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Citation de _Justine_


p.83

Au bout du sentier qui menait à la maison, Mila posa le pied à terre. Droite ou gauche ? Ruelles pavées ou falaises giflées par le sirocco ? Elle réfléchit quelques instants sur la direction à privilégier.
La veille, elle avait roulé le long de la côte sud, qui alternait les promontoires dentelés et les criques profondes, jusqu’à atteindre la plage des lapins. On la disait être une des plus belles du monde, et Mila était d’avis que la réputation n’était pas usurpée. Il s’agissait d’une petite plage à laquelle on ne pouvait accéder qu’après un quart d’heure de marche, et en dépassant les cohortes de vacanciers dont les visages luisaient sous le soleil, Mila s’était à nouveau félicitée d’avoir pu obtenir un vélo, même celui-là.
La plage était étonnement fréquentée, bien plus que dans le souvenir qu’elle en avait gardé.
Tous les vacanciers semblaient s’y être rassemblés : des familles, des couples enlacés, des enfants couverts de sable de la tête aux pieds. Mila avait louvoyé entre les parasols publicitaires et les crocodiles gonflables, admirant le paysage tout en se brûlant délicieusement la plante des pieds.
A quelques centaines de mètres se dressait le fameux îlot qui donnait son nom à la plage, immense rocher comme posé au milieu du turquoise de la mer pour la seule distraction des plaisanciers.

[…] Mila se remit en selle. Pas de plage surpeuplée cette fois-ci. Elle opta pour la direction opposée. Aujourd’hui, elle longerait la falaise de la côte nord, qu’elle savait plus farouches, plus tourmentées.
La chaussée goudronnée serpentait au milieu d’un plateau de calcaire recouvert de touffes de végétation rase. L’ambiance était différente de celle qui régnait au sud. On disait cette côte désertique. A l’inverse, Mila trouvait qu’elle était pleine de vie. Elle s’arrêta, posa son vélo à terre et s’accroupit pour mieux observer le sol. Les buissons épineux qui, à travers la pierre, trouvaient à se hisser vers la lumière. Les disparitions furtives des lézards dérangés par son arrivée. Les fuchsias, les orangés des fleurs qui s’épanouissaient sur les aréoles de certains cactus, délicates étoiles comme déposées par erreur au milieu des épines. L’odeur du vent. La texture de la terre qu’elle écrasa entre ses doigts. Le cri des mouettes, qui annonçaient qu’au-delà des falaises commençait le règne de la mer.
Mila se releva, grisée par l’intensité de ses sensations.
Elle plissa les yeux : au loin, elle distinguait les voiles claires des bateaux de plaisance qui gravitaient autour de la côte. D’où venaient-ils ? Certains avaient peut-être déjà fait escale dans les ports d’Asie ou d’Afrique avant d’atteindre Lampedusa.
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