AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Mathimat


-T’es venue secouer ton mouchoir ?
-Oui.
-C’est gentil…
-On est combien ?
-De quoi ?
-De filles venues agiter nos mouchoirs et te mettre du rouge à lèvres partout ?
-Ben regarde…
-Que moi !?
-Eh ouais… grimaça-t-il, les temps sont durs… Heureusement que les Anglaises sont chaudes… Enfin, c’est-ce qu’on m’a dit, hein !
-Tu vas leur apprendre le french kiss ?
-Entre autres.. Tu m’accompagnes jusqu’au quai ?
-Oui


Il avisa la pendule :
-Bon Il ne te reste plus que 5 minutes pour arriver à prononcer une phrase de sept mots, c’est faisable, non ? Allez, badinait-t-il pour de faux, si c’est trop sept, trois me suffiraient.. Mais les bons, hein ? Merde, j’ai pas composté mon billet !
Silence
-Tant pis… Je resterai crapaud…


Il remit son gros sac sur son épaule et lui tourné le dos.
Il courut pour choper le contrôleur.
Elle le vit qui récupérait son billet et lui faisait un grand signe de la main…


Et l’Eurostar lui fila entre les doigts…
Et elle se mit à pleurer, cette grosse bécasse.
Et l’on ne voyait plus qu’un petit point gris au loin…


Son portables sonna.
-C’est moi.
-Je sais, ça s’affiche…
-Je suis sûr que t’es en plein dans une scène hyper romantique, là… Je suis sûr que t’es toute seule au bout du quai, comme dans un film, en train de pleurer ton amour perdu dans un nuage de fumée blanche…
Elle pleurait de sourire.
-Pas.. Pas du tout, réussit-elle à répondre, je.. J’étais justement en train de sortir de la gare…


« Menteuse » fit une voix dans son dos.


Elle lui tomba dans les bras et le serra fort fort fort fort.
Jusqu’à ce que ça craque.


Elle pleurait.


Ouvrait les vannes, se mouchait dans sa chemise, pleurait encore, évacuait 27 ans de solitude, de chagrin, de méchants coups sur la tête, pleurait les câlins qu’elle n’avait jamais reçus, la folie de sa mère, les pompiers à genoux sur la moquette, la distraction de son papa, les galères, les années sans répit, jamais, le froid, le plaisir de la faim, les mauvais écarts, les trahisons qu’elle s’était imposées et ce vertige toujours, ce vertige au bord du gouffre et des goulots. Et les doutes, son corps qui se dérobait toujours et le goût de l’éther et la peur de n’être jamais à la hauteur. Et Paulette aussi. La douceur de Paulette pulvérisée en cinq secondes et demie…


Il avait refermé son blouson sur elle et posé son menton sur sa tête.
-Allez… Allez… murmurait-il tout doucement sans savoir si c’était allez, pleure encore. Ou allez, ne pleure plus.


Comme elle voulait.


Ses cheveux le chatouillaient, il était plein de morve et très heureux.
Très heureux.
Il souriait. Pour la première fois de sa vie, il était au bon endroit au bon moment.


Il frottait son menton sur son crâne.
-Allez, ma puce… T’inquiète pas, on va y arriver… On fera pas mieux que les autres mais on fera pas pire non plus… On va y arriver, je te dis… On va y arriver… On a rien à perdre nous, puisqu’on a rien.. Allez.. Viens.
Commenter  J’apprécie          1451





Ont apprécié cette citation (55)voir plus




{* *}