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5 romans noirs recommandés par R.J. Ellory
Découvrez les coups de cœur littéraires de l'auteur

Article publié le 10/04/2024 par Pierre Krause


Écrivain reconnu pour ses polars aussi sombres que lumineux, R.J. Ellory, qui vient de publier Au nord de la frontière aux éditions Sonatine, s'est prêté au jeu délicat de la recommandation. Voici 5 romans noirs qu'il apprécie tout particulièrement.

 





Stephen King, Shining  
Disponible en format poche au livre de Poche, traduit de l'anglais par Jean Esch, 576 pages, 9,70 €




R.J. Ellory : « J'avais treize ans. J'étais à l'internat, atteint de la varicelle . Pour éviter de contaminer les autres, j'ai été placé en quarantaine. La chambre dans laquelle je me trouvais avait douze lits et j'étais seul. La porte était fermée à clé. Par le hublot rond de cette porte, on apercevait un long couloir carrelé en damier noir et blanc. De temps en temps, j'entendais des bruits de pas et je m'approchais de la fenêtre, mais quand je regardais à travers, il n'y avait personne. Je suis passé à côté du sens de la moitié du livre. La moitié que je comprenais m'a fait très très peur. C'est peut-être la première fois que j'ai vraiment pris conscience du pouvoir qu'avait la fiction de provoquer une réaction émotionnelle chez le lecteur. Depuis, j'ai relu le livre - très récemment même - et ce n'est pas simplement un bon roman ; il m'a replongé dans les émotions de ma première lecture à 13 ans. »



Tim O'Brien, Les choses qu'ils emportaient
Gallmeister, traduit de l'anglais par Jean-Yves Prate, 256 pages, 9,90 €
 


R.J. Ellory : « Un recueil magistral de nouvelles sur les expériences d'un jeune homme au Vietnam, écrit par quelqu'un qui a été envoyé là-bas dans sa jeunesse pour son service militaire. Une véritable perspective au ras du sol de ce que cela a dû être. Imaginez que vous êtes un adolescent de dix-huit ans et que vous recevez votre Draft Paper. Vous passez plusieurs semaines au camp d'entraînement et soudain, vous vous retrouvez à l'autre bout du monde. La jungle, la chaleur, les moustiques, la mousson, la nourriture que vous n'avez jamais mangée auparavant et, pendant ce temps, des gens dont vous ne comprenez même pas la langue essaient de vous tuer. Mais O'Brien y apporte un tel niveau de réalité. Il parle de sa maison, de sa petite amie, de ses expériences à l'école - d'autres sujets de ce genre - et cela ne fait que vous rappeler qu'il n'était qu'un gamin normal avec une vie normale jusqu'à ce que la guerre l'appelle. D'une puissance à couper le souffle, émouvant et convaincant, ce recueil est vraiment brillant. »



Annie Proulx,  Nœuds et dénouement
Grasset, traduit de l'anglais par Anne Damour, 476 pages, 13,50 €



R.J. Ellory : « Si je considère les romans d'un point de vue très simpliste, il n'y a que trois types de romans.

Tout d'abord, il y a "l'œuvre alimentaire" intelligente. Il y en a des milliers - très bien écrits, très intelligents, mais ils ne sont pas nécessairement lus pour  la finesse de leur prose. Si l'on vous demande trois semaines après avoir lu un tel livre ce que vous en avez retenu, votre souvenir sera très vague.

Deuxièmement, il y a la "fiction littéraire". Les livres font l'objet d'un grand nombre de préjugés et de snobisme, ce qui ne devrait pas être le cas. Un bon livre est un bon livre. Et cette notion est tellement subjective qu'il serait presque impossible de mettre tout le monde d'accord. Cependant, il existe donc cette classification appelée "fiction littéraire". C'est le genre de livre que l'on critique souvent parce qu'il privilégie le style au détriment de la substance, mais il est magnifiquement écrit. C'est le genre de livres que l'on lit pour apprécier la langue.

Le troisième type de livre est celui qui parvient à faire les deux : raconter une belle histoire, mais la raconter d'une manière qui la rend tout à fait unique.Il y a deux livres d'Annie Proulx qui réunissent à mes yeux qualité de l'écriture et
beauté de l'histoire : Brokeback Mountain, l'un de ses recueils de nouvelles, et celui-ci, Nœuds et dénouement. J'adore ce livre. Vraiment. Je l'ai lu deux ou trois fois. Je le relirai un jour ou l'autre. J'y prendrai autant de plaisir qu'à chaque fois. »




Truman Capote, De sang-froid  
Disponible en format poche chez Folio, traduit de l'anglais par Raymond Girard, 519 pages, 10,40 €
 


R.J. Ellory : « Que dire de ce livre ? Je l'ai lu quatre fois. Je le lirai encore. Du génie. Du génie absolu. J'y suis très attaché. Il s'agit presque d'un cas où "un homme a fait d'un livre le but de sa vie", mais une fois le livre écrit, n'en a plus jamais publié un seul mot et s'est saoulé jusqu'à la mort. Pendant de nombreuses années - simplement grâce à ce livre - Capote a été considéré comme l'un des écrivains américains les plus éminents et les plus importants du XXe siècle. Je ne pense pas que quoi que ce soit puisse lui enlever cela.

 

Et puis il y a la touche Harper Lee. Allez lire l'essai de Norman Mailer sur la relation entre Lee et Capote et faites-vous votre opinion. Amie d'enfance de Capote, Harper Leee a publié un seul et unique roman : Ne tirez pas sur l`oiseau moqueur, lauréat du prix Pulitzer, dont l'adaptation cinématographique fut primée aux Oscars ; Capote est quant à lui l'auteur de De sang-froid, publié en feuilleton dans le New Yorker, qui n'aura jamais vendu autant d'exemplaires qu'à cette occasion, et qui a donné lieu à quatre films : deux adaptations du livre et deux biopics sur cette période de sa vie. De sang-froid est un livre étonnant - comme l'a dit William Shawn : "Je pense que ce livre va changer la façon dont les gens lisent. Il pourrait même changer la façon dont les gens écrivent...".  Superbe, époustouflant, magnifique. »

Raymond Chandler, Le Grand Sommeil

Gaillimard, traduit de l'anglais par Benoît Tadié, 304 pages, 14 €



R.J. Ellory : « Je me dois d'inclure Raymond Chandler. Aucune liste de grands livres ne saurait être complète sans Chandler. Que peut-on en dire ? Un immense talent. Un maître des mots. Entre Raymond Chandler et Dashiell Hammett, c'est tout le genre du roman policier qui a été révolutionné. Tous ceux qui écrivent des romans policiers ont une dette envers Chandler. C'est lui qui a rendu le détective privé possible. Ses bons mots fonctionnent mieux que partout ailleurs. Un véritable maître. »

 

Bonus : R.J. Ellory, Au nord de la frontière 
Sonatine, traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau, 496 pages, 24 €




Victor Landis est un shérif de l'état de Géorgie, aux Etats-Unis . Il n'a pour seule famille que son frère Frank - avec qui il est malheureusement brouillé depuis quelques années. A l'annonce de la mort de ce dernier, Victor décide d'enquêter sur celui dont il connaissait finalement si peu de choses. Direction le Tennessee, au nord de la frontière et dans les Appalaches, région la plus pauvre des Etats-Unis... 

 

Un roman noir et bouleversant pour Polarette : « Coup de coeur pour ce polar poignant et palpitant qui nous emmène en Géorgie en compagnie de Victor. Shérif dans une petite ville de cet état du Sud, il apprend le décès de son frère dont il s'était depuis longtemps éloigné. Par devoir envers sa nièce dont il ignorait jusque là l'existence, Victor s'attelle à une enquête minutieuse et complexe. Les personnages sont hauts en couleurs, très attachants et bouleversants. L'auteur nous fait découvrir par petites touches leurs caractères et leur psychologie disséquée à la perfection. On ressent parfaitement les émotions des personnages, on vit leurs douleurs, leurs interrogations et leurs angoisses.»

 Un grand merci à R.J. Ellory pour sa gentillesse et sa disponibilité ! 

 

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