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Citation de enjie77


Après l'ouragan Katrina

Mais immédiatement le Zodiac se mit à reculer vers le nord. Ils se regardèrent avec étonnement et saisirent les rames. L'eau atteignait le niveau des toits de la plupart des maisons de la rue et cachait les plus basses dont on ne voyait que le haut de la toiture. Le courant venait de River Road : l'eau boueuse du fleuve avait envahi la rue du même nom, tourbillonnant à l'endroit où les deux voies se croisaient. Il était impossible de ne pas songer aux familles qui avaient peut-être résisté dans ce quartier sans penser à leur sort et à cette boue marron provenant du fleuve qui conservait encore, pour l'heure, son odeur minérale et commencerait à empester dès que monterait la température.

Mais quand ils arrêtèrent le moteur, ils prirent conscience, avant tout, du silence, ou plutôt du nouvel ordre du son, de la façon dont les ondes se déplaçaient sur l'eau, de la manière dont ils avaient perdu leurs références visuelles et aussi auditives. Pendant le trajet, ils avaient levé la tête, alertés par le passage imminent des hélicoptères des garde-côtes qui survolaient la ville dans toutes les directions. Rien d'autre. Lorsqu'on y prêtait attention, on parvenait à entendre une rumeur lointaine, comme celle qu'on perçoit d'une colline aux environs d'une grande ville. Une rumeur qui indique qu'il y a une vie quelque part mais si légère qu'un susurrement, le clapotis ou le moteur du Zodiac la faisait disparaître , comme si cela n'avait été qu'un écho, une illusion ou un souvenir de ce que le monde avait été.

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