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Critiques de Virgile (79)
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L'Énéide

Quelle barbe, mes aïeux, quelle barbe ! Autant j'ai aimé L'Iliade et L'Odyssée, autant j'ai détesté L'Énéide. Il me faut pourtant, dès à présent, reconnaître un gros, un très gros, un immense avantage à cette oeuvre : pour quelques euros, voire aucun — car il traîne un peu partout dans les boîtes à livres —, vous pouvez acquérir un véritable remède contre l'insomnie, garanti efficace et sans accoutumance !



Oh ! l'odieux pensum que voilà ! Bon diou qué misère, peuchère, qué misère ! M'est tombé des mains au moins 7272 fois et j'ai arrêté de compter ensuite. Ça fait un an que j'y suis à me farcir cette purge, et elle m'en a fait baver ! Vous voulez mes impressions de lecture ? Ça va aller vite, croyez-moi, en deux mots, je dirais : CHIENLIT ABSOLUE.



Dans l'Iliade, dans l'Odyssée, on sentait le souffle mythique, on sentait l'apport de la tradition, une volonté étiologique, et tout et tout. Ici, on sent le vide, l'absence d'inspiration, la commande à plein nez, la volonté de légitimation d'une bande d'arrivistes qui se prennent pour des dieux. Je trouve ça nullissime, de la resucée de quatrième catégorie à visée bassement politique.



C'est à peu près aussi intéressant à mes yeux qu'une hagiographie d'Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg réunis pour nous expliquer combien tous ceux-là sont de grands, de bons, de visionnaires dirigeants. Essayez à toute force de faire entrer un cube dans une boîte de conserve trop étroite et vous aurez le vibrant contenu de cette auto-justification, auto-proclamation de filiation divine pour le peuple romain.



Virgile est allé nous ressortir un quatorzième couteau de la Guerre de Troie, tellement marquant dans l'Iliade que je ne l'avais même pas retenu, et essaie très maladroitement de nous copier/coller le destin des héros principaux des mythes grecs pour nous expliquer que Rome, en fait, c'est tout pareil, et même encore mieux que l'original, si possible.



Alors, paraît-il, en latin, soit disant que ça en jette. Moi, je veux bien, mais je ne parle pas latin tous les jours, ni bulgare, ni japonais, voire à peine swahili. Donc je m'en remets aux traductions.



Premier essai, la traduction de Maurice Rat aux éditions GF. Pffff ! Rat-le-bol. Abandon après le livre second (sur douze). Deuxième tentative, l'édition bilingue des Belles Lettres, traduit par André Bellessort, texte établi par René Durand. Un micro chouia plus digeste, mais globalement la même farine. Au forceps, je suis allée au bout et j'en sors épuisée, écoeurée, énervée.



Je regardais de temps en temps en vis-à-vis le texte latin avec ce que je connais de latin. Dans les notes, le gars s'extasiait sur le texte, trouvait tout génial, là où moi je ne lisais que platitude et douloureux ennui. Bon, notre spécialiste reconnaît tout de même que par endroit, si l'auteur avait pu relire son manuscrit, il aurait changé deux ou trois trucs. Virgile lui-même, sentant sa fin toute proche, aurait demandé qu'on le brûle — le manuscrit, pas lui — preuve sans doute de l'excellence de l'ensemble, mais je n'insiste pas…



Alors, cahin-caha, Énée se barre du champ de bataille de Troie, avec son fiston et le paternel sur les épaules. On laisse bobonne se faire rôtir, bien entendu. Il chemine avec quelques potes, très vaillants, jugez-en puisqu'ils se tirent dare-dare au moment où les Grecs pénètrent dans leur ville.



Bref, Énée qui est né de Vénus, arrive bon an mal an jusqu'à Carthage où il rencontre Didon. Lui est beau, elle est belle, ils en pincent l'un pour l'autre, elle lui ouvre son coeur et son coffre, mais voilà, c'est impossible, les dieux, le destin, n'est-ce pas, vous comprenez, donc faut qu'Énée reprenne la mer. Amère, la Didon lui dit « Dis donc ? Avec tout ce que je t'ai filé ? T'es pas gêné, quand même, saloupiaud ! » Bon, elle est furax et elle se sent un peu la Didon de la farce. donc, auto-trucidation, donc ressentiment éternel de Carthage et patati et patata…



Le vieux d'Énée, Anchise, il claque en chemin, alors l'autre, ça le chiffonne un peu, il voulait sa bénédiction. À un moment, pour être bien sûr que sa destination, que la destinée du destin lui destine, c'est bien Rome et nulle autre, il se dit qu'il irait bien faire un petit tour aux enfers, histoire d'inspirer Dante (qui accomplira l'exploit, plus d'un millénaire après, d'écrire un truc encore plus chiant que Virgile, ça fallait déjà oser relever le défi), mais surtout, qui repompe gaillardement l'épisode correspondant de l'Odyssée. Bla-bla-bla et bla-bla-bla, oui, c'est bien mon gars, faut que tu walk the line, perds pas le cap, c'est bien là, vas-y fiston, Capri c'est fini, tous les chemins mènent tes Roms, arrivé là-bas, tu pourras prendre un rhum à ma santé.



Pas contrariant, Énée écoute papa Anchise avec franchise, puis écoute maman, Vénus avec… enfin peu importe, Vénus, donc, qui lui redit la même chose, car il est un brin dur de la comprenote l'Énée de la famille, elle lui fait des pansements et une boîte à goûter, car c'est vraiment une bonne mère cette Vénus, une bellissima mama et vous, vous ne regretterez pas d'être velus…, euh, Venus, voulais-je écrire.



Okay. Et les Latins, là dedans ? Bah, ils sont cons, les Latins, ils comprennent rien. Bon, faut dire qu'en plus il y a toujours Junon qu'a méchamment pas digéré le coup de la défaite de Troie et qui lui prépare deux-trois embûches, au Énée, en appelant à la rescousse des pseudo-divinités de sixième zone, pas des stars, bien entendu, sinon elle gagnerait, la mégère apprivoisée, mais des petites célébrités locales tout de même, histoire que ça dure, dure, duuuuuuuuure longtemps, longtemps, looooooontemps cette saloperie de machin latin simili mythe.



Ce faisant, parmi d'autres tocards à la manque, y a le Turnus et tout un tas d'inconnus qui se laminent, qui se transpercent, qui s'écartèlent, qui s'étripent, qui se lamentent, qui tombent et qui se relèvent, et qui repartent pour un tour, et ça n'en finit jamais, et c'est looooooong, et c'est chiant à mourir, d'ailleurs c'est ce qu'ils font tous à la fin, pour la plupart, mourir. Énée, qu'était un brave gars et qui voulait pas de tous ces massacres, il a été obligé, vous comprénée…, euh, comprenez, voulais-je écrire, mais c'était le destin, n'est-ce pas… c'était un gentil, dans le fond, devenu dominateur par obligation, n'est-ce pas, parce que c'est les dieux qui l'ont dit, bien obligé, pas le choix, et toute la fameuse marmelade du droit divin et tutti quanti.



Bref, et de tout ça, nous, Romains, on y l'est les plus beaux, les plus forts, les plus tout, et c'était écrit, mais comme, en fait, c'était pas encore tout à fait écrit à ce moment-là, l'imperator, Auguste, il a discrètement demandé à Virgile de lui pondre ce machin, un truc qui ferait date, qui attesterait, preuves indiscutables à l'appui, que les Romains sont bien des descendants avérés des dieux grecs en personne, voire, aussi du Popocatepetl si l'Amérique avait déjà été latine à cette époque. Enfin, ce sont des gens bien, vous voyez.



Donc, un condensé de propagande antique, de bricolage mythique à visée politique, du lent, du lourd, du traînant, du pénible, du hautement dispensable où tout est faux à la virgile près. Même « nos ancêtres les Gaulois » avait quelque chose de plus authentique et véridique que ce torchon-là, sacralisé par les siècles. Personnellement, je me demande pourquoi, mais bien entendu, ce n'est là, que mon tout, tout, tout petit avis de poisson rouge, haine & ide, c'est-à-dire, pas grand-chose.



P. S. (suite aux commentaires) : Si je déteste ce livre, c'est qu'il est vicié dès le départ. Un récit mythique, au sens de mythe fondateur, c'est quelque chose de très spécial : ça vient du fond des âges, on se l'est raconté sur des générations et des générations, donc, fatalement, cela a subi nombre d'altérations et de fabulations venant combler tel trou de mémoire ou tel élément factuel pour le rendre un peu plus reluisant ou sensationnel, mais, dans l'ensemble, cela possède toujours un fond de vérité ou d'une certaine manière de penser.



Par exemple, quand Homère nous parle des Cyclopes, cela fait référence à un fait réel et inexpliqué à l'époque de façon " logique " : la présence d'immenses crânes percés d'un seul orifice en Sicile. Personne ne sait plus d'où viennent ces crânes et ils se questionnent. DONC on invente une histoire pouvant rendre compte de cette présence avérée. Bien sûr, elle est fausse car ces crânes étaient des crânes d'éléphants, du temps fort ancien où la Sicile abritait de tels animaux (ce que ces gens avaient pris pour un oeil unique étaient en fait le trou de la trompe).



Mais ce mythe avait quelque chose de fondateur, d'authentique, témoignant de croyances ayant réellement eu lieu. Même chose pour Poséidon, « l'ébranleur de terre », qui expliquait l'inexplicable quand un redoutable séisme sévissait à l'est de la Méditerranée. Même chose pour Perséphone chez Hadès la moitié de l'année, etc., etc., la liste est sans fin. En outre, ici, avec Virgile, tout est entièrement reconstruit pour les besoins de la cause défendue : tout est inventé, tout a une fonction, tout se doit d'avoir une certaine RENTABILITÉ narrative.



Et c'est ça que j'exècre, cette reconstruction ad hoc dans un but précis, qui plus est, dans le but de légitimer et donner du lustre au pouvoir en place, encore pire à mes yeux. Rien n'est authentique dans l'Énéide, tout sonne faux car, stricto sensu, tout EST faux, rien ne s'appuie sur du réel inexpliqué, tout est apprêté, façonné, sélectionné, calibré exactement comme les historiens du XIXème réécrivaient l'histoire des deux côtés du Rhin dans un but de propagande précis.



Bon, encore, s'il n'était que le projet littéraire, ce serait seulement détestable, mais, dans le fond, pourquoi pas. Malheureusement, au surplus d'être trompeuse et manipulatoire, cette fiction est également, pour moi, d'un ennui mortel à lire, d'où le caractère tranché et univoque de cet avis.
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L'Énéide

Excellent souvenir de mes études latines, l'Enéide de Virgile est tout à la fois une magnifique source littéraire, historique et "Rome antique".

Mythique épopée d'Enée depuis Troie jusqu'au Latium en passant par la Carthage de la divine Didon, l'Enéide nous transporte par ses vers enchanteurs dans des contrées antiques dignes d'Homère. L'amour, le combat, la tragédie, toute situation est poussée à son paroxysme pour coincer chaque personnage dans ses derniers retranchements physiques et psychologiques. Une merveille littéraire donc qui, comme bon nombre d'oeuvres antiques, brille par un style inimitable et des thèmes immuables.
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L'Énéide

L'Enéide est une épopée se composant de douze chants. Elle relate les sept années pendant lesquelles le héros, Énée, va surmonter différents obstacles afin d'honorer la mission des dieux : fonder la nouvelle Troie. En effet, Troie, patrie d’Énée, a été détruite. Il fuit cette dernière. Mais Junon, qui lui voue une haine incommensurable, va lui mener la vie dure comme l'indique l'entrée en matière :





"Je chante les combats du héros prédestiné qui fuyant

les rivages de Troie aborda le premier en Italie, près de Lavinium ;

longtemps il fut malmené sur terre et sur mer

par les dieux puissants, à cause de la cruelle Junon, à la rancœur tenace ;

il endura aussi bien des maux à la guerre, avant de fonder sa ville

et d'introduire ses dieux au Latium, le berceau de la race latine,

des Albains nos pères et de Rome aux altières murailles."





Je ne résume pas l'histoire, on la connaît ! Mais quand on pense que Virgile voulait détruire le manuscrit... Il eut été dommage de priver ainsi des générations d'un des plus beaux poèmes épiques de la littérature. Quel bel hommage à Homère à qui il empruntera le sujet !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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L'Énéide

Je n'ai jamais eu envie de lire Virgile. Il est fort probable que je n'aurais jamais lu L'Enéide si je n'avais pas lu Lavinia d'Ursula le Guin avant. Ah ! le pouvoir de la SFFF qui donne envie de lire les sources mythologiques ^_^



Un petit conseil : évitez les versions disponibles du domaine public, c'est illisible. Heureusement, BazaR a mentionné dans un commentaire la dernière traduction de Paul Veyne.



« Paul Veyne, fin lecteur et bon païen, a décidé de nous affranchir de la sacro-sainte "structure" du texte pour restituer la dimension épique de ce qu'il n'hésite pas à nommer dans sa magnifique préface "un film d'action". En latin, traduire en suivant servilement l'ordre des mots conduit à un abominable charabia et jamais l'Enéide n'avait été aussi belle à lire. » (F. Busnel)



Je ne vais pas refaire l'histoire mais j'ai passé un très bon moment de lecture. J'ai surtout été bleuffée par ce qu'Ursula le Guin en a fait. À quelques détails près, les deux histoires se complètent parfaitement. Quand le Chant XII s'est terminé… je me suis dit : « et la suite ? c'est déjà fini ?»



Après réflexion, il m'est impossible de vous conseiller : lequel lire en premier ?







Challenge pavés 2018 (4)

Challenge multi-défis 2018 (65)
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L'Énéide

Que l'on soit ou non fan d'antiquité, que l'on se soit ou non vu imposer Homère et les versions latines au collège, il est bon de lire Virgile, ou du moins une bonne traduction... pour le plaisir !



Tout simplement parce qu'il est, avec Homère, le maître de l'épopée, et que les auteurs d'heroïc fantasy et de films à grand spectacle doivent encore énormément à ces maîtres antiques.



Les meilleurs auteurs modernes, à commencer par Tolkien, ne se contentent pas de faire enchaîner à leurs héros combats, aventures et magie, mais, souvent, les faiblesses de ce héros sont le principal obstacle dans leur noble quête, et ce sont elles que l'aède ou troubadour moderne met en scène.



Ainsi, même si cette littérature est aujourd'hui lue, elle garde, quand elle est bien faite, quelque chose de la poésie de ces récits antiques psalmodiés ou chantés. La magie y est relayée par la présence des dieux et, contrairement aux chansons du haut-moyen-âge parfois grossières de ce point de vue, grecs et latins ont su manier l'hyperbole avec un charme inégalé.



Le récit de l'Enéide, destiné à asseoir la légitimité mythique de Rome, est bien connue : elle associe, en les inversant, les trames de L'Iliade et de l'Odyssée, Enée errant sur les mers avant d'atteindre le Latium, puis luttant pour s'y établir. Mais il est aussi et surtout un long poème classique, en hexamètres dactyliques, aux passages superbes -même traduits-, qui parviennent encore à émouvoir à notre époque où la poésie a évoluer vers des formes totalement différentes.



En modèle classique d'épopée, l'Eneide continue aussi d'influencer le genre romanesque, notamment quand celui-ci conte le voyage initiatique du héros qui, imparfait, connaît sa descente aux enfers -plus symbolique de nos jours-, avant de remonter par ses vertus. Ces vertus, dans l'Enéide, oeuvre d propagande commandée par Auguste comme le furent les peintures de David commandées par Napoléon, sont bien sûr celles du "viril" et prosaïque peuple romain, ce qui rend l'oeuvre à la fois proche et différente des chants homériens.



Sans être un spécialiste de l'Enéide, je terminerai en disant que c'est là un récit plutôt agréable à lire, et un beau roman d'aventures, dont la forme poétique ne gâche rien, même si ma médiocrité de latiniste peu assidu ne me permettait pas de le faire n VO.. Virgile, contrairement à Homère, adresse même des clins d'oeil de connivence au lecteur... divin privilège !

Je conseille de le lire dans foulée des récits homériens, comme je le fis moi-même, et avant Tolkien.



Surtout, il me semble indéniable, que l'on apprécie ou pas ce genre un peu désuet, que Virgile et son Enéide continuent d'influencer, relayés à travers des siècles par leurs successeurs, le roman, en particulier le roman fantastique et d'aventure, tandis que la poésie s'en est éloignée, malgré quelques joyaux produits. Certain des thèmes introduits par ces récits héroïques antiques sont tellement ancrés dans notre inconscient collectif que certains auteurs de fantasy font aujourd'hui, comme M. Jourdain, du Virgile sans le savoir...











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L'Énéide

Errance du magnanime Énée, fils de Vénus, fuyant le saccage de Troie, amours Libyennes de la reine Didon, ripailles en Sicile, retrouvailles au royaume des morts, loooongue guerre finale en Italie clôturée par une alliance et la naissance de Rome.



J'ai apprécié ce récit très visuel, le concours nautique, les mauvais coups de la petite salope de Junon!



Aidé par wikipedia et les notes de l'excellent traducteur Paul Veyne, je sais maintenant que Rome a été créée par une bande de loosers ;-)

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L'Énéide

Auguste a "commandé" cette épopée à son grand poète officiel, Virgile.

L'empereur voulait donner aux Romains une épopée à l'instar de celles des Grecs, miraculeusement dotés de l'Iliade et l'Odyssée d'Homère. C'est tout naturellement de celles-ci que s'inspira Virgile, mais en inversant chronologiquement les modèles: l'errance d’Énée ,après la chute de Troie, a pour modèle l'Odyssée, qui raconte celle d'Ulysse retenu loin d'Itaque, après le siège de Troie, par les caprices furieux de Poséidon. L'installation finale d’Énée dans le Latium, - d'où partiront son fils Iule, puis ses descendants, Romulus et Rémus, fondateurs de Rome,- se fera au prix de guerres féroces , modelées sur les combats de l'Iliade.



Virgile n'a pas eu le temps,dit-on, de mettre la dernière main à son œuvre.

Il voulait qu'on détruisît cette épopée savante mais imparfaite, à ses yeux. "On" n'en fit rien, fort heureusement! Car l'Eneide, pour être une œuvre de propagande politique à la gloire du "pacificateur" ,Auguste, père des arts et des lois, une fausse épopée, une vraie "contaminatio" savante, calquée sur les illustres modèles grecs, n'en est pas moins un poème magistral et une vraie grande œuvre.



Les chants de l'Eneide sont magnifiques, même si le personnage d'Enée, un peu fadasse, n'a ni le relief, ni l'étoffe de ces prédécesseurs grecs aux caractères si bien trempés qu'on les reconnaît à leur seule épithète. Mais il est des passages où le poète latin surpasse son illustre modèle: Ulysse n'avait osé descendre aux Enfers, il avait seulement, par une sorte de magie noire, évoqué les ombres héroïques des disparus en répandant du sang sur le sol -c'est l'épisode de la Nekuia- tout en maintenant les âmes des morts à distance respectueuse, à l'aide de l'épée...



Virgile, lui, va plus loin:dans le chant VI, il fait descendre Énée dans les lugubres couloirs, lui fait traverser l'Achéron dans la barque de Charon, rencontrer toutes les créatures infernales qui peuplent les sombres bords, avec pour guide touristique la Sibylle de Cumes et son rameau doré...Pour ce seul chant, l'Enéide vaut d'être lue avec passion...Dante s'en souviendra quand il évoquera à son tour les Enfers, faisant de Virgile, cette fois, son guide protecteur...



Juste retour des choses...
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L'Énéide

Ne jamais avoir peur de retourner aux textes antiques!S'ils ont traversé des millénaires c'est qu'ils en valent la peine!



Même si j'ai de cuisants souvenirs d'heures passées sur une version latine au lieu de sortir...et plus cuisant encore, le retour de la copie corrigée et notée....



De retour de Rome, j'ai ressenti l'urgence de revenir à la Mythologie, à l'Histoire antique.Envie de légender les tableaux et les statues ou d'illustrer le texte, ce qui revient au même. Visiter la Galerie Borghèse avec l'Enéide dans la tête...ou même le Musée étrusque de la Villa Giulia, regarder les fresques aux plafonds des palais qui nous parlent des dieux et des héros.



L'Enéide est le récit fondateur de Rome, à la suite de la chute de Troie,c'est, comme chez Homère, le combat des dieux. Venus chérit Enée, son fils, tandis que Junon le poursuit de sa vindicte. Jupiter et Neptune interviennent à leur tour, métamorphoses, nymphes et



dieux changent d'apparence . Avec l'Enéide, c'est l'Iliade et l'Odyssée et en prime l'histoire de Rome racontée sous forme de prophéties. Commande d'Auguste, cette épopée romaine et troyenne contient en germe la grandeur de Rome et de César, le nom Iule d'Ascagne y réfère.



"vous avez affronté la rage de Scylla, et ses gouffres mugissants ; vous avez vu sans pâlir l'antre affreux des Cyclopes : rappelez le courage et bannissez les sinistres terreurs...."



L'Odyssée avant l'Iliade, Enée traverse la Méditerranée,contourne la Sicile pour éviter les pièges et les périls, les allusions à l'Odyssée sont nombreuses et plaisantes. Tout un périple dans les îles grecque de Mykonos à Délos et en Crète avant d'aborder la Libye et le royaume de Didon.



Enée sous la demande de Didon, raconte la chute de Troie. Histoire d'amour inattendue.



"Te voilà donc, Enée bâtissant l'altière Carthage! Esclave d'une femme, tu décores pour elle une ville étrangère! Et ton empire et ta gloire, hélas! tu les oublies pour une femme!"



Pour Didon, Enée oublierait-il la promesse d'un royaume en Italie?



"Le pieux fils d'Anchise s'avance vers la montagne où réside Apollon, et cherche le réduit solitaire de la redoutable Sybille : antre immense , où le dieu de Délos agite l'âme de sa prêtresse d'une sainte fureur et lui découvrit l'avenir."



Sur les ordre de la Sybille, il va retrouver son père aux Enfers, dans ce lieu funeste l'Arvern..





Enfin, il aborde le Tibre



"je suis le Tibre, ce fleuve bienfaiteur que tu vois rouler à pleins bords les trésors de son onde, et porter l'abondance aux fertiles contrées qu'il arrose : le Tibre aux flots d'azur, aux rives aimées des cieux. Ici Rome cité pompeuse naîtra pour embellir mes plages et commander au monde. "



La conquête de son nouveau royaume ne sera pas aisée. De nouvelles épreuves l'attendent. les derniers livres, surtout X et XI, combats des Troyens, des Étrusques et des latins m'ont plutôt ennuyée. Difficile de se retrouver dans les innombrables guerriers. Une reine amazone se distingue ainsi que Turne, la sœur de Turnus, guerrière ou nymphe?










Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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L'Énéide

Peut-on retenir autre chose de cette Enéide que son statut d’œuvre de commande, ainsi que le déplore Simone Weil dans L’Enracinement lorsqu’elle écrit que les vers de Virgile « sont souvent délicieux à lire, mais malgré cela, pour lui et ses pareils, il faudrait trouver un autre nom que celui de poète » car « la poésie ne se vend pas » ? Sous la demande d’Auguste, Virgile devait en effet écrire une œuvre qui lui permettrait de promouvoir les valeurs romaines et de glorifier les exploits de la gens Julia dont le nom se rattache à Iule, le fils d’Enée, et à laquelle appartenaient Jules César et Auguste, fils adoptif et petit-neveu de César. La raison n’est toutefois pas suffisante pour retirer à Virgile son nom de poète. La commande constitue le fondement pratique et pragmatique –le prétexte peut-être- à partir duquel l’imagination, la créativité et le talent littéraire de Virgile vont pouvoir se manifester et dépasser les exigences du cahier de charge poétique : Virgile est parti d’Auguste, mais il l’a sans doute oublié pendant une bonne partie des périples d’Enée.





Il est difficile de parler de la forme de L’Enéide car, à moins de la lire en latin, elle dépend souvent des différentes traductions. Celle qui est proposée ici réussit à conserver toute la complexité des références sans alourdir ni compliquer la construction de la phrase. Elle permet également de prendre conscience de l’éclat que peut provoquer la simplicité et le dépouillement d’une phrase dans l’expression des thèmes universels de la mort, de la peur ou de l’honneur. Il n’en reste pas moins que le lecteur qui ne maîtrise pas parfaitement l’histoire et la mythologie antiques devra s’arrêter souvent pour prendre connaissance des dieux, des personnages, des lieux et des situations évoquées. Ce n’est pas nécessaire mais les différents niveaux de compréhension du texte ne peuvent surgir qu’à condition de fournir cet effort : on comprend alors comment l’exaltation du temps présent surgit brusquement dans ses rapports constants avec le passé (à travers la généalogie et la légende) et avec le futur (à travers les oracles).





Les morts et les dieux interviennent en effet souvent pour influer le cours des événements que fondent les vivants et posent de nombreuses questions sur la liberté des personnages. Les dieux savent ce qui va advenir et pourtant, eux-mêmes ne peuvent pas s’empêcher de lutter contre certaines fatalités. C’est Junon par exemple qui se justifie :





« Il ne me sera pas donné de fermer à Enée le royaume de Latinus, et les destins lui réservent immuablement Lavinie pour femme ? Soit ! mais il m’est permis de faire traîner les choses, et de mettre des retards à l’accomplissement de desseins aussi grands ; mais il m’est permis d’exterminer les peuples des deux rois ! »





De même, Evandre se lamente lorsqu’il retrouve son fils Pallas tué lors d’un combat aux côtés d’Enée. Mais cette mort était écrite, et Evandre n’en veut pas à Enée, pourtant responsable de l’embrigadement de Pallas, mais à Turnus, leur adversaire commun, car c’est à cause de lui que l’initiative de la guerre a eu lieu, Enée désirant simplement fonder une ville sur le territoire Latin et épouser la fille du roi Latinus. L’horizon lointain de tout événement semble donc déterminé, mais rien n’est assuré concernant les moyens d’y parvenir. Cette hésitation teinte toute gloire de mélancolie et rend toute mort plus insignifiante, mais en même temps, elle place la gloire et la mort comme éléments constitutifs du destin en lui-même : dans l’insignifiance généralisée, tout devient alors prétexte à postérité.





Cette ambivalence se poursuit dans la personnalité d’Enée. Si L’Enéide n’était qu’une œuvre de commande sans originalité, Virgile aurait-il pris le risque de faire de son protagoniste, représentant de la lignée d’Auguste, un personnage souvent retiré, en proie au doute, à la peur et parfois à la faiblesse ? On peut rapprocher ces caractéristiques de la prudence et de la sagesse auxquelles voulait s’identifier Auguste, mais elles sont aussi la marque d’une littérature qui se montre déjà attentive à la réflexion personnelle et à l’expression de l’ambivalence.





L’Enéide n’est pas qu’une histoire de batailles et de conquêtes territoriales et nous aide à approcher la culture romaine antique en revivant ses légendes. On peut la lire méticuleusement et considérer que Virgile offrit cette histoire à Auguste comme Vulcain offrit à Enée le bouclier représentant la gloire de ses descendants, mais on peut aussi la lire comme la transposition personnelle des tourments d’un héros qui s’autorise parfois la faiblesse de devenir homme.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Eneide illustrée par les fresques et mosaïques ..

L'illustre épopée latine, écrite par Virgile, sans avoir été achevée, malgré les onze ans passés par l'auteur à son élaboration, et que le poète aurait demander de brûler sur son lit de mort en 19 avant J.-C. L'empereur Auguste, commanditaire, aurait empêché la destruction. La composition de l'oeuvre devenant un mythe en elle-même, ajoutant au mythe raconté dans le poème.



Factuellement, un poème de 12 chants écrits en hexamètres dactyliques, c'est à dire les mêmes vers qu'a utilisés Homère. Ce n'est pas la première tentative d'épopée entreprise par un Romain, mais c'est la seule qu'a retenu la postérité comme la grande épopée romaine. Elle connaît un succès éclatant et immédiat dans le monde romain, qui s'est poursuivi jusqu'à nos jours, avec des vicissitudes inhérentes à la reconnaissance de toute oeuvre littéraire. Suivant les époques, la comparaison avec Homère l'a parfois desservie. Mais il est assez vain de comparer les oeuvres dans l'objectif d'un classement, et sans doute il vaut mieux les considérer en elles-mêmes. Virgile s'est inspiré d'Homère, mais aussi d'autres oeuvres, dont Apollonios de Rhodes (Les Argonautiques, ou l'épopée de Jason parti à la conquête de la Toison d'or). C'est une écriture très consciente d'elle-même, de ce qui l'a précédé, l'Énéide prend place dans toute une tradition littéraire, dont elle entend emprunter le meilleur, avec l'ambition d'être une sorte de synthèse, voire de dépassement.



Au-delà de chanter des mythes fondateurs, l'Énéide se donne aussi l'objectif de faire le lien avec le présent de Virgile. Énée, l'ancêtre fabuleux, a une descendance, et c'est elle qui règne à Rome, en particulier dans la personne d'Auguste, l'empereur. Toute l'histoire romaine à venir est annoncée dans le texte de Virgile, le présent trouve sa justification, sa légitimé, dans le passé, dans la volonté divine, dans le destin. Les Romains seraient issus de Troyens, ils sont donc aussi anciens que les Grecs. Leur domination sur le monde est annoncée, prévue de tout temps.



L' Énéide est généralement considérée comme composée de deux parties. La première ou les six premiers chants, est une sorte d'Odyssée, qui raconte les pérégrinations des Troyens qui ont pu se sauver suite à la prise de leur ville, menés par Énée, à la recherche de la terre qui leur a été promise pour fonder une nouvelle ville, qui sera bien plus puissante que la première. Chassés par tempête provoquée par la haine de Junon, ils ne peuvent accoster en Italie et sont déroutés à Carthage. Énée va y conter à la reine Didon la prise de Troie et les aventures vécues par les survivants. le quatrième chant, peut-être le plus célèbre, évoque les amours de Didon et Énée, jusqu'au départ de ce dernier et la mort de la reine. le sixième chant est le récit de la descente aux Enfers d' Énée, désireux de rencontrer son père Anchise, mort pendant le voyage.



Les six derniers chants sont une sorte d'Iliade, le récit de guerres qu' Énée et les siens doivent mener pour trouver leur place en Italie, terre qui leur est promise, mais qui est déjà occupée par d'autres peuples. Et Junon ne désarme pas : même si elle sait qu'au final Énée va arriver à ses fins, elle tente par tous les moyens de faire durer les choses, d'imposer un maximum de souffrances et de douleurs. Elle déchaîne donc les haines, les violences, et le sang coule à flot. Mais Énée triomphera de tous les obstacles, finira par tuer Turnus, son principal adversaire, et pourra convoler avec une nouvelle épouse, Lavinia, pour donner jour à une lignée qui connaîtra un destin prodigieux, qui mène jusqu'au présent de Virgile.



Ce livre a inspiré un nombre considérable d'artistes (Dante, Berlioz, Turner….) et a donné lieu à des analyses innombrables. Ce que je peux en dire n'aura donc rien de bien original, ni de forcément très intéressant. Mais je tente quand même à me positionner vis-à-vis de cette oeuvre, pour essayer d'être plus au clair avec mes propres ressentis.



Énée, le pieux Énée, comme il est appelé dans le poème est un drôle de héros. Personnage très secondaire de l'Iliade, c'est loin d'être le plus valeureux des guerriers, au point qu'il ne doit son salut qu'au secours de sa mère, Vénus, à deux reprises. En réalité, il ne donne pas forcément le sentiment de vouloir devenir ce qu'il est en train de devenir. Mais comme il est pieux, il obéit au destin qui a été écrit pour lui, de son mieux, en obéissant au quart de tour à tous les ordres divins, en ne critiquant jamais, ne se révoltant pas, malgré tout ce qu'il endure. Il n'est pas très flamboyant en somme, mais efficace et pragmatique, prenant les choses comme elles viennent. Cela donne sans doute de l'humanité au personnage, mais comment dire, cela ne me fait pas trop frémir. Je trouve par ailleurs les autres personnages pas tellement caractérisés non plus pour la plupart, la palme revenant à la malheureuse Lavinia, qui ne prononce pas un seul mot, alors que la guerre fait des ravages entre Énée et Turnus pour savoir que va l'épouser. Évidemment personne ne lui demande son avis dans l'affaire, ce qui est sans doute normale à l'époque, cela dit elle pourrait avoir une opinion ou des sentiments.



Il y a évidemment des passages que j'ai trouvé splendides, comme une partie de la descente aux Enfers, je comprends à quel point tout cela a pu inspirer Dante. Mais j'avoue que cela ne m'emporte pas dans l'ensemble. Ce n'est pas ma première lecture de cette oeuvre, et j'ai bien peur de ne jamais devenir une admiratrice passionnée. Les combats de la deuxième partie, qui tournent à une boucherie sans nom, me sont particulièrement pénibles, d'autant que l'issue étant tellement annoncée d'avance, martelée presque, complètement intégrée par tous les personnages, cela en devient presque gratuit, même s'il y a bien entendu des vers magnifiques, des images qui par moments touchent.
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Bucoliques et Géorgiques

Je conseille à tout hasard cet opus car la traduction est celle de Paul Valéry, et ce sont des alexandrins.

Elle s'adressera éventuellement aux étudiants ou « thésards » pour la qualité des expressions et les efforts pour coller le plus près possible à l'original.

Quel autre poète en effet pouvait rendre un plus grand hommage à Virgile que le Père du Symbolisme ? Je n'ai pas trouvé meilleure traduction ni meilleur sentiment confraternel. Eh oui, même si Valéry a opté pour une traduction versifiée. Seul un poète pouvait se le permettre

Les commentaires du genre « il faut lire dans le texte original » m'ont prodigieusement amusée

Je rappelle que pas même les profs d'université actuels sont capables de lire et comprendre (ou traduire) « couramment » dans le texte. Et que les lecteurs ordinaires ne connaissent pas le latin. Alors, un peu de modestie et d'intelligence, SVP.

Quant à Virgile, on l'aime ou on ne l'aime pas, mais cela est une autre histoire.

Un génie de notre Rome éternelle.
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L'Énéide

L’Enéide de Virgile est un raccord parfait avec la mythologie grecque en même temps qu’une revanche de Troie. C’est la caution divine de l’existence de Rome ainsi qu’un livre politique exaltant sa grandeur, son histoire et ses valeurs. Là où L’Iliade chantait la colère d’Achille, l’Enéide est une quête chantant la renaissance de la cité disparue.

L’histoire succinctement : Enée, fils de Vénus, fuit, avec une poignée de troyens, sa mythique cité en flammes, à la recherche d’une terre pour édifier une nouvelle Troie, suivant la révélation de l’oracle d’Apollon, qui avait pris fait et cause pour les Troyens contre les Grecs. De son côté, la déesse Junon – soutenant les Grecs et connaissant l’avenir funeste de Carthage, qu’elle affectionne – mettra tout en œuvre pour faire échouer Enée dans son entreprise. Comme toujours, les dieux son incapables de s’entendre !

Ironie du sort, Enée rencontrera Didon, fondatrice de Carthage – que les Romains détruiront effectivement plus tard, après trois guerres puniques qui faillirent avoir raison de l’empire –, éprise de ce héros. Abandonnée, elle se suicidera en le maudissant. L’épisode de Didon sera l’occasion d’un épique récit de la chute de Troie.

Enée accomplira aussi une descente aux enfers – comme, beaucoup plus tard, Dante, aux côtés de…Virgile : tout se tient ! – pour y découvrir sa descendance et la future gloire de Rome. Enfin, après moult péripéties et batailles, Enée sera victorieux et pourra accomplir son destin. Destin qui donnera naissance à la civilisation que l’on connait.

L’Enéide, moins « effrayant » par sa taille que ses deux ancêtres (L’Iliade et L’Odyssée), fait partie de ces textes qui nous ont façonnés. Et pour les amateurs d’heroic fantasy, disons que c'est Le Seigneur des anneaux romain !

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Bucoliques et Géorgiques

Son premier recueil poétique, les Bucoliques, met en scène des bergers qui devisent, échangeant leurs idées, et faisant part de leurs états d'âme.

Voilà qui permet à Virgile de chanter son amour pour la nature qui est à la fois une source de nostalgie et d'épanouissement. Mais c'est également, pour lui, l'occasion d'exprimer son désarroi face aux troubles civils de l'époque.

Les Géorgiques conservent le décor campagnard. Ce poème a, contrairement au recueil les Bucoliques, un aspect didactique. L'auteur décrit les travaux de la terre en dégageant leurs techniques, et surtout, en vantant leurs charmes méconnus.

En donnant en exemple aux citadins la vie champêtre dont il loue la simplicité et le caractère sain, Virgile apporte, en quelque sorte, sa contribution à la politique de l'époque !

Mais il ne s'abaisse pas à une sorte de propagande simpliste.

Les Géorgiques sont comme un hymne aux valeurs essentielles, un grand chant de la beauté et de la grandeur de la nature. Cet effort que fait le poète pour s'élever au-dessus des contingences se manifeste encore de façon plus nette dans son œuvre maîtresse, L'Enéide, épopée à la gloire du peuple romain.

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Les Bucoliques - Intégrale

Après avoir découvert récemment, avec un immense plaisir, les Idylles de Théocrite, j’ai voulu poursuivre avec une œuvre peut-être un peu plus célèbre, qui s’en est inspiré, les Bucoliques de Virgile.



Virgile vécut en des temps troublés, au premier siècle avant notre ère. Époque de persistantes et violentes guerres civiles, en particulier après l’assassinat de Jules César en -44. Et c’est à ce moment de tensions extrêmes, qu’en 42 Virgile écrit les premiers poèmes du cycle, qui en comprend dix. Des histoires de bergers, de troupeaux, d’amour, de disputes, mais aussi de poésie, qui paraissent en décalage total avec la réalité des temps violents pendant lesquels ces textes ont été écrits.



Peut-être pas complètement en décalage quand même : la Première et la Neuvième Bucoliques évoquent la situation critique des personnes expropriées du jour au lendemain, pour que leurs terres soient données aux vétérans des armées vainqueurs. Mélibée, parmi d’autres, doit partir avec son troupeau de chèvres, en train de dépérir en chemin, alors que Tityre, grâce à une rencontre faite à Rome, peut garder son bien et continuer à mener une vie heureuse. Aucun d’une certaine manière ne mérite son sort, qui au final est le fruit d’un hasard, heureux pour l’un, malheureux pour l’autre.



Dans la Neuvième Bucolique, deux hommes marchent, l’un doit amener des bêtes à leur nouveau maître. Ils espèrent l’arrivée d’un certain Ménalque, poète de son état, qui malgré des bruits qui ont couru, et son immense talent, n’a pas été épargné, et a même peut-être été tué. Pour se réconforter, et pour conjurer leurs angoisses, ils récitent de la poésie, celle de Ménalque et la leur.



Dans le quatrième poème, assez mystérieux, et qui a fait couler beaucoup d’encre, est évoquée la naissance d’un enfant miraculeux, qui pourrait faire revenir l’humanité à l’âge d’or. Virgile raconte en passant, l’histoire de l’humanité, telle que se l’imaginait les Romains de l’époque, une histoire sous forme de mythes.



D’autres Bucoliques parlent d’amour, un amour en général à sens unique. Ainsi un berger laid, Corydon,est épris d’un bel éphèbe, Alexis, qui dédaigne son amour. Corydon passe par tous les états que peut provoquer une passion non partagée, avant, avec un second degré assumé, décider de passer à autre chose. Virgile résume en une centaine de vers, tous les ressentis et états d’âme d’un amoureux dédaigné.



Dans la Huitième Bucolique, une femme abandonnée par son mari, Alphésibée, tente de le faire revenir par la magie de ses vers, car elle est poète. Et soit la poésie possède vraiment des pouvoirs, ou simple hasard, le volage revient à la maison.



Comme ce bref aperçu le laisse entrapercevoir, ces poèmes sont assez variés dans leurs thématiques, même si la nature, l’amour, et la poésie elle-même (en particulier par les joutes poétiques que pratiquent certains de nos bergers) figurent parmi les thèmes les plus fréquents.



On peut lire l’oeuvre dans son ensemble comme une profession de foi dans la poésie, dans la littérature et l’art en général. Le grand talent de Ménalque ne lui permet pas d’échapper à la confiscation de ses biens, ni peut-être à la mort. Mais les deux acolytes qui l’attendent, n’en continuent pas moins à réciter ses vers, même si leurs mémoires se dérobent, deviennent défaillantes. Comme si c’était la seule chose à faire dans la catastrophe, dans ce qu’ils vivent comme la fin du monde, de leur monde tout au moins. Et la seule chose qu’un poète peut faire dans une situation pour ainsi dire désespérée, n’est pas d’essayer d’influer sur les événements, car il n’a pas ce pouvoir. Il serait illusoire de le penser. La seule chose qu’il peut faire, c’est continuer à créer, faire vivre le souvenir, permettre à quelque chose de disparu de persister, faire venir quelque chose qui n’existe pas, et sans doute n’existera jamais. Ne pas essayer de façonner la réalité mais en récréer une dans l’espace poétique. La littérature vaut par elle-même et non pas par une action sur le monde, qui est un mirage.



Mais l’espace imaginaire de l’art est bien plus consistant que ce que créent les hommes de pouvoir : les hommes forts de l’époque de Virgile sont morts, l’Empire romain s’est effondré, et on continue à lire le poète.



Je dois finir ce commentaire par un aveu. Je peux essayer de mettre du sens sur cette poésie, tâcher d’en comprendre quelque chose ( ou de me donner cette illusion), en revanche elle ne m’emporte pas, me reste désespéramment étrangère. Autant les rimes, la musique, les mots de Théocrite, dans la belle traduction de Pierre Versperini, m’ont immédiatement captivée, autant je ne ressent rien devant les mots et la musique de Virgile. D’où la tentative d’essayer de comprendre. Mais lire de la poésie sans une adhésion intuitive est frustrant pour moi ; il me manque quelque chose, peut-être même l’essentiel.



Je ne sais pas si vais réussir un jour à aimer Virgile….
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L'Énéide

J'ai découvert ce livre par hasard et, bien que je ne connaisse pas cet auteur, je me suis risqué à sa lecture.



Agréable surprise, même si le thème n'est pas très original : une épopée fantastique, située dans l'histoire ancienne. J'ai retrouvé quelques thèmes déjà développés par des auteurs plus classiques comme Asimov avec Fondation ou Herbert avec Dune.



Un auteur grec aussi, dont le nom m'échappe, mais il me semble qu'il y avait une certaine Pénélope dans l'histoire, avec des chants bizarres aussi, bref je passe, avait fait quelque de chose de comparable.



Je donne une bonne note, mais j'attends impatiemment la sortie du tome 2 pour donner un avis définitif.
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L'Énéide

Fils de Vénus et du mortel Anchise, lointain cousin d'Hector et de Pâris, Enée échappe aux flammes de Troie, voué par les dieux à un destin bien plus vaste, un destin de renouveau.

Au-delà des mers, en un lieu que prédisent les oracles, c'est une nouvelle ville, un nouvel empire qu'il doit aller fonder, union de l'orient et de l'occident, ancêtre mythique de Rome en qui se poursuivra la gloire déchue d'Ilion.

Mais avant cet accomplissement, bien des épreuves l'attendent : la séduction d'une terre troyenne retrouvée, l'amour de la belle Didon, reine de Carthage, tous les écueils levés par le ressentiment de l'implacable Junon, tempêtes, rivalités attisées jusqu'à la haine, et enfin cette guerre semi-fratricide, inéluctable et absurde, aussi cruelle que celle à laquelle il a autrefois échappé, lorsque se dressent contre lui les Latins.



Il m'a fallu un certain temps d'adaptation pour accrocher à ce texte qui multiplie les références à des faits ou des mythes que je connais trop mal, dont la langue, au premier abord, sonne un peu pompeuse, trop grave et emphatique. Et puis petit à petit, à partir surtout du récit de la chute de Troie, tout de flammes, d'horreur et de chaos, je me suis laissée fasciner.



Par cette aventure grandiose aux mille rebondissements. Par l'apprentissage chaotique ce cet homme, arraché au désespoir pour devenir un héros et un roi. Par cet univers archaïque plein de vie bouillonnante, où le sacré affleure dans chaque geste et chaque chose, où les caprices et les folies des dieux donnent un poids bien plus grand au réel. Par tous ces guerriers superbes que quelques lignes suffisent à faire vivre - et déjà mourir. Par la sensiilité du récit, la force intemporelle des rapports humains qu'il met en scène.

Par la puissance évocatrice de cette langue, finalement, dont les comparaisons sauvages donnent superbement à ressentir l'union sacrée des forces des hommes et de la nature, sans laquelle l'accomplissement d'aucun destin n'est possible.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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L'Énéide

Dans son introduction, Paul Veyne prévient le lecteur qu'il sera surpris par la beauté du texte de Virgile. A cet égard, mon attente fut comblée. Pas seulement celle d'être emporté malgré moi par un texte fondateur, porteur d'un souffle épique, mais bien la joie de lire un texte si beau, si poétique.

Enee est "exfiltré" de Troie en flammes pour assurer la destinée de la lignée troyenne. Son destin : fonder une nouvelle Troie en Italie. Ce sera Rome. L'Enéide devient ainsi l'un des mythes fondateurs de la naissance de Rome et de son rayonnement. Malgré l'intention de Virgile de relier cette histoire à la gloire de Rome, contemporaine de l'écriture du texte, il préservé l'intégrité poétique de son texte.

Mythologie et combats, un vrai scénario de film. Et toujours la beauté du texte. Lorsque par exemple Enée se rend aux Enfers pour voir son père.
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Bucoliques

Ses poèmes mettent en scène des personnages composant une société étrange, par certains côtés, vraisemblable, imaginable même, et par d'autres, irréelle et floue. Ils portent des noms grecs, en référence à ceux des Idylles de Théocrite. Les précisions qu'en donne Virgile ne suffisent pas à dessiner une image claire de la société des Bucoliques. Ce dernier a surtout voulu mettre en place un monde dans lequel les hommes et les dieux vivent en bonne entente.
Lien : http://promenades-culture.fo..
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L'Énéide

Épopée en miroir de l'œuvre du grec Homère, "L'Enéide" se propose comme suite à "L'Iliade" et à "L'Odyssée". Vaincus, les troyens sont apatrides. Un héros se dresse alors pour mener son peuple vers des rivages plus cléments. Le latin Virgile s'approprie le genre de l'épopée pour créer le récit des origines de romains. Et c'est avec force et beauté que l'on découvre que les romains sont en réalité les troyens rescapés de la ruse d'Ulysse.



Mon seul regret est de ne pas avoir débuté par les textes d'Homère. Pas du tout au fait du lien entre "L'Enéide" et l'épopée grecque, je suis persuadé de rater quelques correspondances entre ces œuvres.
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L'Énéide

Cette œuvre de Virgile est une référence de la mythologie gréco-latine, au même titre que l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. L’Enéide reprend beaucoup de l’œuvre d’Homère dans son style et dans la façon dont sont traités les « héros » ; la trame de l’histoire elle-même est directement la suite de l’Iliade (la guerre de Troie) puisqu’elle raconte le périple des troyens rescapés, devant fonder la nouvelle Rome sur les terres de ce qui devait devenir l’Italie.



C’est tout l’Occident qui a été baigné de ces œuvres gréco-latine et de l’Enéide en particulier. Bon nombre d’écrivains et de souverains se sont inspirés de l’œuvre de Virgile, narrant l’épopée d’une fondation d’un empire (l’empire Romain en l’occurrence), pour tenter de prouver leur descendance divine remontant à Enée. En France on peut évoquer Ronsart qui écrivit la Franciade au 16ème siècle, racontant l’épopée mythologique du royaume de France (pour Charles IX), remontant à Astyanax, fils d’Hector le prince troyen. On peut aussi évoquer l’Henriade de Voltaire (18ème siècle), une épopée à la gloire d’Henri IV qui retrace la gloire des ancêtres de Henri IV calquée sur l’Enéide.



L’Enéide est remarquable non seulement car elle a inspiré la littérature occidentale (on peut aussi citer la descente aux enfers de la Divine Comédie de Dante en plus de ce qu’on a évoqué ci-dessus – inspiré d’un passage de l’Enéide où Enée va rencontrer son père aux Enfers, accompagné de la Sibylle) mais aussi d’autres pans de la culture occidentale : la peinture, le théâtre, la sculpture, la musique…
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