Un sadique éduqué sait à merveille tourmenter un lettré. Je dus ainsi apprendre par cœur les œuvres complètes de Kirval Draken, de loin le pire rimailleur de langue volarienne – ou de n’importe quelle autre, d’ailleurs – et chantre de la bouillie la plus bancale et la plus sirupeuse qui puisse se concevoir. On m’accorda une heure pour assimiler l’ensemble de ses quarante poèmes afin de les réciter sans faute et ainsi divertir le général. Campé à la proue du navire, je dégoisais ces insanités, la sueur ruisselant sur mon visage et dans mon dos parce qu’on m’avait garanti une mort immédiate à la moindre défaillance.