AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Elisa Beiram (41)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le premier jour de paix

Ici à Nantes, plus qu'ailleurs, la rentrée littéraire passe aussi, et surtout, rue des Vieilles Douves, par l'Atalante, cette splendide librairie d'édition de l'imaginaire.

Car même si "Le premier jour de paix" est un récit de science-fiction, un roman de genre, il devrait très vite en venir à bousculer les codes, à déborder les limites imposées à ce genre, et par le bouche à oreille, venir se placer parmi les belles découvertes de la rentrée littéraire 2023.

"Le premier jour de paix" est un roman de science-fiction écrit par Elisa Beiram, et paru aux éditions de l'Atalante.

Tout d'abord, le livre-objet est splendide.

L'illustration de sa couverture et de sa quatrième a été réalisée par Thomas Dambreville.

C'est une sorte d'écrin qui enserre le récit, et le sert.

C'est assez réussi pour le souligner, pour le préciser ...

Mais l'écriture d'Elisa Beiram, aussi, est splendide.

Elle est tissée de sensations, émaillée d'odeurs, de bruits et d'images.

Décrire des décors, brosser des portraits, déjà, n'est pas un art facile.

Mais ici, la vie traverse les paysages, anime les personnages.

Le roman est constituée de trois parties : "Vers le rivage", "Vers le monde" et "Vers les étoiles".

Tout y est question de la direction du regard porté.

Elisa Beiram a créé un monde qui, dès les premières pages tournées, déjà ne lui appartient plus, n'appartient plus qu'à ses personnages, à ses lectrices, à ses lecteurs.

Aureliano est un vieil excentrique qu'une obsession désuète et saugrenue empêche de sombrer en même temps que le tragique décompte des tueries qui l'entourent - ériger le plus beau des mausolées à l'aide de ce que la mer rejette sur la grève ...

Esfir est une émissaire - qu'un million d'entre eux essaiment ... pour qu'un milliard de plus apprennent* -, et c'est la paix qui traverse les territoires juchée sur une mobylette antique ...

América Pérez est négociatrice au siège de l'Organisation pour la Paix Universelle mais déjà son regard se porte vers les étoiles, vers un pacte galactique, vers Xà~Ög ...

Ces personnages parcourent un monde très crédible, un monde qui n'en finit pas de s'effilocher, qui paraît être encore le nôtre, sans pourtant ne l'être plus vraiment.

Le récit est intelligent et introspectif.

Les notions qui le traversent, parfois même très fugitivement au coin d'une phrase, sont de celles qui seraient de force à extirper le vieux monde de la fange où il s'est englué.

L'avénement de la paix n'est-il qu'un conte dichotomique pour petite fille ?

L'argent est-il vraiment suspect ?

La ville est-elle vraiment maudite, et la campagne édénique ?

La conquête de l'espace est-elle une si bonne idée ?

Est-ce sa couleur, résultat de ses exodes, qui caractérise le mieux ce monde nouveau ?

Sommes-nous tous responsables d'un bout à l'autre de la chaîne humaine ?

Est-il si difficile de vieillir en résistant à cette furieuse envie de devenir un vieux con ?

Ce livre est plein d'images étonnantes mais très belles et très évocatrices.

Et, en attendant "le premier jour de paix", la rentrée littéraire passe aussi, et surtout, rue des Vieilles Douves, par l'Atalante ...



(*ref "Lumières et fumées"- à paraître vers 2048 ... Bientôt sur Babelio !)
Commenter  J’apprécie          5210
Le premier jour de paix

Elisa Beiram a fait le choix d’un parti pris fort, dans ce futur qui s’annonce désastreux pour la planète. Le premier jour de paix est celui de l’espoir, celui qui permettra à l’Homme de s’élever. Ou du moins essayer. En 2098, dans une ambiance pas loin d’être apocalyptique, où les sociétés telles que nous les connaissons, où les pays tels que nous les rencontrons, ont dû s’adapter aux rigueurs climatiques, l’autrice a l’audace d’y voir du positif et de l’espérance en la nature humaine.



Voilà bien le premier roman du genre que je lis à ainsi développer une idée que certains pourront trouver naïve : la paix est possible entre tous les hommes. Ce n’est même pas un objectif, mais bien la solution. C’est la pensée maîtresse du livre.



Loin d’être candide, l’écrivaine a réfléchi l’idée pour proposer une fiction aussi enrichissante que ludique. Parce qu’en plus, elle use d’un ton franchement décalé.



Autant aller au bout du concept. Ce n’est pas parce qu’on parle de sujets difficiles qu’il faut se prendre trop au sérieux ! Là aussi, le texte va à l’encontre de beaucoup de romans de la production de SF actuelle.



Le roman peut sembler très court, 150 pages, mais il se révèle d’une densité et d’une profondeur étonnantes en si peu de pages. Beiram jongle avec les idées à travers sa vision du futur, en équilibre instable sur un fil. Mais sans tomber dans le vide, tout comme cette Humanité obligée de revoir ses fondements pour survivre.



Elle bat en brèche bien des règles qui s’installent, pour proposer une voie médiane, à coups de scènes qui servent autant à développer des personnages que son argumentation. Je le répète, sans prise de tête.



Le livre débute avec un vieil homme qui se met à refuser la violence. Seul dans son coin, alors qu’il faisait lui aussi partie de ce système brutal par le passé. Perdu dans sa jungle, il croit être seul.



Ce n’est pas le cas, loin s’en faut, c’est même une sorte d’épidémie pacifique qui se propage dans les différentes strates d’un monde en train de s’unifier par la force des choses.



Suivront les pistes, les directions, suivies par d’autres personnages, rassembleurs. Comme cette émissaire qui réconcilie les gens sur le terrain, ou cette femme qui tente de faire signer un traité de paix à l’échelle mondiale. Ils ont tous leurs incertitudes, mais la même conviction.



Quitte à dépenser de l’énergie autant le faire pour faire la paix. Même dans un monde dévasté, où décider de se battre pour des idées plutôt que des ressources n’est pas l’évidence.



Avec force arguments, l’autrice déconstruit l’idée, qui se développe dangereusement actuellement, que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Le futur qu’elle imagine est passé au-dessus de ces considérations, gommant les frontières.



L’écrivaine balaye les chamailleries, pour mettre en lumière des personnages qui osent dire stop, dire non. En s’engageant. Même s’ils sont perclus de doutes.



Le roman va à rebours, refusant le fatalisme, osant l’espoir, et le décalage. Jusqu’à la manière de raconter cette histoire, jouant sur la rupture et osant même l’humour !



Un texte à lire les écoutilles grandes ouvertes, pour y croire. Posément, ce n’est pas le genre de livre à proposer des rebondissements trépidants, mais bien différents prismes, dont certains vont beaucoup surprendre. Tout comme la révélation finale.



Le premier jour de paix est un roman qui va à contre-courant d’un pessimisme ambiant. Il est peut-être trop tard pour éviter des cataclysmes climatiques, mais Elisa Beiram refuse de baisser les bras avec ce texte engagé et engageant.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
Commenter  J’apprécie          390
Le premier jour de paix

Quand on regarde les informations, difficile de se réjouir : l'Ukraine est toujours attaquée par son voisin belliqueux, la Russie de Vladimir Poutine ; en Afrique, les coups d'état se succèdent. Alors quand on tombe sur un roman intitulé le Premier jour de paix, on ne peut qu'être intrigué et agréablement surpris. Un peu d'optimisme dans ce monde dont on se demande comment il tient encore debout ? Eh bien oui, mais pas seulement.



Le constat d'ouverture du roman est bien dans l'air du temps : nous sommes foutus ! On ne va pas barguigner, lire de la SF récente est idéal pour tester son moral. Les auteurices sont à l'écoute du temps et les raisons de se réjouir ne font pas la une des journaux. Comme dans Parcourir la Terre disparue d'Erin Swan, Terra humanis de Fabien Cerutti ou Antarcticas d'Étienne Cunge, le futur décrit est particulièrement négatif, du moins au début : les êtres humains se sont réfugiés là où ils le pouvaient et tenter de continuer. Mais, et c'est là le constat désolant, malgré la difficulté de survivre, ils ne peuvent oublier leurs querelles, leurs haines. Et les morts s'enchainent.



On commence dans un petit village d'Amérique du Sud (qui ne s'appelle plus comme cela, mais nous y reviendrons plus tard), isolé par la forêt des autres villes et autres groupes humains. Aureliano, le personnage central de cette première partie, « Vers le rivage », se tient un peu à l'écart de ses concitoyens, au grand dam de sa fille qui le traite de lâche. Lui, quand il cesse de s'occuper d'une sculpture au bord de l'eau, un mausolée qui ne sait pas encore son nom, tient le décompte de la population de sa localité. Et cela diminue à la vitesse de l'éclair. Car, abandonnés à leur triste sort, les survivants n'ont d'autre pensée que régler les différents et les détestations par le meurtre. Constat accablant, désespérant.



Et survient la deuxième partie du roman, « Vers le monde ». On est loin de l'Amérique du Sud. D'ailleurs, progressivement, on découvre la nouvelle division officielle de la planète. Les pays ont fait place à de bien plus grands groupes, les GT. Les « Great Territories », les « Grands Territoires ». Ils ne sont plus que quatre qui tentent de gérer la pénurie. Et, encore, les anciennes querelles. En attendant, sur la planète, des volontaires circulent de ville en ville, de village en village, afin de tenter de gérer les conflits. Ces négociateurs et négociatrices risquent leur vie en se plaçant entre les ennemis, entre les différentes parties en présence. Ils écoutent et, par le dialogue, grâce à certaines techniques et leur expérience, ils parviennent parfois à éviter que les discussions ne s'enveniment, que la violence ne s'invite, avec son cortège de décès et de peine.



On suit donc Esfir dans cette deuxième partie du roman, une vieille routière. Enfin, pas si âgée que cela, mais les années portent davantage quand on fait ce « métier ». Et aussi à cette époque où on ne peut s'occuper de soi comme on le fait aujourd'hui. Elle rallie, comme elle le peut, ses théâtres d'opération, sous la chaleur extrême, rationnée en eau, car cette ressource est de plus en plus rare. En tout cas sous une forme douce et consommable. Et elle use de ses années de pratique pour empêcher deux groupes autrefois voisins d'en venir aux mains parce que l'eau vient à manquer ou parce que des conflits de génération ou d'égo dégénèrent.



Et on en arrive à la troisième partie, « Vers les étoiles », la plus longue. Comme un zoom arrière ou avant, selon le point de vue. C'est celle qui m'a surpris, cueilli. À tel point que pendant un moment, je n'ai su qu'en penser. Il m'a fallu quelques pages pour l'accepter, tant j'ai trouvé que le ton changeait. Mais ensuite, j'ai pu reprendre comme si de rien n'était. Je ne vais pas parler beaucoup de ce troisième protagoniste et je vais cacher le texte pour éviter le divulgâchage.



J'avais aimé Rêveur zéro, le premier roman d'Elisa Beiram. Son côté légèrement décalé, son histoire qui accroche par le côté. J'étais donc curieux de découvrir sa nouvelle oeuvre, un court roman, qui lui aussi m'a surpris dans sa construction et son contenu. Mais qui m'a bien plu par son optimiste tout sauf béat. On peut penser, bien sûr, à Becky Chambers (Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides). Mais ici, l'autrice s'est fortement documentée avant l'écriture et ancre davantage son récit dans le réel. Et cela se sent : le ton n'est pas angélique, pas manichéen pour deux sous. Ce qu'elle évoque est crédible (sauf peut-être la fameuse troisième partie) et offre un autre panorama de ce que pourrait être notre avenir. Une lecture riche et très agréable, vraiment prenante, qui nourrit encore ma réflexion.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          293
Le premier jour de paix

La science-fiction est toujours, peu importe l'espace-temps où elle situe son action, une littérature du présent. Et si vous êtes sceptiques devant cette assertion, parlons du second roman de la française Elisa Beiram paru cette année chez L'Atalante à l'occasion de la rentrée littéraire. Ce nom ne vous est certainement pas inconnu puisqu'Elisa Beiram est déjà l'autrice de Rêveur Zéro sorti en 2020 et qu'elle travaille en tant que scénariste/dialoguiste dans le monde du jeu vidéo.

Avec le premier jour de paix, elle explore ce qu'il reste de l'humanité en 2098…



Et autant le dire tout de suite, ce n'est pas des plus folichons.

Transfigurées par les catastrophes climatiques et les déplacements de populations, les nations d'hier se sont éteintes.

Ou plutôt, se sont fondues les unes dans les autres, poussées et repoussées par les multiples exodes consécutifs aux guerres et au climat.

Ainsi, les Jiti ressemble davantage à de grands conglomérats de la taille d'un continent qu'au états nations d'hier.

Mais avant de revenir sur ces mastodontes, Elisa Beiram saisit l'autre bout de la lorgnette pour la braquer sur Aureliano, un vieil homme d'une communauté colombienne qui se meurt à cause de ses conflits internes.

Bientôt, il découvre que des personnes s'échinent de par le monde à construire une paix nouvelle : ce sont les émissaires.

Biberonnés à l'irénologie — la science de la paix — ils parcourent le monde et tentent de résoudre les conflits, peu importe leur échelle.

Qu'il s'agisse d'un différent autour d'un cours d'eau ou d'une guerre entre communautés… jusqu'à la résolution de rivalités étatiques (ou ce qu'il en reste, comme on l'a dit plus haut). On suit trois émissaires dont Esfir et América Perez, entièrement dévouées à la cause. Une cause noble mais qui ronge et use tant la bêtise humaine semble sans fin.

Quand au troisième émissaire, disons qu'il sera pour le moins inattendu et plus… étranger.



Le premier jour de paix tente donc une science-fiction entre prospective géopolitique et utopie. Elisa Beiram y dresse en creux un portrait de notre époque qui court irrémédiablement à sa perte et contemple, presque fataliste, ce qu'il reste de notre société à la fin du siècle.

Si le lecteur arpente cette planète ravagée qui cherche une nouvelle voix pour demain, c'est aussi, et surtout, parce que les prévisions les plus sombres se sont déjà réalisées pour l'homme.

Surtout, Elisa Beiram tente de montrer que le conflit n'est jamais si simple qu'on le dit. Que le ressentiment, les différences générationnelles, les ressources et tous ces grains de sable dans la machinerie de l'entente cordiale jouent un rôle sur le genèse (puis la pérennité) du conflit.

Ainsi, le roman devient foncièrement malin et intéressant, tantôt naïf tantôt lucide, espérant envers et contre tout (et tous), explicitant les principes d'une paix positive pour construire ensemble dans une même direction. On y retrouve un ton optimiste et une certaine bienveillance envers le genre humain qui renvoie à Becky Chambers ainsi qu'une volonté de mettre en avant le témoignage des hommes et femmes de l'époque un peu à la manière d'un World War Z.

À mi-parcours, l'autrice s'enfonce encore davantage dans le registre science-fictif et élargit encore et toujours la question de la paix.

Ce qui s'avère aussi déstabilisateur pour le récit que surprenant. S'il fallait déjà accepté la nouvelle donne géopolitique qui paraît bien « utopique », il faut en plus faire un second saut de foi pour croire aux nouveaux personnages qui interviennent dans un récit jusque là le plus terre à terre possible. La bascule entre l'envie de réalisme et la science-fiction la plus exotique aura de quoi laisser perplexe certains lecteurs.

Sans en dire trop, disons simplement que toute la partie consacré à Xa~Ög arrive comme un cheveu sur la souple et enlève l'intéressante réflexion sur la capacité de l'humanité à changer d'elle-même. On peut comprendre les objectifs d'Elisa Beiram, notamment dans sa volonté de montrer les différentes échelles de conflits et d'enjeux, mais tout cela semble en fort décalage avec ce qu'on a lu auparavant. Reste tout de même une fin de récit particulièrement intéressante sur ce que la paix et tous les efforts pour l'atteindre peut drainer d'énergie à ses émissaires.

Comme si le messager devait souffrir et se sacrifier pour le bien commun.

Cela suffira-t-il pour qu'une paix durable soit possible ?

Voilà bien toute la question…



Le premier jour de paix est un intéressant roman sur l'application de la paix et les raisons de la guerre. Même s'il aurait gagné à rester réaliste jusqu'au bout, le récit d'Elisa Beiram captive et donne à réfléchir sur comment nous voulons construire demain, le tout avec un optimisme qui change des lugubres avenirs qui nous sont promis habituellement.


Lien : https://justaword.fr/le-prem..
Commenter  J’apprécie          270
Le premier jour de paix

Dans une terre ravagée par les guerres, les humains continuent à s'écharper.

Des émissaires (bien aidés par celleux que je ne dévoilerait pas) tentent douloureusement de faire advenir la Paix. Nous en suivons quelques unes sur les chemins du monde, allant à la rencontre de communautés tentées par le bellicisme.

Mais "la paix n'est pas l'objectif, c'est la solution".

Ce livre représente en partie la non-violence et la solution pacifique des conflits cependant il m'a semblé guère plausible et un peu "tarabistoqué".
Commenter  J’apprécie          190
Le premier jour de paix

XXIIe siècle, une Terre dévastée, à bout de ressources, notamment l’eau. Partout sur la planète, des conflits humains éclatent. Les populations se battent pour une gorgée d’eau ou un lopin de terre. Souvent les belligérants ne se souviennent même plus des origines du conflit.



Le roman est divisé en trois parties. La structure est le point fort de ce roman et sa plus grande qualité selon moi, car particulièrement bien exécutée et porteuse de sens. Ces trois parties grandissent en taille et vont crescendo. Trois parties pour autant d’endroits parcourus et de personnages, qui tentent de construire la paix à leur échelle. On passe ainsi dans le roman d’un cadre très resserré (le rivage, avec des points de vue bornés et une incompréhension totale), à un élargissement de la vision jusqu’au dépassement des logiques terriennes. Ce dézoomage particulièrement efficace permet de réduire à rien du tout la portée de conflits quotidiens, de les relativiser.



J’ai trouvé cette construction maligne et remarquablement exécutée. En revanche, je suis un peu plus mitigée en ce qui concerne le cœur du propos.

D’abord parce que je l’ai trouvé assez didactique. J’ai eu une impression d’échanges très artificiels, peu vraisemblables, comme une discussion philosophique. Ca m’a un peu fait penser au Monde en Julia dans l'idée mais cela n’en a pas le corps ni la solidité. Certains dialogues m’ont paru tellement faciles… et certains conflits tout aussi faciles dans leur dénouement. Je comprends l’idée sous-jacente : la plupart des différends ont une origine dérisoire et peuvent se résoudre très vite.

Mais… je n’y crois pas. Je n’ai jamais été convaincue par ces méthodes utilisées seules. Suis-je défaitiste ? Peut-être… Si je salue le point de vue de l’autrice et ce qu’elle a tenté dans son roman, je n’y ai cependant pas été totalement réceptive. Je trouve davantage de réalisme et de vraisemblance dans les dystopies que dans les utopies, dont je ne suis pas convaincue qu’elles peuvent fonctionner.

Alors certes, c’est toujours plaisant de lire ces textes dits de SF positive de temps à autre, pour justement voir les choses autrement et se donner un petit shoot d’espoir. Mais je lis ces textes comme cela : un shoot, un mirage, qui fait du bien sur le coup, une parenthèse de rêve, avant le retour à la réalité. C’est davantage ici une question de regard sur le monde qui se dégage.



Je regrette par ailleurs la mauvaise habitude des éditeurs à comparer leurs auteurices à d’autres plus tendance. Tactique marketing, je le sais bien et je comprends l’idée, vraiment. Mais je trouve ça très moyen. Parce que ça crée des attentes qui ne sont pas totalement remplies. Becky Chambers c’est un style et des thématiques bien particulières. Pour moi, Le premier jour de paix n’a rien de chambersien. Et franchement, tant mieux. Déjà parce que je ne suis pas une inconditionnelle de Becky Chambers (ça a une logique avec ce que je raconte plus haut). Mais aussi parce que je trouve le texte d’Elisa Beiram est original et unique, il mérite donc d’être traité en tant que tel et non pas placé sous l’ombre déformée de l’œuvre d’une autre.

En revanche, ce que j’aime chez Chambers ce sont ses personnages transhumanistes et leurs relations complexes et passionnantes qui se mettent en place. Si Le premier jour de paix offre à la fin du roman des personnages différents et extraterrestres, on ne rentre jamais vraiment dans les détails. J’aurais aimé en savoir plus sur ces corps, sexualités, façons de penser et mœurs différentes.Il y a des dialogues par exemple très savoureux. Mais tout ceci n’est pas suffisamment développé; cela a titillé ma curiosité, qui n’a pas été entièrement satisfaite. Mais ce n’est pas le propos ici et certainement que le développer davantage aurait noyé le message central du texte.

Message qui manque malgré tout de force percutante, à mon goût. Peut-être du fait de l’aspect très didactique et creux des échanges, dans un cadre qui se veut réaliste. Peut-être aussi parce que le final, s’il est logique et n’aurait pas pu être différent, ne m’a pas surprise. Il est cohérent avec le reste, mais je m’attendais à quelque chose de plus « bousculant », surtout après la très bonne troisième partie. Mais c’est peut-être ce qui fait que je suis moins fan de SF positive : ça ne me bouscule pas.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/e..
Commenter  J’apprécie          130
Rêveur zéro

Il s'agit d'un roman de science-fiction et d'anticipation français qui nous conte une épidémie de rêves aux conséquences parfois bonnes mais parfois catastrophiques, désastreuses.







Angoisse, perte de repères et sentiment de suffocation permanent sont les ressentis que la plume d'Elisa Beiram m'a fait rencontrer.







J'ai beaucoup aimé les personnages et la manière de les faire évoluer dans l'histoire.



Le scénario est original, très original même et met le lecteur en situation épidémique. Vous me direz "on est en plein dedans", oui c'est vrai, mais ici on évite la réalité, grâce à ces rêves.



J'ai tout de même trouvé certains passages assez longs, ce qui a mon goût est le petit point négatif de cette lecture.





Rêveur zéro est un roman aussi étrange qu'inventif.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          130
Rêveur zéro

Dans un futur proche, une épidémie de rêves commence à sévir dans le monde : les rêves, en effet, se mettent à se matérialiser et sont, malheureusement pour certains, mortels. Elisa Beiram a choisi de nous raconter cette épidémie sur dix-huit jours, en suivant toute une galerie de personnages en lien avec l’épidémie : Zahid, un français qui participait à une étude scientifique sur les rêves au moment des faits, et qui déambule dans Paris sans trop savoir pourquoi ; Alma, une des scientifiques participant à l’étude, qui découvre que le labo dans lequel elle avait lieu a subitement disparu, alors qu’elle en était partie quelque temps ; Philipp, officier de police chargé d’enquêter sur la disparition du labo, et qui va se trouver mené dans une enquête au plus long cours, celle de la recherche des rêveurs zéro ; et enfin Janis, frère d’Alma, informaticien qui se voit confier une mission sur l’épidémie de rêves. Au fil des jours, au rythme des découvertes de chacun des personnages, nous découvrons nous-mêmes cette épidémie d’un nouveau genre, de plus en plus inquiétante et de plus en plus meurtrière.



Rêveur zéro renvoie à un schéma narratif plutôt classique désormais – narration alternant entre plusieurs personnages, nombre de jours via lesquels l’on remonte à travers eux le cours de l’histoire pour la comprendre -, qui aurait pu de ce fait tomber à plat au milieu de toutes les productions du même type. Mais heureusement, j’ai trouvé qu’Elisa Beiram, grâce à une intrigue bien menée et rigoureuse, une description tout aussi rigoureuse, dans le même temps profonde, de ses personnages, et de son univers – ils sont fort crédibles et intéressants -, ainsi qu’une plume très agréable à lire, donnait corps à ce schéma classique pour en faire quelque chose de vraiment personnel. Entre récit d’anticipation, enquête policière, quête de soi, et récit de voyage, ce roman aux multiples facettes est en effet passionnant à lire.



Seul bémol à ma lecture : en refermant ce roman, j’ai tout de même eu la sensation de n’avoir pas eu assez d’éclaircissements sur l’origine de l’épidémie. Le dénouement nous permet davantage de boucler l’histoire que de comprendre totalement en quoi cette épidémie de rêves a pu se développer, et pourquoi à ce moment précis.



Pour un premier roman, qui n’entre pas forcément dans ma zone de confort littéraire, que j’ai justement décidé de secouer un peu en ce moment, c’est en tout cas une jolie découverte que je suis ravie d’avoir pris le temps de faire.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
Commenter  J’apprécie          130
Rêveur zéro

Il s’agit d’un livre sur une épidémie. Non, non, ne partez pas tout de suite ! Je sais bien que le contexte sanitaire actuel rend très peu attractive la mise en avant de ce sujet dans une œuvre de fiction (on a tous un peu envie de penser à autre chose...), mais la pandémie qui bouleverse le monde d’Elisa Beiram n’a pas grand-chose à voir avec notre Covid-19 puisqu’il s’agit d’une épidémie… de rêves. Avouez que vous vous sentez déjà un peu plus dépaysé ! Le roman met en scène un monde futuriste finalement assez proche du notre, qui présente suffisamment d’innovations pour titiller la curiosité mais demeure malgré tout suffisamment reconnaissable pour que le lecteur ne s’y sente pas totalement perdu. Le contexte géopolitique a évolué mais la structure des continents et des pays reste grosso modo similaire à aujourd’hui, de même que les gens semblent avoir globalement les mêmes préoccupations. Un événement va toutefois venir perturber le calme relatif de ce « monde d’après » tout technologique et quelque peu aseptisé : les rêves. Des rêves qui se mettent à se matérialiser, et qui parviennent par conséquent à influer directement sur le réel. Présenté de cette manière, cela pourrait presque paraître attractif, et ça l’est effectivement parfois : des animaux surprenants arpentent soudain les rues, les vieux monuments décrépis retrouvent leur lustre d’antan ou se parent de couleurs ou de formes extravagantes qu’ils n’ont jamais eu, des constructions énormes se lèvent de terre et disparaissent en un claquement de doigt… De quoi enflammer l’imagination et susciter l’émerveillement même des plus blasés. Seulement les rêves de la plupart des individus n’ont rien de très drôle, et peuvent même se révéler dangereux : qui n’a jamais rêvé de perdre le contrôle d’un train ou d’une voiture lancé à toute vitesse ? Ou de se retrouver en plein milieu d’un champ de bataille ? Le problème avec les rêves, c’est qu’on y retrouve tout, le meilleur comme le pire de l’être humain, les joies comme les peurs, et leur réalisation peut avoir des conséquences dramatiques, surtout lorsque leur impact se fait à grande échelle.



Le roman possède un grand nombre de qualités même s’il n’est pas exempt de quelques défauts. Outre l’originalité du pitch, c’est l’univers esquissé par l’autrice qui m’a surtout emballée. Elisa Beiram dresse le portrait d’un monde relativement proche du notre (et par conséquent plausible) dont on ne découvre les spécificités que peu à peu, au détour d’une remarque émise par un personnage ou à l’occasion du déplacement d’un autre. Les nouvelles technologies y sont omniprésentes et la plupart des gens passent leur temps sur « le réseau » (le terme « internet » étant manifestement devenu has-been), prêts à commenter, s’indigner ou s’émouvoir du prochain sujet à la mode. On retrouve également la panoplie désormais classique d’objets futuristes, de la voiture autonome, aux nanorobots en passant par les vêtements intelligents. Loin de s’en servir comme de simples gadgets visant à démontrer qu’on est bien dans de la SF, toutes ces technologies sont au contraire utilisées par l’autrice pour questionner de manière très pertinente notre rapport au monde, au numérique, aux sensations et aux émotions qui sont ici considérablement émoussées par la technologie (Damasio parlerait sans doute ici de « techno-cocon »). Elisa Beiram dresse également subtilement le nouveau profil géopolitique du monde, là encore uniquement par petites touches, ce qui peut s’avérer frustrant par moment. On apprend ainsi que l’UE a mis en place une politique migratoire extrêmement ferme (quitte à mettre sous le tapis les droits de l’homme), ou encore qu’elle a purement et simplement abandonné les pays jugés encombrants, au premier rang desquels la Grèce, devenue le bastion des marginaux et des laissés-pour-compte de la société européenne. Le roman fait ainsi écho subtilement mais de manière répétée à des problématiques politiques très actuelles, de l’immigration au tout numérique en passant par les réseaux sociaux ou encore la récupération des données sur internet. Le numérique occupe d’ailleurs une place centrale dans le roman, et notamment la manière dont les informations y circulent, sont recensées et sont perçues par les utilisateurs. J’ai également beaucoup apprécié les réflexions de l’autrice sur les « villes augmentées », ces centres historiques reconvertis en attractions touristiques à l’aide de la réalité virtuelle qui permet aux visiteurs de se projeter dans une époque reconstituée plus vraie que nature, et ce alors même que les superbes vestiges de la dite période tombent en lambeau à leurs pieds.



Parmi les autres points forts du roman il convient également de citer la plume de l’autrice, suffisamment travaillée pour qu’on s’en rende compte et l’apprécie, mais pas assez pour que cela nuise à la fluidité du récit. Ses réflexions sur la société et l’humanité sont à l’avenant et poussent à la réflexion et l’introspection sans pour autant noyer le lecteur sous des considérations philosophiques malvenues. D’autres aspects du roman sont malheureusement un peu moins convaincants, à commencer par l’intrigue qui, bien qu’extrêmement prometteuse, patine pendant une trop grande partie de l’ouvrage. L’idée de base est bonne, mais elle ne se déploie que trop peu, si bien qu’on a l’impression que l’enquête n’avance jamais. Cette impression est d’autant plus renforcée par la construction narrative, chaque chapitre étant composé de la même manière : le récit de la nuit, et plus spécifiquement d’un rêve ayant causé plus ou moins de dégât dans le monde, suivi de celui de la journée, au cours de laquelle on suit les protagonistes qui se posent beaucoup de questions mais n’agissent que rarement. Ces derniers figurent également parmi les points faibles du roman car trop distants, et ce en dépit des tentatives de l’autrice de leur donner davantage de consistance en évoquant leur passé, leurs peurs ou leurs particularités. C’est le cas notamment des deux personnages au coeur de l’intrigue, Alma et Zahid, qui sont loin d’être antipathiques mais dont les réactions ne sonnent pas « vraies » (on peine à comprendre tous les choix de la premières tandis que le second est bien trop détaché pour susciter l’attachement). Les personnages secondaires sont cependant plus réussis car moins lisses, qu’il s’agisse de l’enquêteur tenu de composer avec ses homologues européens, ou encore de la sœur de Zahid, infirmière surmenée élevant seule sa fille.



« Rêveur zéro » est un bon roman, basé sur une idée intéressante qui permet de stimuler efficacement l’imagination du lecteur. La société futuriste dépeinte par Elisa Beiram est à la fois familière et inquiétante, et c’est là l’une des plus grandes réussites de l’ouvrage qui souffre malgré tout de quelques défauts, parmi lesquels des protagonistes auxquels on peine à s’identifier ainsi qu’une intrigue qui aurait mérité d’être un peu plus étoffée. L’ensemble reste malgré de très bonne facture, surtout pour un premier roman, aussi serait-il dommage de vous en priver.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          100
Le premier jour de paix

Sous l’œil d’observateurs blasés et pourtant bien curieux, une reconstruction patiente et différente après avoir frôlé l’effondrement final de la civilisation sous l’effet du réchauffement climatique. Une belle trajectoire parabolique.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/10/19/note-de-lecture-le-premier-jour-de-paix-elisa-beiram/



Pas de note de lecture proprement dite pour ce deuxième roman d’Elisa Beiram, publié chez L’Atalante en août 2023 : je signe en effet à son sujet un bref article dans Le Monde des Livres du jeudi 5 octobre daté vendredi 6 octobre (à lire ici). En revanche, comme il est désormais de coutume en pareil cas, quelques remarques supplémentaires en forme de note de bas de page :



🛶 On note ces derniers temps l’apparition de plus en plus fréquente et intéressante de situations de « near miss » : non plus des apocalypses franches et massives, mais plutôt des effondrements évités de justesse, avec des dégâts souvent extrêmement importants, mais pas d’extinction ou quasi-extinction (et puis on opère dans l’immédiateté de la situation, pas dans son lointain souvenir, comme dans les si troublants « Enig Marcheur » ou « Un cantique pour Leibowitz », bien sûr). Au lieu des simples conditions de survie (ou non) traditionnellement liées au (sous-) genre post-apocalyptique, on assiste ainsi à une captivante floraison de modalités concrètes de reconstruction, en « faisant avec » mais en essayant dans la mesure du possible de « bâtir autrement ». On avait ainsi lu avec intérêt récemment (même si l’humour noir et le sens de l’ironie du sort y tenaient sans doute davantage la vedette) le « Camp Zéro » de Michelle Min Sterling, et on avait passionnément dévoré l’ambitieux et intelligent « Eutopia » de Camille Leboulanger. Ce « Premier jour de paix » entre décidément en résonance avec cette préoccupation contemporaine.



🕊️ Ce roman est aussi une formidable réflexion, au plus près du terrain, fût-il imaginaire, sur la fonction de médiation et de diplomatie, à tout un tas de niveaux. Si les grands récits de science-fiction anthropologique tels ceux d’Ursula K. Le Guin (« La main gauche de la nuit », 1969), d’Eleanor Arnason (« A Woman of the Iron People », 1991 – enfin traduit ces jours-ci en français par Patrick Dechesne chez Argyll sous le titre « Les Nomades du Fer ») ou de Mary Doria Russell (« Le moineau de Dieu », 1996) avaient su magnifier – ô combien ! – des personnages investis de cette mission, leur présence en science-fiction « ordinaire » ou « générale » était nettement plus ténue (même si on doit noter une impressionnante exception avec la transformation du personnage-titre d’Orson Scott Card entre « La stratégie Ender » et « La voix des morts »). Peut-être sous l’effet de la progression d’une envie de bienveillance et d’éclat solaire en matière de science-fiction ces derniers temps (que l’on songe évidemment au « Psaume pour les recyclés sauvages » de Becky Chambers, par exemple), il me semble que médiation et diplomatie sont désormais davantage mises au premier plan et scrutées – et c’est diablement intéressant.



🔭 Enfin, l’utilisation de la figure tutélaire de l’observateur extérieur (très extérieur, ajouterait-on tout de suite en faisant semblant de ne pas vouloir spoiler), si elle suscite ici quelques maladresses techniques qui font un peu claudiquer par instants le roman (mais qui de mon point de vue en renforcent plutôt le véritable intérêt, celui que peinent souvent à créer des textes plus soigneusement lissés), tire tout le parti de la métaphore de l’altérité par excellence que constitue l’extra-terrestre, retournée ici comme l’avaient pratiqué avec tant de brio le David Brin du foisonnant et décisif cycle « Élévation » (1980-1998) ou, avec une dose supplémentaire de véritable humour noir, le Steven Erikson de « Réjouissez-vous » (2018).
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          60
Le premier jour de paix

Le premier jour de paix d'Elisa Beiram chez les éditions L'Atalante

Toute fin du XXIème siècle, la Terre est parti en vrille suite au changement climatique, les Hommes ont dû subir plusieurs exodes, les survivants regroupés en petites communautés continuent à s'entre-tuer...

Mais certains refusent la violence et œuvrent à la paix pour toute la race humaine.

Roman de science-fiction post-apocalyptique, ce court récit met en valeur 4 protagonistes prêts à tout faire pour que notre planète soit en paix, chacun au niveau qui lui est accessible.

Texte optimiste malgré l'état ravagé dans lequel se retrouve la Terre, cette histoire fait du bien à lire (un peu comme un Becky Chambers).

De plus, la couverture illustrée par Thomas Dambreville est magnifique, extérieur et intérieur. 🤩

Un chouette roman dystopique voire utopique. 😊
Commenter  J’apprécie          50
Le premier jour de paix

Ouais ouais !



J’ai plongé dans ce truc appelé "Le premier jour de paix" et j'ai quelques pensées à partager, dac ?



Donc c'est comme un mélange bien gaulé de "La Constellation du Chien" de Peter Heller, tu sais, ce bouquin qui veut grave mettre l'espoir au centre, et puis un p'tit coucou à "World War Z" de Max Brooks à cause que ça voyage rapide dans plein de pays et tout.



On suit trois personnages dans un monde post-apoécoloclimatique, ça rigole pas hein ouais ?



L'autrice pose son imagination dans un futur proche, à l’aube 22e siècle, après que la Terre ait absorbé toutes nos bêtises. Des exodes en veux-tu en voilà, une guerre pour des bouts de terre et de ressources.



Ouais, on est dans le délire "paix future", mais attends, faut bien quelqu’un pour s’y coller un jour nan ?



Ça me rappelle les vibes d’Alain Damasio avec "Les Furtifs", mais là, c'est un level mondial.



T'as plein d’humains de sauces différentes, chacun avec son job spécial dans ce nouveau bordel planétaire.

Y a des réflexions sur l'autorité et le culte de la profession qui sont hyper intéressantes, j’confesse.



Attends aussi, ça ressemble grave à ces personnages dans "Melmoth furieux" de Sabrina Calvo, tu sais, genre les vieux qui gueulent parce que les jeunes sont des moutons ou des rebelles désintéressés, ambiance "j'étais mieux à ton âge" mais qui comprennent l’insolence et tout.



La dernière partie ça pourrait presque être un prequel de la série de Becky Chambers, c'est sûr, c'est pas pour rien qu'elle a un p'tit shoutout sur la quatrième de couverture.



J’ai pas tout kiffé non plus hein. Genre le perso non-binaire extra-terrestre (ben ouais, logique), c'est pas tip-top, et ils galèrent un peu avec cette écriture à moitié inclusive, genre j’assume mais pas trop. Et ça manque un brin de profondeur dans certains dialogues.



Mais bon, j'ai eu quelques sursauts de "putain, c'est pas nickel ça", tu vois ? Et à la fin, j'me suis dit, ouais, c'est curieux, ça te fout un peu d'espoir dans la tronche, mais sans tomber dans le "feel good" facile ni le trop sérieux.



Plutôt prometteur, tout ça !


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50
Le premier jour de paix

C'est un court roman de 200 pages que j'ai lu très rapidement, il me tentait beaucoup depuis sa sortie malgré les retours mitigés que j'ai pu avoir.



Il faut dire que me parler d'une société post effondrement qui tente de se reconstruire, d'un monde en plein période charnière qui essaie d'établir de nouveaux repères et des nouveaux fonctionnement, j'était vraiment séduite.



Suivre les derniers bastions d'humanité et leur survie en même temps que l'émergence d'un ordre nouveau forgé autours des alliances entre les restes de superpuissances mondiales, connaître la vision d'un.e auteur.ice sur ces sujets, la manière dont il projette notre futur, c'est quelque chose que j'adore.



Au tout début c'est vraiment cette vision à laquelle j'ai accroché, la plume m'a vite emportée dans les ruines de la civilisation, tout en donnant un souffle d'espoir quand à la possibilité de sortir plus forts, grandits de ces épreuves, notamment grâce au rôle des Émissaires, acteurs clés pour désamorcer les conflits et préserver ce qu'il reste de l'humanité pour un avenir meilleur mais encore embryonnaire.



En somme, c'est un roman qui avait tout pour me plaire, les personnages étaient intéressants, le côté tranche de vie en disait suffisamment mais pas trop pour laisser l'imagination faire une part du travail, vraiment, j'étais bien calée dans ces pages malgré un petit manque de peps.



Le truc, c'est que j'ai eu l'herbe coupée sous le pied à la troisième partie du roman par le retournement de situation qui, selon moi, annule tout le message qu'il porte.



L'histoire se met à tourner autour de cette révélation (que je ne vous spoile pas ici) et cela au détriment des autres personnages, de leur arc narratif, qui se retrouvent suspendus pour ne pas être approfondis.



Le résultat est au final plutôt décevant pour moi car de ce fait, le livre ne va pas au bout du des réflexions que je trouvais si chouette dans les premiers chapitres.



En bref: Un "meh" qui me fend le coeur, mais je comprends désormais les avis plutôt tièdes que j'ai pu lire à son sujet.
Commenter  J’apprécie          40
Le premier jour de paix

2098, sur une Terre transformée par les catastrophes climatiques. Les humains se sont déplacés par exodes successifs...

La paix est au centre des attentions et des émissaires sillonnent le globe pour la promouvoir, pour tenter de désamorcer les conflits éclatant dans les communautés.



Si le concept peut prêter le flanc à un procès en naïveté, le texte d'Elisa Beiram sait garder une certaine crédibilité, et les livres qu'elle cite en fin d'ouvrage appuient le sérieux de sa démarche.



Le roman est composé de trois parties, permettant de décliner des aspects différents de ce futur en quête de paix.

La troisième est assez surprenante et je m'en suis trouvé fort dérouté ! J'aimais plutôt bien le livre jusque là, mais cette bifurcation - totalement inattendue pour moi - m'a laissé pantois.



Le style de l'autrice est plaisant et fluide. Les illustrations sont superbes et offrent un cocon raccord avec l'ambiance du livre.



Les conseils de lecture en fin d'ouvrage sont très intéressants. J'ai deux de ces livres dans ma PAL et c'est l'occasion de les faire remonter !



Un rendez-vous manqué, mais la lecture était agréable et je garderai un œil sur les prochains livres d'Elisa Beiram.
Commenter  J’apprécie          40
Le premier jour de paix

Un court roman pour promouvoir la paix, quelle idée ! Il faudrait plutôt des traités, des bilans complets avec des statistiques et des phrases de conclusion qui suggèrent des pistes, soulèvent les problématiques à affronter... Sauf qu'Elisa Beiram n'est pas rapporteuse pour l'ONU, et que sa vision à elle pour que la Terre soit en paix, c'est ce magnifique roman (tant dans l'écriture qu'avec la couverture). En quelque sorte son « Manuel pour la paix, dédiés aux humaines et aux humains ». Un coup de cœur de cette rentrée littéraire !

L'autrice nous invite à suivre plusieurs personnages qui vont œuvrer pour la paix, à une échelle différente comme le suggèrent les parties du livre : "Vers le rivage", "Vers le monde" et "Vers les étoiles". Chaque échelle de paix laisserait à suggérer des talents différents de la part des personnages, pourtant c'est toujours la même volonté qui les habite : l'envie de faire la paix. Et n'est-ce pas une envie qui devrait tous nous habiter, finalement ? Heureusement, roman d'anticipation oblige, il y a des rebondissements pour nous tiennent en haleine, nous poussent à continuer la lecture et ne pas éteindre la lumière de chevet tout de suite. Évidemment, la paix pour la paix, c'eut été trop facile !

Ainsi, au fil des chapitres de sa "fausse dystopie à volonté utopique", Elisa Beiram aborde plusieurs thématiques et chacun pourra se retrouver confronté(e) à un sujet qui l'interpellera. Et on se met à réfléchir à comment et où nous pouvons, à notre échelle, aussi contribuer à la paix. Surtout, Le Premier Jour de Paix questionne la définition même de la paix. Après tout, la paix c'est aussi l'absence de conflit, on a pas forcément à s'entendre avec tout le monde.



Ce que les personnages nous font comprendre tout au long du récit, c'est que la paix n'est pas un mirage à l'horizon mais un processus qui peut être aussi instantané que long, selon la volonté de chacun. Peut-être que finalement, les humains ne sont pas si mauvais et que nous sommes capables de grandes choses si on commence à agir selon nos valeurs et nos convictions...
Commenter  J’apprécie          40
Le premier jour de paix

2098, le monde a beaucoup souffert des guerres et du réchauffement climatique. Les états ont disparu pour laisser place à des Grands Territoires, mais la paix tarde toujours à se faire une place sur Terre. Nous suivons ici plusieurs personnages bien décidés à résoudre les conflits à différentes échelles pour que s’installe enfin la paix.



Parler de ce livre n’est pas forcément évident dans la mesure où je ne suis pas entièrement sûr de ce que j’en ai pensé. La lecture en elle-même a été agréable, les idées sont intéressantes et j’ai même noté quelques phrases qui m’ont vraiment interpellé, mais en même temps je ne suis pas entièrement convaincu par l’exécution.



D’abord, sachez que si le roman est catégorisé en SF positive, il ne s’agit pas non plus d’un roman feel good. Il m’a même fallu un peu de temps avant de vraiment ressentir l’aspect positif dans la mesure où l’histoire commence dans un monde en très mauvais état, plein de conflits plus ou moins idiots (je pense notamment à la deuxième partie du roman). Pendant une bonne partie du livre, j’ai d’ailleurs eu du mal à croire qu’on se dirigeait vers la promesse faite par le titre.



Finalement, l’aspect positif vient surtout de l’effort fourni par certains des personnages qui œuvrent véritablement dans le but d’installer la paix, mais je ne pense pas que j’aurais qualifié ce roman de SF positive par moi-même si la communication autour du livre n’allait pas dans ce sens.



Dans les points un peu négatifs, j’ai aussi trouvé que les trois points de vue manquaient un peu de liant. Ça s’arrange sur la fin mais au départ j’avais un peu l’impression de lire un fix-up plutôt qu’un roman, comme si chaque histoire était indépendante et qu’elles avaient été réunies de manière un peu artificielle. Ce n’est pas le cas visiblement mais ça m’a vraiment donné cette impression au début.



Finalement, ce qui m’a peut-être le plus gêné (et ça ne vient pas tellement du livre en lui-même mais plutôt de mon pessimisme que je m’obstine à qualifier de réalisme), c’est la notion de « premier jour de paix » qui semble presque être la finalité par moments. Alors évidemment, au stade où on en est, c’est déjà un bel objectif, mais j’ai du mal à croire que sous prétexte que la planète entière sera en paix pendant une journée, cela voudra forcément dire que cette paix est durable. J’imagine qu’il s’agit surtout d’un symbole mais c’est peut-être un peu trop abstrait pour moi.



Bon, je me suis pas mal focalisé sur les points qui m’ont un peu posé problème mais ça reste une lecture très sympa, et surtout qui fait énormément réfléchir. L’autrice avance des réflexions vraiment intéressantes, à travers des phrases plutôt impactantes, et nous laisse quand même avec une touche d’espoir pour l’avenir.
Commenter  J’apprécie          30
Le premier jour de paix

Le premier jour de paix tente donc une science-fiction entre prospective géopolitique et utopie. Elisa Beiram y dresse en creux un portrait de notre époque qui court irrémédiablement à sa perte et contemple, presque fataliste, ce qu’il reste de notre société à la fin du siècle.

Si le lecteur arpente cette planète ravagée qui cherche une nouvelle voix pour demain, c’est aussi, et surtout, parce que les prévisions les plus sombres se sont déjà réalisées pour l’homme.

Surtout, Elisa Beiram tente de montrer que le conflit n’est jamais si simple qu’on le dit. Que le ressentiment, les différences générationnelles, les ressources et tous ces grains de sable dans la machinerie de l’entente cordiale jouent un rôle sur le genèse (puis la pérennité) du conflit.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          30
Le premier jour de paix

Le premier jour de Paix, ou de l'anticipation positive, du post-apocalyptique gentil. Mais pas trop, quand même, le roman porte sa dose de violence et de conflits, comme on peut légitimement s'y attendre dans ce type d'ouvrages.



En explorant d'une manière volontairement réaliste ce que pourrait être le monde en 2100 - ou à peu près - l'autrice nous livre une réflexion sur les relations humaines dans le monde de demain, où le moindre écart, la plus petite des rivalités, peut amener à une déflagration voyant la fin d'un village, de deux, ou plus. Les personnages principaux sont tous, de près ou de loin, impliqués dans la vocation qu'expose l'ouvrage : celle du modérateur, du négociateur, du diplomate officieux. Celui du faiseur de paix. Il aurait été intéressant d'ajouter un personnage représentant l'ancien monde, celui des barbares égoïstes et brutaux, par exemple un chef de bande, un justicier, ou que sais-je encore : bref, un utilisateur de la violence, qui peut-être n'a d'autre choix que cette voie.



Centré sur cette réflexion, le livre explore également de nombreuses thématiques actuelles et forcément d'avenir : le réchauffement climatique, la raréfaction des ressources, la dégradation maximale de certaines zones du monde, les nouvelles technologies, les migrations et l'établissement de nouvelles populations dans les pays du Nord, la disparition des États tels qu'on les connait aujourd'hui à cause des immenses crises du siècle... On sent que l'autrice a étudié son sujet, pour concocter une histoire assez réaliste.



Alors, pourquoi deux étoiles et demi seulement ?



J'adresse deux grandes critiques à l'ouvrage.



D'abord, de nombreux dialogues ne paraissent pas très naturels, certains sont visiblement l'expression directe des pensées ou avis / opinions de l'auteure, mises dans la bouche de ces personnages. Ainsi, on a fréquemment des dialogues un peu robotiques, dans lesquels un personnage expose à un autre un projet, une philosophie ou que sais-je encore, sur un ton très doctoral. J'ai trouvé que l'ensemble manquait un peu de chaleur, je n'ai pas perçu de grande profondeur dans les relations entre les personnages, en partie à cause de ça.

C'est que l'auteure aime, visiblement, à exposer certaines de ses idées politiques. Clairement, là-dessus, ça passe où ça casse selon le lecteur.



Mais pour moi, le plus important point faible est la troisième partie, qui fait passer l'ouvrage dans un style complètement différent.

Je l'ai dit plus haut, j'ai apprécié l'effort de réalisme dans l'anticipation... Alors forcément, cette troisième partie, avec l'intervention d'un acteur tiers difficilement prévisible, m'a laissé comme froid...



Je parle évidemment de la fédération galactique de la paix, et de ses aliens très - trop -humains dans leur façon de réfléchir. Au-delà même de cet ajout au livre que j'ai trouvé fort inutile et mal amené, la description des aliens et de leurs caractères ne m'a pas du tout convaincu. J'ai même eu à quelques moments l'impression qu'on était passé dans le registre comique, parodique, tant certains travers de notre société semblaient être les mêmes dans cette société galactique.



Peut-être l'idée était-elle d'apporter une touche d'espoir, de dire qu'au fond, après avoir vécu un vrai supplice, s'en être redressé, et de tenté maintenant de créer les conditions d'une paix durable, l'on serait récompensé et assisté... Mais n'est-ce pas un peu facile ? La vraie récompense, n'est-ce pas d'atteindre la paix par ses efforts, et point barre ?!

Dans tous les cas, passer ainsi de l'anticipation à une sorte de Space opera comique m'a un peu gâché le dessert, désolé...



Au final, un premier livre fort encourageant malgré cette dernière critique, je lirai avec plaisir le prochain ouvrage de l'auteure.
Commenter  J’apprécie          20
Le premier jour de paix

Que ça fait du bien de commencer 2024 par ce livre! Nous avons besoin d'histoires, nous sommes l'espèce affabulatrice, n'oublions pas Nancy Huston . Et voilà une belle histoire qui met du sens et donne envie. Pèle mêle, ce que j'ai le plus aimé :



la puissance d'espoir et de motivation que recèle le paradigme de base. La paix n'est pas l'objectif, c'est la solution



l'étendard de la paix est porté haut en assumant que la violence et le syndrome d'imposture sont au coeur de notre condition humaine



la belle projection sur le temps long de la querelle entre générations, des boomers aux millenials, les spoliés et leurs petits enfants.



l'histoire ne balaye pas sous le tapis les difficultés potentielles qui nous attendent : parties de la terre inhabitables de plus en plus grandes, exodes climatiques, violences et morts, mais elle les met dans le passé.



Au rayon des regrets :



un style un peu plat et descriptif



un peu trop de 'materiel narratif' posé sans être complètement exploité. Je pense en particulier a l'histoire d'Aureliano ou les carnets d'interview d'Esfir



Commenter  J’apprécie          20
Le premier jour de paix

Au sein des pages du « Premier Jour de Paix » d'Elisa Beiram, se déroule un récit de science-fiction comme nul autre. Nous sommes transportés dans un monde où les vestiges de l'humanité ont été regroupés en vastes conglomérats appelés "Grands Territoires".

Alors qu’il ne reste plus qu’une vaste plaisanterie de jungle, de savane, de villes mortes et d’océan sauvage, une lueur d'espoir surgit.



L'histoire suit trois émissaires, bâtons de paroles et négociateurs pour la paix universelle, alors qu'ils parcourent le globe vers le rivage, vers le monde, vers les étoiles, risquant leur vie pour empêcher les conflits de dégénérer.

Leur message est simple mais puissant : la paix est réalisable entre tous les êtres humains.



L’autrice nous offre ici une analyse profonde de la nature humaine et de la possibilité de la paix : est-ce la faute des couteaux ou de ceux qui les brandissent ? Quid des mains qui avaient tués et de ces mots sales et maudits qui avaient tout déclenchés ? Elle remet en question les divisions et les conflits qui ont marqué l'histoire humaine et présente une vision audacieuse d'un avenir où la paix pourrait être la norme, une paix à portée de tir… ironique.



La structure unique du roman, divisée en trois parties distinctes, offre une perspective multidimensionnelle sur le monde et les personnages de l'histoire. Cela ajoute de la profondeur et de la complexité à un roman assez court, environ 180 pages, mais incroyablement dense et riche en idées.

Le projet de l'autrice va bien au-delà de la simple narration, encourageant le lecteur à réfléchir sur notre propre monde et sur la possibilité d'un avenir meilleur : Qu'un million d'entre nous essaiment pour qu'un milliard de plus apprennent.



Ce roman est une résistance au pessimisme prédominant et une croyance en la capacité de l'humanité à changer dans un monde où les dérèglements climatiques ont défiguré la carte.

Avec la paix comme condition et non comme destination, "Le Premier Jour de Paix" défie les conventions du genre et présente une vision audacieuse d'un monde plus proche de nous qu’il n’y parait.



A coup sûr, l’une des belles découvertes de cette rentrée littéraire.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Elisa Beiram (133)Voir plus

Quiz Voir plus

Le désert sur la toile

Pendant la Première Guerre mondiale, un officier du Royaume-Uni en poste à la surveillance du canal de Suez, conseille aux Arabes du chérif Fayçal ibn Hussein en Syrie de se révolter contre les Turcs de l'Empire ottoman et de fonder une nation arabe indépendante moderne.

L'eau rance d'Arabie
Lawrence d'Algérie
Lawrence d'Arabie

10 questions
46 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}