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Citation de Presence


Le corps : objet de fantasme, objet de science. Tout au long du XIXe siècle, le corps brisé, difforme et anormal se donne en spectacle. Alors que la bonne Société parisienne se presse à la Morgue de Paris pour s’enthousiasmer devant la douzaine de cadavres exhibés tous les jours, les freaks victoriens attirent eux aussi les foules au Bartholomew Fair et autres foires. Ces curiosités vivantes en sortent pas uniquement de l’ordinaire ; elles vont à l’encontre des lois de Dieu, de la nature, de la Société, et fascinent les badauds, parmi lesquels bon nombre de scientifiques et de médecins. En gardant les monstres à la marge, ce sont ses propres peurs que la Société tient à distance, comme si l’être inférieur pouvait se mêler à la norme, et donc la corrompre. C’est une période de doute ; les travaux de Charles Darwin sur l’évolution remettent en cause la sacralité de l’homme et font trembler les fondements religieux de la Société. Ces grotesques parodies d’humanité trouveront un écho dans le monstre de Victor Frankenstein, les créatures de Moreau, ou, avec Mister Hyde, le double pervers du docteur Jekyll (notons au passage que Wells était un partisan de l’eugénisme, et donc de la sélection des meilleurs sujets d’une population). Dans le roman gothique, l’homme, incapable de prendre le contrôle de son propre corps, s’acharne à en créer d’autres pour mieux asseoir son autorité suprême. Le corps, objet sacré, doit vivre le plus longtemps possible, et même après la mort.
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