1950, L'ANNÉE TERRIBLE
Hanoï, automne 1950
Tout s'effrite, tout se disloque, tout se
délite. Les villes, les hommes, les volontés.
C'est la grande panique. L'« opération de
police » que le Corps expéditionnaire français
menait depuis quatre ans en Indochine vient
brutalement de se transformer en désastre
militaire.
En onze jours, du 1er au 11 octobre, au
cours d'une série de combats d'une férocité
jamais encore égalée, neuf bataillons, parmi
les meilleurs de l'armée française, se sont
engloutis, massacrés par vingt-sept bataillons
viêt-minh, dans un dédale de calcaires et de
jungle, à Dong Khê, sur la Route Coloniale
n° 4, tout au nord du Tonkin, au bord de la
frontière avec la Chine.
Dans les cabinets ministériels, dans les
états-majors, cette révélation de la puissance
ennemie a frappé de stupeur les responsables
politiques et les chefs militaires.