Chère Laurel,
Je t'écris aujourd'hui car je viens de terminer ta prose, tu sais, celle que tu as gravé en travers de lettres aux défunts non communs, celles que tu as sublimé puisant dans ces mots qui forgent notre langage et notre quotidien pour exorciser la peine et la souffrance que tu ressentais. Un journal intime concernant la perte de ta sœur un morceau de ton âme, un morceau de ta vie. Tu as raconté ton quotidien empli de culpabilité, au début lorsque je t'ai rencontré j'ai voulu te comprendre ; touchée par ta fragilité, ta gentillesse tu m'es apparue comme une enfant sans attache, sans parents, sans repères. Combien de fois m'ai-je senti comme toi ? Combien de fois le monde semblait tourner comme si tout allait bien alors que ma tête voulait s'écraser contre le bitume d'acier ? Tu as perdu ton guide, ta confidente, celle avec qui tu vivais tous les jours de la semaine : ta sœur, ton idole, ton modèle.
Simple lectrice ouvrant sa liseuse pour lire un roman de jeunesse, je ne me doutais pas que les pages que je tournerais seraient pour moi un électrochoc, je ne peux d'ailleurs pas rester neutre face à cette poésie mélancolique, cette peine en ton cœur et ces mots, ces traumatismes que tu n'arrivais pas à sortir : seule dans ta chambre à verser des larmes. Je te dirais, je te réconforterais, je te bercerais en te murmurant que chaque personne a son lot de malheur : il faut vivre. Tu es bien placée pour le savoir, toi fréquentant des âmes perdues à ton image, toi timide te cherchant par les goûts des autres. Tu as assisté aux scènes névralgiques d'amour de tes deux amies seulement ces problèmes de préjugés partout où l'on foule de nos pieds des fêtes allumées. Mainte fois tu as été en danger peut-être le voulais-tu également car tu considérais que c'était toi, toi la plus vile des créatures. Plusieurs personnes ne t'aimes pas (je l'ai lu dans d'autre blog) car tu as vécu ton deuil d'une façon étrange (mais lorsqu'on ne sait pas ce que c'est de vivre en ayant la sensation qu'on a perdu quelque chose d'infiniment précieux on ne juge pas) ; tu as pris ta soeur voulant la faire tienne pour toujours bien qu'elle avait vogué déjà vers des cieux plus cléments. Tu as voulu lui ressembler dans le déni première étape de ce qu'on appelle faire front à la mort. Puis, petit à petit, tu as changé, tu as voulu être toi seulement toi grâce à Sky un ange du ciel t'offrant réconfort mais disputes.
J'ai la fleur de peau, éraflée par ta vie détruite, ta famille dilapidée et toi cherchant ton Graal. Ton seul moyen d'expression fut l'ouverture de lettre à ceux que tu admirais (je te remercie entre outre de la culture générale que tu m'a apporté tout au long du récit) à ceux morts également depuis longtemps, ceux qui ont porté une génération entière, ceux que l'on oubliera pas pour les films, les chansons et leur destins tragique. Je me suis toujours dit que les artistes, les plus grands vécurent une fin généralement horrible, laisse moi d'ailleurs te citer l'une d'entre elle : Françoise Sagan une écrivain française réputée est morte seule, droguée, rejetée : sa plus grosse peur réalisée. Toi, tu as su donné une vie, une deuxième à ta sœur en racontant tes souvenirs déjà à ces dieux du panthéon de la culture mais également aux lecteurs car, même si tu n'es qu'un personnage de papier tu fais écho à plein d'être de chair et de sang, tu es la voix de l'enfant grandit trop vite. On pourrait dire que ce que tu racontes est ennuyant, qu'on essaie de fuir ses problèmes dans des voyages littéraire, moi je déclame que ce témoignage, ce roman fictif que tu nous as offert permet de ressentir, profonde est ta douleur. Par ces sentiments tu nous offres également des images enfantines, poétiques, des allégories que je n'ai peut-être pas très bien comprises : ces ailes que ta soeur portait pour dissiper les démons de vos cauchemars seraient peut-être l'éloge de l'imaginaire pour survivre dans un monde qui peut se révéler cruel, morbide, dangereux. Toi même tu y as goûté ! La nature perverse de l'homme quand tu n'étais encore qu'une gamine ; tu es courageuse et j'ai versé ma larme, je l'ai senti couler sur ma joue tandis que je continuais à survoler les pages.
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