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Critiques de Antoine Ozanam (453)
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Wilderness

1899, habitant dans une cabane, coincée entre océan et forêt, Abel Truman est un vieil homme qui vit seul avec son chien et se contente de très peu. En cette soirée pluvieuse et venteuse, en face de l'océan déchaîné, Abel, assis sur son rocking-chair, regarde, impassible, les éléments se déchaîner. Des images de son passé lui reviennent inlassablement. La guerre, les canons, le sang. Mais aussi lui, assis sur un tronc d'arbre, un bébé dans les bras et sa femme à ses côtés. Aussitôt, les larmes lui montent aux yeux... Ces souvenirs le hantent tant qu'il veut se suicider. Mais l'océan le rejette. Puisqu'il en est ainsi, il décide de tout quitter et de partir avec son chien. Un voyage fait de rencontres et empreint de souvenirs l'attend...



Antoine Ozanam nous offre une très belle adaptation du roman éponyme de Lance Weller. L'on suit le parcours d'Abel Truman, un vieil homme traumatisé par son passé et encore marqué, aujourd'hui, par tous ces événements choquants. Nombre de souvenirs se rappellent sans cesse à lui : la guerre de Sécession avec ses champs de bataille, ses canons retentissants, ses chairs déchiquetées mais aussi un chagrin intime et personnel. Son seul réconfort et ami : son chien à qui il tient énormément. C'est d'ailleurs lorsque deux hommes tentent de le lui prendre que sa rage, son désespoir et ses blessures refont surface. Alternant passé et présent, cet album se révèle tout aussi poignant, touchant, violent que sauvage. Deux récits parfaitement mis en lumière par Bandini qui use à bon escient de la couleur pour le présent et des dégradés de gris pour le passé. Il nous plonge dans une atmosphère oppressante, parfois mystérieuse.

Un récit sombre et tragique...
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Temudjin

Il me manque actuellement six heures, au moins ! en plus des vingt-quatre accordées quotidiennement à n'importe qui d'entre nous. Je m'étais résolue à "tant pis...mes "paraphes" sur Babelio se feront plus rares...". J'avais donc rangé Temudjin précieusement à côté des autres BD's qui me tiennent à cœur, d'autant que cet album est un (très beau) "cadeau" de manU17, sans qui je n'aurai pas fait ce voyage émouvant dans cette Mongolie du 12e siècle...



Mais voilà que Temudjin (signifiant "le plus fin acier" en turco-mongol) se rappelle constamment à moi. C'est vrai que son histoire (voir encadré de Babelio) n'est pas banale ! Je me suis rapidement attachée à ce gamin plein de fougue, sensible aux esprits des êtres vivants, qu'il savait voir et capturer...

Or, plus encore, ce sont les liens d'amour, profonds et tendres et de respect mutuel qui se tissent entre Temudjin et son père adoptif, le chaman Oz-Beg, qui m'ont beaucoup touchés. Malgré le quotidien rude et parfois très violent...je n'ai su percevoir que cette relation forte entre eux, et avec la nature sauvage ubiquiste...



Une nature qu'Antoine Carrion a su rendre vivante et vibrante quand il place les personnages, les animaux et les esprits dans les décors des grandes espaces, les steppes et les montagnes sous un ciel presque continuellement traversé de nuages...on se surprend à rêver de vouloir traverser ces plaines...immenses promesses de liberté...



Malheureusement cette liberté est limitée par le destin. Le devenir de Temudjin était écrit et il va l'assumer, même s'il aura préféré rester dans les traces de son père...



L'épopée de ce Genghis Kahn (l'auteur avoue dans un interview avoir librement "brodé" sur la légende du Kahn) est avant tout une histoire d'ambiance ou s'entrelacent le chamanisme, l'amour filial et la volonté du "plus fin acier".
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Yaga

Même si la Russie ne m’attire guère en ce moment, on peut néanmoins s’intéresser à la culture et au folklore de ce pays ancestral à travers l'une des légendes les plus connues à savoir Baba Yaga. Comment est née cette sorcière qui fait si peur aux populations locales ? C'est tout le sens de cette BD qui va nous plonger au cœur de sa jeunesse et de sa vie.



Elle est connue pour enlever et manger les enfants mais ce n'est pas tout à fait le cas dans ce récit. Il y a les croyances qui forment un mythe et la réalité un peu moins facile. Si elle est surtout représentée comme une vieille femme terrifiante, Baba Yaga peut également jouer le rôle d'une femme sage et serviable.



J'ai trouvé le scénario d'une intelligence rare car il permet véritablement de faire un traitement plutôt original et intimiste de ce personnage si décrié. On voit que Yaga a été victime de l'hérésie et surtout de l'hypocrisie de ses compatriotes. Elle a essayé de mener sa propre vie à l'abri de ces gens mais la méchanceté et la cruauté humaine refont toujours surface dans un monde marqué par les guerres du Tsar.



La mise en forme est également des plus réussie grâce au dessin presque enchanteur de Pedro Rodriguez. A noter un trait clair et précis. Que dire également d'une colorisation parfaitement maîtrisée qui rend la lecture très agréable !



Antoine Ozanam signe avec ce titre l'un des plus réussi de sa longue carrière car cette version est tout simplement magnifique. Voilà, c'est dit.



Quand vous croiserez une horrible sorcière d'apparence, vous changerez peut-être d'avis en lisant Yaga.
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Journal d'Anne Frank

Ce "Journal d'Anne Frank" d'Antoine Ozanam et Nadji Scelsi est en fait l'adaptation graphique de la première version du Journal publiée en 1947, intitulée "L'Annexe : Notes de journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944". Depuis, bien des éléments du Journal ont été rajoutés dans les versions qui ont suivi.



S'il est bien spécifié sur la page de garde que l'album est adapté de "L'Annexe : Notes de journal du 14 juin 1942 au 1er août 1944", je n'avais pas compris en revanche qu'il s'agissait de la première version du Journal. Ce n'est qu'à la fin de cet ouvrage qu'on en est informé. Et c'est cela que je trouve dommage car j'ai trouvé tout au long de ma lecture que le témoignage d'Anne Frank était quand même sacrément raccourci. Avertie dès le départ, j'aurais pu prendre en compte cet élément et aurais certainement perçu ma lecture tout autrement. [Edit : C'est en revanche mentionné sur la quatrième de couverture... Je ne lis jamais les quatrièmes de couverture ! C'est de ma faute alors, au temps pour moi.]



Cette adaptation graphique date de 2016, la dernière version du Journal date quant à elle de 2001, alors pourquoi se baser sur celle de 1947, en sachant que bien des éléments avaient été occultés ? Mystère et boule de gomme...



Sinon, à part ce désagrément, ce qui nous est relaté reste fidèle au témoignage d'Anne Frank. Ozanam, comme il le dit lui-même, a voulu non seulement retranscrire la terreur quotidienne que vivent les huit clandestins, mais aussi les préoccupations et les questionnements de l'adolescence. En cela, c'est réussi. On retrouve cette ambiance néfaste, angoissante, due à toutes les horreurs nazies et à la promiscuité qui étouffe les uns et les autres. On retrouve également Anne Frank, telle qu'on l'imagine : spontanée, débordante, jeune adolescente déjà très mâture mais que sa situation va davantage faire grandir.



Côté graphisme, je ne suis pas totalement conquise. La bichromie concorde avec le récit et l'atmosphère qui s'en dégage : elle met en avant le quotidien sombre, morose et monocorde des huit personnes cachées. En revanche, l'ensemble est très pauvre en détails et manque de précision. Les personnages aux traits approximatifs, les décors et fonds flous, ainsi que les coups de crayons évasifs nous donnent cette impression d'un ensemble quelque peu minimaliste et enfantin. Je n'en suis pas fan.



La frise, en fin d'ouvrage, qui incorpore aux événements historiques de cette sombre période ce que les huit clandestins ont vécu de leur arrestation le 7 août 1944 à leur mort, est un plus qui nous permet de mieux situer le destin tragique de chacun sur l'échelle du temps. C'est là que l'on se rend compte que ça ne s'est joué à pas grand chose avant qu'ils ne retrouvent leur liberté...

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Le Dépisteur, tome 1

Je ne savais pas ce qu'était un dépisteur. Après la Seconde Guerre Mondiale, les dépisteurs étaient chargés de retrouver les enfants juifs qu'on avait cachés dans les familles d'accueil sur tout le territoire. Très souvent, les parents de ces enfants avaient connu une mort par extermination du régime nazi.



Le thème est celui du temps qui ne guérit pas forcément toutes les blessures et qui peut même en ouvrir certaines. Notre héros dépisteur l'apprendra à ses dépens. A noter que je n'ai jamais vu quelqu'un qui s'évanouit aussi souvent et qui affronte malgré tous les éléments de la nature.



Encore une fois, on aura droit au procès de la France rurale où il s'est également passée des choses pas très catholiques durant l'Occupation entre une tondue et sa liaison amoureuse avec un officier nazi. Il faudra compter sur notre frêle héros Samuel pour remuer tout cela.



Malgré une proposition assez originale, le scénario va finir par nous décevoir un peu à cause de son côté assez confus. Je préfère rester honnête en vous le disant. Toutefois, la mise en page est plutôt attirante et invite le lecteur à suivre de bon cœur les pérégrinations de notre héros dépisteur.



Cependant, il reste à découvrir la seconde partie de ce diptyque qui relèvera peut-être le niveau. La mode actuelle n'est plus au récit en deux parties. En effet, le lectorat risque de s'arrêter tout net. Il aurait été préférable de faire comme dans le récent « Kléos, celui qui rêvait de gloire » avec une publication en un seul volume.

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Burn out

Juillet 1980. Une chaleur accablante s'abat sur Reno. Ethan Koroshi, flic droit et fidèle, même à sa maîtresse, savoure la fraîcheur de l'eau qui sort de la douche. Debra, son amante, se colle à lui. Une pénurie d'essence commence à paralyser le pays. Les deux amants quittent le motel dans lequel ils se donnent rendez-vous les mardi et vendredi matin. Lorsqu'il arrive au poste, il est accueilli par son collègue et beau-frère qui l'informe que sa femme, Julie, est là à discuter avec le patron qui n'est autre que son beau-père. Une fête surprise s'organise derrière son dos pour ses 40 ans. Malheureusement, sa petite vie organisée entre ses parties de pêche et ses aventures extra-conjugales risque bien de se trouver bouleversée. En effet, son beauf l'appelle le lendemain matin pour qu'il vienne de suite sur le lieu d'un crime. Malgré son jour de congé, il s'y presse. Bien mauvaise surprise dès qu'il arrive: le corps de Debra gît sur le lit, égorgée avec un fil de pêche, avec, à son bout, un hameçon assez original qu'il reconnaît aussitôt...



Pas facile la vie de flic quand on travaille avec son beau-frère et beau-papa, qui plus est dès lors qu'une enquête tourne vite au cauchemar. Flic dont la vie bien rangée lui convient tout à fait, les parties de pêche ou parties de jambes en l'air rythmant ses matinées, Ethan, la clope au bec, va devoir la jouer finaude s'il ne veut pas que son entourage se doute de la liaison qu'il entretenait avec la femme découverte assassinée. Mais, ce pauvre Ethan va s'emmêler les pinceaux. Avec cette voix-off qui met de suite dans l'ambiance, ce scénario, véritable jeu de piste, est finement construit, les quelques flashbacks mettant en lumière la clé de l'énigme. Ozanam nous offre un polar original et captivant. Le dessin de Mikkel Sommer peut surprendre de prime abord, finalement on se laisse charmer. Les couleurs, dans les tons jaune et marron, accentuent cette atmosphère étouffante et pesante.



Attention au Burn out...
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Gueule noire

Comme son père et son frère avant lui, Marcel ira travailler au fond de la mine. Même si son père est fier de lui, il s'en moque et ne veut pas vivre dans la misère et respirer comme son paternel. En attendant des jours meilleurs et gardant l'espoir de vivre autrement, Marcel n'a d'autre choix que de descendre. Le premier jour, il fait la connaissance de Jacek, d'origine polonaise, qui deviendra vite son meilleur ami. Heureusement, le jeune homme peut aussi compter sur son rayon de soleil, la belle Suzanne, qu'il emmène avec lui, en bas. Mais, un beau jour, Jacek part sans prévenir s'installer à Saint-Étienne. Une année passe ainsi... Marcel se retrouve un jour alité après un coup de grisou qui aura coûté la vie de 14 personnes dont celle de son père. C'est décidé, il quitte cette vie de misère et part pour Paris, seul puisque Suzanne a refusé de le suivre...



Antoine Ozanam nous dépeint le destin de ce jeune mineur qui aspire à une toute autre vie que celle prédestinée. Une vie au fond de la mine qui le grise. S'installant alors à Paris, il compte bien trouver un travail épanouissant qui lui plaira . Malheureusement, il se rendra vite compte que tout travail est ingrat, même à la lumière du jour. Dans cet album, l'on suit Marcel dans ce Paris du début du siècle. Un jeune homme attachant dans sa quête du bonheur. Le parcours intéressant et désenchanté d'un mineur exploité. Graphiquement, le trait hachuré et le noir charbonneux de Lelis siéent parfaitement à cette ambiance sombre.
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Gueule noire

Quoi ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?

Pour commencer, elle est ouverte et puis elle est toute noire. Va donc te laver avant de déguster ton rata de flotte parfumé aux pelures de pomme de terre. Oui, aujourd'hui, c'est fête.



Issu d'une looongue lignée de mineurs, Marcel refuse de reprendre le flambeau. En idéaliste convaincu et fin observateur de l'état de dégradation de son paternel, il se refuse à tout affranchissement avilissant au profit des puissants .

Monter à Paname, ça c'est un projet qui a de l'épaisseur.

Réaliser ses rêves de grandeur épaulé par sa douce, Suzanne, c'est autre chose que de se flinguer la santé pour un boulot qu'on exécre.



De prime abord, le trait surprend, on va pas se mentir.

Noir, charbonneux -donc raccord avec le sujet initial-, tout en hachures, on se dit, comme ça, tout de go, que le bestiau à l'épaisseur conséquente risque de nous rester sur l'estomac tout en piquant légèrement les mirettes.

Puis, le propos aidant et la vue se familiarisant rapidement, l'on se laisse porter par la trajectoire atypique de ce révolutionnaire amateur appelé à faire son trou en un Paris de début de siècle particulièrement bien crayonné.



Ça grouille, ça picole, ça esclavagise, ça terrorise.

Antoine Ozanam nous revisite la traversée de Paris par le prisme du parcours initiatique et laborieux d'un jeune provincial qui aura rêvé trop grand pour lui.



Beau et pas con à la fois !
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Journal d'Anne Frank

Beaucoup de gens connaissent l'histoire d'Anne Franck. Mais les adolescents actuels la connaissent-ils aussi bien ? Pas sûr...



C'est pour que l'histoire d'Anne Franck perdure qu' Antoine Ozanam a écrit cette bande dessinée. Ainsi l'explique-t-il dès la première page tournée.

" Si j'arrivais à faire entendre ce message, ne serait-ce qu'à un seul lecteur qui n'aurait pas ouvert le livre d'origine, alors cela devenait important de m'y consacrer.

Si la bande dessinée touchait un public nouveau, cela devenait utile.

Et si cette adaptation donnait envie de lire le livre, cela devenait indispensable."



Je ne sais pas si ce roman graphique a réalisé tous les souhaits de l'auteur, mais toujours est-il qu'il donne envie de se replonger dans ce roman. Il y a longtemps que je l'ai lu...et il vaut bien une relecture ! (Affaire à suivre...j'ai tellement d'autres livres à découvrir !)



Dans cette BD, on retrouve bien sûr le climat très tendu dans lequel a vécu Anne Franck - victime juive du régime nazi - durant ces deux années de clandestinité à l'Annexe. Les couleurs grises, mauves des vignettes sur lesquelles se détachent les silhouettes crayonnées des personnages aident bien sûr à retranscrire l'angoisse et la peur d'Anne et sa famille.

Je n'aime pas forcément ce style de dessin très proche de l'esquisse et trop minimaliste à mon goût mais peu importe car la force de cette Bd réside surtout dans sa volonté d'exprimer une ambiance, et surtout des émotions.

Et des émotions, elle en a la jeune Anne Franck ! Ce n'est pas rien de rester enfermée toute la journée à subir l'humeur des adultes mais ce n'est pas simple non plus de "grandir" et de faire face aux tracasseries de l'adolescence.

Ozanam réussit parfaitement à insérer ces tourments intimes au coeur de l'Histoire et c'est sans doute cela qui permettra aux lecteurs ados de s'identifier à la jeune Anne Franck et d'avoir envie d'en savoir plus sur cette sombre période historique.



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Slender Fungus, tome 1 : Celui qu'on aime d..

Faut pas emmerder Sonny Rossetti !

Ce parrain qu'a pas grand chose à voir avec Don Corleone niveau renommée, mais quand même, supporte pas trop qu'un de ses valets se barre avec la caisse et l'une de ses meilleures gagneuses.

Slender Fungus, le responsable de cette vilenie, devra apprendre à courir le 100 m en moins de 10 sec - beaucoup moins aisé que le 10 m en moins de 100 sec et je parle d'expérience - pour échapper aux deux clébards que sont Vinny et Vinci - cherchez pas Vedi, il avait scrapbooking - lancés désormais à ses trousses.

Autre solide concurrent sur la ligne de départ et sérieux candidat au démembrement de l'odieux scélérat, le Crapaud, homme de main du gendre de Rossetti - vous me suivez - et qui, vue sa gueule d'outrage à agent, mériterait un procès pour atteinte à l'image du batracien.

Heureusement pour lui, Fungus en a dans la caboche et pourrait bien faire tourner cet imbroglio à son avantage.



Confus tant au niveau du coup de pinceau que du scénario, ce Slender Fungus, premier du nom, ne soulève pas les foules.

Dommage au vu de la qualité indéniable des dialogues.

Pour le reste, le lecteur naviguera entre sourire convenu et ennui certain en ayant le sentiment d'avoir passé un honnête moment...
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Le Dépisteur, tome 1

Club N°52 : BD non sélectionnée

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Pourquoi n'avoir pas fait directement un one shot ?



Difficile de se faire une opinion sur ce diptyque puisque tant de questions restent en suspens.



Aaricia

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De la longueur c'est dommage, on aurait aimé en savoir plus dans ce 1er tome.



Mel

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En attente du deuxième tome pour comprendre.



Nol

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Ils ont fait l'Histoire, tome 19 : Lénine

Ce nouveau tome de la série « Ils ont fait l'histoire », collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré au père fondateur de l'expérience soviétique, aventure humaniste qui tourna au cauchemar pour des millions d'hommes et de femmes : Lénine !





C’est indirectement que nous découvrons Vladimir Ilitch Oulianov : son professeur Feodor Kerenski et sa mère Maria Oulianova viennent plaider sa cause, et parce qu’il appartient à une famille qui s’est distinguée au service du tsar et que son grand frère a déjà été exécuté pour activités terroristes, il échappe à la condamnation à mort… C’est en résidence surveillée qu’il obtient son diplôme d’avocat, et ce lecteur boulimique et cet écrivain prolifique ne reviendra jamais sur son choix de défendre les intérêts du peuple plutôt que ceux de l’aristocratie ! (ou de venger la mort de son frère en honorant la mémoire de son combat ?)

Nous sommes à l’époque de la lutte des classes, et nous suivons le parcours de celui qui s’est renommé Lénine suite à sa relégation en Sibérie dans le monde du socialisme, qui s’épuise en congrès et en synthèses désunissant et non unissant, avant que tout le monde ne se perdent en vaines luttes contre les sociaux-traîtres d’à côté au lieu de se rassembler pour s’opposer aux forces obscures de la crevardise… (On n’échappe pas à l’opposition entre Bolcheviks et Menchéviks et on balaye ainsi tout le who’s who de la galaxie socialiste)

Le bonhomme impressionne : tomber 7 fois pour se relever 8 ! Très tôt il a choisi de défendre une Cause qui n’était aucunement destiné à être la sienne, et en tant que révolutionnaire il a dû s’imposer dans son propre camp tout en affrontant la monarchie absolue des Romanov défendue becs et ongles par les officiers de l’armée blanche et les agents de l’Okhrana, et en tant que chef d’Etat c’est le monde entier qu’il a dû affronter… Au-delà de ses idées et de ses actes, c’est quand même autre chose que nos intellos prout-prout qui refont le monde dans les salons, qui s’indignent sous les projecteurs médiatiques et qui s’époumonent sur les plateaux télés… Arrêtez de vous la péter et agissez SVP !



Le récit est un peu en pointillé avec ses nombreuses ellipses… Mais pouvait-il en être autrement avec un personnage qui enquilla les assignations en résidence, les passages en prison, les déportations en Sibérie, et les exils aux quatre coins de l’Europe (Finlande, Suède, Pologne, Allemagne, Suisse, France, Angleterre) ?

Les auteurs ont fait des choix : le récit s’arrête quasiment à la révolution d’octobre et à la mise en place de la dictature du prolétariat quelques semaines plus tard… Merde, avec un tel matériel il y avait largement de quoi réaliser un 2e tome ! Les quatre pages d’épilogue terminent le récit avant que les appendices de Marie-Pierre Ney ne reviennent longuement sur les années sombres de la guerre civile entre Blancs et Rouges (où l’intellectuel engagé qui avait déjà cédé la place à un révolutionnaire professionnel devient rapidement un redoutable homme d’Etat qui n’hésita pas à employer les mêmes armes que ses adversaires). Lénine touché dans son corps par la maladie et touché dans son âme par la perte de son grand amour n’est plus que l’ombre de lui-même et tente en vain de redresser la barre de l’URSS. Que serait advenue l’expérience soviétique si Lénine avait vécu le temps d’écarter Staline le boucher pour confier les clés du camion au camarade Trotski ? Que serait advenue l’expérience soviétique si les Occidentaux n’avaient pas abondamment jeté de l’huile sur le feu en la mettant au ban des nations et en la déclarant ennemie publique n°1 ? Que serait advenue l’expérience soviétique si de la Jarre de Gu de la radicalisation n’avait pas émergé des monstres ?... Bref, du grain à moudre pour tous les amateurs d’Histoire fiction ! blink

https://www.youtube.com/watch?v=L6MuBslefto

Le personnage a été mythifié de son vivant : divinisé par ses partisans qui ont diffusé sa légende dorée, diabolisé par ses adversaires qui ont diffusé sa légende noire. La pluie de panégyriques qu’il a reçus à la mort de Staline est largement contredite par l’ouverture des archives depuis la chute de l’URSS en 1991, qui montrent un homme complexe et contradictoire tantôt réformateur tantôt conservateur, tantôt cérébral et maître de lui-même tantôt sanguin et colérique… Et je ne parle même de la similitude voire du mimétisme avec Robespierre (un peu comme Napoléon Bonaparte qui mimait consciemment ou inconscient Jules César), ou du parallèle qu’on pourrait faire à posteriori entre la relation Lénine / Staline et la relation Zhou Enlai / Mao !



Graphiquement les dessins très correct de Denis Rodier, assisté aux couleurs de Walter, ne m’ont pas convaincu mais ne m’on pas forcément déplu non plus. Je suis resté sur ma faim à ce niveau là, par contre il a trouvé un truc assez génial : il a repris les codes des affiches de la grande époque pour souligner les tournants de sa vie comme l’alliance avec Trotski, la rencontre avec Staline, ou le déclenchement de la Première Guerre Mondiale…

Au final celui qu’on a surnommé Lénine a abattu la Russie avant de faire trembler le monde, mais il n’a jamais été autrement chose qu’un homme protégé par sa mère Maria Oulianova, soutenu par son épouse Nadejda Kroupskaïa et inspiré par sa maîtresse Inès Armand (derrière chaque grand homme il y a une grande femme, mais ici il y en a trois !)… Un homme donc, rien qu’un homme… Signé, Tovarich Alfaricnievki ^^
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Klaw, tome 1 : Eveil

Ange Tomassini est un adolescent comme tant d'autres. Il va à l'école, travaille plutôt bien, est amoureux de la plus jolie fille... mais c'est aussi un souffre douleur et il se fait souvent attrapé par les caïds du lycée. jusqu'au jour où, poussé à bout, il se transforme en tigre pour se protéger !!!

Un premier tome plutôt bien ficelé, qui a plu à mon fils autant qu'à moi. Une histoire banale mais bien amenée, des dessins sympathique et des personnages attachants. On devrait emprunté le tome 2 prochainement ;-)
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Succombe qui doit

Un hold-up qui tourne mal. Les braqueurs ont pris l'argent, l'un d'eux a pris une balle, les risques du métier. Reste à trouver une planque histoire de se faire oublier quelque temps. La casse Machado, pourquoi pas. L'endroit semble isolé, le type doit être un vrai cave.

Toujours se méfier des apparences...



Rien de plus dangereux qu'un gars qui n'a plus rien à perdre, sinon deux gars, evidemment...

Machado a un méchant contentieux avec son passé. L'intrusion de ces quatre bras cassés va lui donner l'occasion de solder les comptes.

D 'entrée de jeu, le trait et la colorisation vous plaquent de ces atmosphères à ne pas mettre un clown dehors.

Pour les happy-end, circulez, vous êtes pas dans la bonne file.



Ambiance pesante, dialogues au cordeau, cette histoire à tiroirs et ce, malgré un scénario plutôt classique, est de taille patron.

Une atmosphère électrique qui transpire de chaque planche, le final semble joué d'avance et pourtant le twist ultime parvient encore à vous scotcher.



Succombe Qui Doit, le lecteur sans problème...

4.5/5
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Temudjin

Comme un oiseau de fumée s’échappe d’une yourte pour mieux se répandre dans l’obscurité sourde recouvrant les terres Mongols.



Au cœur de la forêt enneigé, une étreinte aussi brève que terrifiante, mais lourde de conséquence. L’esprit du loup a fait son œuvre. La bête a fécondé une femme qui portera en elle Temudjin. Le destin de tout un peuple est en marche. Les esprits l’ont décidé, qu’il en soit ainsi.



De valeureux guerriers confrontés au chamanisme, aux croyances et aux sortilèges, un monde cruel et violent, un monde dans lequel on se méfie des vivants et des morts bien plus encore…



Au-delà de l’histoire, ce n’est pas ce qui m’a le plus attiré ici, je me suis laissé emporter par l’ambiance onirique, entre magie et surréalisme, peuplée de créatures qui feraient merveille dans l’univers de Myasaki. Un album étonnant dont certaines planches sont tout simplement magnifiques.



A votre tour, laissez-vous envouter par la magie de Temudjin...


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Ils ont fait l'Histoire, tome 19 : Lénine

Résumer la vie de Vladimir Ilitch "Lénine", voici un pari risqué dans lequel se sont lancés Ozanam, Rodier et Rey dans cet album de la collection "Ils ont fait l'histoire" publié chez Glénat.

Lénine est déjà adulte quand débute le récit et ses idées révolutionnaires le conduisent en détention.

Pour fuir la répression, en ce début du XXème siècle, il devra quitter sa chère Russie, une fuite qui le conduira dans plusieurs pays d'Europe, la Suisse, l'Angleterre, la France (il y rencontrera Inessa Armand qui deviendra sa maitresse et sera un symbole de la lutte ouvrière à ses côtés) ou l'Allemagne par exemple.

En 1917 en pleine Première Guerre mondiale, la révolution éclate en Russie. Lénine peut enfin rentrer et mettre en place son idéologie communiste.

Ici sont évoqués, sa femme discrète, tolérante et impliquée, ses rencontres avec Trotski ou Staline, la propagande qu'il rédige pour les journaux où ses discours au peuple ouvrier dans lesquels il leur promet un monde meilleur et plus équitable dans un pays qui glissera dangereusement sur les pentes d'une dictature.

Si 48 pages pour raconter la vie aussi riche d'un des personnages les plus importants de l'histoire mondiale de l'époque, peuvent paraître réducteurs, il intéressera ceux qui aiment découvrir la grande histoire par le dessin.

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Temudjin

Temudjin c'est une aventure onirique, peuplée de shamans, d'esprits, de dieux et d'âmes errantes.



Nous suivons l'initiation d'un jeune garçon à récupérer les esprits et les âmes des mourants, mais ce garcon est bien plus doué qu'il n'y paraît et va se retrouver sur les traces de son ancêtre Gengis Khan à communiquer avec les divinités.



L'album est assez poétique malgré qu'il ne soit pas à mettre entre les mains des enfants (pas mal de scènes de nudité ou de violence tout de même), l'album en lui même est magnifiquement illustré et colorisé, vos yeux vont se régaler.



Petit bémol, comme il y a un tome 2, l'histoire se coupe au moment capital, à savoir ce que sera le destin de ce jeune garçon devenu un homme fort et respecté de ses ennemis il faudra se pencher sur le deuxième tome.



Voir la chronique sur mon blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Popeye - Un homme à la mer

Les gens comme nous, ça trime ou ça crève. Quand ça crève pas en trimant…

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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui met en scène le personnage de Popeye, créé en 1919, par Elzie Crisler Segar (1894-1938), et qui est tombé dans le domaine public européen depuis le premier janvier 2009. Sa première publication date de 2019, et compte cent deux pages de bande dessinée. Il a été écrit par Antoine Ozanam, dessiné et mis en couleurs par Marcello Lelis.



Sur une mer d’huile, un petit bateau à cheminée est à l’arrêt, avec un filet de pêche à la traîne. Popeye ramène ses filets et constate qu’il n’y a qu’un seul poisson. Il décide que c’est fini pour aujourd’hui et qu’il peut rentrer. Il relâche le poisson à la mer et il met les machines en marche. Il rallie le port sans problème, avec quelques vagues. Il amarre son rafiot et il en descend. Il se fait interpeller par un groupe de trois marins qui raillent le fait qu’il rentre bredouille. Le ton monte et ils sont prêts à en venir aux mains quand la voix de Bosco, un autre marin, se fait entendre. Il a haussé le ton pour indiquer aux policiers qu’ils n’ont pas le droit de faire ça : ils sont en train de mettre des scellés sur son bateau parce que ça fait six mois qu’il ne paye plus ses traites. Maturin quitte ceux contre qui il s’apprêtait à se battre, pour rejoindre son ami, le soutenir dans son épreuve, et lui éviter d’aggraver son cas. Maturin offre un coup à Bosco qui l’accompagne au troquet Rough House. Chemin faisant, Bosco lui avoue qu’il ne sait pas comment il va annoncer ça à sa femme Myrtille et à son fils Junior.



Arrivé au troquet, Maturin et Bosco s’installent à une table et le premier accepte d’offrir une bière à Wimpy qui vient s’installer avec eux. Il accepte même de leur payer à manger. Wimpy se lève pour aller passer commande auprès d’Olive Oyl la tenancière. Il écarte de son chemin Castor Oyl, le frère d’Olive, un homme de petite taille. Sa sœur le fait passer derrière le comptoir avant qu’il ne se lance dans une bagarre avec Wimpy. Elle lui demande ce qu’il est venu faire ici : Castor est venu pour lui emprunter de l’argent. Elle lui hurle dessus de déguerpir. À la fermeture, Maturin raccompagne Bosco chez lui. Ils sont accueillis par Myrtille et il lui demande de se montrer gentille avec son mari car les huissiers lui ont pris son bateau. Après avoir déposé un baiser sur le front de son ami déjà endormi, il va se mettre au calme à l’extrémité d’un ponton. Quelques instants plus tard, il entend le bruit d’une agression et il intervient. Il se bat contre les voyous qui s’en prenaient à Olive pour la dépouiller de la recette de la journée. Il prend quelques coups, mais les agresseurs le trouvent trop coriace et ils mettent les bouts. Olive le remercie, puis se tourne vers Ham qui vient d’arriver sur les lieux, et Maturin en profite pour s’éclipser discrètement. Il rentre chez lui : une maison en planches au bord de la plage. Il ouvre le placard et en sort une boîte de conserves contenant des épinards : son dîner du soir comme souvent, car il n’a pas péché de poisson aujourd’hui. Le lendemain il est tiré de son sommeil par le soleil qui passe par la fenêtre et il découvre qu’Olive est dans sa chambre.



Le personnage de Popeye est apparu pour la première fois en 1929, dans le comic-strip créé en 1919, et réalisé par Elzie Crisler Segar (1894-1938). Par la suite il a été adapté à plusieurs reprises en dessin animé : une première série de 1933 à 1957, une deuxième de 1960 à 1962, une troisième de 1978 à 1987, et plus récemment un film en 1980 : une comédie musicale réalisée par Robert Altman, et écrite par Jules Feiffer. Grâce au passage du personnage dans le domaine public, les auteurs peuvent maintenant s’en servir en toute liberté. En entamant sa lecture, le lecteur ne trouve pas de repère sur le moment où se déroule cette histoire par rapport à ce qu’il peut savoir de Popeye. Pour que le récit prenne toute sa saveur, il vaut mieux qu’il en dispose d’une connaissance superficielle : un marin, une amoureuse, un goût immodéré pour les épinards dont l’ingestion est sensée lui donner de la force, et quelques potes, sans oublier un grand costaud qui entretient une solide inimitié à son égard. Avec ces quelques grands traits en tête, il peut jouir de la dimension du ludique de l’histoire, en repérant les éléments identiques et les éléments qui diffèrent, même s’il ne s’agit pas de l’intérêt principal de la lecture.



La couverture montre un étrange rafiot : des éléments très concrets et réalistes comme les bouées accrochées au bastingage et servant à amortir le choc lors de la mise à quai, l’étroite cabine de pilotage, la couleur rouge de la coque, ainsi que des éléments plus imaginaires comme le gouvernail en proue ou les cheminées démesurées par rapport au moteur de ce rafiot, le tout formant une vision plus onirique et poétique que réaliste et plausible. La première planche montre ce même bateau sur une mer étale, avec une cheminée principale peut-être encore plus imposante, d’une hauteur deux fois plus importante que celle de la cabine. Le gouvernail n’est pas présent à la proue. Les mailles du filet semblent manquer de texture, ni cordage, ni matière plastique. Le nom est griffonné en tout petit sur la coque 4 Cigare, une référence au nom du créateur de Popeye (for Segar). L’artiste détoure les formes d’un fin trait crayonné, pas toujours régulier, voire tremblotant. Il ajoute des éléments à l’intérieur des formes avec le même trait très fin, apparaissant parfois comme griffonné. Les silhouettes des personnages sont détourées de la même manière et présentent des exagérations morphologiques comme l’énorme mâchoire de Maturin et ses yeux plissés au point de ne voir ni leur blanc, ni leur iris, où le corps filiforme d’Olive, celui de Bosco qui évoque un nain de jardin, etc. Il se dégage de ces dessins éthérés une sensation un peu diaphane, surtout quand l’artiste décide de s’affranchir de dessiner l’arrière-plan pendant toute une page, voire toute une séquence.



Pour autant, le récit ne se déroule pas dans une ambiance cotonneuse déconnectée d’éléments concrets. Comme sur la couverture, Lelis prend le temps de représenter des lieux et des accessoires aussi concrets que possibles. Par exemple, la roue du gouvernail se trouve dans la cabine du bateau de Maturin ce que le lecteur peut voir en page quatre, avec à côté une boussole de navigation, des cadrans de contrôle. L’arrivée au port se fait avec un dessin en plongée depuis le ciel montrant un porte-conteneur, les pilotines et les bateaux pilote servant au lamanage, les grues de déchargement et les bâtiments de la capitainerie. Dans la page suivante, le lecteur découvre en plus des chariots élévateurs, des pontons et des bittes d’amarrage, ainsi que des escaliers pour accéder au quai haut. Ces éléments ancrent les personnages dans des lieux concrets, avec des éléments très pragmatiques. Toujours dans cette séquence, un chat est juché sur une caisse de poissons, en train de les détailler pour choisir son festin. Le troquet Rough House est implanté en coin de rue, avec un rideau de fer tiré pour le magasin d’à côté. Ses tables et ses chaises sont de forme simple et endurante. Lorsqu’Olive se rend chez Maturin pour le remercier, le lecteur peut jeter un coup d’œil dans sa pièce principale où se trouve également son lit. Il regarde l’aménagement : les stores vénitiens qui ont connu des jours meilleurs, la couverture en patchwork, le canapé, les commodes, les tableaux accrochés au mur, le parquet en lattes de bois très large, le coin cuisine à l’américaine, le fauteuil et le tapis. Un peu plus tard, Maturin et Bosco vont travailler comme manutentionnaires sur le port : les images montrent les installations techniques de l’entrepôt qui les emploie. Plus tard, Bosco et Myrtille passent la journée dans une immense fête foraine, avec des attractions bien détaillées qui donnent envie.



Ce dosage entre éléments concrets et détaillés, et apparences vaporeuses maintient le lecteur dans l’incertitude quant à la nature du récit, entre drame léger et conte fantastique. Le pathos reste à un niveau très relatif, alors même que les personnages évoluent dans une situation sociale précaire. Le bateau de Maturin tombe en panne, celui de Bosco a été mis sous scellés et les voilà dans l’impossibilité de prendre la mer, et dans l’obligation de travailler à terre, pour un boulot d’une très forte pénibilité, et une paye très basse. Olive retrouve son copain en train d’embrasser une autre. Les relations entre Maturin et son père sont à l’antagonisme. Le frère d’Olive se raccroche à un espoir aussi fantaisiste qu’illusoire : une carte indiquant l’emplacement d’une épave de bateau dont les soutes contiendraient un trésor. Il n’y a pas de résolution miraculeuse, même s’il s’agit d’une histoire à chute. Ces individus doivent confronter leurs rêves et leurs aspirations, à la réalité et aux contraintes économiques, à leur faible valeur en tant que membre de l’écosystème professionnel. Le lecteur se sent plus ou moins touché par leur situation, en fonction de sa sensibilité. Il peut y voir une forme de métaphore avec d’autres métiers passion qui ne nourrissent par leur homme, ou leur femme, ou leur créateur et créatrice quand il s’agit d’auteurs de bande dessinée par exemple. La scène des deux dernières pages vient modifier la perspective du récit de manière significative, modifiant le dosage entre réalité et conte.



Popeye est tombé dans le domaine public et les auteurs peuvent maintenant l’interpréter comme ils le souhaitent, en proposer leur révision, en faire la métaphore de questions d’actualité. Le scénariste a choisi de raconter la vie quotidienne de Maturin au premier degré, dans une crise de l’industrie de la pèche, obligeant les indépendants à se tourner vers les grosses entreprises pour assurer un revenu permettant de vivre. La narration visuelle opte de naviguer entre réalisme concret et licence poétique propre aux contes. Le lecteur ressent bien la difficulté pour ces personnages de reconnaître la réalité de leurs perspectives professionnelles très limitées, de se résigner à abandonner leur vocation, le mode de vie qui contente leurs aspirations profondes. L’arrivée d’un nouveau personnage dans la conclusion vient modifier la perspective de cette situation, en ramenant une dose d’imaginaire dans leur vie.
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Temudjin

J'ai beaucoup aimé le graphisme, onirique, au couleurs bleuté, sombres, naturelles, le trait en hachures, brut, il y a une belle lumière inquiétante, une véritable atmosphère magique, fantastique et troublante, la grande taille des pages rajoute une dimension lyrique et épique à l'aventure.

Je suis beaucoup moins emballé par le scénario, qui est une suite de tours de magie, avec un fond mystique et spirituel. Tout au long du récit, il y a un être divin qui vient commenter pour dire que c'était écrit et que ça devait se passer comme ça, je m'en suis très vite lassé, c'est l'artifice en trop, qui justifie le côté fantastique du dessin, mais alourdi le rythme du récit et force sur le trait sur les personnages. On ressasse tout au long du récit que Temudjin a un destin hors du commun, c'est un peu comme si on nous disait à la fin de chaque planche : "vous allez voir ce qui va se passer ensuite, ça va être super !" Tout ce qu'il faut faire pour décevoir le lecteur... et j'ai été déçu.
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Journal d'Anne Frank

De plus en plus d'œuvres classiques sont adaptées en bande dessinée. C'est le cas du « Journal d'Anne Frank » qui retrace à merveille la vie de cette adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit là d'une très bonne adaptation avec des dessins qui m'ont relativement plu : ils sont d'une justesse et d'une simplicité incroyable. Les personnages sont assez expressifs et dynamiques. On devine aisément leurs émotions. Les planches ne sont pas pleines de couleurs, on est plutôt sur des dominantes bleues, mauves ou orangées qui donnent une ambiance générale aux planches. Ces teintes apportent une certaine atmosphère qui colle bien à l'horreur du quotidien et à l'ennui qu'ont pu ressentir ces personnes dans l'Annexe.



Les autres émotions (colère, chagrin, amour, joie, peur) sont très bien retranscrites. Ma lecture du « Journal d'Anne Frank » remontant à ma scolarité, j'avais occulté certains passages, notamment les nombreuses disputes qui ont lieu durant ces deux ans de confinement. Avec émotion, j'ai vu comment chacun a appris à s'organiser avec le peu de moyens, comment ils ont occupé leurs journées ou ont vécu dans la crainte, sans oser sortir le bout du nez ou faire du bruit. Sans que cela soit sanglant, les auteurs rappellent toujours l'ambiance de la guerre avec les soldats qui passent dans la rue, les voleurs, la crainte d'être dénoncés, les informations à la radio ou les bombardements.



Les bonus en fin d'ouvrage sont très intéressants et permettent de découvrir des informations historiques, des recherches préliminaires du personnage d'Anne ainsi qu'une frise chronologique retraçant la Guerre et la vie de chaque résident de l'Annexe. On apprend ainsi comment chaque personne a fini ses jours... Une lecture aussi poignante que la page noire et les pièces vides à la fin du livre qui en disent long. Je suis ravie d'avoir découvert lu adaptation plutôt fidèle et touchante qui va permettre à ceux qui n'ont pas eu le courage ou l'envie de lire le roman. Pour ceux qui l'ont déjà parcouru, je suis presque certaine que cette BD vous plaira. Une œuvre à découvrir...


Lien : https://lespagesquitournent...
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