Orage d'hémoglobine annoncé sur City en fin de soirée.



Si le récit est furieusement d'actualité (première parution en 2011), son dessein confine à la caricature la plus primaire.

Bien vs mal, le scénar' est cousu de fil blanc, les dialogues habituellement si percutants tombent dans une parodie frôlant le pathétique. Pastiche grossier alimenté par la parano galopante de son auteur envers un Al-Qaïda prétendument omniprésent.

Seule réponse envisageable, la loi du talion. Miller s'est fait plaisir ou rassuré avec cet hymne à la violence aveugle. Grand bien lui fasse. Il en est tout autre pour le lecteur qui, de plus, avant que l'on entre dans le vif du sujet, devra se farcir une bonne soixantaine de planches focalisant sur une course poursuite semblant ne jamais vouloir finir entre nos deux futurs tortionnaires, oups, épiques libérateurs voulais-je dire, grands amateurs de saillies verbales dignes d'un 50 shades of grey revisité sauce Miller. On est pas loin du cauchemar en cuisine...



Un tout petit Miller mais un Miller quand même...pour le graphisme.



Commenter  J’apprécie          332
Sin City, tome 3 : Le grand carnage

Dwight, le héros de J’ai tué pour Elle, est de retour et il a du pain sur la planche. Sa nouvelle copine s’est faite sauvagement aborder par Jack, son ex particulièrement violent, et ses potes. Basin City recèle une nouvelle histoire louche, glauque et sale où la violence est quotidienne et où défourailler est un sport national.



Avec Le grand carnage, Frank Miller n’y va pas de main morte. Non seulement il annonce clairement la couleur, mais il récidive dans l’exercice de la surenchère violente où les corps s’amoncellent et où le sang coule à flot. Dans cette deuxième aventure centrée autour du personnage de Dwight McCarthy, celui-ci profite doucettement de sa récente chirurgie maxillo-faciale qui lui a offert un nouveau visage pour opérer une chasse sauvage et punitive à la poursuite de Jack, un personnage véreux, violent et à l’humour particulièrement douteux.

La narration de Frank Miller est construite autour d’un triptyque qui pourrait paraître répétitif, mais qui ne lasse jamais. Trois lieux, trois carnages, trois rôles différents pour Jackie Boy pour trois mises en scènes différentes. D’un appartement miteux à un marais bouillonnant en passant par la vieille ville dominée par les prostituées, nous roulons de lieux clos et zones urbaines sensibles sans jamais lâcher notre objectif des yeux : régler son compte à ce cher Jackie Boy qui a trop tendance à considérer les femmes comme des objets uniquement constitués d’une bouche et d’un sexe. Dwight McCarthy, à nouveau en preux chevalier blanc au service de la demoiselle en détresse, apprend, lui, à survivre plus longtemps que cet alcoolique de Jackie Boy. Les hélicoptères de la police rôdent, les ruelles ne sont pas sombres pour rien et les mauvaises rencontres s’enchaînent sans laisser l’intensité de l’intrigue faiblir. L’augmentation progressive de cette dernière est mise en abîme par les yeux exorbités de ce cher Jackie Boy : plongés dans les toilettes, puis assoiffés de sang, et enfin figés dans la violence de ses actions. On ne peut que repenser à la prestation de Benicio Del Toro dans ce rôle lors de la première adaptation cinématographique de Sin City.

Sans être le meilleur dessinateur de tous les temps, Frank Miller joue sur son indéniable atout principal : l’utilisation rationnelle des ombres et lumières. Dans un noir et blanc artistique qui renforce l’aspect glauque de Sin City, les graphismes de ce comics se font anguleux et tranchants. Si nous pouvons, au départ, trouver qu’il abuse parfois des planches entières pour mettre en avant les positions différentes d’un même personnage, Frank Miller cherche surtout à créer des mouvements particuliers dans des décors volontairement épurés que seule la pluie quasi continue vient troubler. Son style est surtout adaptable à toutes les scènes de son intrigue sans creux trop net. Avec peu de traits, il illustre très justement des amours forcément violents, des femmes qui ne sont jamais cajolées, mais qui sont pour autant des personnages forts et influents, ce qui est toujours bon à prendre. Le design de Miho, la tueuse à dents de sabre, est d’ailleurs plutôt réussi, tout comme l’allusion graphique aux 300 Spartiates sur lesquels Frank Miller se fondera quelques années plus tard pour le fameux comics 300.



Ce Grand carnage est jouissif de bout en bout avec très peu de temps morts dans les dialogues grinçants d’un Frank Miller qui s’amuse toujours autant à créer des scènes d’une violence inouïe et d’une cruelle ironie. Si l’esthétique particulière peut être difficile à cerner pour certains lecteurs, l’ambiance noire au possible ne peut que vous happer à partir du moment où adhérer à la « ville du péché » n’est pas pour vous insurmontable.



Commenter  J’apprécie          335
Sin City, tome 6 : Des filles et des flingues

Du tueur à gages mystérieux et romantique au duo comique de petits mafieux bas du front, c’est vraiment les personnages qui font Sin City. Avec Des filles et des flingues, attendez-vous alors à des histoires courtes dans l’univers de Sin City, voire même très courtes. Frank Miller fignole son œuvre phare en injectant des intrigues restreintes mais denses. C’est toujours l’occasion de croiser à nouveau quelques personnages seulement entrevus ou trop peu mis en valeur jusque-là.



Un Marv en mal de mémoire mais pas en manque de coups à donner, puis prêt à tout risquer pour des retrouvailles familiales ; des filles de la vieille ville toujours plus sexys et déchaînées ; la femme aux yeux bleus nous hypnotise plus d’une fois : ceux-ci et bien d’autres peuplent ce volume de Sin City. Nous retrouvons aussi, bien sûr, les monologues introspectifs et contemplatifs qui font la marque de fabrique de cette franchise de roman noir. Même en nous proposant des histoires parfois très courtes (jusqu’à trois pages !), Frank Miller cherche toujours à les construire dans le but de faire fonctionner un gag ou une anecdote sur ses personnages fétiches. C’est ainsi l’occasion de retrouver le duo comique de malfrats bas-de-plafond, Klumb et Schlubb, dans certaines de leurs aventures ratées. Entre autres récits de toutes sortes, nous retrouvons également le personnage du mystérieux assassin réutilisé pour présenter la première adaptation cinématographique.

Le travail graphique de Frank Miller se poursuit de manière bien cohérente vis-à-vis des précédents tomes. Ainsi, les ombres prennent la majeure partie de la mise en lumière des personnages. Les poses violentes et sexys sont toujours légion et les onomatopées qui se multiplient sont là avant tout pour placer l’ambiance glauque et tendue que ce soit dans un marais désert, dans un coin de rue angoissant ou au fin fond du bar le plus connu de la ville. À l’image de sa tentative intéressante dans Cet enfant de salaud, l’auteur place quelques touches de couleurs pour égayer son noir et blanc tout en tâches sombres. Une robe, des yeux, un objet fétiche : l’accent mis sur tel ou tel élément se fait heureusement discret quand il veut, mais mine de rien nous pouvons sentir la tentation de l’auteur de miser trop là-dessus pour compenser une petite baisse de la netteté de ses graphismes.



Des filles et des flingues peut donc être un volume de départ dans le monde de Sin City car il permet de présenter l’univers urbain et violent, ainsi qu’un grand nombre de personnages. La cohésion de l’ensemble peut être questionnée et les histoires apparaissent souvent trop courtes, mais les fans de Frank Miller ne perdront pas leur temps non plus.



Commenter  J’apprécie          320
Sin City, tome 1 : The Hard Goodbye

Sin City, la ville du péché. Il fait une chaleur d'enfer. La nuit est lourde. Poisseuse.

Marv, une brute énorme et puissante, vient de passer la plus belle nuit de sa vie dans les bras de Goldie. Goldie, elle s'appelle Goldie, et sa peau a l'odeur que les anges devraient avoir. Mais Quand Marv se réveille, Goldie est morte à ses côtés, et les flics rappliquent déjà. C'est sur, c'est un coup monté. Et Marv compte bien venger celle qui a été chic avec lui. Mais il va le faire à sa manière.



J'ai connu Sin City par son adaptation cinématographique. Cette première histoire est mise en scène dans le film, avec un Mickey Rourke difficilement reconnaissable sous les traits de la brute.

Marv est un personnage attachant et intéressant, une sorte de psychopathe philosophe, d'antihéros tragicomique dont la voix crue et pourtant souvent poétique porte ce premier volume de Miller jusqu'à des paroxysmes incroyables de violence. Les pages de l'album sont noires et blanches (il n'y a pas de demi-mesure dans cette histoire ni dans les personnages mis en scène), et Miller utilise au maximum les contrastes du blanc et du noir, utilisant la lumière et la noirceur pour illustrer celles de la ville du vice et de la corruption et de ses habitants.

Dans ce premier opus, le lecteur fait une petite incursion dans la vieille ville, qui sera le théâtre principal d'autres tomes de la série, nous permet de nous familiariser avec d'autres personnages que l'on connaitra mieux plus tard.

Goldie, elle dit qu'elle s'appelle Goldie. Si vous voulez connaitre la complainte d'amour de la bête pour sa belle, plongez dans les ruelles poisseuses et tièdes de Sin City !

Commenter  J’apprécie          310
Batman - Anthologie

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’homme chauve-souris en vingt leçons.



A travers cette très belle anthologie éditée par Urban Comics (qui fait son poids en kg et en €) c’est toute l’histoire des multiples interprétations de ce personnage dores et déjà mythique qui nous est offerte. Car il s’agit bien d’interprétations. Contrairement aux héros franco-belges de notre enfance qui meurent parfois avec leur auteur ou, s’ils sont repris par d’autres, restent de style constant (il n’y a qu’à voir la reprise d’Astérix) chaque scénariste américain de comics nous livre une interprétation nouvelle, originale ou pas, du héros dont il est amené à s’occuper.



Vingt récits de tous les âges du comics nous sont proposés. On voit Batman évoluer avec son temps, avec la culture et les grands problèmes de chaque époque, essayant de coller à son public vieillissant ou d’attirer un lectorat plus jeune, tour à tour ouvert à ses alliés ou renfermé dans son âme comme dans un coffre infracturable. On découvre sa première apparition, la première de Robin, la première de Batgirl, la première collaboration avec Superman (excellent numéro), la prise d’identité de Robin par son fils (il a un fils ???). On voit les récits devenir plus sages à l’avènement de la censure (le Comics Code de 1955), le dessin affligeant de Carmine Infantino (je n’ai jamais aimé ce dessinateur découvert dans ma jeunesse sur Star Wars ou Nova), le dessin épatant de Neal Adams ou de l’époque moderne plus dure d’Ardian Syaf, l’interprétation fracassante de Franck Miller dans les années 80 (il fera un travail du même genre sur Daredevil).

Chaque récit a droit à une introduction propre contant le tournant qu’il représente, augmenté d’une petite bio du scénariste et du dessinateur. L’ensemble est lui-même découpé en époques chronologiques également introduites en détail.



Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui, comme moi, connaissent plus Batman par les films et les animes que par la BD. Je n’ai qu’un seul regret, l’absence quasi-totale de tous ses ennemis charismatiques dans les récits. Ce sont plutôt des gangsters et vilains de seconde zone qui font le show ici. Si assurément un héros se définit aussi par opposition à ses ennemis, il nous manque une dimension fondamentale de Batman dans cette anthologie.

Assurément, Urban Comics les réserve pour de futurs albums (lourds en kg et en €) ;-)



Merci, comme toujours, à Dionysos89 dont la critique m'a décidé à lire cet indispensable.

Commenter  J’apprécie          310
Batman - The Dark Knight Returns

Au moment de lire "The Dark Knight Returns", plus de trente ans après sa première publication, je partais très confiant. Le nom de Frank Miller était la promesse d'un grand plaisir de lecture : son "300" a été, avec "Watchmen", l'une de mes découvertes les plus marquantes en matière de BD. Précédé d'une foule de critiques élogieuses, "The Dark Knight Returns" n'a pas volé son statut d'oeuvre pionnière. En créant un Bruce Wayne quinquagénaire en lieu et place de l'habituel play-boy en pleine force de l'âge, Frank Miller a, paradoxalement, réussi l'exploit de redonner un coup de jeune au personnage, à une époque où il faisait de moins en moins recette auprès des lecteurs. Son Batman plus sombre, plus violent, plus mature, a ouvert une brèche dans laquelle s'engouffreront tant d'autres auteurs plus ou moins talentueux... Rien que pour cela il mérite la gratitude éternelle de tous les amoureux de Batman. Mais c'est à peu près le seul point positif que je trouve à "The Dark Knight Returns". Car en tant que telle, sans tenir compte de son indéniable et inestimable valeur "historique", cette BD a été pour moi une cruelle déception.



Par quoi commencer ? Le graphisme ? Malgré une poignée de jolies planches, l'esthétique globale, il faut le dire, est assez repoussante. Il y a un certain nombre de dessins qui ne m'ont pas paru seulement laids, approximatifs ou datés, mais tout bonnement indignes d'une publication professionnelle, qu'on soit en 1986 ou en 2019. Je n'en doute pas, oser formuler une telle opinion fera de moi un béotien aux attentes superficielles, un rustaud qui n'a rien compris. Mais la posture consistant à soutenir que l'aspect graphique est sans importance me laisse toujours perplexe : dans ce cas, pourquoi lire des BD... pardon, des romans graphiques, et pas des romans tout court ?



La narration ? En général j'apprécie ce genre de récits nerveux, non linéaires, qui partent un peu dans tous les sens. Par contre il faut que ce soit très clair visuellement, qu'on sache d'emblée qui est qui, qui fait quoi et ce qui se passe... À cause du point précédent, ce n'est pas du tout le cas ici. En préface, Frank Miller nous apprend que, dans les premières versions du projet, "The Dark Knight Returns" était "un mélange de choses plutôt cools", "pas vraiment une histoire à proprement parler", "un vrai merdier"... Tout au long de ma lecture, j'ai eu le sentiment gênant que le "produit fini" était du même ordre : confus, brouillon, parfois à la limite de l'illisible.



Les personnages ? Ce Bruce Wayne quinquagénaire, poussé par les événements à sortir de sa retraite pour combattre le crime une dernière fois avant de tirer sa révérence, avait tout pour me plaire. Mais là encore, le traitement de cette idée ne m'a pas convaincu. Le héros sur le retour a beau se plaindre sans cesse de l'amenuisement de ses capacités physiques, il se montre plus bourrin que jamais, résolvant tous les problèmes à coups de poings. Superman n'est ni plus ni moins intéressant que d'ordinaire, autant dire pas très passionnant. Les vieux Green Arrow et Catwoman sont anecdotiques. Pire, mon habituel chouchou, le Joker, m'a laissé indifférent, signe que je n'ai accroché à rien ou presque... Allez, peut-être à ce nouvel avatar de Robin. La présence aux côtés de Batman de la jeune Carrie semble naturelle, elle n'est pas pour Frank Miller un prétexte pour nous servir un discours revendicatif (idem pour la policière qui remplace Jim Gordon à la tête du GCPD, d'ailleurs) : le nouveau Robin est une fille, comme il aurait pu être un garçon, son sexe ne change rien à l'affaire. Voilà qui est appréciable... bien qu'il soit un peu inquiétant de voir un réac' notoire être plus avancé sur le sujet en 1986 que pas mal de prétendu·e·s progressistes actuel·le·s.



Le scénario ? Entre une génération spontanée de "mutants" assez ridicule et l'énième menace nucléaire pesant sur l'Amérique, je regrette de n'y avoir pas non plus trouvé mon compte. J'aurais pu aimer le traitement des médias, très pertinent sur le fond : en entrecoupant son scénario d'innombrables interventions télévisuelles, souvent outrancières et hors de propos, Frank Miller illustre bien le parasitage permanent des médias dans nos existences (une vingtaine d'années avant BFM et les réseaux sociaux !) Mais trop c'est trop, l'insistance, la répétition, sont lassantes et ne font que rendre la lecture pénible. Le bombardement d'informations est d'ailleurs l'une des caractéristiques essentielles de "The Dark Knight Returns". C'est sans doute la raison pour laquelle je n'ai, entre autres, pas bien saisi les causes qui mènent à l'affrontement final entre Superman et Batman, par conséquent le point d'orgue du récit est tombé à plat. Pour le coup une relecture serait nécessaire. Encore faudrait-il en avoir envie.



Je suis très chagriné d'être passé à côté de cette BD, et si mon modeste avis de lecteur déçu n'enlèvera évidemment rien à son statut d'oeuvre emblématique et adulée, ça va un peu mieux en l'exprimant. Alors que je me faisais une joie de poursuivre ma découverte des grands classiques de Batman qui manquent encore à ma culture comics, maintenant j'appréhende de lire des chefs-d'oeuvre reconnus comme "The Killing Joke" ou "Arkham Asylum"...
Commenter  J’apprécie          303
300

Comme sans doute beaucoup de monde, j’ai découvert 300 lors de la sortie du film, il y a de cela quelques années. J’ai adoré ce film et je n’ai appris que récemment qu’il était tiré d’un comics.



Par chance je suis tombé dessus l’autre jour dans ma bibliothèque et je me suis empressé de le lire.



Il n’y a rien a dire, c’est beau, c’est incisif, et c’est rapide. Peut-être trop rapide. Honnêtement, j’ai du lire le comics en une vingtaine de minutes, à un rythme normal, en m’attardant sur les superbe planches qui font tout le charme de cet ouvrage.



Hélas, en ayant vu le film avant, la lecture du comics n’apporte rien de nouveau. L’histoire est exactement la même, l’intrigue se déroule de la même manière.



Alors, je ne vais pas mal juger ce comics, car il est d’une très grande qualité, tant au niveau des dessins qu’au niveau du scénario.



Malheureusement, si vous avez vu le film, la lecture du comics ne vous apportera rien de plus.
Commenter  J’apprécie          302
Daredevil, tome 2

Suite de la bible de Daredevil selon Saint Frank Miller.

Toujours aussi génial.



J’ai déjà tout dit dans la critique du tome 1 sur la révolution apportée par Frank Miller sur le super-héros aveugle : l’ambiance glauque et ténébreuse, le renforcement du tragique, l’aspect dérisoire du combat du héros contre des forces de la pègre bien trop organisées et puissantes (ah, ça je l’avais peut-être pas dit), le jeu avec la limite de la censure.



L’auteur approfondit encore sa géographie des bas-fonds de New York. Il prive Daredevil de son sens radar qui doit s’en remettre pendant un temps à ses seuls sens de l’ouïe et de l’odorat. Il fait apparaître la Main : cette espèce de ligue des assassins ninjas de DC, mais à la sauce Marvel. Il nous régale avec la sublime Elektra dont on ne sait jamais si elle va tuer ou sauver tête à cornes. Et il nous la tue lors d’un combat avec Bullseye qui restera dans les annales aux côtés de la mort de Gwen Stacy. L’épisode suivant racontant la vengeance de Daredevil est aussi un must.

Quelle que soit l’énergie qu’il y mette, il semble impossible que les actions du héros ne puissent faire mieux qu’agacer l’indéboulonnable maître du crime Kingpin.

Daredevil croise Iron Fist – avec lequel il échange quelques katas – et surtout le Punisseur. Leurs visions de la lutte contre le crime aux antipodes l’une de l’autre fait des étincelles. Ceci a été très bien repris dans la série Netflix.



Côté cœur, Matt pète les plombs quand Elektra meurt. Il aura du mal à faire son deuil. En parallèle, Heather est toujours là pour le soutenir, et dieu sait que Matt se comporte comme un mufle avec elle. Elle essaie plusieurs fois de le quitter, sans succès. Pauvre fille.

Mais dans l’avant-dernier épisode du volume Matt demande Heather en mariage. Choc ! Car je ne crois pas qu’il l’aime réellement vu comment il la malmène.



Suite au prochain numéro. Ce sera le dernier avec Frank Miller aux commandes.

Commenter  J’apprécie          282




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frank Miller Voir plus

Quiz Voir plus

Nique Les PDGSSS

Est u con

ouii
ouiii
ouiiii
ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

1 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Batman : Année Un de Frank MillerCréer un quiz sur cet auteur

{* *}