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Critiques de Elizabeth Hand (27)
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Images fantômes

Avant toute chose je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Super 8 pour cet envoi dans le cadre de la dernière opération masse critique. Ce fut une belle mais étrange découverte.

Ce roman m'a vraiment déconcerté. Il est à la fois glauque, malsain et étrangement hypnotique.



Cass Neary est une femme antipathique, elle approche la cinquantaine mais se comporte comme si elle en avait la moitié, elle boit du matin au soir et carbure à l'alcool fort, elle avale tout ce qu'elle trouve en terme de drogues ou médicaments, elle n'a aucun respect pour la vie privée des autres, elle fouille chez les gens dès qu'ils ont le dos tourné, elle n'hésite pas à voler des objets, elle prend des photos de ce qu'elle n'est pas censée voir, bref, cette femme n'est pas quelqu'un qu'on a envie de connaître et pourtant, j'ai dévoré ce livre, comme si une force me poussait à tourner une page après l'autre malgré le malaise ressenti tout du long.

Cass Neary a connu une certaine forme de célébrité quand elle avait à peine 20 ans, elle était connue dans le milieu punk pour ses photos dérangeantes de personnes ivres, droguées, voire mortes.

Mais depuis, elle n'a fait que survivre à tout ça, un peu par hasard, mais sans réussir à faire grand chose de sa vie. Et soudain, un ami lui propose de se rendre sur une île du Maine pour interviewer une femme âgée, qui fut, elle aussi, une photographe très célèbre en son temps et qui a appartenu à une communauté d'artistes.



Nous allons donc l'accompagner sur cette île froide, humide, venteuse, sur laquelle des animaux et des personnes disparaissent, sur laquelle également les habitants sont franchement hostiles envers les étrangers.

Cass n'est pas quelqu'un qu'on a envie d'aimer et heureusement car cela m'a permis de quitter ce roman sans trop de difficulté surtout que Cass ne s'y montre pas sous son meilleur jour dans cette histoire.

Ce roman est très particulier, on ne sait pas trop si on s'embarque pour un récit qui parle de photographie et de l'art en général, si on pénètre dans un roman qui flirte avec le fantastique ou si on va plonger dans un roman policier ou une histoire mystérieuse aux relents putrides.



Je me suis laissée complètement happée par cette histoire, par cette ambiance glacée dans tous les sens du terme, par ces personnages atypiques, par l'univers et la perception des photographes et par le côté très dérangeant de Cass.

J'ai également aimé la couverture, le style de l'auteur, simple mais diablement efficace, et j'ai finalement beaucoup aimé être entraînée dans un univers que je ne connaissais pas, celui du monde punk et de la photographie morbide, malgré la sensation désagréable d'être dans un endroit sacrément inhospitalier, entourée de gens franchement malsains mais géniaux à leur façon, tout au long de la lecture.
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Images fantômes

Ne vous créez pas une image déformée de ce roman en tirant des conclusions hâtives en lien avec son titre, sa couverture et son éditeur. Ne vous attendez pas à un roman fantastique, vous en seriez pour vos frais. Précision liminaire utile, à mon sens.



Ça n’enlève rien au caractère étrange de cette histoire et à son climat qui l’est tout autant. Encore un livre inclassable comme savent si bien nous le proposer les éditions Super 8.



Images fantômes baigne dans une atmosphère pesante, au sein des contrées reculées du Maine au mois de novembre ; une époque de l’année où les riches ont quitté leurs somptueuses demeures, et où il ne reste que les autochtones et les insulaires des petites îles alentours.



Une histoire tout en ambiance, racontée à travers les yeux (et les névroses) d’une photographe transgressive qui à connu son quart d’heure de gloire il y a longtemps, avant de replonger dans le marasme. Un malaise chronique soigné à coups d’alcool et de diverses autres substances.



Le roman s’est vraiment construit autour de cette ambiance et de ce personnage gothique. Un personnage, surnommé Cass, qui ne peut laisser insensible, même lorsqu’il réagit de manière « inopportune ». Cass la féroce, Cass l’enragée. Cass qui est cassée au fond d’elle. Intéressant portrait de femme, instantanés de vie.



Le roman vaut vraiment pour ces ingrédients-là, l’intrigue en elle-même passant presque au second plan. Une histoire de disparitions, assez loin des clichés du genre. Une vision de la situation déformée par le prisme d’un personnage névrosé.



Un intéressant angle d’attaque que de parler de photographie (parfois de manière assez technique d’ailleurs) pour raconter ce récit oppressant. Avec une écriture à la première personne, comme un œil qui tourne autour des scènes du livre.



A défaut d’une histoire marquante, l’écriture et l’atmosphère font que ce roman se lit avec une belle curiosité.
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Images fantômes

Voici un roman atypique comme aime en publier Super8 et ils ont bien raison, car la découverte et la surprise font parties des plaisirs de la lecture.



Cassandra Neary n’est pas un modèle de droiture , elle picole, elle aime ce qui est glauque et morbide, en bref, une femme bien étrange.



Après avoir connu une petite gloire en tant que photographe, elle papillonne d’un job à l’autre sans grand succès. Vous avez compris qu’elle n’est pas une héroïne telle que l’on peut en admirer dans certains romans…Si vous aimez le domaine de la photo, vous y trouverez des références à cette passion, explications que fournit l’auteure à travers son personnage.



Quelques scènes de l’histoire semblent incomplètes ou attendent une future explication, ce qui fait que le lecteur se sent comme dans un état second, un trip de shooté...
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L'armée des 12 singes

Pas si mal !



2035. Entre les murs de ce qui ressemble à une prison souterraine, le nom de James Cole est appelé dans les haut-parleurs. Cet individu a pour mission de remonter le temps jusqu'en 1996, afin d'enquêter sur l'Armée des 12 singes, une société secrète qui aurait décimé toute la planète et l'aurait rendue invivable pour un bon bout de temps. Problème : les erreurs de logistique s'enchaînent, et Cole est enfermé dans un hôpital psychiatrique, à des lieues de ce que le plan prévoyait...



J'ai acheté ce petit livre d'occase en août dernier, pour une bouchée de pain. Je suis plutôt fan de ces petites novélisations sans prétention, quel dommage qu'elles ne soient plus éditées aujourd'hui (j'ai toujours rêvé de lire les livres de Godzilla ou Independence Day). Soyons honnêtes, ce ne sont jamais des chefs-d'oeuvre mais elles font toujours rêver.



Ici, nous sommes sur un petit livre de moins de 200 pages : sans surprise, l'histoire va très vite, et c'est d'ailleurs sa principale faiblesse. Les personnages sont à peine posés qu'on est déjà embringués dans une histoire totalement folle. Le livre aurait largement gagné à avoir 100 pages de plus, car il donne en l'état actuel l'impression d'être une nouvelle boostée aux stéroïdes. Ce qui est bien, c'est que l'auteure s'en est aperçue, pendant la lecture on peut remarquer ses efforts pour pallier ce manque. Ce qui est moins bien... c'est que je n'ai jamais rien lu d'aussi maladroit ! Pourquoi nous repasser au moins 15 fois la même scène d'un meurtre dans un aéroport, alors qu'on sait à peine qui sont les personnages principaux ? Pourquoi ? Vous l'aurez compris, cette stratégie d'écriture me laisse perplexe...



Malgré ce déséquilibre assez flagrant, l'Armée des 12 singes est une bonne novélisation. Elle n'est pas aussi bonne que celle d'E.T. ou du Cinquième Element, mais est tout de même réussie. Même si certaines facilités scénaristiques sont difficiles à avaler (le Dr Kathryn a décidément un très gros syndrome de Stockholm !), on se prend vite à ce jeu de piste spatio-temporel.



Bonnes lectures à tous !
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The Mammoth Book of Vampire Stories by Women

This anthology turned out to be a mixed bag of tales featuring different versions of vampires, though some were better than the others. Featuring the only vampire short story by Anne Rice, the undisputed queen of vampire literature, and an autobiographical introduction by Ingrid Pitt, star of the films The Vampire Lovers and Countess Dracula, this Mammoth collection brings together thirty-four uncanny and erotic tales by women who have redefined the genre of vampire fiction. The quest continues—for blood to drink, for souls to steal, for life among the undead.

Contents:

Introduction: My Life Among The Undead by Ingrid Pitt

The Master Of Rampling Gate by Anne Rice

Homewrecker by Poppy Z. Brite

When Gretchen Was Human by Mary A. Turzillo

The Vengeaful Spirit of Lake Nepeakea by Tanya Huff

La Diente by Nancy Kilpatrick

Miss Massingberd and the Vampire by Tina Rath

The Raven Bound by Freda Warrington

Vampire King of the Goth Chicks by Nancy A. Collins

Just His Type by Storm Constantine

Prince Of Flowers by Elizabeth Hand

Service Rendered by Louise Cooper

Aftermath by Janet Berliner

One Among Millions by Yvonne Navarro

Luella Miller by Mary E. Wilkins-Freeman

Sangre by Lisa Tuttle

A Question of Patronage by Chelsea Quinn Yarbro

Hisako San by Ingrid Pitt

Butternut and Blood by Kathryn Ptacek

Sleeping Cities by Wendy Webb

The Haunted House by E. Nesbit

Turkish Delight by Roberta Lannes

Venus Rising on Water by Tanith Lee

Year Zero by Gemma Files

Good Lady Ducayne by Mary Elizabeth Braddon

Lunch At Charon's by Melanie Tem

Forever, Amen by Elizabeth Massie

Night Laughter by Ellen Kushner

Bootleg by Christa Faust

Outfangthief by Gala Blau

My Brother's Keeper by Pat Cadigan

So Runs The World Away by Caitlin R. Kiernan

A North Light by Gwyneth Jones

Jack by Connie Willis
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L'éveil de la lune

Sweeney vient d'entrer à l'université du Divin, un endroit où certains étudiants et professeurs semblent appartenir à une sorte de société secrète.Très vite, Sweeney se lit d'amitié avec Angelica et Oliver, tous deux membres de cette société mystérieuse.

Des évènements étranges et dramatiques vont bouleverser leurs vies....

L'ambiance un peu gothique, la société secrète et les liens étranges qui semblent exister entre les professeurs et certains élèves sont bien retranscrits.



Ce roman aurait pu me plaire davantage s'il n'y avait pas autant de longueurs et si les dialogues avaient été plus réalistes.

Qu'un jeune homme de 20 ans dise à sa copine : Oh, mon aimée, je t'attendais depuis longtemps" me laisse assez perplexe...franchement, je n'y ai pas cru une seule seconde, surtout que le jeune homme n'a pas de croc et ne porte pas de chemise à jabots !
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Images fantômes

Cass Neary est une jeune photographe punk qui n'aime rien d'autre que la déglingue et les ambiances morbides qu'elle tente de mettre en scène dans ses photos. Du moins, elle essayait car cela fait bien longtemps qu'elle n'a rien produit. Ayant eu son heure de gloire dans le New York City de la fin des années 70, elle ne fait que vivoter depuis entre un boulot alimentaire et une consommation pour le moins importante de drogues et d'alcool. Alors, quand son vieil ami Phil Cohen lui propose d'aller interviewer une photographe culte des années 60, la jeune femme n'hésite qu'un temps. Surtout qu'Aphrodite Kamestos a demandé à voir la jeune femme personnellement. Seulement, la vieille dame vit à moitié recluse dans une île du Maine et, au mois de novembre, l'ambiance y est assez glaciale. L'accueil que réservera Kamestos à Cass ne le sera pas moins...



Images fantômes est un roman que j'ai reçu grâce à l'opération Masse Critique. Merci donc à Babelio et aux éditions Super 8 !



Elizabeth Hand est une auteure que je découvre ici, même si j'ai déjà entendu beaucoup de bien de son L'Ensorceleuse (Mortal Love, 2004), sorti par chez nous en 2007. Habituée aux adaptations d'univers (saga Star Wars) ou aux novellisations (L'armée des 12 singes, X-Files - le film), elle nous propose ici un roman indépendant qui ne relève pas vraiment de la SFFF. Il s'agit même du premier livre d'une trilogie commencée en 2007 (pour la version originale) et close seulement cette année. Les éditions Super 8 nous offre donc une traduction (signée Brigitte Mariot) dont la sortie officielle est prévue pour le 25 août 2016. Il faut espérer qu'ils publient les deux romans qui suivent.



Je préfère prévenir tout de suite le lecteur de cette modeste chronique, s'il espère un roman de SF ou de Fantasy, il risque d'être déçu. Si on cherche (vraiment) bien, on peut trouver un élément ou deux relevant du fantastique, dans le sens le plus large du terme. Il n'empêche, ce livre est bon et il serait dommage de passer à côté. Mais n'anticipons pas trop.



Le personnage principal est magnifiquement bien campé. Rédigé à la première personne du singulier, ce roman ne nous cache rien de la personnalité complexe de Cassidy Neary. De son enfance pas toujours très heureuse (elle a perdu sa mère très tôt) à sa vie de jeune adulte passée à photographier des cadavres et à ingurgiter des substances plus ou moins licites, les premières pages nous cadre une anti-héroïne (sans mauvais jeu de mots) totalement nihiliste et qui, forcément, a du mal à se créer du lien social. Si les soixante premières pages sont vraiment focalisées sur ce petit bout de femme que la vie n'épargne pas, les 350 suivantes nous la montrent en lutteuse, à la limite de la redresseuse (je sais, ce mot n'existe pas) de torts. Malgré ses failles et ses faiblesses qui font d'elle un être humain à part entière (plus qu'un simple personnage de roman, je veux dire), Cass Neary est vraiment le point fort de ce roman.



N'étant pas un lecteur assidu de romans noirs, je ne saurais dire si l'intrigue de ce Images fantômes est convenue ou non. Je l'ai tout de même trouvée un peu confuse parfois, parce qu'en voulant donner des indices au lecteur, ou lui tendre aussi des pièges, Elizabeth Hand s'emmêle un peu les pinceaux. Rien de rédhibitoire bien sûr, mais on se perd tout de même un peu entre le passé et le présent. Et si le lecteur a une vision parfaite du personnage principal, ainsi que de deux ou trois autres protagonistes, j'ai trouvé que tout n'était pas clair. En fait, c'est comme sur une photo, où les personnes qui se trouvent devant sont bien nettes, et celles placées à l'arrière, beaucoup plus floues.



En conclusion, si vous vous intéressez à la photographie et à la musique punk new-yorkaise des années 70-80, ce livre est fait pour vous. Surtout si vous aimez les personnages féminins qui ne s'en laissent pas compter. C'est glauque à souhait et une chose est sûre : il ne fait vraiment pas chaud dans le Maine au mois de novembre !
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Images fantômes

Voilà une lecture qui me laisse un goût amer!! Je me suis ennuyée sur plus de la moitié du livre ! Autant dire que ça été dur dur de ne pas laisser tomber !



Si on est mordu de photo il y a des références à foison et c’est vraiment bien en terme de culture photographique, par contre en terme d’intrigue ça laisse à désirer, limite chiant ! Désolée d’être si radicale, mais c’est vraiment ce que j’ai ressenti. Rien ne se passe avant le dernier 1/4 du livre !



Pour les fans de photo, on entre dans l’esprit du photographe, avec des aspects techniques des prises, des appareils et l’évolution entre l’argentique et le numérique (l’héroïne est réfractaire au numérique et développe elle-même ses photos). « L’œil » du photographe est bien expliqué et j’ai trouvé cela intéressant.



L’ambiance du livre est très bien posée. L’auteur, a pour cela bien du talent, car on s’imagine assez bien la beauté des paysages du Maine, l’humidité, le froid et l’hostilité de la nature, mais des gens surtout ! Elle a du talent pour nous donner froid et surtout l’envie de mettre une bonne veste bien chaude.



L’incursion dans le Maine est somme toute assez proche du regard que Stephen King a pu transmettre dans ses livres.



L’héroïne, Photographe punk, droguée, a eu son heure de gloire en immortalisant des cadavres ou des personnes en train de mourir. Vingt ans plus tard, elle n’a pas grandi et reste égale à elle-même, elle se comporte comme une ado de 40 ans, carbure aux médocs et au Jack Daniels. Antipathique, cleptomane et sans gêne, bref un comportement d’ado coincé dans un corps d’adulte. Fouineuse à souhait, une écorchée vive dont le portrait n’est pas sympathique mais qui le devient vers la fin. Elle est glauque, morbide et malsaine. L’auteur a bien réussi à dépeindre son personnage principal.



Les autres personnages sont parfois bienveillants mais surtout plein d’animosité pour la plupart ! On les sens frustrés, coincés dans cette région qui n’a rien à leur offrir que du lugubre…



Une atmosphère assez dérangeante se dégage, appuyée par ce rythme d’une lenteur soporifique, qui ne décolle légèrement qu’au dernier 1/4 du livre alors que l’auteur avait un fil conducteur intéressant avec les disparitions inquiétantes d’ado, l’enquête finalement occupe très peu de place.



Images fantômes aurait pu être un roman totalement atypique grâce à la culture photographique évoquée, des paysages bien campés, une atmosphère glauque et lugubre, mais qui est un flop total avec une intrigue manquant totalement de rythme et ne décollant que légèrement au dernier quart du livre.



Un livre qui peut certainement plaire, pour ma part je me suis vraiment ennuyée. Le premier tome d’une trilogie que je n’ai du coup pas envie de poursuivre mais qui peut se lire comme un One-Shot.
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L'ensorceleuse

L’Ensorceleuse, voilà un roman dont je n’avais absolument jamais entendu parler avant de tomber dessus, par hasard, lors d’une visite en librairie. Dès la découverte de l’illustration de couverture et la mention des préraphaélites en quatrième de couverture, j’ai su que ce roman devait absolument entrer dans ma bibliothèque… et je ne regrette pas. Malgré tout, je suis sceptique, déstabilisée, un peu paumée… ai-je aimé ou non cette lecture ?



Ce qui est sûr, c’est que j’ai apprécié le thème qui me parle beaucoup. Elizabeth Hand part sur une idée simple : les muses (ou plutôt LA muse) des préraphaélites (notamment Dante Gabriel Rossetti et Edward Burne-Jones) n’étaient pas humaines mais plutôt issues du petit peuple. Quelle séduisante hypothèse ! Et même… quelle évidence !

Je suis complètement sous le charme et même fascinée par ces femmes peintes souvent baptisées « enchanteresses » (on n’est pas très loin de l’idée d’ensorceleuses) par les spécialistes de l’histoire de l’art anglais du XIXe siècle et je ne comprends pas comment je n’ai pas pu faire le rapprochement avec le monde merveilleux des fées. Pas les petites fées des dessins animés avec des paillettes, non ; plutôt des sortes de nymphes aussi séduisantes que dangereuses, ces créatures mystérieuses du folklore anglo-saxon…

Voilà la base d’un roman qui ne pouvait que me convaincre. Et si en plus on y ajoute une excursion dans l’Angleterre du XIXe siècle pendant laquelle on fait la rencontre de la charismatique et très irlandaise Lady « Speranza » Wilde (l’imposante Maman d’Oscar) et pendant laquelle on met les pieds du côté des étranges asiles d’aliénés, voilà un texte qui ne pouvait qu’approcher la perfection… Eh bien, j’ai tout de même des réserves.



Le fond est séduisant, je n’en démords pas. Pour moi il y avait tous les bons éléments pour faire de cette histoire un roman captivant et extraordinaire. Malheureusement, malgré les regains de suspense et de curiosité au fil de la lecture, je garde une impression de longueur diffuse et de déception car j’ai le sentiment de ne pas être allée au bout des choses.

Bien sûr, c’est le propre du fantastique (dans sa définition première), de ne faire qu’effleurer le monde réel et donc de nous laisser dans le flou… mais j’aurais tellement aimé que l’aspect merveilleux de cette muse et de son incidence sur les peintres anglais du XIXe siècle soit plus développé que j’en ressors fatalement déçue. L’Ensorceleuse n’a été pour moi qu’une mise en bouche, qu’une proposition de théorie séduisante que je rêve de voir développer dans un roman encore plus intense, encore plus percutant.



Elizabeth Hand nous propose de suivre deux points de vue différents (en gros), à savoir une première intrigue se déroulant à la fin du XIXe siècle en Angleterre à travers les aventures d’un jeune peintre de la mouvance préraphaélite (Radborne) et une deuxième intrigue prenant place à notre époque, elle aussi en Angleterre mais prenant Daniel Rowlands - un journaliste - pour héros. On se doute évidemment que les deux intrigues sont liées, malgré le siècle qui les sépare et on comprend très vite que leur destin va se jouer autour d’une figure féminine mystérieuse baptisée Larkin Meade à la fin du XXe siècle.

Très sincèrement, ce sont les chapitres se déroulant au XIXe siècle, au début dans les ruelles londoniennes puis très vite dans un asile perdu sur les cotes sauvages du Pays de Galles, qui m’ont le plus charmée. Je tournais les pages avidement, pressée de découvrir la véritable identité de la fameuse muse et surtout, son incidence sur le jeune peintre amené là par la convoitise d’un médecin spécialiste des artistes déchus (Learmont). Très vite on se doute que cette magnifique femme aux traits étranges - cf les portraits de Dante Gabriel Rossetti - n’est pas vraiment humaine mais l’auteure ne nous le confirme jamais vraiment. C’est séduisant de rester dans le flou car il est plus évident de croire en un élément fantastique discret et pas vraiment avéré qu’en l’apparition d’une fée Clochette de 10 centimètres de haut avec ses ailes et ses chaussons à pompons.

En même temps, trop rester dans les scènes obscures, à la limite de l’hallucinatoire, c’est un peu lassant. Et je trouve que c’est d’autant plus le cas dans l’intrigue qui se déroule à notre époque et qui m’a, de ce fait, beaucoup moins séduite. Et pourtant, c’est bien dans ce groupe de chapitres que l’on apprend le plus à connaître la fameuse Larkin Meade et c’est en suivant la passion destructrice de Daniel Rowlands, jusqu’au Pays de Galles, qu’on rassemble petit à petit les pièces du puzzle.

Malgré tout, je comprends parfaitement que beaucoup de lecteurs peinent à trouver leurs marques face à cette histoire à l’intrigue générale très obscure. Finalement, on court après des réponses, on est fascinés par la muse qu’on apprend à connaître, on est ensorcelés par cette aventure… mais en même temps, concrètement, il ne se passe pas grand-chose et quelques passages se révèlent longuets.



Je suis sceptique. Je suis fébrile. D’un côté, j’ai adoré (mais vraiment) le thème, je tournais les pages comme en état de manque, complètement subjuguée par ce qu’Elizabeth Hand me proposait et j’en redemande…

De l’autre, je suis un peu déçue par la forme du texte (je me retourne sur ma lecture et je me rends compte que beaucoup de pages ont été tournées pour au final, pas grand-chose) et je suis un peu déçue par le traitement des idées, parce que j’en aurais voulu plus. J’aurais voulu plus de temps au XIXe siècle auprès de Burne-Jones, Rossetti et la muse (et même auprès de Lady Wilde qui rassemblait le folklore irlandais pour en faire un recueil de contes), j’aurais voulu plus de merveilleux, par petites touches, à Londres ou au milieu de la campagne galloise, j’aurais voulu apprendre à connaître cette femme à la beauté étrange et saisissante pas tout à fait humaine, tellement insaisissable…



Le constat est sans appel, cette lecture m’a retourné l’esprit. Je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non. Finalement, pour faire un mauvais jeu de mot, L’Ensorceleuse est une découverte ensorcelante : un livre dont on tourne les pages avec autant d’avidité que de désintérêt. On veut en savoir plus et en même temps, on ne peut s’empêcher de se dire qu’il ne se passe pas beaucoup de choses, c’est toujours à la juste limite de l’ennuyeux car quand on commence à décrocher, paf, un paragraphe nous replonge complètement dans le mystère et la curiosité est à nouveau piquée.

Il est évident que L’Ensorceleuse n’est pas une lecture facile et que si vous n’avez jamais vu un tableau préraphaélite de votre vie (avec une petite connaissance de l’idéologie cachée derrière), vous passerez très certainement à côté de ce que le livre peut apporter. Je ne crois pas qu’un parfait novice en matière de peinture anglaise du XIXe siècle (ou même d’atmosphère liée à cette période particulière) appréciera cette histoire obscure… mais pourquoi pas !



En à peine deux ou trois mois, c’est la troisième fois que je suis propulsée au Pays de Galles (Morwenna et ses fées dans les mines abandonnées, le film Pride et ses mineurs en grève au milieu de nulle part et maintenant L’Ensorceleuse) alors que je n’y avais jamais - mais vraiment jamais ! - mis les pieds avant (métaphoriquement évidemment)… de là à me faire comprendre qu’il faudrait peut-être que j’aille faire un tour du côté des mines galloises abandonnées, il n’y a qu’un pas ! Quelqu’un pour m’accompagner en août 2015 ?
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L'éveil de la lune

Beaucoup de récits. Les dialogues sont "noyés" dans le texte et signalés par des guillemets. Lecture désagréable car un roman doit être fait de dialogues et de descriptions. Celui-ci est monté comme le journal intime du personnage principal avec l'apparition des guillemets qui donnent l'impression qu'il rapporte les paroles de d'autres personnages. Abus des mots italiques. Le temps de l'action je ne l'ai jamais trouvé. Je suppose que ce long récit se passe la nuit car il s'agit bien de l'éveil de la lune. Un petit pavé agaçant. Pourtant les bons ingrédients étaient là: sorcellerie, formules magiques, prêtresses, une belle couverture, un bon titre.
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Images fantômes

Un roman qui mérite le détour dans la masse des publications du mois d'août, toujours très fournie ! On y suit le parcours de Cass Neary, une artiste photographe qui a connu le succès mais survit aujourd'hui entre drogue et alcool. Quand on lui propose de faire l'interview d'une photographe de renom, l'un de ses modèles de jeunesse, elle se laisse tenter et se rend sur l'île où s'est retirée l'artiste maudite, où des disparitions étranges ont lieu depuis quelques années.

Tout cela pourrait n'être "seulement" qu'une réflexion sur la photographie, notamment la vision de l'artiste qui transforme tout ce qu'il voit, mais c'est aussi une intrigue bien menée qui plonge le lecteur dans une atmosphère glacée et glauque, au cœur des paysages sombres et rudes du Maine, à la suite d'un personnage principal atypique. Une vraie découverte!
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L'armée des 12 singes

Ce qui était à la base un génial court-métrage de Chris Marker appelé "La jetée" en 1962, est devenu un excellent film de Terry Gilliam, "L'armée des 12 singes" en 1995.

Il est ici adapté en livre, genre scénario ; on y retrouve l'intégralité des dialogues.

A lire APRèS avoir vu le film...
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L'ensorceleuse

Prétentieux et confus... Ça rappelle "Le Maître et Marguerite" ou "Jonathan Strange et Mr Norell", mais en pas bien.

Des bonnes idées mais à trop vouloir faire dans l'envoûtant et dans le poétique, l'auteur sombre surtout dans la lourdeur, la confusion et l'ennui.
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Les Disparus d'Hokuloa

Grady Kendall n’a pas de petite amie, pas de travail, pas vraiment d’occupations, le COVID commence à s’installer et la pandémie fait peur. À part quelques petits boulots de temps en temps, ses journées sont plutôt mornes. Alors lorsque son frère lui envoie la capture d’écran d’une annonce assez originale, il se demande bien ce qu’il va faire.

Ce qui est proposé, c’est un poste de gardien à Hawaï. L’horizon étant plutôt bouché avec le virus qui traîne, il répond par mail, en arrangeant un peu son curriculum vitae. On ne sait jamais, peut-être que ça débouchera sur une belle expérience ?

Quelques échanges rapides et c’est fait. Il se retrouve dans l’avion. Son job ? Surveiller la villa d’un milliardaire passionné d’oiseaux, de poissons, et qui a décidé de mettre plein d’actions en place pour les protéger. Cet homme, Wesley Minton, s’isole régulièrement loin de sa demeure. Il est alors sur la péninsule d’Hokuloa où il gère différents projets avec la consigne de ne jamais le déranger.

C’est Dalita, parfois gardienne « en dépannage », qui récupère Grady à l’aéroport et l’accompagne jusqu’à l’habitation du propriétaire. Pendant le trajet, elle lui montre les lieux et lui parle des difficultés de l’île. Hawaï ce n’est pas que les plages, le surf et le soleil. C’est également des sans-abris, du chômage, des familles qui galèrent. Cela interpelle le jeune homme, comme le bunker avec le nom des personnes « disparues »… Qui sont-elles ? Que leur est-il arrivé ?

Grady commence les différentes tâches auxquelles il doit se consacrer. Ce n’est pas trop compliqué et le temps passe. Quelques incidents le questionnent. Il décide d’en avoir le cœur net et observe avec acuité mais il doit être discret, prudent et rester à sa place. Au fil des pages, il gagne en maturité, son séjour l’oblige à aller plus loin que sa petite vie tranquille. C’est édifiant et sa personnalité s’étoffe.

Ce livre est très bien écrit (merci à la traductrice). L’intrigue va crescendo, c’est intéressant car plusieurs thèmes sont abordés. La préservation de la nature, l’impact du tourisme, la vie des îliens. L’atmosphère sur place est bien décrite, les relations entre les protagonistes aussi. On sent les tensions dues au COVID qui fait peur, qui modifie les rapports humains, qui empêche certains d’être naturels. C’est évidemment très réaliste.

J’ai apprécié que l’auteur prenne le temps de poser ses personnages, de présenter les lieux, le contexte pour qu’on pénètre dans son univers. La légère dose de surnaturel ne m’a pas dérangée, au contraire, elle est tellement bien intégrée au récit que c’est absolument parfait. De plus, elle ne prend pas trop de place, c’est dosé juste comme il faut. Les références sur l’environnement sont ciblées et en fin d’ouvrage, Elizabeth Hand précise ce qui est réel ou imaginaire.

J’ai ressenti beaucoup de plaisir avec cette lecture. Le suspense et les rebondissements maintiennent notre attention, nous permettent de rester au cœur de l’histoire car on s’interroge sans cesse en se demandant ce qu’il va se passer.

Je ne connaissais pas cet auteur et je suis enchantée de ma découverte !


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Images fantômes

Je dois dire que je suis assez fan des parutions des Editions Super 8, ce nouveau thriller est le plus bizarre que j'ai pu lire cette année. Ce qui est sûr c'est qu'il ne laissera personne indifférent car rien n'est en demi-teinte. Les personnages sont inquiétants, ils évoluent dans des milieux glauques, l'atmosphère est tantôt glaciale tantôt pesante. Je me dois aussi de prévenir les lecteurs qui n'aiment pas lire des histoires trop dures, violentes, malsaines ce livre n'est vraiment pas pour vous.



Le personnage de Cass est vraiment hallucinant, cinquantenaire qui se comporte comme une gamine de vingt cinq, elle est tout ce que l'on peut détester, la personne que l'on a pas envie de connaître, elle est droguée, alcoolique, voleuse, se mèle de tout ... Et pourtant j'avais envie de suivre ses aventures et enquêter sur de mystérieuses disparitions sur une île tout aussi étrange. C'est un personnage féminin fort.



C'est un livre très étrange car au milieu de tout ça il est aussi question d'art qu'il soit graphique, photographique ou musical. Les passionnés de photographie s'y retrouveront avec des termes très précis et de nombreuses références. L'écriture est nerveuse, maîtrisée et efficace, je ne connaissais pas cet écrivain et je suis bien contente de l'avoir découvert.



VERDICT



Si vous avez la nostalgie des années 70-80, du punk, de la musique de ces mêmes années alors vous devez lire ce livre !
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Images fantômes

Merci à Super8 !

Cass Neary a connu une gloire éphémère dans les années 70 à New York, en tant que photographe punk expérimentale. Elle a maintenant une quarantaine d'années, et tout ce qui reste de cette période est une grande nostalgie, un penchant pour l'alcool et les drogues, et surtout un mal-être énorme.

Alors, lorsque Phil, un des rares amis qui lui reste, lui propose d'aller interviewer Aphrodite Kamestos, une artiste culte des années 1960 vivant retirée sur une petite ile au large du Maine, Cass va hésiter. Mais après tout, l'artiste semble l'avoir personnellement demandée, et surtout Aphrodite est la raison pour laquelle Cass a commencé la photo, bien des années auparavant.

Mais lorsque Cass débarque sur l'île, elle doit affronter la suspicion des habitants, la folie et l'étrangeté d'Aphrodite, des disparitions, et surtout tous ses fantômes et démons intimes, qui semblent bien décidés à obtenir son attention.

En commençant Images fantômes, j'étais déjà bien disposée : non seulement je n'ai pas encore été déçue par Super8, mais le résumé m'intriguait énormément.

(Mon avis complet sur mon blog.)
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Images fantômes

Il s'agit du premier roman traduit en français d'une série, qui en compte pour le moment trois, concernant Cassandre Neary. Le titre original, « Generation loss », correspond très bien au contenu du roman. Je comprends le choix du titre français, même si je trouve le titre anglais plus adapté. Mais il aurait fallu donner une explication technique pour pouvoir saisir ce choix : lorsqu'une vidéo ou une photo originale analogique est copiée, la copie subit des pertes et est d'une qualité inférieure. C'est cette dégradation qui est nommée « generation loss ». Dans ce roman, le thème principal est la photographie et de nombreux protagonistes y sont mêlés, de près ou de loin. Le livre baigne dans une atmosphère étrange, dérangeante.

[...]

Lire la suite sur:
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L'armée des 12 singes

Il y a longtemps que je n'avais pas été faire un petit tour dans le GrenierFamilial, et comme à chacune de mes visites, j'en ai ressortie une novélisation, cette fois-ci non encré dans la mémoire collective des 80's mais des années 90's. Lorsque nous parlons de novélisation, il faut entendre par là, que le roman fut écrit à la suite du film. Et aujourd'hui, je vous propose de découvrir l'Armée des 12 Singes, film de Terry Gilliam avec Bruce Willis et Brad Pitt.



Ce film comme je le disais fut un an après sa sortie, adaptée en roman par Elisabeth Hand.



Cela va-t-il vous surprendre si je vous dis que ce roman est strictement fidèle au film ? Et bien les choses sont ainsi, mais même si la trame ne bouge pas d'un iota, on découvre avec un peu plus de profondeur la personnalité des personnages, ce qui donne un certain intérêt pour cette novélisation de ce film culte.



Alors que vous dire, pour les amoureux de la lecture, ces quelque 188 pages se dévorent en quelques heures, car en plus, le livre est assez correctement écrit.

Pour ma part, j'ai passé un bon moment de lecture, retrouvant et découvrant un peu plus les personnages de ce film que j'ai dû voir une bonne dizaine de fois dans mon adolescence.
Lien : http://bouquinovore.blogspot..
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L'éveil de la lune

Tout débute avec l'entrée de Katherine Sweeney Cassidy, appelée plus couramment Sweeney, à l'université des Archanges et de Saint-Jean-le-Divin, à Washington.

Elle va rapidement faire la connaissance de deux autres étudiants singuliers et troublants, Oliver et Angelica, et sera comme la cinquième roue du carrosse au milieu de ce couple envoûté et envoûtant.

Toute la première partie du livre pose les jalons de cette histoire où il est question de la lutte très ancienne entre un groupe de "magiciens", les Benandanti, auquel appartiennent certains enseignants de Saint-Jean-le-Divin, et un culte des origines de l'humanité voué à la lune et à tous ses avatars.

La deuxième partie du roman se déroule vingt après les événements qui ont amené la séparation entre Sweeney et ses amis.

Elizabeth Hand développe une histoire très prenante, usant des mythes avec crédibilité, parvenant à mettre en place une thèse féministe à la fois effrayante et tentante.

Les personnages sont très bien campés et la part belle est donnée aux femmes, qui font preuve d'une force dépassant souvent celle des hommes.

Même si la fin du roman est quelque peu décevante en raison de son caractère trop vite expédié à mon sens, on tient là un roman fantastique original de premier ordre.
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Les Disparus d'Hokuloa

Ce roman, que l’éditeur même décrit comme un « thriller fantastique », était une énième trouvaille au catalogue de Lirtuel, la bibliothèque belge francophone en ligne dont j’ai déjà parlé plus d’une fois. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Pour tout dire, je l’avais emprunté à cause de sa couverture quelque peu interpelante et qui ne me déplaît pas, et parce qu’il était parmi les nouveautés et que, à ce moment-là, j’avais encore le droit d’emprunter un livre de plus que ceux déjà en cours.



Je n’ai pas été déçue de ma lecture, au contraire, mais je ne la qualifierais pas non plus de révélation à lire absolument. En réalité, on a là typiquement un « roman d’ambiance », où l’autrice s’attache très fort à suivre les personnages au jour le jour dans leurs moindres faits et gestes, dans une atmosphère décrite au cordeau – ce n’est certes pas ennuyeux, à aucun moment dirais-je même, mais ainsi l’action n’avance guère : ce n’est qu’à 75% que l’histoire s’emballe (enfin !) pour une fin qui garde une part de non-résolu, malgré son goût de happy end. Un thriller fantastique façon soft, donc, même si certains passages font froid dans le dos !



On rencontre ainsi Grady, jeune charpentier sans envergure, entouré d’un petit groupe d’amis un peu douteux (dont son frère) mais sur qui il sait pouvoir compter. Il vivote de petit boulot en petit boulot, mais se retrouve sans activité lors de la pandémie de covid – qui est très centrale dans ce livre… pourtant publié en 2022 en vo, alors que les confinements étaient terminés depuis un moment ! Ainsi, lorsque Grady tombe par hasard sur une annonce recherchant un gardien pour la propriété d’un milliardaire installé à Hawaï, après avoir enjolivé son CV, il pose sa candidature, lui qui n’a jamais été au-delà des frontières de son Maine natal… et obtient le poste quasi aussitôt !

Sur place, il découvre une propriété immense, avec à l’intérieur une gigantesque volière abritant des espèces rares d’oiseaux endémiques de l’île… soi-disant pour leur conservation, ce qui n’empêche pas que, malgré la grandeur du lieu, les oiseaux y sont enfermés ! Mais il apprend aussi que son patron, le richissime Wes Minton, passe l’essentiel de son temps sur son autre propriété, inaccessible à qui que ce soit, sur la péninsule d’Hokuloa, théoriquement terre indigène intouchable mais les milliards de dollars permettent tout…



Cependant, Wes Minton ne lui laisse à peu près rien à faire, si bien que Grady s’ennuie à mourir. Dès la fin de sa quarantaine, apparemment très sérieusement observée à Hawaï, il alterne les visites aux quelques connaissances qu’il s’est faites depuis son arrivée sur l’île, tout en s’inquiétant pour sa santé mentale, lui qui pense avoir vu un chien étrange qui lui a fait une peur terrible, dès sa première nuit, et qui ne va cesser de le hanter. En effet, après quelques recherches, il pense avoir découvert qu’il s’agirait du fameux Kaupe, être maléfique des légendes hawaïennes, qui attire les gens pour les tuer… mais qui, bizarrement, ne semble pas vouloir le tuer, lui, Grady (si seulement ce Kaupe « existe » vraiment !).

En outre, il s’inquiète d’un bunker sis sur son chemin entre la propriété dont il est le gardien et la ville la plus proche : un bunker où sont écrits les noms des trop nombreux disparus de l’île, régulièrement effacés, mais réapparaissant tout aussi régulièrement. Quand une jeune femme, Jessica, qu’il a brièvement rencontrée dans l’avion avant d’arriver à Hawaï disparaît à son tour, il se met peu à peu en tête d’élucider ces disparitions…



Comme je disais : il ne faut pas attendre de folle action de ce livre. L’essentiel se passe dans la tête et/ou dans le quotidien de Grady, personnage sans envergure disais-je plus haut, mais pas inintéressant pour autant. Avec son habitude d’avoir vécu de petites combines et autres boulots au fil des opportunités, il est adaptable à toute nouvelle situation. Il s’intéresse à la nature, a d’ailleurs suivi une formation de guide dans son État natal, et est fasciné par les oiseaux de la volière autant qu’il s’interroge sur le fait qu’ils soient ainsi « en cage », aussi gigantesque qu’elle soit. C’est aussi un manuel, capable de 1.001 travaux divers et variés sans jamais rechigner à la tâche, plein d’idées pour améliorer son environnement et celui de ses amis, prêt à aider quand il peut… si du moins il n’est pas en train de cuver l’une des très nombreuses bières qu’il donne l’impression de boire sans fin tout au long du livre – à croire que l’autrice a été sponsorisée par Pabst (Blue Ribbon) !



C’est aussi à travers ce personnage, au départ insignifiant, mais qui se révèle à lui-même tout au long de l’histoire, que l’autrice aborde toute une série de thèmes qui, malgré leur très grande diversité, se tiennent les uns ou autres sans jamais perdre le lecteur. J’ai cité plus haut la pandémie de covid et tout le mal qu’elle a fait aux relations sociales, en général.

Le deuxième (ou sur pied d'égalité!) thème central, qui s’éparpille en plusieurs sous-thèmes, est bien entendu l’île d’Hawaï, dont l’autrice démontre une connaissance approfondie (sans doute à la suite d’un énorme travail de recherche, et alors c’est remarquable) : elle nous parle des autochtones, qui se considèrent comme légitimes s’ils ont ne serait-ce qu’un arrière-arrière-arrière-grand-père natif de l’île, par opposition aux haole, les non-îliens (pour une comparaison beaucoup plus proche de chez nous, on croirait parfois qu’elle parle d’une certaine image qu’on peut avoir de la Corse !). Elle soulève à quel point ces haole, que les Hawaïens de souche ont tendance à mépriser, sont pourtant indispensables à la survie de l’île, à travers une industrie de tourisme « de façade » - entendez : qui montre la mer, les plages et les quelques beautés de la nature accessibles, autrement dit rien de ce qui ressemble au quotidien véritable des habitants - ; une industrie en plein effondrement à cause de la pandémie.

Elle montre aussi un véritable intérêt pour la protection de la nature, cet environnement tellement particulier et extravagant à Hawaï, mais aussi en danger, comme partout ailleurs sur la planète. Elle révèle par exemple (dans l’histoire même, et le confirme en note à la fin du roman même) que certaines espèces d’oiseaux, considérées comme (quasi) disparues, ont été retirées récemment de la liste américaine des espèces menacées d’extinction, car plusieurs de ces espèces ont été « retrouvées » à Hawaï, et leurs populations seraient actuellement suffisantes pour ne plus susciter d’inquiétude. Elle pose la question, aussi, on l’a compris, de l’opportunité ou non de garder ces espèces menacées en cage, sous prétexte de protection.



Mon seul vrai regret, finalement, est un récurrent et concerne davantage l’éditeur que l’histoire même : on a là une autrice américaine, avec une histoire se déroulant aux États-Unis… et paf, le lecteur francophone est censé comprendre d’emblée où est le Maine et quelles sont ses particularités, à quelle distance se trouve Hawaï, comment y arriver depuis le Maine (vous saviez, vous, que c’est apparemment « normal » de passer par Los Angeles ?). J’ai beau parler un anglais suffisamment courant et lire de nombreux romanciers américains, je ne suis pas passionnée par ce pays (ce n’est pas obligatoire quand même ! si ?), et suis bien incapable de situer les différents États, à peine quelques-unes des plus grosses villes. Je continuerai donc de réclamer que les éditeurs donnent quelques indices, évitant ainsi aux lecteurs francophones de perdre leur temps à essayer de visualiser où se passe l’action, alors qu’une seule petite page avec une carte des États-Unis (avec Hawaï aussi), aurait résolu bien des questions géographiques, qui n’entravaient certes pas, pas tout à fait, la compréhension du texte, mais qui l’auraient rendu plus fluide pour les lecteurs non avertis – ce que je revendique !



Tout cela étant dit, sachez que, si vous espérez un roman d’action ou un thriller plein de suspense jusqu’à un dénouement en fanfare, ce livre vous décevra. Même pour moi qui n’en attendais rien de particulier, le manque d’action pendant les trois premiers quarts de la lecture, a eu quelque chose de déroutant – sans pour autant m’ennuyer, je le répète ! Quant à dire le moindre mot sur le dernier quart, ce serait complètement divulgâcher, donc je vous laisse voir…

Je peux donc dire que c’était un bon livre, plein d’une ambiance de mystère qui s’épaissit peu à peu, tout teinté de vieilles légendes hawaïennes qui sont présentées par petits bouts, suffisamment pour être compréhensibles, sans devenir assommantes ; et le tout invite le lecteur à entrer de plus en plus profondément dans la façon de vivre, de penser, de ressentir d’un haole certes, mais un haole peu à peu fasciné par cette île apparemment magnifique et pourtant si peu connue qu’est Hawaï.

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